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4,07

sur 228 notes
Jacques Bonhomme a eu un souci administratif avec la déclaration de nouveaux bovins et le contrôle DDPP qui s'en suit. A trente-six-ans, entre les difficultés de la filière et les exigences qu'il subit, il abandonne, il fugue, il fuit à travers la forêt, il tourne le dos à son exploitation, mais en gardant toujours les pieds en pleine terre.

Des mots touchants pour décrire un parcours d'agriculteur inspiré de faits réels. La fragilité de ces travailleurs isolés, la menace des suicides qui les délivreraient, les tenailles dans lesquelles ils se prennent, les crédits ingérables... C'est du banal, mais c'est du tu, du caché, des vies individuelles qui ne portent pas facilement leur écho.

Avec ce récit à plusieurs voix, on tourne autour de ce "Bonhomme", appelé "Bas-Homme" de manière cynique, mais aussi Jacques de façon très tendre par son entourage. Un homme dont le portrait s'avère aussi passionnant, riche intérieurement que son statut se veut simpliste, sous-doté. Comme il aspire à une plénitude, comme ses bêtes sont celles vers qui il a toujours déversé son amour, comme il ne s'imagine pas sa vie sans poésie, littérature et travail de la terre, il suit son idéal. Tragique fuite, unique échappatoire, cavale ultime. le suspense traverse tout le roman et le lecteur tremble en pensant à l'irréparable.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Librement inspiré d'un fait réel.
Le drame de Jacques Bonhomme, éleveur de vaches limousines, commence par un retard dans sa paperasse : il n'a pas déclaré à temps la naissance de ses veaux. de mois en mois, sa situation administrative s'envenime méchamment. Il tombe en dépression et, de fil en aiguille, abandonne plusieurs de ses bêtes à leur sort : celui qui disait aimer ses vaches finit par les laisser mourir de faim dans un champ…
L'agriculteur comprend que la police et la Direction départementale de la protection des populations (autrement dit, des troupeaux) ne le lâcheront pas. Un matin, au bout du rouleau, il prend la fuite.
Neuf jours de cavale dans la campagne, neuf chapitres, au cours desquels lui et ses proches se souviennent avec tendresse, colère, amertume : premières amours, amitiés profondes, mais aussi suicides chez les paysans, dignité perdue, sacrifice des petits agriculteurs sur l'autel de la productivité et de l'industrialisation.
Dans une langue magnifique – on se souviendra en particulier du personnage du vieux Baptiste, le voisin aux tournures de phrase gionesques –, Corinne Royer décrit cet univers et ses problématiques avec un poignant mélange de romanesque et de politique.
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Jacques Bonhomme a beau être un colosse, une force de la nature, il n'en est pas moins un humain, un simple paysan avec des aspirations, des rêves, des valeurs et surtout une grande douleur. Lorsque son univers s'effondre avec la confiscation de son cheptel, il bascule. Pleine Terre est le récit de cette rébellion subite et foudroyante, le temps d'une cavale tragique de quelques jours qui sidère son entourage.
Inspiré d'un fait divers réel, le roman de Corinne Royer nous plonge dans les tourments d'une âme contemporaine, celle d'un éleveur trentenaire qui perd la foi et la confiance dans son métier, sa place dans la société, les conditions de vie et de travail qui lui sont imposées. Dans une langue ultra-sensuelle, elle nous fait vibrer avec les manifestations de la nature, les tremblements de son corps, les méandres de sa pensée. On en ressort bouleversé, essoré, désespéré parfois mais finalement avec une volonté de survie et d'espoir décuplée par cette lecture fiévreuse.
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Corinne Royer Pleine Terre.


 Jacques Bonhomme (comme celui des Jacqueries), éleveur, est en cavale! Il fait parti de ces paysans qui ont eu à faire à l'administration. Celle implacable et tatillone qui parle normes, procédures, obligations légales, traçabilité. Celle qui enfonce la tête sous l'eau, qui ne tend pas la main, qui a acculé déjà d'autres agriculteurs au suicide. 

Le roman est construit avec en alternance les neuf jours de cavale et les témoignages des voisins, de la famille, d'un
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Jacques Bonhomme est un agriculteur qui aime son métier. Mais ce métier n'est plus pour lui qu'une longue suite de tracasseries administratives. Entre les déclarations de naissances des animaux pour assurer la traçabilité du bétail et les emprunts, il se sent acculé. Jusqu'au contrôle de trop celui qui le conduit à la fuite. Il décide de tout plaquer, d'abandonner la ferme qui n'est plus que sources d'angoisses. Mais la fuite est illusoire et son attachement à la terre l'empêchent d'aller très loin. Une histoire inspirée par un fait réel. Une tragédie moderne dans laquelle j'ai eu beaucoup de mal à rentrer.
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Paysan.
Paysan ce n'est pas un gros mot, c'est ce que revendique Jacques Bonhomme (nom prédestiné puisque ce fameux Jacques Bonhomme désigne les révoltés des grandes Jacqueries du moyen-âge)
Il gère son exploitation dans le respect de ses bêtes et de se terres. Mais faute de temps, il néglige un peu l'aspect administratif de son travail et l'administration, elle, ne va pas le négliger.
Le cycle infernal de l'acharnement bureaucrate va frapper, et fort.
Entre chaque chapitre consacrer à Jacques, un chapitre est offert l'un de ses proches pour raconter cette histoire, cette chute.
Un roman poignant et fort.
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Ce livre est inspiré de faits réels, comme on dit de nos jours, mais l'autrice nuance en précisant que l'adaptation est très libre. Ce qui me met toujours un peu mal à l'aise.
Mais, bref, ne chipotons pas, le sujet est intéressant : le désespoir des agriculteurs d'aujourd'hui face à l'administration, l'agriculture intensive, en un mot : leur vie impossible.

Le récit comprend 9 parties qui décrivent les 9 jours de cavale de Jacques Bonhomme, jeune agriculteur en burn-out suite au harcèlement administratif, et en fuite face aux gendarmes qui se sont un beau matin présentés à sa ferme pour clore l'affaire.

En alternance, des voisins et amis, sa soeur, un inspecteur sanitaire (qui s‘interroge vaguement sur le bien fondé de tout cela), racontent les étapes de cette descente aux enfers, évoquent les difficultés de la vie paysanne.

Sujet intéressant, donc.
Mais j'y aurais aimé un peu moins de lyrisme (à vrai dire, au cours de ma lecture, je me reprochais ce jugement quand la fortuite rencontre du héros avec Jade, l'amour de ses 17 ans jamais remplacée, et ayant quitté la région depuis 15 ans, m'a convaincue qu'en effet c'était un peu trop). Mais des lecteurs moins bégueules que moi saurant apprécier cette fièvre tout à fait motivée par le caractère révoltant du sujet, la beauté du monde sauvage, l'infernale indifférence des nantis.
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Je ressors "partagée" dans mon ressenti après avoir fini cette lecture...(qui a un peu traîné dans le temps car mon adhésion était un peu rude).
Le sujet traîté ne méritait pas un lyrisme d'écriture "pesant" pour moi, voir même dérangeant: cela m'a donné une impression de "surjoué" et d'artificiel....
Certes, les descriptions de l'auteur et sont écriture sont fort belles, mais pas "en adéquation" avec le sujet : l'auteur "se plonge plus dans la tête" de l'homme,plus que dans le quotidien du paysan.
Trop de style poétique (où on sent que l'auteur se fait plaisir dans ses déclamations)...la forme l'emporte sur le fond: cela rend moins crédible le récit qui aurait pu être traîté beaucoup plus , dans la simplicité, plus conforme à ce monde paysan.
Quelque part, le style empiète et déstabilise le lien d'empathie que le lecteur peut avoir avec le personnage.
Bien sur que ce fait réel adapté est douloureux et bouleversant, et fait réagir face à une nouvelle forme d'agriculture métamorphosée....un système agricole actuel dicté, imposé, réglementé, contrôlé..(en bien?, en moins bien?: peut être un peu des deux: tout dépend de quel côté on se place).
Je ressors donc mitigée après cette lecture...car trop de décalage entre le fond et la forme....et çà m'a gênée.
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Voilà un roman qui résonne fort avec l'actualité et la récente colère des agriculteurs. Avec Pleine terre, Corinne Royer s'empare d'un fait divers de 2017 - la cavale de neuf jours d'un agriculteur, acculé par l'administration - pour déployer un texte en forme de plaidoyer pour la paysannerie. Son gaillard de héros, Jacques Bonhomme, a pris la tangente pendant une nouvelle visite des services administratifs. Il avait un genou à terre, ils sont venus l'achever alors il est parti, à bord de sa Volvo comme un dernier pied de nez à tous ceux qui voulaient l'enfermer dans les normes et les contraintes. Une cavale au goût de liberté, quelques dernières rasades pour mieux se souvenir de ce qui lui fichait les deux pieds dans la terre : le goût de cette terre héritée, l'amour des bêtes, la vie au gré de la nature. Parce qu'elle gagne toujours la nature, quoi qu'il arrive. Jacques Bonhomme et toutes les voix de ce roman choral dressent un portrait sombre de cette frénésie du monde qui a transformé les paysans en agriculteurs, en exploitants, en redevables. Pleine terre dit les larmes de ceux qui restent quand la mort a avalé les frères les fils les pères les époux trop fourbus. Mais ce roman, engagé, dit aussi ce qui anime ces "frères de terre" : une indéfectible passion. Hymne puissant à la beauté du monde paysan et charge contre un monde qui voudrait tout réglementer au-delà du bon sens, créant sous couvert de voeux pieux sa propre perte, Pleine terre ouvre le regard sur les réalités de notre agriculture.
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Un homme part en cavale. Une cavale désespérée et irréfléchie, provoquée par un trop plein d'injustice, de souffrance, d'impuissance.
C'est en même temps un affranchissement, celui d'une servitude à de faux espoirs, à des promesses jamais tenues.

C'est, enfin, un non à un système où il ne trouve plus sa place.

Jacques Bonhomme est paysan. Animé du seul attachement à la terre et aux bêtes, il a été dévasté par une succession d'injonctions administratives ayant conduit à un engrenage aux conséquences dramatiques.

Il a refusé de rentrer dans le moule, d'accepter le diktat et les aberrations d'une agriculture soumises à la loi des industriels imposant la monoculture, la dépendance aux engrais chimiques et toujours plus de productivité.

Il a géré sa ferme et ses vaches avec son bon sens, son savoir, et des objectifs modestes, sans engraisser la grande distribution.

Il a vu autour de lui preuves d'une hécatombe devenue insupportable : son ami Arnaud devenu invalide suite à un suicide raté ou le camarade Paulo, qui lui a réussi son coup, en se noyant dans une cuve à lisier.

Il a subi les lourdeurs administratives, l'obsession d'une traçabilité pas toujours pertinente (la viande vendue au supermarché du coin vient de pays lointains), l'effet pervers des normes qui obligent à des investissements et donc à des emprunts qu'on ne peut rembourser qu'en produisant davantage, et donc de répondre à de nouvelles normes toujours plus contraignantes et plus coûteuses.

Pris entre les exigences du système et la stigmatisation dont le monde rural, parce que polluant, fait l'objet, il a fini par avoir la conviction d'être devenu un mauvais paysan. Et c'était sans doute aussi l'avis de l'administration, qui l'a pris en faute, condamné à une amende puis à la prison avec sursis. Ça a été la bascule. le sentiment de honte et de dépossession, l'impossibilité de tenir financièrement… puis un contrôle qui a mal tourné, et Jacques a pris la tangente.

Un coup de tête, se dit-il d'abord, le temps de soigner ses blessures et de tempérer sa colère avant de retourner calmement au front de la bataille (il est porte-parole de la Confédération paysanne). Réfugié dans une forêt qu'il connaît par coeur, et où il sait que les gendarmes ne pourront le retrouver, il redécouvre, de manière aussi éblouie qu'abrupte, presque hallucinée, une nature dans laquelle il s'immerge avec une avidité organique. Il se pénètre des odeurs, des sons, s'enfonce, trébuche, a l'impression de coïncider avec ce qui l'entoure. La faim et le froid bientôt l'affaiblissent, le plongent dans de vagues délires.

Cette proximité retrouvée avec la terre, tantôt union, tantôt confrontation, est évoquée avec autant de minutie que de lyrisme, les sensations décortiquées, et l'imagination qu'elles font naître exhaussée.

S'y insère, du point de vue de Jacques, mais aussi de celui d'autres interlocuteurs qui prennent la parole (certains de ses proches mais pas que), la dénonciation du contexte à l'origine de la détresse paysanne, qui formellement n'échappe pas à un certain didactisme, l'alternance entre expression intime et diatribe antisystème en devenant parfois bancale.

Pour autant, "Pleine terre" est un texte qui souvent prend aux tripes, et qui a le mérite de rendre audible la voix de ceux que l'on entend rarement. Et de savoir que Corinne Royer s'est inspirée de la véritable histoire de Jérôme Laronze, abattu en 2017 par des gendarmes après trois ans d'harcèlement administratif et neuf jours de cavale, rend la lecture d'autant plus atterrante.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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