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Citations sur Jean-Christophe, tome 4 : La Révolte (21)

Un vieux coeur peut se sentir très près d'un jeune coeur, et presque du même âge : il sait combien sont brèves les années qui l'en séparent.
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Plus un musicien allemand est naïf et de bonne foi, plus il montre les faiblesses de l'âme allemande, son fond incertain, son idéalisme un peu sournois, son incapacité à se voir soi-même, à oser se voir en face. Ce faux idéalisme était la plaie même des plus grands, - de Wagner.
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- Ayez le courage d'être vrais, continua-t-il. Ayez le courage d'être laids! Si vous aimez la mauvaise musique, dites-le carrément. Montrez-vous tels que vous êtes. Débarbouillez-vous l'âme du fard dégoûtant de toutes vos équivoques. Lavez-la à grande eau. Depuis combien de temps n'avez-vous pas vu votre mufle dans un miroir? Je m'en vais vous le montrer. Compositeurs, virtuoses, chefs d'orchestre, chanteurs, et toi, cher public, vous saurez une bonne fois qui vous êtes... Soyez tout ce que vous voudrez ; mais par tous les diables! soyez vrais! Soyez vrais, dussent en souffrir les artistes et l'art! Si l'art et la vérité ne peuvent vivre ensemble, que l'art crève! La vérité, c'est la vie. La mort, c'est le mensonge.
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- Moi d’abord, je voudrais que, tous les cinquante ans, on procédât à un nettoyage général de l’art et de la pensée, qu’on ne laissât rien subsister de tout ce qui était avant.
- C’est un peu radical, dit Christophe, souriant.
- Mais non, je vous assure. Cinquante ans, c’est déjà trop ; il faudrait dire : trente… Et encore !… Mesure d’hygiène. On ne garde pas dans sa maison la collection de ses grands-pères. On les envoie, quand ils sont morts, poliment pourrir ailleurs, et on met des pierres dessus, pour être bien sûrs qu’ils ne reviendront pas. Les âmes délicates mettent aussi des fleurs. Je veux bien, cela m’est égal. Tout ce que je demande, c’est qu’ils me laissent tranquille. Je les laisse bien tranquilles, moi ? Chacun de son côté : côté des vivants ; côté des morts.
- Il y a des morts qui sont plus vivants que les vivants.
- Mais non, mais non ! cela serait plus vrai, si vous disiez qu’il y a des vivants qui sont plus morts que les morts.
- Peut-être bien. En tout cas, il y a du vieux qui est encore jeune.
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- Voulez-vous vous charger de la critique musicale ?
Christophe était confus d’un tel honneur : il mourait d’envie d’accepter ; il craignait seulement de n’en être pas digne : il ne savait pas écrire.
- Laissez donc, dit Mannheim, je suis sûr que vous savez très bien. Et puis, du moment que vous serez critique, vous aurez tous les droits. Il n’y a pas à se gêner avec le public. Il est bête comme pas un. Ce n’est rien d’être un artiste : un artiste, c’est celui qu’on peut siffler. Mais un critique, c’est celui qui a le droit de dire : "Sifflez moi cet homme-là !" Toute la salle se décharge sur lui de l’ennui de penser. Pensez tout ce que vous voudrez. Ayez l’air au moins de penser quelque chose. Pourvu que vous donniez à ces oies leur pâtée, peu importe laquelle ! Elles avaleront tout.
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.. l’intérêt ayant changé, les principes avaient changé.
Quand on était battu, on disait que l’Allemagne avait l’humanité pour idéal. Maintenant qu’on battait les autres, on disait que l’Allemagne était l’idéal de l’humanité. Quand les autres patries étaient les plus puissantes, on disait, avec Lessing, que « l’amour de la patrie était une faiblesse héroïque, dont on se passait fort bien », et l’on s’appelait : un « citoyen du monde ». À présent qu’on l’emportait, on n’avait pas assez de mépris pour les utopies « à la française » : paix universelle, fraternité, progrès pacifique, droits de l’homme, égalité naturelle ; on disait que le peuple le plus fort avait contre les autres un droit absolu, et que les autres, étant plus faibles, étaient sans droit contre lui. Il était Dieu vivant et l’Idée incarnée, dont le progrès s’accomplit par la guerre, la violence, l’oppression. La Force était devenue sainte, maintenant qu’on l’avait avec soi. La Force était devenue tout idéalisme et toute intelligence.
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[…] l’intérêt ayant changé, les principes avaient changé. Quand on était battu, on disait que l’Allemagne avait l’humanité pour idéal. Maintenant qu’on battait les autres, on disait que l’Allemagne était l’idéal de l’humanité. Quand les autres patries étaient les plus puissantes, on disait, avec Lessing, que « l’amour de la patrie était une faiblesse héroïque, dont on se passait fort bien », et l’on s’appelait : « un citoyen du monde ». A présent qu’on l’emportait, on n’avait pas assez de mépris pour les utopies « à la française » : paix universelle, fraternité, progrès pacifique, droits de l’homme, égalité naturelle ; on disait que le peuple le plus fort avait contre les autres un droit absolu, et que les autres, étant plus faibles, étaient sans droit contre lui. Il était Dieu vivant et l’Idée incarnée, dont le progrès s’accomplit par la guerre, la violence, l’oppression. La Force était devenue sainte, maintenant qu’on l’avait avec soi. La Force était devenue tout idéalisme et toute intelligence.
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Il y a un âge de la vie où il faut oser être injuste, où il faut oser faire table rase de toutes les admirations et de tous les respects appris, et tout nier - mensonges et vérités - tout ce que l'on n'a pas reconnu vrai par soi-même. Par toute son éducation, par tout ce qu'il voit et entend autour de lui, l'enfant absorbe une telle somme de mensonges et de sottises mélangées aux vérités essentielles de la vie que le premier devoir de l'adolescent qui veut être un homme sain est de tout dégorger.
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— Et c’est un tort, Monsieur, d’être toujours content, ajoutait la bonne femme ; car quand on ne se plaint pas, les autres ne vous plaignent pas. Moi, je me plains toujours…
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Le monde se nourrit d’un peu de vérité et de beaucoup de mensonge.
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