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« L'eau des ornières a gelé, des primevères jaunes ou mauves fleurissent par endroits, et sur le ciel encore teinté par le lever du jour se profile la silhouette des tours de la Défense, ou celle du mont Valérien. À l'entrée de Chanteloup-les-Vignes, quand on vient de Maurecourt par les chemins, la sente des Beaunes côtoie ce qui doit être le dernier vestige de cette culture à laquelle la ville doit son nom : vestige si précieux qu'en dépit de sa taille très modeste on y a mis pas moins de deux épouvantails, l'un et l'autre anthropomorphes. Et c'est de là aussi que se voit pour la première fois le château d'eau dominant le site de PSA, ou de Stellantis puisque c'est désormais le nom de cette marque d'automobiles. Bien qu'il soit situé sur la rive opposée de la Seine, il semble s'élever de la plaine nappée de brume qui s'étend à l'intérieur d'un méandre entre Chanteloup-les-Vignes et Carrières-sous-Poissy ».

Jean Rolin doit avoir la bougeotte. Pendant les confinements, alors que beaucoup d'entre nous s'étaient assignés à domicile où sa proximité immédiate, il a décidé de chercher et de suivre les limites entre ville et campagne tout autour de la région parisienne. Il n'y a pourtant pas, semble-t-il, de frontière vraiment établie entre ces deux univers. L'auteur est revenu sur des sites déjà découverts quelques mois plus tôt et qui pourtant avaient changés, les accès et les usages de ces terres étant fluctuants.

Les noms de lieux et de rue sonnent comme une litanie dans ce récit. Jean Rolin est sensible à la nature, la faune et la flore mais aussi aux cultures agricoles plus ou moins bien entretenues qui se maintiennent dans cet environnement pollué. Les lignes de haute-tension, les dépotoirs sauvages, les bâtiments parfois laissés à l'abandon et squattés, les zones commerciales interminables, les chemins privés jamais évidents à trouver et à franchir, tout cela forme un texte puissant mais tout de même répétitif. Quelques rencontres d'humains émaillent les jours et les mois, mais pas toujours pour le meilleur !

Je n'ai pas vraiment retrouvé le ton de « Les événements », du même auteur, qui est un roman. Cette veine plus vagabonde, il l'avait déjà apparemment dans « le pont de Bezons », que je n'ai pas lu mais dont quelques belles critiques sur Babelio donnent un avant-goût. Je reconnais un beau talent de littérateur à Jean Rolin. Et finalement le sujet importe peu, il m'a intéressé avec ces paysages ravagés, ces friches…
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Jean Rolin, écrivain-arpenteur, nous entraîne ici dans un périple sur les franges de la région parisienne, dessinant de saut de puce en saut de puce un circuit dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, sur cet hinterland - ou plutôt arrière-ville - indécis qui n'est plus la ville, mais qui n'est pas encore la campagne. Se succèdent terrains vagues, décharges illégales, entrepôts, aérodromes, terrains militaires plus ou moins abandonnés, zones humides, champs de colza ou de tournesol, camps de Roms, endroits louches, et surtout des routes qu'il faut traverser. On y croise quelques humains, peu, et des animaux, avant tout des oiseaux
Cette promenade devient à la longue un peu monotone. le style sauve l'ouvrage, froid, sec, précis, classique, à peine teinté d'humour pince sans rire. Un style parfait. Trop parfait.
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Durant neuf mois entre confinement et "liberté", Jean Rolin parcourt le tracé qui sépare ville et campagne en Ile de France, une ligne circulaire d'Aulnay sous Bois à Aulnay. Versailles, Fontainebleau, Barbizon, belles forêts franciliennes ? Pas du tout, exit les lieux touristiques. Il s'agit plutôt de parcourir cette frontière à partir de gares RER improbables et de mettre en lumière des confins, un no man's land, des lieux dont on ne parle jamais. Dans cette entreprise descriptive, de nombreuses communes, lieux, noms de rues sont cités, Bondoufle en est un exemple retenu pour titre en raison de son nom original.
Des marches à travers des champs, des lieux abandonnés, des carrefours, décharges, plateformes logistiques, pavillons, rien de bien palpitant direz-vous, eh bien non. L'auteur redonne vie à ces lieux, leur donne une existence littéraire, crée du Beau, de la poésie avec du laid ou du banal même s'il peut aussi être surpris par des enclaves rurales, des champs fleuris, une faune et flore belles et surprenantes dans ces lieux.
Peu d'action mais cette description d'une ligne floue, en évolution permanente entre bâti et non bâti dit beaucoup de l'évolution de notre société : désindustrialisation, traitements des déchets, pauvreté (camps roms, travailleurs de plateformes logistiques).
On peut suivre son périple ou une partie grâce à Google maps ou une carte IGN comme l'a fait l'auteur.
J'aime beaucoup ce concept de tirer un objet littéraire, du beau ou au moins du charme avec du banal ou des lieux éloignés des centres de pouvoir ou de tourisme. Loin de la France AAA étudiée par Jérôme Fourquet.
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Quelle mouche a piqué Jean Rolin de vouloir traverser Bondoufle, paisible ville de la banlieue au nom sympathique, plaisant, joyeux, presque même ridicule et qui n'incite pas trop au sérieux ? Il ne faut pas trop compter sur l'énigmatique 4e de couverture pour répondre à cette question : « Car à vrai dire, en cette chaude journée parmi les premières du mois de septembre, il n'y a guère que moi à traîner sans raison dans les parages. »
Et pourtant, tout est déjà là, ce style inimitable mêlant intelligence et élégante ironie, cette invitation à suivre les pas de ce grand voyageur au regard malicieux et acéré.
Avec un titre pareil, on pourrait imaginer un conte de fées ou la réécriture du périple de deux convoyeurs de viande, mais qui transporteraient cette fois des nains de jardin. Féru cependant des écrits de l'auteur, j'ai bien vite oublié ces hypothèses qui n'étaient que jeux d'esprit et dès les premières pages, l'écrivain nous explique que « du moment où [il a] découvert la campagne à la périphérie d'Aulnay-sous-Bois, (…) l'idée [lui] est venue de suivre tout autour de Paris sa limite. » "La Traversée de Bondoufle" décrit ainsi un itinéraire qui décrit lui-même une grande boucle autour de Paris pour essayer de trouver la limite, même incertaine, entre la ville et la campagne, voir ce qui s'y passe, ce qui la caractérise, quel genre d'activités ou de personnes on y trouve. Autant dire que le projet pourrait sembler vain ou mineur en raison du développement continu des villes au détriment de la campagne. Mais cette situation ne rebute pas Jean Rolin, bien au contraire. Équipé de bons godillots, d'une carte IGN et d'un carnet de notes, il va avec méthode et persévérance suivre cette ligne de démarcation. Il ne ménagera pas ses efforts pour coller à sa ligne imaginaire, il fera des détours, reviendra, repassera pour décrire un réel certes peu spectaculaire, mais ce faisant il redonnera une consistance à des territoires négligés avec acuité, ironie et nostalgie.
Dans l'arsenal de notre randonneur affuté, la carte IGN au 1/25000e est un accessoire vital pour trouver son chemin dans le labyrinthe de la banlieue ou pour se justifier auprès de riverains suspicieux. J'adore moi-même me plonger dans les cartes, en étudier la toponymie et j'ai régulièrement consulté Google Maps pour suivre la progression de l'auteur. En la levant haut et en l'agitant, la carte IGN, tel un bouclier, protègera même Jean Rolin d'une éventuelle balle perdue en signalant sa présence auprès de chasseurs de sanglier. le carnet de notes est également indispensable pour ne pas oublier les petits détails, mais il peut prêter à malentendu. C'est ce qui arrive à notre infatigable marcheur lorsqu'il le sort devant un food truck et que les clients présents le prennent alors pour un inspecteur du confinement. Cette aventure m'a amusée, tout comme celle clownesque du petit chien qui le poursuit ou celle burlesque du barrage de gendarmerie qui l'oblige à se réfugier dans une cour de ferme. J'ai bien aimé le récit de ces péripéties pas très dramatiques dans lesquelles Jean Rolin ne se prend guère au sérieux.
J'ai bien aimé également les rencontres anodines, mais malheureusement peu nombreuses qui émaillent le récit. Jean Rolin traverse des paysages plutôt délaissés et les rares rencontres humaines apparaissent comme des bizarreries : des cavaliers jouant au polo, un jardinier kabyle fier de sa production de légumes, un propriétaire terrien agressif recevant le sobriquet de « Marquis de Carabas ». Les rencontres animales ne sont pas en reste avec dès les premiers pas, des lapins, beaucoup de lapins qui nous valent cette facétieuse première phrase : « Lorsque Dieu a créé le lapin, s'attendait-il à ce qu'on le retrouve si nombreux, de nos jours, à Aulnay-sous-Bois ? ». Plus loin, ce sont des alouettes, des éperviers, des hérons, des rossignols, des poules, des vaches, des chevaux qui tous à leur manière indiquent la limite entre ville et campagne.
En outre, le projet de Jean Rolin nous offre la description un peu répétitive des paysages uniformes de cette frontière. On y voit pêle-mêle des champs, des prairies, des forêts, des routes, des ponts, des tunnels, des voies ferrées. Les nombreuses plates-formes logistiques, l'extension des zones pavillonnaires ou des décharges si hautes qu'elles sont « en forme de ziggourat » en disent long sur nos nouveaux modes de vie. Brisant cette monotonie, des lieux de mémoire surgissent au détour d'un bois, une église, un château, des installations militaires désertées, des propriétés à l'abandon. Ailleurs, une ZAD et une ferme avec le slogan « Des légumes, pas de bitume ! » témoignent de luttes et de l'évolution de la frontière ville-campagne au détriment de cette dernière.
Confronté à cette évolution, j'ai souvent senti de la nostalgie dans la prose de l'auteur. Les chapitres s'ouvrent fréquemment avec enthousiasme sur une nouvelle journée, mais finissent avec mélancolie devant le constat d'une humanité qui grignote ou détruit petit à petit son milieu naturel. Heureusement, l'humour pince-sans-rire de notre increvable randonneur pimente le récit de son aventure, lui qui n'a pourtant rien d'un aventurier.
Dans l'ensemble, j'ai aimé cette "Traversée de Bondoufle" même si le texte m'a semblé moins prenant ou moins varié que "Le Pont de Bezons", mais je recommande tout de même à tous les lecteurs qui ont une âme d'explorateur des territoires ordinaires.
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Deuxième livre de voyage à pied en temps de confinement. Après le Pont de Bezons, publié en 2021, qui racontait des escapades de l'auteur le long de la Seine entre Mantes et Melun, le nouveau Jean Rolin quitte la ligne du fleuve pour adopter une figure circulaire autour de Paris. La première et la dernière page se situent ainsi au même endroit.

La Traversée de Bondoufle ne raconte donc nullement une traversée, et ne se passe pas à Bondoufle (commune de l'Essonne), c'est la magie des titres. Il se passe dans les communes d'Aulnay-sous-Bois, de Gonesse, du Thillay, de Bouqueval, de Villiers-le-Bel, de Garges, d'Écouen, etc.

Le but est de suivre la limite entre la ville et la campagne. Faire le tour de Paris d'une manière psychogéographique : suivre la ligne qui marque la fin de Paris. Marcher sur la zone qui opère le passage de l'urbanisation parisienne à la campagne française. le projet n'est pas nouveau mais il reste intéressant et surtout, c'est un régal de lecture.

Pour parler de ce livre, on est tenté de dresser un inventaire de tout ce que le marcheur rencontre et voit : des champs de maïs, des camps de Roms, des fermes, des cèpes, des prisons, des mosquées, des décharges sauvages, des chemins aux noms incroyables, des chasseurs qui forcent le narrateur, pour ne pas se prendre une balle, à traverser un champ en chantant comme un dément.

La plupart des lieux traversés, Rolin y est allé deux fois bizarrement. Il ne cesse d'écrire « la première fois que suis entré à … » ; « le fait est qu'un an plus tard, dans les premiers jours d'août 2020, repassant par le même chemin, je constaterai que … » (38) ; « Après deux tentatives de sortie de Cergy par la campagne … » (70). Ces dédoublements fantomatiques ajoutent à l'ambiance globalement mystérieuse et presque fantastique de la Traversée de Bondoufle. On sait que tout est vrai, vérifiable, et pourtant tout est nimbé de poésie diaphane.

Le narrateur est seul (sauf quand il retrouve la mystérieuse "Celui des Ours" qui l'accompagnait dans le précédent récit). Il est souvent seul, parfois invisible et parfois clownesque, burlesque et objet de moqueries. Certaines scènes sont dignes du cinéma muet. Par ailleurs, si l'auteur n'a peur de rien quant à son style, le narrateur a toujours peur qu'un malheur lui arrive, qu'un délinquant l'agresse, qu'une chienne lui morde les mollets. La raison de cette peur est toujours la même depuis les premiers livres de Jean Rolin : il n'a rien à faire là, ceci n'est pas un territoire touristique, ni un chemin de randonnée, il peut gêner par sa seule présence. En témoignent les mots qui figurent sur la quatrième de couverture.

"Car à vrai dire, en cette chaude journée de septembre, il n'y a guère que moi à traîner sans raison dans les parages." La Traversée de Bondoufle, quatrième de couverture.

Chaque court chapitre est un délice de lecture, tout à l'heure j'ai dit régal de lecture, ce n'est pas tout à fait pareil. C'est le style, le phrasé de Rolin, qui fait toute la différence, c'est pourquoi on ne peut pas en dire grand-chose d'intéressant. Il faut citer ces moments où l'on se prend à rigoler à propos de chevaux et de haras :

"… la traversée d'un cavalier. Lequel m'accusa au passage d'avoir fait peur à son cheval, mais sur un ton si outrageusement snob qu'il ne pouvait s'agir que d'une parodie. En m'éloignant dans la direction de Poissy sur le chemin de la Bidonnière, je ruminais l'incident minuscule qui venait de se produire, me demandant si le cavalier avait effectivement voulu rire en s'adressant à moi sur ce ton." La Traversée de Bondoufle, p. 94-95.

C'est ainsi qu'est dressé le portrait d'une France périurbaine qui ne manque pas de charme, qui est un peu dégueulasse par endroits mais qui n'est pas à feu et à sang. Une France où l'on ne rencontre pas grand-monde, au fond, et où les animaux prennent bien plus de place que les humains.

Jean Rolin se fait arpenteur de la limite ville-campagne sans juger, sans fermer les yeux sur les choses désagréables, politiquement incorrectes, mais en essayant de ne pas tenir de discours politique sur les évolutions du pays et de ses territoires. Certains y verront la preuve que le « grand remplacement » est bien en marche, d'autres que le pays est en paix et plutôt harmonieux. Voyez les toutes dernières lignes :

"Dans les jardins se voyaient des cerisiers dont certains étaient chargés de fruits, une circonstance assez rare, cette année-là, en raison des gelées tardives. Et toujours une grande abondance de roses. En approchant de ce bois que la carte au 1/25 000e désigne comme le bois d'Amour, il me sembla entendre des coups de feu, puis j'observai le vol ondulé d'un pic-vert. En contrebas de la route, juste avant le bois, un chemin que je n'avais pas encore emprunté filait droit au milieu des blés." La Traversée de Bondoufle, p. 201.

Lien : https://gthouroude.com/2022/..
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A la suite de la lecture du Pont de Bezons, j'ai suivi avec beaucoup de plaisir le parcours à pied autour du Grand Paris à la recherche des confins entre la métropole urbanisée et la campagne. Rolin a bouclé ce tour complet  en commençant à Aulnay-Sous-Bois le 2 Août 2020 pour y revenir le 24 avril 2021, parachevant son périple par une seconde Traversée de Bondoufle. 

Rolin a noté avec une précision confinant à la maniaquerie parfois, toutes ses observations avec le noms des rues et routes. A l'occasion j'ai appris un mot odonymie. Sa démarche ne manque pas d'humour :

" Que le chemin des Glaises soit justement boueux, c'est le genre de petites satisfactions que ménage de temps à autre une entreprise aussi vaine que la recherche de la limite entre ville et campagne."

Cette entreprise coïncide avec la tentative d'occuper une ZAD à Gonesse : le promeneur recherche l'emplacement de la ZAD sans être investi d'une mission militante, d'ailleurs, la ZAD a été évacuée par la police à sa seconde visite. Cependant l'établissement de ces "zones à défendre" marquent une tentative d'arrêter l'urbanisation galopante et la bétonisation de la campagne. Plus loin dans le livre, à Brou- Chelles,  il note un autre emplacement menacé par l'entreprise Placoplâtre .

Sans entrer dans le détail de son grand tour, il note toutes les installations caractéristique de la limite entre ville et campagne

"Parmi les commodités qui fleurissent sur la limite entre ville et campagne, à côté des établissements
d'enseignement et des équipements sportifs, des Ehpad et des centres équestres, des plateformes logistiques et
des terrains de golf, des lieux à l'abandon et des installations militaires à demi enterrées mais trahies par leurs longues oreilles, à côté des fortifications déclassées ou des campements roms, il faut compter aussi, comme je devais le vérifier à maintes reprises au cours de ce périple, avec les petits aérodromes voués principalement aux activités de loisir."

Je remarque la permanence de ces installations aussi bien dans le Val d'Oise, qu'en Essonne ou en Seine-et-Marne. Récurrence aussi des décharges de gravats ou de déchets qui enlaidissent la campagne quand ce ne sont pas des labourages sciemment organisés pour empêcher des squatteurs de s'y installer.

J'ai parcouru quelques uns de ces itinéraires avec le Voyage Métropolitain je retrouve ici les souvenirs de balades moins aventureuses puisqu'elles étaient en groupe et guidées. J'ai beaucoup souri aux passages de Boissy-Saint-Léger dans la forêt Notre Dame que je sillonne par tous les temps. mais où est donc cette Ferme de Beaurose que je n'ai jamais remarquée?

De Bondoufle, je n'apprendrai pas grand-chose, pourquoi a-t-il choisi cette commune pour la consonnance un peu originale qui rimerait avec pantoufle? Il ne la traverse que p. 140 sans y trouver rien d'extraordinaire si ce n'est une "extraordinaire monotonie" Et pourtant, il y est retourné avant de terminer son livre


j'ai préféré le Pont de Bezons qui est un coup de coeur mais je relirai volontiers La Traversée de Bondoufle comme un topoguide quand mes pas me mèneront dans ceux de Rolin. 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Une fois encore Jean Rolin nous propose de le suivre dans cette géographie si particulière des « frontières », des « bords », ici ceux de la ville et de ses lieux qui lui dessinent un caractère changeant et souvent inhospitalier.
On le suit dans la restitution qu'il en fait, dans le souci du détail, de l'observation, bien plus que d'une esthétique du beau, bien souvent vaine de toutes les façons.
Pour qui aime la phrase si particulière de Jean Rolin et son regard unique sur ces paysages, leur mise en notes, on se surprend à quitter la première impression morose et nostalgique qui pourrait en naître pour s'attacher à ce rythme et apprendre à regarder ces quelques espaces bien fragiles et peut être même déjà disparus.
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Jean Rolin arpente le Nord-Est de Paris, zone péri-urbaine (zona en grec, ceinture), à pied, muni d'une carte au 1/25 000e, décrit son cheminement et ce qu'il voit : des friches industrielles, des forts militaires enterrés et abandonnés, des tunnels sous les autoroutes bourrés de graffitis, des dépôts sauvages de déchets du BTP, des décharges toxiques, les emprises humaines des pylônes électriques, des lignes électriques et des antennes, des voies du TGV ou des TER, des ronds-points colonisés par les lapins, des champs de colza, de choux, de pommes de terre entre deux emprises, des roms dans des dents creuses, entre deux décharges, sur d'anciens parkings défoncés, des jardins ouvriers entre remblais, une ZAD, celle contre le projet de Gonesse, abandonné depuis. C'est drôle (Rolin semble-t-il prend tout bien) en même temps que dystopique, voire pré-apocalyptique.
Je ne sais si c'est la thèse de l'ouvrage, mais il montre que nous sommes une espèce terrifiante, irresponsable qui, dès qu'elle a dégradé un endroit, va s'installer dans un autre, sans nettoyer le précédent, les sempiternelles friches industrielles polluées rencontrées en attestent. Nous avons toujours fait comme cela, sauf que vu notre nombre, nous n'aurons bientôt plus qu'une terre ravagée et surpeuplée, jonchée des ordures que nous avons semées inconsidérément sous nos pas.
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Jean Rolin a entrepris de suivre la ligne de démarcation entre ville et campagne qui entoure l'agglomération parisienne. En explorateur attentif, il décrit avec méticulosité son tracé qui est loin d'être certain, et il s'égare volontiers, tant géographiquement que dans ses envolées poétiques. Exercice de style descriptif qui ne vaut précisément que par son style, qui se lit facilement et plaisamment.
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C'est le titre qui m'a accroché en premier. Loufoque et improbable. Il y a de la poésie partout, même dans les espaces périurbains de la grande couronne déchue. Il faut oser arpenter ces lieux entre deux mondes, ces géographies malmenées pour y trouver du charme. Entre autoroute et décharges sauvages, camps de Rom et pylône EDF. Ce qui rend le récit passionnant, là où il devrait être mortellement banal, c'est le moyen de transport utilisé : la marche.
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