Le Ministère du Bonheur Suprême

C'est peut être ça la vie, ou ce qu' elle finit par être la plupart du temps : répéter en vue d'une représentation que l'on ne jouera jamais.

«Elle laissait la blessure traverser ses branches comme une brise, et de la musique de ses feuilles bruissantes elle tirait un baume pour apaiser la douleur.

Tout bien considéré, avec une Piscine pour le Peuple, un Zoo pour le Peuple et une Ecole du Peuple, le cimetière se portait plutôt bien.

Ce chant de courtisane, du moins ce couplet, aurait pu être l'hymne de presque tous ceux qui se trouvaient à Jantar Mantar ce jour-là. Tous ceux qui étaient là parce qu'ils croyaient que quelqu'un se souciait d'eux, que quelqu'un les écoutait. Que quelqu'un allait leur donner audience.

"Tu sais pourquoi Dieu a créé les Hijra? demanda-t-elle à Aftab un après-midi tout en feuilletant un vieux numéro (1967) écorné de Vogue, s'attardant sur les dames blondes aux jambes nues qui la subjuguaient.
_Non, pourquoi?
_C'était une expérience. Il avait décidé de créer quelque chose, un être vivant incapable bonheur. Alors il nous a fabriquées.

Quand le soleil se fit trop chaud, ils rentrèrent à l'intérieur et continuèrent à flotter comme un couple d'astronautes, défiant la gravité, limités par les seules parois de leur vaisseau spatial fuchsia aux portes vert pistache.

Si tu peux être Saddam Hussain, je peux être mère.

Le bélier de Zainab, qui aurait pu figurer dans le Guinness des records pour avoir accompli ce que nul caprin dans des circonstances semblables n'avait accompli avant lui : mourir de mort naturelle (coliques) après avoir survécu à seize Aïd-el-Kébir au sein de Shahjahanabad. Le Guinness, évidemment, n'avait pas de catégorie correspondant à son cas.

Alors, pour faire plaisir à Zainab, Anjum commença à se réécrire une vie plus simple, plus heureuse qu'elle l'avait été et, en retour, le processus fit peu à peu d'Anjum une personne plus heureuse et plus simple.

Le vagin du docteur Mukhtar, cependant, se révéla une arnaque. Il fonctionnait, mais pas de la façon dont il l'avait annoncé, même après deux retouches. Il continua de vivre dans l'aisance en vendant des organes frelatés et non conformes à des individus désespérés. Il mourut dans l'opulence, propriétaire de deux maison à Laxmi Nagar, une pour chacun de ses fils, et sa fille épousa un riche entrepreneur en bâtiment de Rampur.