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[...]
Avec Lazarus, Rucka reprend les mêmes éléments que dans ses précédentes séries mais placés dans un univers différent, dystopique quoiqu'élaboré sur des bases peu banales. On n'est pas loin du post-apocalyptique dans cette Terre dominée par des clans, des "Familles" instaurant un système féodal très poussé sur une population reléguée au rang de serfs ou carrément de "déchets". Peu de détails viendront enrichir le background : Rucka, sans doute poussé par des impératifs de publication, a choisi dans ce premier tome rassemblant les quatre épisodes initiaux de mettre en place d'abord l'intrigue en laissant le décor de côté, qui ne se révèle que par petites touches. Cela peut frustrer, surtout les amateurs d'anticipation pessimiste, mais ça a le mérite de focaliser l'attention du lecteur sur les protagonistes. Très vite, on découvre la famille Carlyle, régnant sur ce qui semble être une bonne partie de l'Ouest des Etats-Unis, dont une cité de Los Angeles qui se relève difficilement d'un tremblement de terre : un patriarche et ses cinq enfants à la tête d'un territoire gigantesque, partagé entre des zones d'exploitation [...] et des résidences ultra-luxueuses et ultra-protégées, dans un état de guerre froide permanente avec les autres familles, dont les Morray, leurs voisins méridionaux qui connaissent des difficultés pour alimenter leurs esclaves. Si quatre des enfants Carlyle gèrent tant bien que mal les fiefs qui leur sont attribués et les responsabilités inhérentes [...], le cinquième sort du lot : il s'agit du Lazare de la famille. Elle s'appelle Forever et constitue à la fois le chef de la sécurité des Carlyle et leur principale arme de dissuasion : humaine améliorée par des implants et des drogues, conçue par génie génétique, elle est capable de ressouder des os cassés, stopper des hémorragies, ignorer la douleur et les tissus lésés pour survivre à une fusillade ou même à l'explosion de son véhicule. Pas immortelle, certes, mais redoutable grâce à des réflexes amplifiés et un entraînement suivi dès le plus jeune âge. Or, si le père Carlyle tient à les traiter tous comme ses enfants, ses rejetons naturels ont nettement plus de mal à tisser des liens fraternels avec cette machine à tuer, constamment monitorée par James, un scientifique qui travaille pour eux.

C'est là qu'intervient l'un des deux points de départ du scénario : Forever commence à manifester des états d'âme. Certes, elle obéit sans hésiter aux ordres du père de famille, mais James comprend qu'elle désire plus que la simple fonction de gardien du temple ; ces sentiments naissants risquent d'entraîner un déséquilibre émotionnel néfaste à son efficacité au combat. D'autant que, et c'est là qu'intervient le second point, la rivalité avec les Morray atteint un palier supplémentaire dans l'escalade vers le conflit puisque l'un des centres de stockage des semences a été attaqué - et que les défenses du complexe ont été mystérieusement contournées. Carlyle estime donc fort logiquement qu'un traître est à l'oeuvre au sein de sa famille et met en place un protocole qui lui permettra non seulement de le démasquer, mais aussi d'éviter une guerre ouverte. Forever, son Lazare, sera l'instrument de sa volonté. Elle fera tout pour la famille, tant qu'elle estimera être aimée en retour.

S'appuyant sur les dessins de Michael Lark mettant en valeur les expressions des personnages, illustrés sans exagération, et magnifiant des séquences de combat souvent muettes et parfaitement découpées, Rucka instaure un réalisme de bon aloi dans son univers[...]. Cela a le don de créer une forme de paradoxe dans la perception de son histoire qu'il cherche à tout prix à imposer avec le moins d'artifices possible[...]. Son déroulement est d'une fluidité remarquable avec des individus au caractère très marqué, presqu'archétypaux, qui permettent à l'héroïne de se détacher au sein d'une narration scandée par des repères familiers rarement pollués par les dialogues. En revanche, on peut être frustré par la finalité de l'ouvrage, clairement créé dans l'objectif d'introduire la série, avec des épisodes conçus comme un gros préambule [...]. Toutefois on peut affirmer que Glénat, pour son retour sur la scène des comic-books, a fait un bon choix et propose aux acheteurs un album de qualité, avec une couverture rigide à la texture très agréable et des pages glacées donnant un cachet supérieur aux autres publications du même acabit. Dommage du coup qu'il n'y ait pas le moindre supplément outre une présentation des auteurs. [...]
Lien : http://umac2.blogspot.fr/201..
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Glénat a fait le pari de renouer avec les comics, dans les premières sorties, le très remarqué "Sex Criminals" et le blockbuster "Lazarus" dont on parle ici, ce thriller d'anticipation n'est pas forcement un choix éditorial audacieux tant sa bonne réputation outre-atlantique a réussi à arriver jusqu'à nous, une sortie finalement attendu...
Lien : http://psychovision.net/bd/c..
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Il s'agit du premier tome d'une série indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 4 initialement parus en 2013, écrits par Greg Rucka, dessinés et encrés par Michael Lark (aidé par Stefano Gaudiano et Brian Level), et mis en couleurs par Santi Arcas. Il contient également les 4 pages du prélude initialement paru dans le catalogue "Preview" du distributeur Diamond.

Dans un futur indéterminé, les États-Unis sont constitués de fiefs, soumis à l'autorité d'une famille. Les membres de la famille sont des citoyens à part entière, les employés bénéficient d'avantage concrets (logement, nourriture, salaire), tout le reste de la population est considérée comme inutile (qualifiée en anglais de Waste). Les familles possèdent et gèrent des domaines de production (essentiellement agricoles qui sont sous la responsabilité de l'un d'entre eux.

Alors que le récit commence, Forever Carlyle (la Lazarus de la famille, c'est-à-dire l'individu chef militaire de la milice de la famille, avec un corps bénéficiant d'augmentation technologique, et d'un monitoring à distance de ses différentes fonctions physiologiques par un médecin / technicien, James pour la famille Carlyle) vient de recevoir au moins 2 balles dans le corps en voulant neutraliser une intrusion dans le site de stockage des réserves de graines de la famille Carlyle. Il s'en suit une boucherie. Après cette intrusion, le patriarche de la famille convoque tous ses enfants (tous adultes : Jonah, Bethany, Stephen, Johanna et Forever) pour décider de la stratégie à adopter en termes de représailles. Tous les indices désignent un groupe commandité par la famille Morray.

En ces débuts d'années 2010, Image Comics est devenu le principal éditeur pour les créateurs souhaitant publier leur propre série en en gardant la propriété intellectuelle. Pour être rentable, ce modèle exige des créateurs de publier le premier recueil le plus rapidement possible, ce qui explique que "Family" ne comprend que 4 épisodes (pour un prix modique). Ce choix constitue une lourde contrainte pour les auteurs qui doivent réussir à caser un récit substantiel pour accrocher le lecteur en moins de 100 pages (ici : 88 + 4 car chaque épisode comprend 22 pages).

Greg Rucka n'est pas un jeune débutant et il a bien compris l'enjeu. Son récit commence par un affrontement sanglant qui ne laisse pas indifférent. L'enquête sur les raisons de cette intrusion démarre tout de suite après, et il réussit à présenter suffisamment d'éléments de l'environnement pour que le lecteur en saisisse les particularités et les enjeux. Rucka ne perd pas de temps puisque dès le premier épisode le lecteur découvre le principal suspect, et comprend également qui est probablement le coupable. Les relations entre les différents membres de la famille Carlyle sont tout de suite complexes et prouvent que chacun à son objectif bien à lui.

Forever Carlyle se pose quelques questions sur le bien-fondé de ses actions, faisant ainsi émerger sa personnalité propre. Rucka ménage son suspense de manière habile puisque le lecteur a la sensation de pouvoir anticiper quelques éléments du scénario (qui est le vrai coupable ?), sans pour autant deviner ce qui va advenir par la suite.

Rucka n'a pas choisi une solution de facilité en inscrivant son histoire dans un récit d'anticipation, puisqu'il doit en plus exposer les spécificités de cet environnement original. Sur ce plan, il ne réussit qu'à moitié son pari. D'un côté, il y a le positionnement des familles, la biotechnologie des Lazarus et leur maintenance, ainsi que quelques détails (comme la devise de la famille Carlyle) qui constituent autant d'éléments tangibles et originaux. de l'autre, il n'est pas encore possible de se rendre compte du réel fonctionnement politique de ce monde dominé par ces familles, de la manière dont fonctionne cette société, de qui s'occupe de la maintenance des infrastructures, etc.

Au fil des pages, le lecteur aurait tendance à accorder sa confiance sur ces points à Rucka, puisqu'il a poussé le souci du détail jusqu'à définir une devise pour les Carlyle : "Oderint dum metuant" ("Qu'ils me haïssent, pourvu qu'ils me craignent !", phrase souvent attribuée à Caligula qui avait aménagé un aphorisme de l'empereur Tibère).

Michael Lark avait déjà collaboré avec Greg Rucka sur plusieurs épisodes de la série Gotham Central. Son style s'inscrit dans une veine réaliste, avec un encrage fortement appuyé donnant une apparence consistante à ses dessins. À première vue, le lecteur peut ressentir une impression de finition un peu brute dans la mesure où Lark aime bien introduire quelques discontinuités dans ses traits, ainsi que faire apparaître qu'il en a repassé certains plusieurs fois. Ces maniérismes participent à un aspect plus âpre et plus sérieux, tout à fait dans la tonalité du récit. Ils lui permettent également d'intégrer des décors dont l'apparence est à la frontière entre la photographie retouchée façon Alex Maleev (période Daredevil) en plus dégradée et le dessin réaliste. Il utilise l'infographie avec parcimonie pour intégrer les écrans holographiques dont se servent les personnages, ce qui crée un contraste parlant et intelligent avec le reste du dessin.

Les combats sont impressionnants dans les mouvements, sans se reposer sur des effets pyrotechniques. Lark utilise des expressions de visages mesurées qui s'apparentent à des expressions normales. Les mises en scène des dialogues sont assez travaillées, ne se reposant pas uniquement sur des champs et contrechamps de têtes en train de parler.

Avec ce premier tome, Greg Rucka et Michael Lark en donnent pour leur argent au lecteur : intrigue étoffée, scènes d'action, personnages crédibles, environnement inédit. Ils sont toutefois victimes de la politique d'édition les contraignant à sortir un recueil le plus rapidement possible n'incluant que 4 épisodes, ce qui fait que le lecteur reste un peu sur sa faim.
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