Tous les sorciers sont maléfiques. Je crois que déjà, on sait que ce ne sera pas le cas, et que le susmentionné Nathaniel Thorn y sera certainement pour quelque chose ! Mais commençons par le commencement. Nous entrons d'emblée dans le vif du sujet : deux femmes, l'une apprentie, l'autre armée, font face à un grimoire récalcitrant. Sa voix résonne à l'intérieur de leur crâne, chaque geste d'Elisabeth est étudié, et elles descendent toutes deux dans une crypte gardée. Tout bruisse et tout frissonne alors qu'elles enferment ce livre dans ce qui sera sans nul doute son tombeau. le Livre des Yeux. Un nom terriblement maléfique pour un ouvrage terriblement dangereux. Parce que dans ce monde, les livres sont plus semblables au Monstrueux livre des Monstres d'Harry Potter, qu'aux romans bien alignés de la Belle et la Bête. Ils sont vivants. Gigotent sur les étagères, mordent des doigts, ou se jettent contre vous pour vous faire chuter. Dangereux mais pas autant que les sorciers qui, pour obtenir leurs pouvoirs, pactisent avec des démons et peuvent ensuite maîtriser les connaissances enfermées dans les livres. C'est ce que croit Elisabeth. Et le moins qu'on puisse c'est qu'elle n'a pas tout à fait tort !
Accusée d'avoir délivré un Maléfict et tué sa tutrice, Elisabeth est mené devant la cour des sorciers par le mystérieux Nathaniel Thorn sur lequel elle a malencontreusement fait tomber une bibliothèque quelques années plus tôt. Méfiante envers cet étranger, l'accusant de tous les vices, la jeune femme ne manque pas d'humour et de détermination pour s'échapper. Sauf que Silas la rattrape toujours. Silas dont elle n'arrive jamais à savoir la couleur des yeux ni à se rappeler véritablement l'apparence. Mais si Nathaniel n'était pas l'ennemi ? Si toutes les ficelles menaient vers un ennemi beaucoup plus retors et manipulateur ? Et si, d'ailleurs, il ne s'agissait que d'une histoire vieille de plusieurs siècles faisant tout à coup surface ?
Nous entraînant de surprises en rebondissements, de maléficts en démons, de grimoires en fantômes,
Margaret Rogerson nous présente un univers exceptionnellement riche mêlant la sorcellerie aux armes et la poussière des livres à l'odeur des enfers. Si la romance prend peu à peu sa place au fil des pages, elle ne m'a pas semblé superflue, loin de là. J'ai eu d'abord peur du syndrome « prince / princesse » lorsqu'elle se fait sauver par son beau sorcier, mais j'ai été très vite rassurée : une barre de fer à la main, dégommant des démons mineurs comme si elle tenait une batte de baseball, s'engageant sur les chemins de l'espionnage, cherchant à découvrir coûte que coûte la vérité et faisant fi de tous les dangers, Elisabeth tient plus le rôle du chevalier que de la demoiselle en détresse. Nathaniel s'avère également être un personnage entier, sensible et touchant, en proie à des crises d'angoisse et des cauchemars, qui le rendent plus doux, plus humain et moins surhomme ce que j'ai grandement apprécié. Quant au personnage de Silas… c'est un coup de coeur ! Je ne peux rien vous dire sur lui mais c'est une petite révélation qui m'a fait penser à un certain personnage de Black Butler. Avis aux amateurs 😉
La plume, elle, n'a rien d'exceptionnelle mais reste addictive et dense. On ne voit pas passer les 570 pages de cette belle brique et les rares moments de lenteur sont plutôt bienvenus nous permettant de savourer un peu plus l'univers. Pour les fans de la Passe Miroir, j'ai trouvé qu'Elisabeth avait des faux airs d'Ophélie de par son affinité avec les bibliothèques et les grimoires qui s'y trouvent, mais la ressemblance s'arrête là. J'ai d'ailleurs préféré le caractère plus affirmé d'Elisabeth à la timidité effacée d'Ophélie.
EN RESUME
Sorcery of Thorns est un très bon page turner de fantasy mêlant romance et sorcellerie. Riche d'un univers dense et parfaitement maîtrisé, on prend autant plaisir à découvrir les Grandes Bibliothèques et leur livres bruissant sur les étagères, qu'à regarder Elisabeth dégommer des Maléficts et autres démons mineurs accompagnée de Nathaniel et Silas. Ces deux personnages masculins ne sont pas en reste, montrant des facettes touchantes et pleines d'humanité. En bref c'est un livre qui se dévore et que je relirai avec plaisir !
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