AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Quand elle était gentille (27)

Si seulement ils disaient : Non, non Lucy tu ne peux pas. Non Lucy nous l'interdisons. Mais aucun d'eux, semblait-il, n'avait plus la conviction ni l'endurance de s'opposer à un choix fait par elle. Pour survivre, cela faisait longtemps qu'elle avait dressé sa volonté contre la leur : c'était la bataille de son adolescence, mais c'était fini maintenant. Et elle avait gagné. Elle pouvait faire tout ce qu'elle voulait au monde - même épouser quelqu'un qu'elle méprisait secrètement.
Commenter  J’apprécie          120
Edward, en fait, ne faisait pas la sieste ; au début de la discussion il s’était précipité de sa chambre dans la salle de bains et avait ajusté le petit crochet qui bloquait la porte. Lucy frappa et frappa. Elle lui promit toutes sortes de douceurs si seulement il voulait bien simplement soulever le petit crochet. Elle expliqua que papa était énervé par quelque chose qui était arrivé dans son travail, mais que personne n’était furieux contre personne. Papa était parti travailler et rentrerait pour dîner comme tous les soirs. Est-ce qu’il ne voulait pas jouer son jeu avec papa ? Elle le supplia d’ouvrir. En même temps elle pressait de toutes ses forces contre la porte, pensant qu’elle parviendrait à faire sauter la vis des vieilles planches de la maison. En fin de compte elle dut donner de grands coups d’épaule dans la porte pour y arriver.
Edward était assis sous le lavabo, un gant de toilette sur son visage. Il se mit à sangloter nerveusement en l’entendant approcher et elle dut le bercer dans ses bras pendant une demi-heure avant de pouvoir le persuader que tout allait bien.

(p. 280-281)
Commenter  J’apprécie          60
Il le répétait, il n’allait pas ramener un enfant de trois ans et demi vivre un jour de plus avec quelqu’un qui, il était désolé mais il allait devoir le dire…
"Dire quoi !
— Qu’il déteste comme du poison, voilà !
— Qui déteste qui comme du poison, Roy ?
— (…) C’est "toi" qu’il déteste !
— (…) Je ne te crois pas !
— Je déteste maman, elle avait la figure toute noire ! Voilà ce qu’il me criait, Lucy !
— Tu mens, Roy !
— Alors pourquoi s’enferme-t-il dans les cabinets ?
— (…) À cause de toi ! cria-t-elle. Parce que tu ne fais pas ton métier !
— Non, Lucy, à cause de toi ! À cause de tes hurlements, à cause de ta détestable manie de vouloir tout régenter comme un tyran impitoyable ! Parce qu’il ne veut plus jamais revoir ta sale figure sans cœur, et moi non plus ! Jamais !
— Roy, tu es mon mari ! Tu as des responsabilités ! Tu vas monter tout de suite dans cette voiture — tout de suite, tu m’entends — et peu importe si tu roules toute la nuit…"
Mais à l’autre bout du fil il y eut un déclic ; on avait coupé.

(p. 351-353)
Commenter  J’apprécie          50
Elle aimait Roy ? Elle ne pouvait s’amener à croire qu’elle l’avait toujours aimé, ou même qu’elle l’avait jamais aimé. Mais ce dimanche après-midi-là, avec quatre années harassantes de mariage derrière elle, elle était persuadée qu’elle pourrait bien être amoureuse. Non pas du Roy qu’il avait été, bien sûr, mais du nouveau Roy qu’il était devenu. Parce que c’était lui qui s’était adressé à elle dans la cuisine : un Roy qui n’était plus puéril ni irresponsable, un Roy qui ne faisait plus semblant. Était-ce possible ? Avait-il changé ? Était-il devenu un homme de bien ?
Son mari était-il un homme de bien ? Était-elle mariée à un homme de bien ?
Le père d’Edward, le futur père de Linda Sue, était-il un homme de bien ? Oh, enfin elle pouvait l’aimer ; elle avait fait de lui un homme de bien.

(p. 331-332)
Commenter  J’apprécie          50
Ce fut quelques mois après l'enterrement, au cours d'un de ces printemps froids, frais et humides comme ils en ont au centre des États-Unis, que des lettres de la prison commencèrent à arriver directement à la maison.
Commenter  J’apprécie          50
— Je vais avoir un bébé, maman ! Alors je t’en prie dis-lui de ne plus croire en moi !
— Lucy… vraiment ?
— Bien sûr que oui ! Je vais avoir un bébé et je déteste Roy et je ne veux ni l’épouser ni jamais le revoir !
Elle se précipita en courant dans la cuisine juste à temps pour vomir dans l’évier.

(p. 230)
Commenter  J’apprécie          40
— Willard, dit Berta, appelle le médecin. Appelle-le tout de suite.
— Appeler quoi ? s’écria Lucy.
— Berta, demain matin.
— Maintenant, Willard.
— Oui, bien sûr, dit Lucy à sa grand-mère. Oh, ça te plairait ? Tu as attendu toutes ces années pour me régler mon compte — parce que je te vois derrière ton masque, toi aussi — espèce de sale égoïste ! Appeler un médecin !" Elle brandit le poing dans leur direction. "Je suis enceinte !" J’ai besoin d’un mari, pas d’un docteur… D’un mari pour moi et d’un père pour mon enfant…
— Appelle le docteur", dit Berta.
Mais il tenait toujours le téléphone. "Lucy, dit-il, tu ne veux pas aller au lit, maintenant ?
— Mais tu n’arrives donc pas à te mettre dans la tête que Julian Sowerby est en train de me voler Edward ! (…) Est-ce que tu comprends ce que je te dis ?
— Mais oui, ma chérie.
— Alors qu’est-ce que tu comptes faire ? Le monde est plein de gens horribles et de monstres et tu ne fais absolument rien et tu n’as jamais rien fait ! Tu l’écoutes, elle, dit-elle en désignant sa grand-mère. Et moi pas ! Et je n’ai pas l’intention de l’écouter !"

Philip Roth
(p. 390)
Commenter  J’apprécie          30
— Oh, Roy, dit Ellie, en se tournant vers son cousin. Elle est folle." Là-dessus elle vint se blottir contre sa poitrine et éclata de nouveau en sanglots.
(…) "Oh, dit Lucy, en les regardant tous les deux, c’est ça l’histoire, Roy ? Non pas que ton oncle est fou, non pas que ta tante est folle… Mais que c’est moi ? Et ensuite, Roy ? Je suis folle, et qu’est-ce qu’il y a d’autre ? Oh, oui, Edward me déteste. Et encore ? Il doit bien y avoir autre chose ? Quels autres mensonges as-tu inventés pour justifier ce que tu m’as fait ?
— Mais qu’est-ce qu’il t’a fait ! hurla Ellie. Tu es folle ! C’est toi qui l’es ! Tu es démente !"

(p. 371-372)
Commenter  J’apprécie          30
— (…) Ma femme avait affaire avec toi autrefois. Du temps où elle me disait qu’il y avait encore quelques signes prouvant que tu étais un être humain. Mais il s’est avéré que je n’aurais jamais dû suivre son conseil, il y a quatre ans, quand tu as commencé à planter tes crocs dans ce garçon.
— Ce garçon m’a séduite, Julian ! C’est devenu le devoir de ce garçon de…"
Il se détourna et regarda sa femme. "Le devoir", dit-il en ricanant.
Elle bondit de son fauteuil. "Le mot ne vous plaît peut-être pas, Julian, mais je le répète. C’était son devoir envers moi…
— Oh, dit-il en secouant la tête, tout le monde a ce devoir envers toi. Mais vis-à-vis de qui as-tu un devoir sacré, Lucy ? J’ai oublié, me semble-t-il.
— Envers mon enfant, répondit-elle. Envers la progéniture que nous avons eue, mon mari et moi ! Envers quelqu’un qui fait ses premiers pas dans la vie ! Le devoir de veiller à ce qu’il ait un foyer, une famille et une éducation convenable ! Qu’il ne serve pas de jouet à tous les monstres qui emplissent ce monde affreux !
— (…) Eh bien, sainte Lucy, dit-il en passant une main sur son visage mal rasé, ne t’inquiète donc plus tant de ta progéniture. Parce que ta progéniture ne peut pas te sentir."

(p. 366-367)
Commenter  J’apprécie          30
"C’est mon père ! Raconte-moi l’histoire.
(…) "Lucy, il est au pénitencier de Raiford, en Floride."
Elle s’était levée. "Mais ce n’est pas sa faute, n’est-ce pas ?
— Non, je n’ai pas dit…
— Tu ne dis jamais ! Jamais !
— Ma chérie, je ne dis jamais quoi ?
— Il a été poussé à voler parce qu’il était si triste, c’est ça ? Il ne savait pas ce qu’il faisait ! À peine l’avait-il fait qu’il a voulu tout rapporter !
— Lucy…"
(…) Avant qu’il ait pu l’arrêter, elle était dans l’escalier.
Sa mère était allongée, la tête dans l’oreiller.
"Maman, commença-t-elle, Mr. Muller vient de quitter la maison. Tu le sais, maman ? Tu m’entends, maman ? Tu viens de renvoyer de la maison la seule chance d’avoir une vie convenable. Et pourquoi ? Maman, je te demande pourquoi ?
— Laisse-moi…, dit-elle d’une voix à peine perceptible.
— Pourquoi ? Pour que tu gaspilles encore vingt ans ? Pour que tu sois de nouveau humiliée ? Injuriée ? Privée de tout ? Maman, qu’est-ce que tu crois que tu fais ? Qui crois-tu protéger ? Maman, à quoi peut-il rimer de dire à Mr. Muller de s’en aller, quand cet idiot, ce crétin, cet abruti…
— Mais tu devrais être heureuse !
— Quoi ?" Tout d’un coup, elle était sans force. Sa mère était assise dans son lit. Elle avait le visage bouffi, les yeux cernés. Elle se mit à hurler : "Parce qu’il est là où tu as toujours voulu qu’il soit !" »

(p.336-343)
Commenter  J’apprécie          30






    Lecteurs (178) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Freud et les autres...

    Combien y a-t-il de leçons sur la psychanalyse selon Freud ?

    3
    4
    5
    6

    10 questions
    436 lecteurs ont répondu
    Thèmes : psychologie , psychanalyse , sciences humainesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}