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Citations sur J'ai épousé un communiste (117)

Il y a eu un article dans le journal, récemment, sur un type qui avait fourni des renseignements sur sa femme pendant vingt ans, en Allemagne de l'Est. On a trouvé des documents sur lui dans les dossiers de la police secrète est-allemande quand le mur de Berlin est tombé. Sa femme exerçait une profession libérale, la police voulait la suivre, c'était lui l'informateur. Elle ne s'en doutait même pas. Elle a découvert la vérité au moment où on a ouvert les dossiers. Ca a duré vingt ans. Ils avaient des enfants, des beaux-parents, ils recevaient du monde, ils payaient leurs factures, ils se faisaient opérer, ils faisaient l'amour, ils ne faisaient pas l'amour, l'été ils allaient à la plage, ils se baignaient dans la mer, et pendant ce temps-là, lui la donnait. C'était un avocat, intelligent, très cultivé, il écrivait même de la poésie. On lui a attribué un nom de code, il a signé un accord, il avait des rendez-vous hebdomadaires avec un officier, pas au QG de la police, mais dans un appartement privé réservé à cet usage. Ils lui avaient dit : "Vous êtes avocat et nous avons besoin de votre aide", il était faible, il a signé. Il avait un père à charge, ce père souffrait d'une terrible maladie invalidante. Ils lui ont dit que, s'il les aidait, ils prendraient le plus grand soin de son père, qu'il adorait. Ca marche souvent de cette façon. Tu as un père, une mère, une soeur malades, on te demande de coopérer, alors tu fais passer ton père malade avant tout, et c'est comme ça que tu justifies ta trahison, et que tu signes l'accord.
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N'oublie pas qu'Ira appartenait au Parti corps et âme. Tous les virages à cent-quatre-vingts degrés, il les adoptait. Il a avalé la justification dialectique de toutes les vilenies de Staline. Il a soutenue Browder du temps qu'ils le considéraient comme leur messie en Amérique, et puis, quand Browder a joué les fusibles et s'est fait virer par Moscou, du jour au lendemain Browder est devenu un collaborateur de classe, un socio-impérialiste. Ira a gobé tout ça. Il a soutenu Foster et sa théorie que l'Amérique était sur la voie du fascisme. Il est parvenu à faire taire ses doutes et à se convaincre que, en épousant tous les virages et les grands écarts du Parti, il contribuait à construire une société juste et équitable en Amérique... Mon frère s'abaissait intellectuellement comme ils le faisaient tous. Ils étaient crédules, politiquement, et moralement. Ils ne voulaient pas voir les choses en face. Voilà un type dont la plus grande force était de savoir dire non. Il n'avait pas peur de dire non, et de vous le dire en face. Et pourtant, au Parti, il ne savait que dire oui.
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Dans le soir, nous écoutâmes, non pas chacun les paroles de l'autre, mais tous les deux Doubinouchka. La formule de Murray était juste. C'était bien une belle chanson populaire traditionnelle, émouvante et mélancolique. Malgré le crissement sur la surface usée (il revenait à intervalles réguliers, non sans rappeler les petits bruits familiers de la nuit, l'été, à la campagne), le chant semblait nous parvenir tout droit de son lointain passé historique. Ce n'était pas du tout comme d'écouter, allongé sur ma terrasse, les concerts classiques à la radio, le samedi soir, en direct de Tanglewood. "Ho ! hisse ! Ho ! hisse !" venait du fond du temps et de l'espace; c'était le vestige fantomatique de ces heures d'ivresse révolutionnaire où tout un chacun, dans son appétit de changement, sous-estime comme de juste avec naïveté - folie impardonnable - la capacité de l'humanité à massacrer ses plus nobles idées pour qu'elles tournent à la farce tragique. Ho ! hisse ! Ho ! hisse ! Comme si la ruse, la faiblesse, la bêtise et la corruption ne risquaient pas de peser plus lourd que l'élan collectif, la force du peuple, tirant ensemble pour rebâtir sa vie à neuf et abolir l'injustice. Ho ! hisse !
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"Ira aurait pu finir homme de main pour Longy, à accomplir loyalement ses basses besognes. Il était mûr pour se faire recruter. La délinquance, toute leur éducation les y avait préparés, ces mômes-là. C'était le pas suivant en toute logique.... Ca tient à peu de choses, hein ? Où on finit, comment on finit ?... Quand Ira a rencontré un type plus dur que lui, et plus malin, qui allait avoir la plus grande influence sur lui, il était déjà dans l'armée, et voilà pourquoi ça n'a pas été un gangster de Newark qui l'a transformé, mais un sidérurgiste communiste".
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"C'était quelque chose, ça, en 1924. Et Eve, c'était quelqu'un : sourire radieux, haussement d'épaules de désespoir, en ce temps-là, on jouait avec les yeux - elle avait maîtrisé tout ça dès l'enfance. Elle savait exprimer la défaite, la colère, elle savait pleurer en se tenant le front; elle savait faire rire en tombant sur les fesses, aussi. Lorsque Eve Frame était heureuse, elle se mettait à courir avec un petit saut, elle sautillait de bonheur. Irrésistible. Tantôt elle jouait la vendeuse de cigarettes ou la pauvre blanchisseuse qui rencontrait le gros richard, tantôt elle jouait les riches gâtées qui perdaient la tête pour le contrôleur du trolley. C'étaient des films où on transgressait les barrières sociales. Des scènes de rue où on voyait les pauvres immigrants, avec leur énergie brute, et puis des dîners où on montrait les riches Américains, avec leurs privilèges, leurs contraintes, leurs tabous. Du sous-Dreiser. On ne pourrait plus regarder ça, aujourd'hui. Déjà à l'époque c'était tout juste regardable, et uniquement à cause d'elle."
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Il habitait en bon membre du prolétariat dans un vague taudis du Lower East Side. Il traînait dans des endroits minables, mangeait dans des restaurants minables et puis voilà qu'ils se retrouvaient seuls au monde dans la Onzième Rue ouest, et c'était l'été à Manhattan, et c'était formidable, c'était le paradis sur terre. Il y avait des photos de Sylphid dans toute la maison, Sylphid petite fille, en tablier d'écolière, et il trouvait fabuleuse la dévotion de la mère envers sa fille. Elle lui racontait ses déboires dans le mariage et avec les hommes; elle lui racontait Hollywood, les metteurs en scène tyranniques, les producteurs béotiens, la vulgarité effroyable, effroyable de tout ça. C'était Othello à l'envers. Il l'aimait pour les dangers qu'elle avait traversés. Il était médusé, sous le charme et il se sentait nécessaire. C'était un grand costaud, physique, il a foncé. Une femme entourée d'une auréole de pathétique. Une belle femme au destin pathétique, une histoire à raconter. Une femme qui savait faire rimer décolleté avec spiritualité. Qu'est-ce qu'il aurait pu trouver de mieux pour activer ses tendances protectrices ?
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Sa conversation était divertissante car impitoyable ; elle haïssait son prochain avec le talent d'un chef de cuisine pour trancher dans le vif la viande qu'il va embrocher et faire tourner sur le gril. Et moi, qui m'étais fixé pour objectif de devenir le champion sans peur et sans reproche du Parler Vrai à la radio, j'étais muet d'admiration effarée devant cette fille qui ne faisait rien pour rationaliser ; et encore moins pour dissimuler son mépris jubilatoire d'autrui.
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How can you hate the thing you are ?
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High culture […]. It was like penetrating a foreign language and discovering that, despite the alienating exoticism of its sounds, the foreigners fluently speaking it are saying no more than what you've been hearing in English all your life.
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In the army there's no democracy.
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