Il y a longtemps, très longtemps (une quinzaine d'années?), j'ai lu
le dieu des petits riens et je l'avais adoré. Je connaissais peu la littérature indienne et je m'étais promis de pousser plus loin. Mais, comme c'est souvent le cas, cette belle intention a vite disparu devant les dimensions toujours plus vertigineuses ma PAL. Puis, récemment, je suis tombé à nouveau sur son auteure,
Arundhati Roy, et sur un de ses romans plus récents,
le ministère du bonheur suprême. Je me suis dit : « C'est le moment. » le début m'a agréablement intrigué : une envolée de corbeaux, un vieil imam aveugle, une référence à l'histoire d'amour de Laila et Majnu (l'équivalent de Roméo et Juliette dans les pays musulmans), Anjum, cette dame au passé trouble…. Ça me semblait prometteur. Puis, rapidement, retour dans le passé. Aftab naît hermaphrodite. Sa mère tente de cacher la situation un moment, on se doute que ça ne fonctionnera pas longtemps. Je connais encore moins bien la littérature LGBT+ que la littérature indienne, aussi, j'ai lu très peu d'oeuvres traitant des gens marginalisés, des laissés-pour-compte. Ce ne sont pas des thèmes qui m'interpellent particulièrement. Incidemment, j'étais curieux de savoir où
le ministère du bonheur suprême allait m'amener.
Malheureusement… À partir du moment où son père et la communauté découvrent le secret d'Aftab/Anjum, les choses se gâtent. L'enfant se retrouve séparé des siens et tout s'embrouille. Beaucoup de nouveaux personnages font leur apparition et je me suis rapidement embrouillé. Pourtant, je suis un habitué des longs romans-fleuve aux galeries de personnages multiples. À cela s'ajoute le fait qu'Aftab/Anjum est désigné, repris autant par des pronoms masculins et féminins (il/elle). Aléatoirement. C'était mélangeant. Dans tous les cas, son histoire s'est retrouvée noyés dans celle des multiples autres personnages de ce roman dont certains lui volaient la vedette. Malgré cela, j'ai poursuivi ma lecture du Ministère du bonheur suprême. Je n'aime pas laisser un bouquin inachevé et je gardais toujours l'espoir de démêler cette intrigue. Hélas. Néanmoins, ce ne fut pas une perte de temps complète. J'ai appris plusieurs choses sur l'histoire récente de l'Inde (les conflits avec les pays frontaliers, les conséquences des attentats de 9/11, le quotidien des communautés musulmanes de cette grande nation, etc.). Les descriptions des quartiers du Vieux-Delhi et d'autres endroits comme la Vallée du Cachemire étaient réussies. Je pouvais facilement visualiser les lieux, comprendre comment ils pouvaient avoir un impact sur la vie des gens qui y vivaient. Sérieusement, j'aime bien la plume d'
Arundhati Roy. Il est dommage qu'elle ait été mise au service d'une histoire qui aurait gagné à être plus centrée sur son/sa protagoniste.