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Citations sur Les événements (12)

Au moins dans un premier temps, la vue que l’on découvrait de la fenêtre, au troisième étage de l’hôtel Première Classe, sur le champ de maïs, la station-service et le parking du Kanibalus, la façade scandée de grêles colonnes de l’hôtel Parthénon, et au loin sur les toits du Léon de Bruxelles (tuiles vertes) ou du Buffalo Grill (tuiles rouges), cette vue avait dû lui [à l’officier ghanéen] paraître assez exotique, tandis que, quant à moi, et quand bien même on en aurait retiré les curés morts, comme cela se ferait nécessairement un jour ou l’autre, je la trouvais principalement déprimante.
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Et n’est-ce pas un meuglement déchirant, exprimant toute la détresse de l’abandon, que le narrateur vient d’entendre, s’élevant des bois nus qui couvrent les deux versants de la vallée ? Mais il est trop préoccupé par son avenir immédiat pour se soucier durablement de la solitude du bétail. Et puis de quel secours pourrait-il être à un veau, lui qui n’a pas été capable, depuis qu’il a pris la route, de prêter assistance à un seul de ses semblables ? Il lui revient en mémoire une fable japonaise (ou chinoise ?) dans laquelle un moine errant, entendant un enfant vagir dans les roseaux qui bordent un étang, cède d’abord à la tentation de lui porter secours, avant de se reprendre et de passer son chemin. Car s’il ne sait pas, le moine errant, ce qui est bon pour lui-même, comment pourrait-il savoir ce qui l’est pour l’enfant, et s’il ne lui convient pas de se noyer ?
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Ainsi le narrateur, dans les mouvements désordonnées qu'il décrit à l'intérieur de la poche, soi-disant à la recherche du fils, bien qu'il donne parfois l'impression de ne pas s'en soucier plus que ça, ainsi le narrateur est-il de retour à son point de départ et (...) s'est fait au moins deux réflexions, l'une et l'autre de portée générale, au sujet de la guerre. Premièrement, que le coeur de celle-ci, indépendamment de l'ampleur des combats ou de leur intensité, peut être envisagé comme un certain volume d'air à l'intérieur duquel des morceaux de métal, de poids et de formes variables, volent en tous sens à la recherche de chairs à déchiqueter et d'os à rompre. Deuxièmement, que là où la densité de tels fragments, si on essaie de se la représenter, devient mentalement acceptable - par exemple , là où peuvent exploser de temps à autre une roquette ou un obus de mortier, mais où il n'en tombe pas à tout instant-, même si elle continue d'entraîner un risque vital bien supérieur à celui que l'on serait prêt à affronter en temps de paix, l'activité humaine se poursuit, ou reprend, presque comme si de rien n'était.
On observe que des gens, souvent des personnes âgées, cultivent leur petit jardin (...) que d'autres vendent de tels produits - fruits, légumes, oeufs de poule ou fleurs coupées - à même le trottoir ainsi que des produits ne nécessitant qu'une activité limitée de transformation, tels que des tartes, des pizzas ou des sorbets de fabrication domestique, et que certains, poussant le bouchon un peu plus loin, promènent leur chien, jouent de la flûte ou font de la gymnastique aux échos peu lointaine des échanges de tirs.
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C’était un des petits plaisirs ménagés par la guerre, à sa périphérie, que de pouvoir emprunter le boulevard de Sébastopol pied au plancher, à contre-sens et sur toute sa longueur.
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La veille du jour où ils m’avaient hébergé, ils avaient ainsi vu venir sur la route un automobiliste ensanglanté, dépourvu de son automobile et presque entièrement dévêtu, auquel, m’avait dit l’officier, ils n’avaient pu prodiguer que des soins rudimentaires avant de lui enjoindre de repartir, à pied, dans la direction d’où il était arrivé, faute d’instructions de leur état-major sur ce qu’ils devaient faire dans un cas de ce genre. D’autant que l’homme ensanglanté et à demi-nu était dans l’incapacité de justifier de son identité. « La FINUF, avait ajouté l’officier, a reçu un mandat précis, et elle n’a pas vocation à secourir toutes les misères, surtout quand elles n’affectent qu’un individu isolé.
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En l'absence de circulation sur la route, pour ne rien dire de la voie ferrée (bien que la FINUF se vantât d'avoir rétabli l'activité ferroviaire entre Langogne et Villefort, mais il fallait patienter longtemps pour s'en apercevoir ) , on n'y entendait d'autre bruit que le murmure des eaux, ou celui du vent dans les sapins qui garnissaient, en hauteur, la rive opposée de l'Allier.
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Depuis la gare de Lavera, une voiture, tous feux éteints, nous a conduits à travers les installations de la pétrochimie jusqu’à la calanque du Ponteau, où d’autres personnes attendaient, invisibles dans l’obscurité, et d’ailleurs peu désireuses de se montrer, dans l’incertitude du sort qui leur était réservé. (p. 193-194 )
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À la sortie d'Etampes dans la direction de Sermaises, une partie délaissée de la chaussée forme sur le côté de la départementale 721 une sorte de bras mort, ou de méandre coupé, séparé de la route par une banquette herbue plantée de quelques arbres. Dans des circonstances normales, ce bras mort est utilisé de loin en loin comme parking, le plus souvent par des chauffeurs-routiers désireux de se reposer. Le 16 août 2013, par exemple, au début de l'après-midi, on y remarquait un poids-lourd immobilisé, moteur coupé, dont le chauffeur était probablement en train de faire la sieste. En bordure de ce parking, là où il confine aux surfaces cultivées, on notait aussi la présence d'un cadavres de martinet, celui-ci comme momifié, mais encore aisément reconnaissable à la forme en faucille de ses ailes noires. A la suite d'un printemps exceptionnellement pluvieux, cette année-là, et donc peu propice à la chasse au vol des insectes, hirondelles et martinets avaient été nombreux à mourir de faim. Non loin de l'oiseau mort gisait une chaussure de sport dépareillée, dont il s'avérait, quand on la soumettait à un examen attentif, qu'elle était presque neuve, et en parfait état, comme si ça séparation d'avec le pied qu'elle avait dû chausser résultait d'un accident plutôt que d'un geste délibéré (car nul n'envisage à la légère de se séparer d'une chaussure de sport presque neuve).
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Lorsque Brennecke m'autorisa à mettre pied à terre - ce que je fis en manquant de me fouler la cheville, car le cul du VAB dominait le sol de très haut, détail que j'avais noté en embarquant mais que j'avais dû oublier par la suite -, je vis sur l'autre rive la tour au toit tétraédrique qui brûlait comme une torche, et je me rappelai que c'était à moi - à mes observations scrupuleusement rapportées - qu'elle le devait. Je me demandais combien de malheureux avaient trouvé la mort dans l'incendie de cette tour, dont à la réflexion je n'étais plus aussi sûr qu'elle eût jamais abrtité ce fameux affût double.
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C’est entre Loury et Traînou que, pour la première fois, j’ai remarqué sur les talus des touffes blanches de pâquerettes, jaunes de pissenlits ou de coucous. Et sans doute aussi d’autres fleurs que je ne pus distinguer, faute d’en connaître les noms. Au pied des arbres blanchissaient d’autre part des haies de pruneliers, à moins qu’il ne s’agît, car il était difficile de le vérifier à cette distance, de cette bourre blanchâtre que les lianes de la clématite sauvage arborent en hiver. Bien que le paysage, de ce fait, présentât un aspect plus avenant qu’auparavant dans la traversée de la Beauce, mon inquiétude croissait, malgré tout, au fur et à mesure que je me rapprochais de Châteauneuf, où des informateurs plus ou moins dignes de foi m’avaient assuré que le pont sur la Loire – le dernier de son espèce dans toute la région – était accessible à la circulation, et gardé, s’il l’était, pat des miliciens relativement placides, qui me laisseraient passer moyennant le versement d’une petite obole. Entre Fay-aux-Loges et Châteauneuf, la route franchissait successivement un canal, puis une autoroute de nouveau, aussi déserte que la précédente, mais cette fois par au-dessus, enfin une voie ferrée en bordure de laquelle, dans un champ, j’observai que des grues cendrées étaient rassemblées en grand nombre.
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