On peut aimer plus d'une personne à la fois, a-t-elle dit.
C'est discutable.
C'est comme d'avoir plusieurs amis, non ? Je suis ton amie, mais tu as aussi d'autres amis. Est-ce que ça signifie que je ne compte pas pour toi ?
En m'y prenant à plusieurs fois, agrippée au lavabo, j'ai réussi à me déshabiller. Mes vêtements se sont détachés de moi comme la peau d'une banane.
Le monde était pour moi comme un journal roulé en boule dans lequel je pouvais donner un coup de pied.
J'ai fermé les yeux. Les choses et les gens autour de moi, positionnés selon une hiérarchie obscure, participaient à un système dont j'ignorais tout et ne saurais jamais rien. C'était un réseau complexe d'objets et de concepts. Il faut vivre certaines choses pour les comprendre. On ne peut pas toujours tout analyser.
J'ai fermé les yeux. Les choses et les gens autour de moi, positionnés selon une hiérarchie obscure, participaient à un système dont j'ignorais tout et ne saurais jamais rien. C'était un réseau complexe d'objets et de concepts. II faut vivre certaines choses pour les comprendre. On ne peut pas toujours tout analyser.
Quand deux personnes se rendent heureuses, c'est là que ça marche.
Tu dois l'aimer, me disait-elle quand j'avais seize ans. C'est ton père.
Qui dit que je dois l'aimer ? disais-je.
J'ai envie de croire que tu es le genre de personne qui aime ses parents.
Crois ce que tu veux.
Je crois que je t'ai appris à être gentille avec les autres. Voilà ce à quoi je crois.
Etais-je gentille ? La réponse n'était pas évident. Je craignais que, si ma véritable personnalité se révélait enfin, je ne fasse partie des méchants. Cette question me taraudait-elle uniquement parce que, en tant que femme, je sentais que je devais faire passer les besoins des autres avant les miens ? La gentillesse était-elle simplement synonyme de soumission ? Adolescente, voici le genre de choses que j'écrivais dans mon journal : en tant que féministe, j'ai le droit de n'aimer personne.
Blottie dans mon lit, les bras passés autour de mon corps, je me suis dit avec amertume : il a tout le pouvoir, et moi, aucun. Ce n'était pas entièrement vrai, mais ce soir là, pour la première fois, j'avais clairement sous-estimé ma vulnérabilité. J'avais menti à tout le monde, à Mélissa, et même à Bobbi, pour Nick. Je ne m'étais autorisée à me confier à personne, personne ne pouvait éprouver de la compassion pour moi. Et au bout du compte, il en aimait une autre. J'ai fermé les yeux et enfoncé ma tête dans l'oreiller. Je songeais à la veille au soir, quand il m'avait dit qu'il avait envie de moi, ce que j'avais ressenti. Admets-le tout simplement, me suis-je dit. Il n'est pas amoureux de toi. Et c'est ça qui te fait mal.
Je savais bien que Nick ne souffrait d’aucun effet secondaire à notre relation. Nous n’étions pas sur un pied d’égalité. Il m’avait froissée comme une feuille de papier, puis jetée.
Lu en novembre 2021
On ne lit pas le livre pour le scénario mais pour la teneur des propos + le style de l'auteur. Quelques personnages se passent la balle, chacun à sa justesse et sa part d'imprévisible. Il y a de l'intelligence, de la simplicité, du direct, avec un minimum de superflu. Je ne savais pas trop où ça allait me mener mais au fil des pages je dois bien avouer que les personnes m'intéressaient de plus en plus. En refermant le livre j'ai eu un pincement, ils allaient me manquer. C'est plutôt bon signe.