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sur 2301 notes
Je lorgnais Normal People de Sally Rooney depuis un peu plus d'un an. Il avait été choisi dans un club de lecture en langue anglaise que je souhaitais peut-être suivre. J'hésitais car c'est le genre de roman très éloigné de mes goûts habituels. Une série est sortie entre-temps, que je n'ai pas encore vu. Alors quand j'ai eu l'occasion de l'emprunter à une amie, je me suis dit que je pouvais enfin le découvrir.

Ce qui surprend dans un premier temps est l'écriture. Ce n'est habituellement pas mon style. Sally Rooney a une plume très contemporaine : les phrases sont simples, abruptes, dépouillées au maximum pour donner cet aspect très direct dans la formulation. le style s'affirme également comme très oral : il n'y a pas par exemple de distinction avec les dialogues. L'effet semble être là pour que les pensées, les actes et les paroles se mélangent. Voilà qui donne finalement un aspect cotonneux à la lecture, comme si les personnages eux-mêmes avaient du mal à faire cette distinction. le livre est donc assez simple à lire en version originale

L'écriture appuie le côté profondément introspectif du roman. En effet, Normal People est avant l'histoire de deux âmes un peu bancales qui tissent un lien indescriptible. Si le récit semble parfois nonchalant, c'est parce que les protagonistes eux-mêmes ont du mal à comprendre les sentiments qui les habitent. Cet aspect du roman ne plaira donc pas à tout le monde, il faut accepter que parfois, certains sentiments ne s'expliquent pas. Que parfois, les choses sont tellement enfouies qu'on a du mal à les nommer. le roman a donc un rythme lancinant par moments.

Le récit se concentre sur deux personnes, du lycée jusqu'à quelques années dans leurs études supérieures nés dans le même petit village irlandais près de Sligo. Marianne est née dans une famille aisée. Solitaire, elle n'a que peu d'amis et n'est pas très apprécié au lycée, où elle est considérée comme arrogante et laide. Connell est né d'une mère célibataire femme de ménage qui travaille pour la famille de Marianne. Il est au contraire très populaire au lycée. Leurs histoire se rencontrent et se séparent. Connell comme Marianne se dévoilent au fil du récit, au fil de leurs non-dits. Il faut lire entre les lignes pour comprendre la réalité de leurs angoisses et de leurs existences.

Je les ai trouvés à la fois attachants et peu sympathiques. Humains, en somme. Je retrouve là la construction des personnages d'autres écrivains irlandais comme Louise O'Neill. L'objectif n'est pas tant de faire de Marianne, Connell et des autres personnes qui gravitent autour d'eux des parangons, mais des êtres faillibles. Ils ont leurs défauts. Connell porte une attention excessive à ce qu'autrui pense de lui. Marianne semble détachée de tout et trop franche. Mais l'histoire décrit à merveille les connexions indescriptibles qui peuvent relier deux personnes, sans qu'elles semblent pourtant partager beaucoup de choses. Ici, les protagonistes ont une sorte de connexion intellectuelle et émotionnelle qui dépasse leurs différences et guident parfois leurs choix.

Le style nonchalant et les non-dits parsemés dans le récit en viennent à dévoiler une vérité pas toujours rose. Ainsi, normal people évoque la maladie mentale. Comment elle s'insinue dans le quotidien avec une délicatesse sournoise. Connell est un personnage à qui tout semble réussir mais son impossibilité à créer du sens pour son existence, à se connecter avec autrui ou à assumer sa relation avec Marianne, finit par l'atteindre psychologiquement. le passé de Marianne est également violent. Sous emprise d'une famille violente aussi bien physiquement que psychologiquement, elle enchaîne les relations avec des hommes violents. Suicide, dépression, dépendances affectives et auto-mutilations font parties des sujets à travers lequel le malaise est transmis. La narration fait le choix de se concentrer sur des périodes charnières pour les protagonistes, ce qui renforce cet aspect.

Outre la maladie mentale, Normal People aborde les relations de classe. Connell, fils d'une femme de ménage, se retrouve à Trinity College au milieu de personnes qui n'ont pas besoin de gagner leur vie grâce à leurs parents. Il y a souvent un écart avec Marianne, qui vient d'une famille très aisée. Cette dernière exprime d'ailleurs son malaise à travers une anorexie durable. Comme beaucoup d'éléments du roman, ce n'est jamais vraiment nommé, comme si mettre un mot sur ses souffrances les rendaient trop réels. le roman nous laisse deviner qu'elle cherche à contrôler ce qu'elle peut, au maximum, dans un monde où elle se sent constamment rejetée, y compris par sa propre famille.

Etant donné son caractère très contemporain et sa mise en scène des relations compliquées entre de jeunes gens, certains y verront sans doute un roman vide et superficiel. J'ai trouvé qu'au contraire, Sally Rooney arrivait à retranscrire la fausse nonchalance d'une génération qui lutte face à l'incertitude et contre des angoisses puissantes. L'histoire est portée par une écriture simple, hésitante et pudique, qui dévoile qu'à demi-mots la réalité des choses et s'adresse directement à nos intuitions. La capacité à s'attacher aux personnages dépendra donc beaucoup du vécu personnel du lecteur, mais ils ont le mérite d'être très crédibles dans leur construction. L'écrivaine a réussi à mettre en mots les sentiments d'une génération complexe. Il n'est pas encore traduit en français mais je pense que ça ne saurait tarder !

Lien : https://lageekosophe.com/202..
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D'une qualité très inégale, ce roman oscille entre réalisme confondant et passages peu crédibles. Les deux héros restent distants du lecteur malgré une plongée dans leur intimité qui contribue d'ailleurs à l'inconstance de l'oeuvre : tantôt leurs pensées sont d'une acuité brillante, tantôt elles laissent dubitatif. Quant au style, il est très factuel et finalement assez fade, à l'image de ce livre (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/03/26/normal-people-sally-rooney/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Connell et Marianne sont deux ados, un peu dans leur monde. Jamais vraiment amis, mais jamais non-plus vraiment en couple. On va les suivre l'un et l'autre pendant leur passage à l'âge adulte, avec toutes les complications entrainées.
~
Je ne sais pas quoi penser de cette lecture, d'un côté la singularité et la profondeur des personnages et de leurs traumas est touchante. Je ne sais pas si on peut dire qu'il y a une volonté de la part de l'autrice de casser les schémas des adolescences et amours parfaits et universels. Alors c'est vrai que de ce côté-là, c'est super :)
Mais de l'autre côté, je n'ai pas pris beaucoup de plaisir à lire ce livre, c'était douloureux par moments même. Comme s'il manquait de sentiments, de tendresse… Se pose alors le débat de pourquoi lire ? pour le plaisir ? ou aussi pour se sentir un peu bousculé ? le principal est sans doute de tirer quelque chose de sa lecture ! (bon et en l'occurrence, je n'ai pas tiré grand-chose…)

D'autre part, j'ai eu du mal à m'habituer à la narration, et ça ne m'a pas aidé à aimer cette histoire ! En fait, il se passe plusieurs mois entre chaque chapitre. Puis au cours du chapitre, il y a des flash-back qui nous apprennent ce qu'il s'est passé entre-temps (et ça, je l'ai compris au bout de 100 pages… oops^^'). Conclusion, j'étais beaucoup perdue...

Ma déception repose sans doute aussi sur le fait que j'ai eu la constante impression que ce livre fut écrit il y a 20 ans !

Pour terminer, une fin aussi ouverte, comme annonciatrice d'une boucle sans fin, d'un éternel recommencement... c'était trop pour moi…

Ou alors, je n'ai pas compris l'histoire, si ce livre a acquis une certaine reconnaissance, ce n'est pas pour rien… !
~
Bref, un peu déçue !
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J'ai dévoré ce roman en une journée.
À première vue, c'est un livre dans lequel très peu de choses se passent.
Deux adolescents socialement maladroits grandissent, deviennent adultes et leur route, leurs sentiments ne cessent de se croiser.
Leur relation se transforme en un cycle qui ne se répète pas tout à fait. On s'attache aux deux protagonistes malgré leurs errements.
La force de ce livre est dans les détails. Les observations dont les protagonistes considèrent le monde sont émouvantes.
Le regard de l'autre, l'estime ou la non-estime de soi, leurs failles, leurs doutes, les non-dits, la violence, sont parfaitement rendus.
Il est aussi questions de classes sociales, de relations imparfaites, de doutes, de difficulté à aimer, de loyauté, de trahison, de la place des parents avec leur amour ou leur non-amour.
Le style est simple mais élégant, les dialogues sont subtils et touchants.
Quelques longueurs vers la fin mais qui n'entament pas la qualité du récit.
J'ai passé un bon et gracieux moment de lecture.

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrice Elle
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Un récit vraiment brillant. l'auteur nous emmène dans cette singulière union jonchée de rebondissements et nous décrit de manière fine et subtile un amour d'adolescence qui se délite et rebondit.
C'est tracé avec beaucoup d'intelligence et de subtilité.
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J'ai hésité avant d'acheter ce livre, et puis je le tenais en main continuant mes pérégrinations dans la très grande librairie dans laquelle je me trouvais, quand j'ai été interpellée par une jeune fille qui m'a vivement conseillée de lire ce roman et de regarder également la série qui en a été inspirée.
Convaincue par cette intervention aussi sympathique qu'impromptue, j'ai sauté le pas.

Une chose est certaine, je ne regarderai pas la série !

En effet, je n'ai vraiment pas aimé ma lecture.
Tout d'abord, le style m'a décontenancée : les dialogues sont insérés au récit sans marque de ponctuation, il y a aussi des flashbacks également insérés sans introduction aucune, tout ceci ne rend pas la lecture fluide.

Les deux personnages principaux m'ont passablement irritée.
On suit Marianne et Connell à Dublin depuis leur dernière année de lycée et pendant leurs quatre années d'études universitaires qui suivent.
Ils se plaisent, se séduisent, en secret, puis au vu et su de tout le monde. Ils se quittent, se mettent en couple avec d'autres, recouchent ensemble et cela tout au long de ces presque 300 pages...
Je ne comprends pas les revirements de situation souvent conséquence de malentendus qu'aucun des deux ne cherchent à lever, ni les changements radicaux de leur caractère.

J'ai trouvé cette histoire antipathique, voire glauque par moment.
L'auteure a voulu écrire un roman d'apprentissage moderne, je l'ai trouvé insipide et incohérent.
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Don't judge a book by its cover! Les deux personnages principaux Marianne et Connell sont loin d'être des gens ordinaires !
Ils se rencontrent au lycée mais sont plutôt dans des « camps » opposés : il est sportif et extroverti mais pauvre ; elle est introvertie, n'a que peu d'amis et est riche. de plus, la mère de Connell fait le ménage chez Marianne … Une très mauvaise entrée en matière. Pourtant ils ont bien des points communs, notamment leur esprit brillant, et un je ne sais quoi qui les rapproche au point de débuter une relation, qui restera secret pour leurs camarades de lycée.
Après avoir tous les deux décroché un bac avec mention, ils arrivent à Dublin, à l'université. Là, les cartes sont redistribuées : loin de leur petite ville, Marianne s'épanouit alors que Connell se retrouve isolé.
Un joli roman d'apprentissage sur deux jeunes qui se cherchent. J'ai beaucoup apprécié l'universalité des personnages : modernes certes mais assez neutres pour toucher un très grand nombre de lecteurs.
Je me plongerai dans d'autres romans de cette autrice avec plaisir !
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Je savais en me lançant dans ce livre que c'est quitte ou double pour la plupart des lecteurs, soit on adore, soit on déteste. Malheureusement, je fais partie de cette deuxième catégorie. Enfin non, je n'ai pas détesté, je n'ai juste trouvé aucun intérêt à ce livre.

Déjà la façon dont est écrit ce roman est assez particulière, et n'a fait que me rendre confuse, surtout quand j'ai fini par le lire en diagonal. Puis l'histoire, parlons-en. Les deux personnages couchent ensemble, puis ne couchent plus ensemble, ils couchent ensemble, puis ne couchent plus ensemble, ils couchent ensemble, puis ne couchent plus ensemble. Voilà, c'est ça le livre.

Puis il y a des sujets évoqués comme le sadomasochisme qui ne m'a pas du tout plu, juste parce que l'héroïne vient d'une famille qui ne la traite pas bien, elle est forcément obligée d'adorer le sadomasochisme... Cliché, cliché.

Enfin bref, malheureusement, ce livre n'aura eu aucun effet sur moi, je me suis ennuyée comme pas possible, et je suis contente d'en avoir terminé.
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Lire le livre après voir vu la série est une expérience de lecture assez singulière. L'impression que les deux oeuvres se superposent parfaitement au début s'estompe petit à petit au fil de la progression dans l'ouvrage. Sally Rooney est co-scénariste de la fiction TV et nous comprenons alors la parfaite adaptation du roman à l'écran.
Je n'ai pas regretté d'avoir commencé par la série car le livre apporte progressivement des précisions d'ordre psychologique qui éclairent et donnent des clés sur les trajectoires et les atermoiements des deux protagonistes de ce récit.
Roman d'apprentissage, Normal People nous invite à suivre pendant quatre ans, l'histoire compliquée se nouant et se dénouant entre Marianne, jeune fille brillante, de bonne famille, mal dans sa peau et peu aimée, et Connell, fils de la femme de ménage de sa mère, beau et populaire au lycée.
L'attachement entre ces deux êtres, mélange d'amour et d'amitié, est passionnel, indéfectible. Ils sont les seuls à se comprendre mutuellement, réciproquement et pourtant ils ne parviennent pas à construire une relation de couple durable.
Il y a bien sûr la différence de classe sociale, mais il y a surtout, de sa part à lui, le regard des autres et son désir de se conformer à l'image que les autres ont de lui. Marianne, dont la psychologie est plus fouillée, souffre d'un manque d'estime de soi. Hantée par un vécu familial traumatisant, elle entretient des relations sadomasochistes avec les hommes, et subit l'emprise qu'ils ont sur elle.
Sally Rooney nous offre un magnifique roman coup de poing sur les variations amoureuses, dans lequel elle décortique l'alchimie qui fait ou défait une relation entre deux personnes. Avec un style direct, froid, presque clinique, émaillé de détails concrets, où les dialogues ciselés sont inclus dans le récit, elle nous émeut, et nous questionne sur les ressorts du sentiment amoureux.
Ce qui fait la beauté et la puissance de ce livre, c'est l'intensité de la relation faite de confiance et de respect qui unit Marianne et Connell malgré les vicissitudes de la vie, et c'est l'absence de jugement de l'autrice à leur égard.

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C'est l'histoire de Connell. C'est l'histoire de Marianne.
C'est l'histoire de Connell et Marianne.
Ils sont dans la même classe au lycée mais ne se côtoient pas. Il faut dire qu'avec ses prises de position et son franc parler, Marianne impose et en agace plus d'un. de nature discrète et peu sûr de lui, Connell la trouve, lui, déstabilisante mais intéressante. Deux choses vont les faire se rencontrer : la première est que la mère de Connell travaille comme femme de ménage pour la mère de Marianne et la seconde est l'amour de la littérature.

Je vous l'accorde, comme ça, ça fait un peu bluette mais ce serait occulter l'écriture de Sally Rooney. Quand un auteur s'attache autant à décortiquer l'âme humaine et le sentiment amoureux de ses personnages, il en découle une histoire profonde et délicate.
Le récit n'est pas linéaire, des bouts de leur vie au lycée puis à Trinity College sont distillés et entremêlés de dialogues pour mieux exprimer les actes et questionnements de Connell et Marianne. Pas de règles typographiques pour leurs conversations, ça amène de la simplicité, une certaine modernité et une directe immersion dans leurs réflexions. On en apprend beaucoup sur leurs caractères, leur attirance et leur complicité. Ces deux-là vont essayer l'amour, l'amitié mais surtout vont grandir ensemble. Leur relation n'est pourtant pas sans difficultés et ressentiments mais c'est une histoire qui tient. Ils ont une telle confiance l'un envers l'autre, qu'ils savent pouvoir compter l'un sur l'autre. Aucun jugement entre eux.

Finalement à vouloir devenir des personnes normales, ils finissent par comprendre qu'avec l'amour qu'ils se portent, ils peuvent assumer leurs différences et leurs faiblesses. Ils se soutiennent et se réconfortent, on touche l'intime et c'est beau.
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