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La lecture des premières pages m'a fait craindre ce que la couverture semblait aussi promettre : lire un manuel de développement psychomoteur de l'enfant, doublé d'un mode d'emploi pour mère débutante ! La naissance, l'attachement, le corps malmené, la routine bousculée, le couple qui n'y résiste pas : du déjà vu. Et puis peu à peu, avec les années qui passent, on prend la mesure de cet amour dévorant qui unit la mère et l'enfant, jusqu'à un point de rupture nécessaire.

L'adolescence et ses chagrins d'amour seront les écueils qui feront voler en éclat la relation fusionnelle au point d'être délétère. On a envie de lui dire « mais lâche-le ! Tu vois bien que ton attitude est contre-productive ! » . Mais on comprend aussi les mécanismes de cette exclusivité, pas de vie de couple, un métier qui, même si elle l'exerce avec bonheur, a été adapté de telle sorte que l'enfant reste au centre de ses préoccupations.

Et comme les enfants ont la plupart du temps de fâcheuses prédispositions pour choisir des chemins qui ne mènent pas à Rome, la rupture nécessaire à la survie sera difficile.

Cette angoisse du départ existe dès la rupture, anatomique celle là, du cordon, et on perçoit très bien cet étirement progressif des fibres du cordon virtuel qui résulte de la socialisation progressive de l'enfant. le processus est sans doute encore plus marqué pour cette mère seule.

Avec l'enfant qui s'émancipe, ce sont aussi les années qui passent, et la blessure cruelle du temps et la restriction des possibles.

Histoire d'une vie de femme, émouvante par son caractère universel, et de l'envol inéluctable du fruit de ses entrailles.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Un jour merveilleux, pour la première fois, on a un enfant dans les bras, son enfant.
A peine le temps d'un souffle et le voilà devenu différent, indifférent.
C'est le propos de ce joli roman que nous propose Sandrine Roudeix.

Mon premier plaisir a été la couverture qui illustre parfaitement le sujet du livre.
Seize photos, celles des premiers mois, empreintes de la douceur de l'enfance, remplacées par le garçonnet au sourire espiègle, avant le pré-ado et son air gentiment narquois.
Brusquement, le sourire disparaît, laissant place à une moue méprisante.

Que s'est-t-il passé pour que tout change ? Rien ou presque. La vie qui passe, le temps qui s'écoule beaucoup trop vite pour une maman, beaucoup trop lentement pour l'enfant qui veut quitter le nid où il se sent à l'étroit.
Sandrine Roudeix réussit à nous faire partager au fil des années les doutes, la peur de mal faire, de ne pas être à la hauteur.
Elle égrène ses souvenirs au fil des anniversaires de son fils, rajoutant les mois aux années, comme un défi au temps, en espérant arrêter sa course inexorable.
Tu as dix ans et un mois.
Tu as treize ans et 4 mois.
Tu as dix-sept ans et 9 mois.

« Ce qu'il faut d'air pour voler » est un roman nostalgique sur les relations souvent difficiles entre une mère et son fils.
C'est aussi la fuite du temps et de l'insouciance que souligne l'auteure :

« J'ai été la petite-fille de ton arrière-grand-mère, la fille de ta grand-mère, puis ta mère. J'ai été la femme de ton père, puis son ex. Ensemble, lui et moi, on a été une famille, puis des parents séparés avec un enfant en garde alternée. Aujourd'hui, on est trois adultes aux vies parallèles, chairs mêlées agitées de souvenirs, dont les routes désormais opposées ne se touchent plus. »

Une écriture parfaite, élégante et sensible, un atout supplémentaire à cette belle découverte pour laquelle je remercie Babelio et les Editions le Passage.

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A l'aube de ses 18 ans, Malo quitte sa mère avec fracas. Elle balaye leur mur de photos, fouillant dans ses rêves, son parcours, son passé. Elle fait défiler les années au fil des clichés, instants capturés, des souvenirs jamais gratuits, qu'elle observe au prisme de cette rupture inévitable des enfants et de leurs parents.

Tendre et touchante, cette adresse à son fils qui retrace son parcours de femme et de mère est frappante de justesse et de douceur.

L'honnêteté de cette introspection donne à chaque personnage une place juste, sans emphase ni faux-semblant, et trace le chemin de l'acceptation, du temps qui passe, des expériences qui forgent, de ceux et celles qui font notre parcours dans tout ce qu'ils et elles représentent d'unique et d'universel.

J'aime que le propos ne soit ni de convaincre ni de se plaindre, simplement d'observer, se souvenir, réfléchir peut-être mais toujours avec justesse. J'aime cette simplicité fournie et complexe qui ressemble à la vie.

Le rapport mère-enfant est porteur de grands questionnements qui résonnent forcément…
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Coup de coeur pour ce roman/témoignage de Sandrine Roudeix dont j'admire par ailleurs le talent de photographe.

Ce qu'il faut d'air pour voler est un album photo dont on tourne les pages aux côtés de Sandrine Roudeix, revivant avec elle son mariage, sa grossesse, la naissance de son fils, sa séparation d'avec son mari, puis sa vie de « maman solo ».
Les premières dents de Malo, ses premiers pas et ses premières chutes, ses premiers mots. Son entrée à l'école maternelle, en primaire, au collège, au lycée. Ses premières bêtises, ses premières boums, ses questions d'enfants, ses révoltes d'adolescents, ses choix de jeune homme.

Sandrine est une maman louve, une mère poule. Une mère émerveillée, attendrie, agacée, froissée, blessée, réconciliée.

Une femme aussi, qui en même temps que son fils grandit, fait ses armes en tant que fille et petite-fille, épouse, mère, amoureuse. Une femme qui pour élever son enfant et s'élever aussi, fait des choix professionnels risqués et courageux. Qui essaye plusieurs costumes avant de décider lequel lui est le plus confortable. Qui vit à l'instinct, expérimente, souvent seule, se remet en question, veut bien faire, souffre parfois en silence.

La voix de la maman se mêle à l'oeil de la photographe : instantanés de vie qui se superposent les uns aux autres, pour tisser une histoire qui est celle de toutes les mères.
J'ai adoré cette lecture qui a remué mon coeur de maman. Sandrine Roudeix et moi avons le même âge, nous avons été mères en même temps, nous aurions je pense pu devenir amies au parc ou à une réunion de parents d'élèves. Je me suis reconnue dans plusieurs passages. Mais je n'aurais pas su dire aussi bien.

Un joli cadeau pour la Fête des Mères…
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Dans son roman Sandrine Roudeix montre l'évolution d'une jeune fille devenue femme, maman, maman célibataire et dévoile le lien complexe entre une mère célibataire et son fils. Une relation fusionnelle et puis vient l'adolescence, le lien évolue jusqu'au moment où il prend son envol… et la mère se retrouve abandonnée (un deuxième abandon après celle subit avec le père). Chacun doit retrouver sa place évoluer, s'émanciper. La maman solo doit faire un « travail de deuil » et retrouver un nouveau rôle, se reconstruire.
Beaucoup de parents, et encore plus les mamans solos vivent les étapes vécues par cette maman du livre qui ne sont pas faciles. Ce lien qui se modifie, se transforme et il faut l'accepter, lâcher prise. On dit souvent « on ne fait pas un enfant pour le garder pour soi » mais le lien maman solo et fils (dans le livre) est tellement fort, fusionnel que c'est difficile, déchirant. Ce livre est pour cela touchant, bouleversant, percutant car il est réaliste. Elle a trouvé les mots justes. Je me trompe peut être mais j'ai l'impression qu'écrire se livre lui a permis d'extérioriser, de partager des choses qu'elle avait en elle. On ressent une part d'intime dans ce livre. (Après c'est peut être totalement faux, si elle passe par là, elle pourra si elle le souhaite me répondre) En tout cas c'est un livre qui parlera à une partie des mamans j'en suis certaine
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Les seize photos de couverture montrent bien ce qui est en jeu, au moins en partie dans ce roman qu'on devine imprégné d'autobiographie: la mue fascinante de l'enfance à l'âge adulte (jeune adulte, plutôt). Mais il est aussi question de l'émancipation de la mère-narratrice qui passera elle aussi par de nombreuses étapes, se libèrera des normes bourgeoises avant de trouver ses propres voies d'expression : la photographie, la littérature.
Adressé à cet enfant avec qui elle a vécu très souvent en duo, même si le père reste présent et même si la mère a eu des compagnons, ce texte peut dans un premier temps troubler par la mise à nu qui est faite de leurs relations, mais très ite on se laisse emporter par un récit qui trouve la bonne distance.
Élaboré à partir de photos qui nous demeurent invisibles, ce texte ne frustre pas pour autant son lecteur, tant l'écriture est limpide. Sorte de longue lettre d'amour à celui qui revendique sa liberté, ce roman se dévore d'une traite.
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"Ce qu'il faut d'air pour voler", un titre on ne peut mieux choisi pour aborder ce thème universel du passage à l'âge adulte d'un enfant et de tous les tsunamis que souvent il entraîne. Ce nouveau roman de Sandrine Roudeix aborde en effet, avec brio, les changements familiaux engendrés au fur et à mesure de la progression de l'enfant.

"Deux heures du matin, un soir d'été, je suis une mère abandonnée." Par petits chapitres, comme on feuillette un album de photos, la narratrice, la mère, va remonter le temps, raconter son mariage, sa grossesse, la naissance de son enfant, la fin de son couple, sa vie de maman "solo" et le départ du fils adoré. Les premières pages m'ont laissé craindre un récit personnel, trop personnel. J'ai envisagé un récit intime, trop intime, sans intérêt universel. Et pourtant, très rapidement je me suis laissée emporter par les mots de l'auteure, le rythme enlevé, sa belle écriture.

En réalité j'ai trouvé dans cet ouvrage un peu de ma propre vie. A travers les réflexions de cette maman "solo", même si je ne l'ai pas été, j'ai eu l'impression d'entendre les miennes. Cette peur de perdre son enfant, cette douleur à le laisser s'envoler, cette envie de le voir heureux mais en même temps l'anxiété d'assister à ses dérapages, cette inquiétude de ne plus être aimé(e), quelle mère ne les a pas vécues ? La narratrice, en parlant de ses propres angoisses, dit en réalité celle de toutes les autres mamans, solo ou non.

"J'ai besoin que tu m'aimes. Et je ne réalise pas qu'on ne peut éduquer un enfant lorsqu'on a peur de perdre son amour." Voilà, tout est dit de cette crainte éternelle de perdre son enfant. La langue, très belle, émouvante, superbement travaillée, donne un rythme, une fluidité qui rendent la lecture enlevée et pourtant facile. Moi, la maniaque de la ponctuation, j'en suis même arrivée à aimer ces appositions de mots qui ajoutent à l'emprise du texte "Le jour se lève et je suis seule. Sans devoir de soigner veiller éduquer cultiver cuisiner habiller réveiller anticiper expliquer imposer limiter gronder." J'ai eu l'impression d'être entraînée dans un tourbillon de sentiments profonds. L'amour et la tendresse affluent au détour de chaque ligne, telles des vagues submersibles qui m'ont envahie me laissant parfois au bord des larmes. J'ai aimé ce texte magnifique, la délicatesse de l'auteure totalement en harmonie avec les émotions qu'elle aborde, la luminosité et la sincérité qui se dégagent de ses propos.

En un mot j'ai beaucoup aimé ce récit intime à portée universelle.

Je remercie chaleureusement les Editions le Passage pour cette magnifique lecture en avant-première.

Lien : https://memo-emoi.fr
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Après la lecture du dernier roman de Sandrine Roudeix, "Ce qu'il faut d'air pour voler", je ne peux qu'à mon tour prendre ma plume pour la remercier chaudement pour ce témoignage d'amour. Également, pour avoir raconté si justement la dure réalité que vivent et traversent les parents. On se sent soutenu, épaulé, bref, on se sent moins seul(e) à la lecture de ce livre.
La magie de ce roman réside dans la beauté de ses mots. Les mots sont vrais, délicats, poétiques, profonds mais tout en étant tendres. Ils sont écrits à partir de photos de famille qu'on ne voit pas mais qu'on imagine parfaitement. Des photos qui pourraient donc très bien être nos photos de famille, ce qui rend l'histoire complètement universelle.
Très probablement mon livre coup de coeur de cette année 2021.
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J'ai eu l'impression de feuilleter l'album de famille de Sandrine Roudeix … sans les photos. J'ai lu le texte et les photos ont défilé devant mes yeux !

Et j'ai vu l'histoire, la jolie histoire d'une maman qui voulait réparer sa lignée, un mariage et un enfant très vite mais tout aussi rapidement vient le divorce. Malo a un an et demi quand ses parents se séparent.
Ce sont les premières années fusions ou ils grandissent ensemble et traversent ainsi maternelle, primaire.
Elle, partagée entre ses bonheurs de mère et ses désirs de femme. L'émancipation aussi.
Lui, oscille entre l'enfance réconfortante, et l'autonomie qui chaque jour l'en éloigne un peu plus. C'est dans l'ordre des choses, même si, ni l'un ni l'autre n'y est vraiment préparé !
Les années collèges puis lycées, et le temps se gâte, Il va falloir en braver des tempêtes, s'asseoir sur les convenances, bafouer ses croyances et oublier les conventions.
S'accepter surtout, pareils et pourtant dissemblables.
Souffrir en silence, parfois renoncer, abdiquer temporairement, apprendre à lâcher prise. Et puis maintenir la confiance parce que la base est là, jamais loin.
Qu'il est dur d'élever son enfant et de le laisser partir, que l'on soit maman solo, maman tout court, on est toujours seule face aux remous de l'échéance du départ !
Aucune épaule n'est assez large pour éponger ce chagrin.
C'est son histoire de maman que nous raconte Sandrine mais c'est aussi l'histoire des femmes de sa famille, des femmes seules-mamans sans hommes et plus qu'une réparation c'est une libération qui leur est offerte même si c'est difficile d'être celle qui fait bouger les lignes.
L'histoire touchante et sensible de Sandrine Roudeix touche à l'universalité des mères et chacune de nous, mère ou enfant ou les deux tours à tours, pouvons nous retrouver dans ce roman.
Un roman dont la conclusion laisse entrer la lumière dans le coeur !
Une vibrante déclaration d'amour d'une maman à son fils !
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La charmante Sandrine Roudeix nous revient en ce début d'année avec un roman d'une profonde tendresse. Une analyse minutieusement décortiquée de la relation entre la maman et son petit, la mère et son enfant, la femme et son fils adolescent. Une histoire de cordon tardivement rompu, de liens tissés, puis distendus, ténus. Brutalement disparus et enfin réapparus. Deux portraits fusionnels qui finissent par grandir côte à côte. Celui d'une jeune fille devenue femme puis mère auprès d'un enfant qui mute en jeune homme.

En écrivant vingt de vie, Sandrine Roudeix questionne sur la construction identitaire.

Elle gratte l'intime des séparations, celle des corps, celle des âmes, celle des coeurs. Elle démontre qu'une relation n'est jamais figée mais bien vivante, battante, remuante.

En sa qualité de photographe – parallèlement à celle de romancière -, elle instille dans son autofiction des éléments visuels très forts. J'étais avec cette mère et son fils aux mêmes endroits, j'ai vécu sous leurs différents toits, j'ai vu le mur de brique dans leur cuisine, j'ai senti la peau du bébé, j'ai vibré comme cette femme dans les situations heureuses ou douloureuses.
Sandrine Roudeix possède ce talent de dénicher les minuscules de la vie pour les porter vers l'universalité. Sous couvert d'une écriture poétique, rythmée par une juxtaposition de verbes, d'adjectifs souvent sans ponctuation. Une véritable danse qui réveille, embarque avant de s'adoucir avec sensualité.
Une signature identifiable.
Lien : https://laparenthesedeceline..
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