Avant d'ouvrir le livre, on se dit qu'il sera plaisant de retrouver l'univers et ses personnages, on se demande dans quelles merveilleuses aventures l'on sera à nouveau entraîné. On espère que la magie opérera à nouveau. Et puis on déchante vite.
La pièce propose quelques nouvelles têtes, et beaucoup d'anciennes. Albus souffle le chaud et le froid, se posant en tête à claque avec un flagrant manque de maturité mais porteur d'une thématique intéressante ; Scorpius se fait plus nuancé et touchant avec les préjugés qu'il subit, sans jamais se départir d'une petite touche d'humour. Assurément le seul élément à sauver de cette pièce. Parce que pour le reste des personnages...
A aucun moment je n'ai eu l'impression d'avoir retrouvé ceux que je connaissais, comme si
Jack Thorne n'avait pas réussi à capturer et retranscrire leur essence, le pompon allant à Ron, transformé en boulet lourdaud de service inspirant un sentiment de pitié gênant...
Et ce bien avant l'événement qui change leur personnalité. D'ailleurs là aussi pas d'originalité dans le traitement, il ne fait qu'appliquer le caractère de certains à d'autres (Harry en père Malefoy, Hermione devient une Rogue bis...). le monde dominé par Voldemort est déjà nettement plus intéressant mais toujours cette écriture et cette façon maladroite d'essayer de faire passer toutes les informations dans les dialogues exaspèrent.
L'intrigue se suit sans originalité ni prise de risque,
Thorne recrache tous les éléments « pour faire du Harry Potter », espérant ainsi faire marcher la nostalgie du lecteur/spectateur, trop souvent de manière forcée ou artificielle. D'ailleurs, celle-ci fourmille d'invraisemblances, d'incohérences (que ce soit dans la pièce elle-même ou avec des éléments des précédents livres), et d'anecdotes ridicules (la vraie peur d'Harry, ce sont... les pigeons !) dont on se demande bien ce qu'elles viennent faire là. Les facilités scénaristiques sont légions, et certains retournements, certaines révélations m'ont paru peu crédibles voire ridicules et fait lever les yeux au ciel (notamment le plan de Delphini, ses origines...). C'est également bourré d'ellipses mal amenées et qui doivent être expliquées dans des dialogues artificiels.
On assiste même à quelques scènes proprement gênantes ("le face-à-face" d'Albus transformé en Ron grâce à la potion et Hermione au Ministère de la Magie ; ou encore la rencontre Ron/Hermione dans l'escalier de Poudlard après le premier changement du Retourneur) qui semblent avoir été imaginée par un enfant de douze ans.
Quand la pièce est constituée à 98% de dialogues, ceux-ci se doivent d'être bons. Or, la plupart ne sont pas très bien écrits, sonnant la plupart du temps comme le fruit d'une fan-fiction amateur. le style se fait plat et sans saveur. On pourrait se dire que cela vient de la traduction, elle-même peu inspirée, pourtant il s'agit du même traducteur que les romans et l'écart qualitatif est considérable.
Force est de constater que ça manque cruellement de matière : peu de didascalies et donc peu de descriptions pour un univers pourtant très visuel et inventif, propice à l'imaginaire. Mais c'est le problème avec cette pièce : elle est clairement faite pour être vue plutôt que lue (quand d'autres s'accommodent parfaitement). D'ailleurs je serais curieux de voir ce que ça rendrait sur scène car il y a des décors et des effets qui semblent difficilement transposables. Au moins la magie opérerait peut-être visuellement, à défaut du reste.