La mort de la Terre / J. H. Rosny Aîné (1856-1940)
Première nouvelle :
Les Xipehuz
« C'était mille ans avant le massement civilisateur d'où surgirent plus tard Ninive, Babylone, Ecbatane. »
Ainsi commence cette fiction qui voit la tribu nomade de Pjehou chercher au crépuscule un point d'eau et un havre pour la nuit. Surpris au crépuscule par des formes inhabituelles coniques ou cylindriques lumineuses, les nomades s'approchent imprudemment et sont alors attaqués, décimés, massacrés. Les quelques rescapés qui ont pu fuir découvrent que les Formes ne dépassent pas une certaine limite pour les poursuivre dans la forêt de Kzour. Tout est tenté avec les Sages, les prêtres et les chefs de la nation Zahelal pour tenter de comprendre, mais sans succès. Un nouveau massacre est à déplorer et les survivants déclarent simplement qu'il s'agit de dieux inexorables et qu'il n'y a rien à faire.
le sentiment que l'homme va périr commence à se répandre dans les tribus mais un homme non résigné nommé Bakhoûn va passer des jours et des jours à observer avec prudence les Formes et noter le fruit de son travail. : il va appeler ces êtres vivants
les Xipehuz. Il découvre qu'en peu de cycles lunaires les Formes auront dépossédé l'homme de sa demeure terrestre. Il confectionne avec ses fils des arcs qui s'avèrent être plus efficaces que tout autre arme. Une armée de milliers d'hommes munis d'arcs est préparée et Bakhoûn et ses cinquante fils dirigeant l'ost livre une première bataille.
Les hommes de Bakhoûn parviendront-ils à se débarrasser du fléau et rendre la Terre aux Hommes ?
Deuxième nouvelle :
le cataclysme.
Sur les hauteurs du plateau de Tornadres, Sévère et sa femme Luce observent depuis quelques jours une étrange migration des animaux vers la vallée de l'Iaraze ; carnassiers, herbivores, batraciens, raines des buissons ou raines vertes, insectes, carabes aux élytres dorés, tous fuient. Même les brins d'herbes et les moindres ramuscules se redressent en une étrange attitude. Sévère a comme la sensation de perdre l'équilibre et à du mal à tenir la position verticale. Et quand il voit Luce tituber comme sous l'emprise de puissances énigmatiques, il comprend qu'il se passe quelque chose d'inhabituel qui ne participe plus de la vie terrestre.
Nuitamment les chiens hurlent dans les cours des censes sur le plateau de Tornadres tandis qu'une pluie de météorites tombe sur la Terre en cette nuit du dix août. Des sortes de feux de Saint Elme s'allument, sans chaleur et sans consumation, à la cime des grands arbres terrorisant Sévère et Luce et gagnant chaque ramille, chaque pointe de feuille des buissons, des gramens et des éteules. Les étoiles ont comme disparu du ciel…
Que reste-t-il à faire sinon de suivre les animaux vers la vallée de l'Iaraze…et comprendre.
Troisième nouvelle :
La mort de la Terre.
Targ, le veilleur du Grand Planétaire, sait qu'il fut un temps immémorial où l'Homme croissait parmi les sources, les rivières, les fleuves, les lacs…La vie pullulait jusqu'au plus profond des mers, il y avait des prairies et des sylves d'algues, des forêts d'arbres et des savanes d'herbes. Aujourd'hui seuls les oiseaux ont survécu et ont développé une intelligence étonnante.
Targ regarde le ciel où il n'y a plus de nuages. L'humanité est réduite à quelques oasis ayant échappé aux terribles séismes qui ont ravagé la Terre, et qui sont approvisionnés en eau grâce à quelques puits. Car l'eau a presque disparu de la surface du monde, engloutie dans les entrailles de la Terre. Les sources sont taries, les océans engloutis, les fleuves asséchés. En dehors des oasis, la Terre est devenue inhabitable depuis 500 siècles et finira probablement par périr de sécheresse.
Au sein des oasis, le nombre d'habitants est codifié et à mesure que les provisions au cours des ans diminuent, il faut recourir à l'euthanasie en commençant par les vieillards cacochymes.
Et puis il y a l'ennemi qui prolifère : les terribles ferromagnétaux à proximité desquels l'Homme perd ses globules rouges et meurt d'anémie. Ce sont des êtres organisés entièrement composés de fer magnétique. Ils risquent de succéder à l'humanité quand elle aura disparu.
À la suite d'un terrible séisme, l'oasis des Terres Rouges est ravagés et s‘est creusée une immense faille qui intrigue Targ venu avec ses amis porter secours au rescapés. Il décide de partir en exploration au fond de cette crevasse avec l'espoir d'y découvrir de l'eau.
L'eau salvatrice découverte permet alors à l'oasis des Terres Rouges de ressusciter et de prospérer. L'espoir renaît.
Cependant, un jour le niveau d'eau vient à baisser dans les cuves suite à quelques légers mouvements tectoniques. C'est l'alerte : il faut prévoir et euthanasier. Targ et sa femme Erê ainsi que sa soeur Arva et les enfants quittent l'oasis qui à terme est condamnée vu l'inertie qui gagne la population résignée à une mort promise, et partent à l'aventure vers la dernière oasis équatoriale abandonnée où il peut rester un peu d'eau.
La suite va être une lutte pour la survie, dans la révolte et la le combat contre l'adversité, la pénurie d'eau et l'invasion des ferromagnétaux. Une lutte que le titre du livre laisse sans espoir… Car l'eau, c'est la vie.
J.H.Rosny aîné (1856-1940) a toujours porté un jugement sévère sur le passé et le présent de l'humanité. Pour lui l'animal vertical a été un terrible destructeur de tout temps. Et dans son roman apocalyptique qui se situe dans un avenir lointain, la punition n'est pas tombée du ciel mais venue de la Terre elle-même !