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4,07

sur 228 notes
Je viens de terminer ce très beau roman.. J'en ai encore le coeur serré. Au delà de la fuite et du combat de Jacques Bonhomme pour une paysannerie humaine et non productiviste, ce livre est un hymne au monde de la campagne mais avec un regard lucide .Je ne souhaite pas en dire plus si ce n'est que le style est très simple et poétique à la fois .
Lisez ce magnifique roman ( merci au libraire qui me l'a conseillé) !
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Livre lu dans le cadre d'un prix littéraire de la médiathèque de Pierrelaye (Val d'Oise) où je suis membre du jury
Voici pour moi un des plus beau roman et le plus poignant de ces derniers temps.
Corinne Royer, auteur de ce récit, se sert du fait divers qui concerne l'affaire Jérôme Laronze ; agriculteur qui s'est enfui et a entrepris une cavale qui durera 9 jours en mai 2017.
Comme elle l'explique au début de son livre, hormis cet éleveur qu'elle renomme Jacques Bonhomme, tous les personnages sont fictifs.
Jacques Bonhomme est éleveur. Mais depuis 2014, il subit les contrôles devenus incessants de l'administration sanitaire. Ce service recherche la traçabilité de son élevage voulue par des normes européennes et écologiques. Il va malheureusement fauté en oubliant de déclarer la naissance de plusieurs veaux.
A force de ne plus répondre aux nombreux courriers de rappel et de l'interdiction de vendre certaines de ses bêtes, Jacques Bonhomme va donc s'enfuir un jour pour échapper aux gendarmes et à l'administration qui se rend chez lui.
commence dés cette fuite une traque qui durera 9 jours.
Corinne Royer va construire cette histoire à travers un récits polyphonique. Alors que l'auteur parle pour le personnage de l'éleveur, elle va raconter aux travers les personnages qu'elle a inventé, les causes qui ont amené l'éleveur à s'enfuir. En effet, à travers une soeur, un fonctionnaire, la mère d'un ami, d'un vieux voisin, les personnages raconte l'histoire de ce Jacques Bonhomme, paysan et colosse, humain avec des rêves, des aspirations et remplit de valeurs.
A travers cette histoire, l'auteure fait ressurgir les conséquences d'une politique agricole semés de normes et de pertes du sens de l'activité agricole qui incitent à l'emprunt à la surexploitation.
Ce roman est totalement bouleversant mais tellement vrai. On en sort désespéré de cette tragédie. A contrario, ce livre nous donne également une volonté de survie à toutes les épreuves.
Un roman splendide !


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C'est un coup de coeur et un coup de poing.
Un roman qu'il faut absolument lire pour comprendre ce que vivent les petits paysans, éleveurs, cultivateurs broyés par un système déconnecté de la réalité. Vous ne pourrez plus dire ensuite que vous ne saviez pas.

Corinne Royer s'est inspiré d'une histoire vraie pour écrire ce roman criant de vérité, bouleversant. Elle nous raconte les neuf jours de cavale d'un éleveur, Jacques Bonhomme, pris dans l'engrenage infernal de l'administration, humilié, poussé à bout. Il lui restait "seulement les cicatrices de ses rêves, des espérances poignardées dans le dos par la main sans pitié du réel." Ce n'est pas n'importe qui Jacques, il lit beaucoup, aux Combettes, sa ferme, il y a des livres partout.
D'une plume limpide et immersive, l'autrice raconte la cavale de Jacques et dresse le portrait d'un homme de convictions, profondément attaché à sa terre, à ses bêtes. Des témoignages s'intercalent, les voisins, le vieux Baptiste, un vieux paysan plein de sagesse et de savoirs, une sorte de mentor pour lui, une soeur... et même un de ces fonctionnaires zélés qui effectuent les contrôles. Pourtant cet homme se pose des questions sur son métier déshumanisé, il se rend bien compte que plus rien ne va. Que ce n'est pas normal de débarquer dans une ferme pour un contrôle avec des gendarmes en arme.

J'ai lu ce roman magnifique et d'une tension digne d'un thriller, la gorge nouée et le coeur étreint d'une colère immense que j'ai retrouvée intacte lorsque j'ai voulu en faire la chronique, car il s'agit de ma dernière lecture de 2021.
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Jacques Bonhomme est en fuite. Tueur ? Voleur ? Rien de tout cela. Jacques est agriculteur et il a dit non.
Non aux contrôles administratifs, aux primes à l'hectare, aux cotisations, aux crédits d'impôts, au plan de compétitivité, aux rendements, à l'agriculture intensive, aux normes de qualité, à la PAC, à l'aberration d'un système qui élimine les paysans et leur fait perdre le sens premier du métier. Non au cercle vicieux de la bureaucratie qui sacrifie sur l'autel de la productivité et de la traçabilité toute une profession.

En s'inspirant d'une histoire vraie, l'autrice raconte les 9 jours de cavales de Jacques Bonhomme, entrecoupés de chapitres qui donnent la parole à ses proches.
Symbole d'une jacquerie moderne, le personnage de Corinne Royer est un résistant, un convaincu, un passionné épuisé. Un homme humilié qui a choisi la fuite dans une situation où ses amis n'ont eu d'autres solutions que le suicide.

Ce roman, c'est le contraire d'un roman qui fait du bien. Dramatique, bouleversant. Entre la force des faits et la force de la langue, c'est un coup de poing avec un final éprouvant.
Si au départ j'ai noté des passages, il a bien fallu que je m'arrête en me rendant compte que j'allais recopier toutes les pages.

« Pleine terre » n'est pas simplement un état des lieux du monde agricole, je crois que c'est un livre politique. Par conséquent, on peut ne pas être totalement d'accord avec ce qui est dit mais deux choses peuvent faire consensus: le monde agricole souffre et Corinne Royer sait l'écrire
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Magnifique plaidoyer pour la « cause paysanne », l'agriculture et les petits fermiers. Magnifique mais terrible.
Basé sur des faits réels, ce livre est un coup de coeur mais aussi un gros coup au coeur et il laissera des traces. Pendant neuf jours, nous suivons la cavale de Jacques Bonhomme, homme honnête et intègre qui aime ses bêtes et ses terres mais qui est victime d'un ahurissant harcèlement administratif. Poussé au bord de la folie, il est obligé de prendre la fuite. En alternance avec ses jours de cavale, ses proches se livrent et témoignent de l'écrasante machine administrative qui n'a qu'un seule dieu : culture et élevages intensifs. Les normes changeantes et indécentes auxquelles les fermiers sont forcés de se soumettre finissent par les écraser.

Corinne Royer écrit un roman fort et ambitieux qui dénonce un système inhumain et c'est parfaitement exécuté. C'est un récit tragique mais pudique et très empathique qui rend vraiment compte de la détresse et de la colère des agriculteurs. Une réussite.

Lien : https://www.instagram.com/p/..
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De la tragédie réelle d'un agriculteur en cavale abattu par les gendarmes en 2017, extraire la vérité technique et poétique d'un moment de bascule du monde, et pas uniquement du monde rural.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/09/22/note-de-lecture-pleine-terre-corinne-royer/

En mai 2017, un agriculteur du Charolais, en cavale pendant neuf jours après une série de contrôles administratifs l'ayant peu à peu conduit à la ruine et au désespoir, était abattu par les gendarmes. de ce qui est bien davantage qu'un « tragique fait divers » (dont on trouvera de relativement abondants compte-rendus dans la presse régionale de l'époque, mais aussi d'emblée dans Reporterre, ici, ou dans l'enquête rétrospective conduite par Florence Aubenas pour le Monde en août 2021, ici), Corinne Royer, dont on avait déjà beaucoup aimé par ici le superbe « Et leurs baisers au loin les suivent » de 2016, a su extraire un roman magnifique, rude et intelligent, complexe et poignant sous ses apparentes simplicité et brutalité.

Publié chez Actes Sud en septembre 2021, « pleine terre » pénètre avec une grande sensibilité (et une puissante mise en perspective documentaire, pratiquée à la fois avec discrétion et avec méticulosité) dans les interstices cruels d'un devenir agriculteur en plein vacillement, entre les errances multi-décennales d'un productivisme systématique ayant depuis longtemps oublié sa « bonne cause » initiale (nourrir la France, dégager des excédents exportables à l'échelle du pays, et utiliser l'agriculture comme une munition politique à l'échelle de l'Europe) pour se transformer en système d'auto-reproduction jusqu'au-boutiste, et les tentatives ou tentations d'échapper aux pires travers de ce système, en y intégrant les effets de fatigue, comme ceux des calculs politiques et locaux, d'où la simple avidité n'est pas toujours absente, loin de là – pas plus que l'incurie d'une administration acceptant souvent de ne pas questionner sa pratique née justement d'une politique ultra-productiviste jamais vraiment remise en question.

Sur des territoires ruraux arpentés en profondeur technique et humaine, dont certaines facettes hantaient encore récemment des textes pourtant aussi différents que le « Noir canicule » de Christian Chavassieux ou le « Banquet annuel de la Confrérie des fossoyeurs » de Mathias Énard, Corinne Royer devine et explicite le malaise vital d'une population, peut-être minoritaire mais elle aussi cruellement en quête de sens, entre résurgence d'un ancestral qu'il ne s'agit pourtant pas d'idéaliser, impératifs sociaux et économiques qu'il est si difficile de récuser, et besoin d'imagination poétique que les bottes estampillées TINA® d'une agro-industrie d'autant plus féroce qu'elle se sent attaquée (même fort modestement encore) n'ont de cesse de piétiner à peine esquissée. Bouleversant de pénétration romanesque, « pleine terre » parvient à sublimer le tragique réel d'un homme abattu au détour d'un chemin de campagne, par une certaine Loi et un certain Ordre.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Ce livre est basé sur l'histoire vraie d'un paysan de Saône et Loire qui, en 2017, tomba sous les tirs des gendarmes, après un acharnement administratif de 2 ans.
Il est organisé en grands chapitres les uns ayant pour titre le N° du jour de la cavale de Jacques Bonhomme, de un à neuf, les autres donnant la parole à différentes personnes qui l'ont côtoyé.
Ces personnages, voisins et amis, soeur, Pierre d'le plus nuancé des contrôleurs, éclairent l'histoire de réalité. En effet les chapitres sur la cavale sont plus poétiques, faits des sensations et des souvenirs du personnage principal.
C'est un récit tragique car l'autrice sait nous faire partager le désespoir de ces paysans, dont plusieurs optent pour le suicide.
Elle prend clairement partie contre l'agriculture industrielle, entrainée par le sacro sainte mythe de la « traçabilité » qui, à force de contrôles et de normes, obligent les petits paysans à toujours plus d'investissements, donc de dettes et d'obligations.
Un beau livre aux personnages attachants, et au message intéressant.

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C'est l'histoire de Jacques Bonhomme, un agriculteur en cavale, poursuivi pour une faute qu'il ne comprend pas, celle d'avoir bien voulu faire son travail, celle d'avoir voulu prolonger l'héritage de ses ancêtres, celle de vouloir vivre au rythme de la nature. Inspiré de la tragédie de Jérôme Laronze, paysan tué par un gendarme en 2017 en Saône-et-Loiremort pour avoir dit non à l'industrialisation, Pleine terre est un roman aussi beau qu'âpre sur le monde agricole, porté par une langue précise et délicate, où chaque mot tombe juste, et qui englobe dans un même mouvement combat politique et poésie naturaliste. Les paysans y sont malmenés par le terrible paradoxe qui consiste à devoir éreinter une terre qu'on aime, pour pouvoir soutenir l'investissement nécessaire au respect des normes, puis conséquemment aux injonctions contradictoires de ces mêmes normes se voir reprocher de ne pas suffisamment prendre soin de ses champs et ses bêtes. Il y est question d'humiliation et de frustration, auxquelles s'opposent la noblesse et la fraternité des hommes, le tout avec en toile de fond l'angoisse des catastrophes écologiques en cours et à venir. Face aux protocoles et à la destruction, Corinne Royer émet l'idée qu'il ne reste parfois plus qu'une seule chose à faire : s'enterrer le plus loin possible pour ne pas être assimilé à la génération d'humains qui a saccagé le monde. Pleine terre est un splendide hymne au ralentissement. Émouvant et nécessaire.
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Un livre merveilleux
Tout en pudeur .
Le monde paysan , réduit à peau de chagrin...sous une plume plus politique que Marie Helene Lafon, mais avec la m^me connaissance, le meme amour.
Un fait divers à peine romancé ...pour mettre sous nos yeux la detresse du monde paysan... loin de nos vies de confort...
Celle de bon nombres de petits agriculteurs acculés par les dettes et l'absurdité de demarches qui les enchainent ...le monde normatif inadapté, la machine à la broyer
Le monde du formel , du rendement.. loin de toute poésie , amenant, inéluctable, « à la déshumanisation de leurs pratiques et à la négation de leurs savoir-faire ancestraux »
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Je sors de ce livre bouleversée.
Pendant 9 jours, on suit la cavale de Jacques Bonhomme, agriculteur.
Ça commence insidieusement… mais c'est rapide finalement de priver un homme de sa terre, de ses bêtes, de sa raison de se lever le matin.
Quand on le prive de son cheptel, Jacques explose et se rebelle ! On lui envoie alors les gendarmes et les blouses blanches aussi. N'est-il pas fou ce type qui tente de résister ?

Corinne Royer prête sa plume à un fait réel arrive en 2017. Elle donne de la visibilité à ses agriculteurs piétinés par un système qui ne fait que les broyer un peu plus. Moins d'argent, plus de normes, qui dit plus de coûts mais toujours moins pour nourrir son bétail. Ce travail, physique, difficile, qu'on ne saurait apprécié sans aimer intensément la terre, vaincu par des tas de procédures et de nouvelles technologies. Les chapitres alternent les jours de cavale de Jacques et les voix de sa famille, ses proches, ses voisins qui le connaissaient bien.
Ce livre est une ode à la terre. Il invite à prendre conscience. A résister. A se révolter et à soutenir.
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