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3,78

sur 48 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un livre d'ambiance pour la saison à venir : Dans un paysage froid et enneigé vivote un village isolé, sur lequel veillent deux jeunes policiers, Parra et Pampa. Lorsqu'un appel anonyme mène Pampa jusqu'au corps d'une pendue aux branches d'un arbre, en bordure de lac, il fait quelque chose qui défie toute procédure et toute rationalité : Rien. Il ne déclare pas cette mort, ne détache pas le corps. Il se contente d'observer, de reconnaître la victime, et de s'interroger sur les circonstances de sa mort et sur le potentiel coupable au sein d'une si petite communauté. Avec une certitude : celui qui voulait qu'on la trouve, voyant que personne n'en parle, reviendra sur les lieux. En attendant pourtant, il ne peut disparaître : il doit continuer à se montrer au poste et dans le village, à sonder les attitudes et les âmes, à écouter les secrets et les ragots, colportés par le vent, murmurés par les flocons qui recouvrent tout de leur blanche pureté, et redonnent une apparente virginité aux âmes torturées. Mais en-dessous, la noirceur de la terre demeure celle des hommes.


Malgré l'apparente irrationalité du comportement de ce jeune policier, en prise avec ses propres errements, malgré la fin pour le moins évaporée, et malgré mon incompréhension du titre, répété à chaque fin de chapitre, je n'ai pu m'empêcher d'aimer à la fois l'ambiance chaleureuse et glacée de ce village enneigé, ses mystères lentement dévoilés, ses personnages aussi tangibles qu'artistiquement flous. Plus que la plume, dans l'épurement de laquelle on entend les silences ouatés de la neige qui recouvrent presque tout, c'est la construction qui m'a donné envie de poursuivre la piste de la vérité, encore chaude mais bientôt glacée, emmitouflées de drames secrets, de douleur refoulée, d'âmes blessées, et de ces toutes petites choses du quotidien qui vous maintiennent en vie. Ou pas. Alternant de courts passages sur la vie et personnalité du policier, celle de la victime, celle du coupable, ou encore du village tout entier, l'auteur crée une ambiance familière et mystérieuse où il fait bon chercher refuge pour nos lectures d'hiver, lorsque les longues soirées deviennent givrées, que les cheminées embaument les rues, lorsque le froid nous engourdi et l'air pur nous enivre. Lorsque tout semble irréel et que rien ne semble plus jamais pouvoir sortir ou nous sortir de cette torpeur. Lorsque nous sommes l'hiver, et qu'il est en nous.
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J'ai lu au rythme de l'intrigue, lentement, posément pour m'imprégner de la mélodie des mots et de la complainte des phrases.
J'ai entendu grincer des vies percluses de rouille d'angoisse et de tristesse, crisser des existences sur la neige tenace de la plaine argentine.
Je me suis laissé engourdir doucement autant par le froid, la grisaille et la mort que par le bruissement serein de la nature troublée par la longue résonance d'un dobro insultant le vent glacial de ses riffs métalliques et maléfiques.
C'est un roman à l'atmosphère sans pareil, merveilleux sans merveille, passionnant sans passion, magnifique et magnétique, à l'ambiance insolite unique, cadencée par les affres de Pampa, personnage capital de cette histoire, policier de surcroît.
“Doctor, doctor, what is wrong with me?” *
Je me suis laissé manipuler, frôler par la mort qui rôde, par la pendue qui pend, par la détresse des vivants qui doivent assumer leur frayeur, leur cauchemar autant que leur fantasme.
C'est un beau roman, ce n'est pas une belle histoire, c'est un cri infini et dense dans la nuit des angoisses de Pampa.

Merci à Idil qui m'a permis de découvrir un roman policier, autrement.

* Paroles d'une chanson de Roger Waters (Ex-Pink Floyd) qui fait partie de la playlist accrochée aussi comme un pendu au rabat de fin du livre. Je l'ai écoutée avec attention et me suis « amusé de la mort » en musique.

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L'hiver,symboliquement représente la mort,l'obscurité, le froid,la solitude. A la fin de chaque chapitre, cette phrase,répétée cinq fois,comme une litanie " je suis l'hiver ". Cinq chapitres pour nous faire connaître plus particulièrement chacun des cinq personnages principaux qui composent l'histoire. Alors, il me semble que cette affirmation appartient à chacun de ces cinq personnes. Car oui,chacune correspond à cette définition. Il n'y a pas de lumière, pas de joie,pas de légèreté en eux.
L'histoire s'ouvre rapidement sur la découverte d'une jeune femme assassinée et pendue à un arbre. C'est Pampa,un jeune policier qui fait cette rencontre macabre. Pourtant j'ai du mal à qualifier ce roman de polar car malgré la présence de policiers et d'un crime, il n'en possède pas les codes habituels.
Plus qu'une enquête Ricardo Romero nous immerge dans une ambiance tantôt onirique, tantôt mystique, toujours oppressante. On marche sur un fil ténu entre le monde visible et invisible, extérieur et intérieur, entre la réalité objective et subjective. La mort et la mélancolie s'expriment à travers une nature hostile qui s'impose comme un sixième personnage et contribue à semer le trouble. La folie n'est jamais très loin.
La construction du récit par une ligne de boucles qui nous livrent par bribes des morceaux de vie de chacun des personnages, tous meurtris par un traumatisme,contribue à nous faire avancer vers la certitude qu'on ne sortira pas indemne de ce voyage au fin fond de l'Argentine. Voyage qui a quelque chose d'intrusif pour le lecteur qui est mêlé malgré lui à l'introspection douloureuse et tourmentée de Pampa ,et dans une moindre mesure des autres personnages.
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Jeune policier, Pampa Asiain a été muté dans le village de Monge, loin, bien loin de Buenos Aires. Appelé pour aller contrôler d'éventuels pêcheurs sans autorisation au bord d'un étang perdu dans l'immensité de la plaine qui entoure Monge, il trouve, pendu à un arbre le cadavre d'une jeune femme. Pampa devrait prévenir son seul collègue, le désagréable Parra, ou bien ses supérieurs. Mais, alors que commence à tomber la neige, il décide de n'en rien faire et de ne parler à personne de cette découverte. Veillant le corps, Pampa attend l'éventuel retour de celui qui l'a suspendu là car, de toute évidence cette fille a été assassinée. Cette attente sera pour lui l'occasion de revenir sur sa propre histoire et, peu à peu, de voir se révéler les secrets de la petite communauté qui vit à Monge et dans ses environs.

Je suis l'hiver est moins un roman lent qu'un roman qui prend son temps. Celui de décrire un paysage et une atmosphère dont le calme et l'immensité finissent par devenir oppressant et où le froid s'incruste partout, y compris au bout d'un moment chez le lecteur. Celui de creuser des personnages qui, malgré des trajectoires extrêmement différentes semblent tous naufragés ou proches de l'être, à commencer par Pampa Asiain qui charrie avec lui une histoire familiale dramatique à laquelle ce qu'il vit à Monge fait écho. Si c'est le jeune policier le personnage principal, celui dont la décision initiale de ne pas prévenir du crime qu'il a découvert lance l'intrigue, chaque chapitre viendra en ajouter un autre : la victime, ses proches, ses bourreaux. Et chacun d'entre eux verra son histoire racontée, sa personnalité révélée, ses actions et ses décisions, les bonnes comme les mauvaises, exposées, révélant par petites touches successives la manière dont le drame s'est noué.

Roman noir où le crime en lui-même intéresse moins que la manière dont il dévoile l'extrême solitude des personnages avec une crudité qui n'empêche pas une réelle poésie, Je suis l'hiver est un livre particulièrement touchant.
Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Livre découvert grâce à Bookycooky après avoir échangé sur notre admiration commune de l'auteur argentin Eduardo Mallea.

Ce livre possède en effet des racines communes à la littérature malléenne... Deux auteurs argentins (séparés toutefois de 3/4 de siècle) obsédés par des personnages reclus, solitaires, et silencieux.

Le fait qu'ici la trame se déroule autour d'un meurtre avec un personnage principal policier ne fait pourtant pas de ce roman un polar. Il s'agit d'un formidable roman d'atmosphère.

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Rien ne se passe à Monge petite ville à 100 kilomètres de Buenos Aires. L'ennui s'installe facilement dans la vie des gens. Alors quand Pampa policier du coin est appelé pour de la pêche clandestine il ne s'attend pas à tomber sur le corps pendu d'une jeune fille. Contre toute attente, il ne va rien dire à personne et observer ce qu'il va se passer. En commençant ce livre ne vous attendais pas à lire un roman policier classique. Aucune enquête n'est mené, rien ne se passe. Tous est dans l'analyse psychologique des personnages. Et j'ai trouvé cela plutôt bien réussi. le ressenti des personnages est réaliste, on y croit. le roman est bien écrit. J'ai peut-être un petit bémol sur la fin du roman, mais cela ne gâche en rien ma lecture.
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Prenez un peu de fargo, un peu de twin peaks, saupoudrez le tout, avec un héros qui va a droite quand tout le pousse à aller a gauche, des étendus de terre froide, et une pincée de poésie, et vous obtiendrez un roman hors du temps, original avec une maîtrise de l'intrigue et un sens de l'absurde.
Un ovni littéraire, qui si bien conseiller par mon libraire preféré "remi" librairie compagnie rue des écoles Paris st michel.

Alors n'hésitez pas et plongez dans ce roman onirique et bucolique, dur dans le fond mais pas dans la forme, il rappellera a certains l'excellent "bondree" de la canadienne A michell, je suis l'hiver en est un cousin éloigné qui aurait
pris la mauvaise route pour n'autre plus grand plaisir.
PS : ne le lisez pas trop vite
laurent
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Quel étrange roman… Vous le trouverez au rayon polar de votre librairie. Et certes, le héros en est un policier, et il y est bien question d'un meurtre. Sauf que très vite, Ricardo Romero nous prend à contrepied en nous emmenant sur des chemins complètement inattendus…
Fraichement diplômé de l'école de police, l'adjudant Pampa Asiain a été muté dans le village de Monge, qui compte deux-cents habitants, une route, un bar, et de nombreuses maisons inhabitées. C'est en revanche une bourgade sans enfants, sans église, et sans cimetière. Il y tient sa permanence en compagnie de son seul collègue Andrés Parra, le supérieur censé compléter leur équipe n'étant jamais venu. Une grande partie de leurs journées s'écoulent à regarder par la fenêtre du poste en buvant du maté, Andrés laissant le transistor allumé en permanence pour combler le vide et l'isolement.

Pampa est quant à lui un jeune homme solitaire, laconique, qui passe son temps libre à jouer de la guitare dans un silo abandonné. Comme absent au monde, il a souvent du mal à saisir son propre état d'esprit, à savoir s'il est content ou triste, enthousiaste ou fâché. Il n'a jamais rêvé d'être policier, n'a d'ailleurs jamais rêvé d'être quoi que ce soit. Des souvenirs d'enfance marqués par l'image d'un père devenu alcoolique et brutal suite à l'amputation d'une jambe surgissent régulièrement dans son esprit, sans que la mention d'un traumatisme soit évoquée, Pampa semblant se mettre naturellement à distance de ces réminiscences. Se méfiant comme de la peste de l'imagination et de son emprise sur les êtres, il tente d'en anéantir toute manifestation. C'est depuis toujours un observateur au regard froid, presque désincarné : enfant, il passait ainsi de longues heures à regarder sa mère dormir, après s'être discrètement glissé dans sa chambre.

Et c'est le même genre d'attitude qu'il adopte lorsqu'il trouve, au bord du lac gelé dans lequel il vient de se baigner, le corps d'une jeune fille pendu à un arbre, portant des traces de coups sur le visage. Plutôt que de donner l'alerte, Asiain s'installe pour contempler le cadavre, incertain quant à ce qu'il attend ainsi…

A l'instar de son personnage atypique, "Je suis l'hiver" est plombé d'une mélancolie profonde mais indécise, comme si ce qu'on y vivait "n'était que l'écho d'un monde qui avait pris fin". C'est un roman énigmatique mais envoutant, dont le rythme et l'atmosphère sont en parfaite osmose avec un décor figé dans le froid et la neige, où tout semble se parer d'une dimension irréelle.

Une découverte originale.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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