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3,71

sur 1476 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A lire ! A lire ! A lire ! J'ai à la fois adoré et détesté ce livre. Adoré parce que ce livre est d'une part très bien écrit, et d'autre part, parce qu'il fait prendre conscience de ce que pourrait devenir le monde. Je l'ai détesté pour les mêmes raisons ! En le lisant je me suis dit à plus d'une reprise : « mais c'est ce qui est en train de se passer », à savoir une uniformisation de la pensée, un nivellement par le bas, un culture qui va s'appauvrissant inexorablement. Dans Globalia le pouvoir n'est plus aux mains des politiques mais aux mains des grands patrons et si l'on regarde bien autour de nous…
C'est un livre essentiel car il fait réfléchir et prendre conscience que l'on peut encore se battre pour ne pas, à notre tour, être enfermés dans Globalia
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Voilà pourquoi je ne suis pas Charlie, pourquoi je ne l'ai pas été, pour quoi je me garderai le plus possible de l'être jamais ! Et dans ce beau cortège panurgien dont la plupart n'avaient jamais lu ni un Hara-Kiri, ni un Charlie Hebdo, je n'aurais pas voulu être présent avec un T-shirt affirmant de face JE NE SUIS PAS CHARLIE et arborant de dos, pour rester dans l'esprit du journal, un magnifique pénis tendu à la verticale en guise de doigt d'honneur et en-dessous INTERDIT D' INTERDIRE. Je me serais fait huer, injurier, molester, jeter à la Seine ou dans le meilleur des cas dans un fourgon cellulaire. Au nom de quoi ? Au nom de cette belle liberté ! Dans une totale unanimité démocratique : "SALAUD LE PEUPLE AURA TA PEAU" ! Tout cela parce que j'aurais voulu défendre, adversaire que je suis des dérives du système, à la manière de Charlie Hebdo, la liberté d'expression.

Dans Globalia démocratie mondiale à pleine maturité n'existent ni Hara-Kiri, ni Charlie Hebdo, ni aucun autre journal à tendance satirique, ni presse contestataire, ni ni ! L'Histoire n'existe plus, elle a été abolie, les livres aussi, tout cela n'a plus cours ; des écrans diffusent en permanence et massivement des recommandations, du sport et ... les dernières infos sur les attentats terroristes venus de l'extérieur. Mais ... que l'on vit confortablement surprotégé dans de grands dômes en plastiques sous un contrôle permanent y compris de la température et du climat, et puis longtemps, longtemps, long... avec une fête annuelle différente chaque jour. LOL Participation socialement obligée, sous peine de stage psychologique de réinsertion : la démocratie globalienne c'est la dictature du plus grand nombre ! Du moins le plus grand nombre le croit : c'est donc forcément vrai !

"Vivre vieux, mourir jeune !" moyennant des transplantations d'organes régulières l'allongement de la vie accroît les besoins et la demande sécuritaire mais n'est qu'une phase temporaire. Oui l'objectif ultime, mortalité zéro et son corollaire impitoyable natalité zéro, est en vue, le tout au profit d'un groupe très restreint de super riches qui ont concentré tout le contrôle de l'économie dans leurs mains. Globalia c'est demain, sauf si c'est déjà aujourd'hui ! A lire absolument, à lire car prophétique, à lire même s'il est déjà trop tard (*).

En plus c'est bien écrit et je me demande si Jean-Christophe Rufin ne deviendrait soudain un ours mal léché. En tout cas j'ai adoré la plupart de ses coups de griffes bien distribués. Un livre qui demande de prolonger la réflexion et de méditer sur ce sujet grave. Et pourquoi ne pas relire et méditer aussi la fable de la Fontaine : le loup et le chien ? Comme quoi se référer à l' Histoire ...


(*) "Réalité augmentée, big data, nano-technologies, clonage, transgenisme, exo-squelettes, robots androïdes, transhumanisme, émergence de post-humains, transcendance de l'intelligence artificielle, université de la singularité... autant de nouveautés qui vont révolutionner le futur, autant de bonnes raisons, me semble-t-il, pour lire ou relire ce roman sous un autre éclairage." Citation extraite de la critique par Krout de L'enfant des lumières de Françoise Chandernagor.
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Peut-on renouveler un coup de coeur quinze ans après ? Malgré le temps qui transforme, les découvertes littéraires qui affadissent parfois les lectures plus anciennes, malgré les goûts qui évoluent ? Eh bien oui, c'est ce qui m'est arrivé avec Globalia, roman dévoré en 2004 au moment de sa parution (j'étais déjà accro à la plume de Jean-Christophe Rufin) et relu il y a quelques jours, chose rare chez moi. Mais c'est le dernier roman d'Aude le Corff, La mer monte qui m'a donné envie de me replonger dans celui-ci. Et puis une discussion avec l'auteur, lors de la soirée organisée par Gallimard pour la parution de son nouveau roman, Les sept mariages d'Edgar et Ludmilla, lui qui se demandait s'il n'avait pas écrit Globalia trop tôt. Alors ça, je ne pense pas. Par contre, il pourrait sortir aujourd'hui, on le trouverait tout aussi impressionnant. Savoir qu'il a été écrit il y a quinze ans le rend d'autant plus brillant.

Globalia est une dystopie qui brouille les repères temporels. C'est quelque part dans le futur, des années après les guerres civiles qui ont mis le monde à feu et à sang. Une civilisation aseptisée, sous cloche, littéralement puisque protégée par des dômes et des parois de verre. Au-delà des parois ? Ce qu'on appelle les non-zones. D'un côté l'ordre et une devise : "Liberté, sécurité, prospérité". de l'autre, le chaos, la misère, la violence, le néant d'où viennent régulièrement des actions terroristes. Baïkal est un jeune homme de vingt ans, une rareté dans cette société où la vieillesse est portée aux nues, débarrassée des scories qui en faisaient naguère un calvaire (santé, dégradation physique...) et où les naissances sont régulées par l'Harmonie sociale pour maintenir un parfait équilibre. Depuis son plus jeune âge, Baïkal s'interroge sur ce qu'il y a réellement au-delà de ces murs de verre, persuadé qu'il y a un ailleurs. Il entraine Kate, la jeune fille dont il est amoureux dans une escapade interdite, qui sera le début pour eux, et pour le lecteur d'une plongée dans les entrailles de la réalité de ce Globalia et des motivations de ses dirigeants.

Présentée comme la démocratie idéale, prônant la liberté, Globalia va se révéler bien plus complexe et perverse dans sa conception, son organisation et, finalement son idéologie. Au fur et à mesure que l'on avance, tous les concepts sont remis en cause et bousculés. Quelles contreparties pour la sécurité ? Qu'est ce que vraiment la liberté ? D'ailleurs, peut-on parler de liberté lorsque les historiens sont sous contrôle au prétexte que "le passé est un immense territoire d'idées nuisibles" ? Peut-on parler de liberté lorsque les citoyens sont soumis à une information contrôlée et à une pression commerciale permanente ? Jean-Christophe Rufin projette son lecteur dans une société telle que nous pourrions en bâtir à partir des concepts prônés actuellement par une majorité d'individus : une société mondialisée (homogénéisée, standardisée), une société dominée par les intérêts commerciaux et l'argent, une société sécuritaire guidée par la peur de l'autre. Tout ceci par l'intermédiaire d'un formidable roman d'aventures avec Baïkal dans le rôle de l'explorateur des territoires interdits, dans des décors qui font voyager le lecteur entre l'univers aseptisé de Globalia et le far west des non-zones. Franchement, un régal, fait de trouvailles passionnantes pour ce qui est de donner un aperçu du futur, que ce soit en matière sociétale avec par exemple une croustillante inversion des valeurs liées à la famille, ou en matière scientifique (chacun possède plusieurs clones permettant d'échanger les organes défectueux... entre autres). Mais je ne voudrais pas spoiler les chanceux qui vont découvrir Globalia pour la première fois.

Je crois que le lire maintenant fut encore plus savoureux, parce que l'anticipation apparait toujours plus vertigineuse à l'aune de notre société et de ce qu'il s'est passé au cours des quinze dernières années. Non seulement le roman n'a pas vieilli mais il s'est bonifié avec les années. C'est peut-être ça, la bonne littérature. L'occasion de conclure avec ce clin d'oeil (pas de roman de Rufin sans un mot sur les livres), petit extrait qui donne à méditer sur l'évolution de la production littéraire : "Interdire les livres, c'est les rendre désirables. Toutes les dictatures ont connu cette expérience. En Globalia, on a fait le contraire : on a multiplié les livres à l'infini. On les a noyés dans leur graisse jusqu'à leur ôter toute valeur, jusqu'à ce qu'ils deviennent insignifiants. (...) Surtout dans les dernières époques, vous ne pouvez pas savoir la nullité de ce qui a été publié".

Un dernier mot : lisez ou relisez Globalia !
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Première lecture à vie pour de moi de Monsieur Rufin !!! Et j'ai ADORÉ !!! Je suis une fan de roman d'anticipation. Je l'avais depuis très longtemps, trop longtemps sur ma liste ce bouquin. Il m'aura quelques jours de congé pour me décider à le lire.... et je m'en mords les doigts. J'aurais du le lire bien plus tôt !!!! Une fois amorcé, ce bouquin est un véritable tourne-page. Impossible de le lâcher. Je l'ai lu en une journée, malgré ces quelques 500 pages. Une histoire bien menée, qui en mets en scène des personnages qui ne courent pas les rues : la démocratie, les droits civiques, les devoirs citoyens, les responsabilités étatiques, le contrôle et le pouvoir des gouvernements. Ça fout les jetons tout ça. Et ça nous fait poser des questions. Avec tout ce qui se passe dans le monde aujourd'hui, j'ai vu cette lecture comme nécessaire. Vraiment, à se mettre sous la main. Ne serait-ce que pour s'en servir comme modèle.... à éviter !
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Globalia...
Globalia...
Globalia...
Ce nom synonyme d'ensemble, pourrait être positif, cependant, il résonne pourtant à l'oreille, comme un écho synthétique, froid et inquiétant aux relents d'une dystopie annoncée.
C'est le titre de l'excellent roman de Ruffin évoquant une société planétaire mondialisée et libérale économiquement, où les libertés individuelles semblent respectées, ainsi qu'avec des garanties sociales, sécuritaires, et d'hygiènes optimales.
Alors, en quoi tout ceci serait dystopique. Justement, c'est là que tout devient intéressant et bien sûr angoissant, sinon on s'ennuierait. La jolie démocratie libérale vendue en vitrine, n'est qu'un leurre, en réalité, les citoyens ont été transformés en consommateurs aseptisés et serviles de biens, de services, de loisirs, leur bien-être et leur sécurité étant assurés 24 heures sur 24, mais…
Parce qu'il y a un, mais… En échange de tout cela, ils ne doivent pas critiquer le régime, le système en place et surtout ne jamais s'aventurer en dehors des zones protégées, car une partie de ce monde globalisé idyllique a été transformée en prison à ciel ouvert, pour les récalcitrants et les marginaux en tous genres où règne la loi de la jungle façon Mad Max.
Globalia renouvelle vraiment la dystopie par une approche résolument moderne, en s'attaquant au mythe de la démocratie libérale mercantile, synonyme de liberté pervertie par un carcan sociétal et sécuritaire défini, rendant les citoyens prisonniers de leur propre univers. Alors que le roman 1984 montrait plutôt une critique d'un régime totalitaire sans pitié à la noirceur exacerbée, l'auteur se rapproche plus du livre le meilleur des mondes avec sa société de castes et son eugénisme à but mercantile, la volonté affichée d'effacer un passé culturel et historique, ainsi que par le parcage dans des zones spéciales des individus non conformistes.
A noter également, un réalisme pertinent avec l'évolution de certains pays dans le monde actuel vers ce style de régime autoritaire, sous couvert de liberté de consommer et de mise à l'écart de certaines populations comme en Chine ou en Inde.
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C'est le festival Jean-Christophe Rufin chez nous en ce moment : mon mari a raflé tous les titres que nous n'avions pas lus à la bibliothèque municipale et j'en profite donc pour me mettre à jour.
Globalia est une dystopie dans laquelle il n'existe plus de pays, de nations, de frontières et où le droit à une longévité accrue est enchâssée dans la constitution. Regroupés sous des verrières contribuant à tempérer le climat, les territoires globaliens assurent à leurs habitants « Liberté, Sécurité, Prospérité ». Une « démocratie poussée aux limites de ses dangers » de laquelle découle une perte du sens de l'Histoire, de la mémoire collective et de l'art de la discussion et du débat.
Rufin m'a étonnée avec ce roman que j'ai trouvé particulièrement réussi autant par sa prose que par son propos. Les gadgets technologiques y sont évoqués mais sans s'appesantir sur eux. L'auteur a plutôt choisi de susciter une réflexion sur notre société actuelle et les dérives qu'elle peut engendrer. Bref, un très beau moment de lecture, dévoré goulûment.

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"Globalia" est un roman moderne et visionnaire qui dresse le portrait d'une société soi-disant démocratique, mais protectrice à l'excès qui a enfermé ses habitants dans une sorte d'énorme bulle où tout est parfaitement calculé, contrôlé, vérifié...
Dans cette société régit par un seul état, on parle l'anglobal et on emploie le globar pour payer.
Mais la prospérité apparente du lieu où l'expression de chacun est favorisée, cache en réalité un régime totalitaire qui surveille chacun étroitement par l'intermédiaire de la "Protection sociale", une sorte d'armée secrète visant à faire respecter l'ordre et qui n'hésite pas à faire de vos proches, vos pires ennemis et espions...
Des fêtes factices et obligatoires sont créées pour satisfaire le besoin de s'amuser, chacun sait tout sur tout le monde, les informations fausses circulent et les habitants sont abrutis par des écrans géants qui se trouvent à peu près partout. On a le droit de vivre très vieux car tout est fait pour que la vieillesse n'existe pas et les habitants sont obligés d'avoir recours à la chirurgie esthétique et autres actions pour rester éternellement jeunes. Bien sûr, dans un monde clos où la mort n'existe pas, les naissances sont rigoureusement contrôlées.
Ah oui ! J'oubliais : le papier et les stylos s'achètent au rayon jouets...car on écrit plus du tout puisque tout est informatisé.
Les politiques sont pourtant élus par le peuple, mais il y a tellement d'élections que les gens ne se dérangent plus pour voter.
Alors on fabrique de toute pièce des stimulants, on fait exploser des bombes et on invente un ennemi qui n'existe pas pour faire peur aux gens et les abêtir un peu plus.
C'est là dans Globalia que vivent Baïkal et Kate. Ils sont amoureux et leur rêve est d'aller voir de l'autre côté de la bulle, de quitter ces paysages factices, cet air artificiel et cette météo toujours trop prévisible.
Alors lors d'une randonnée organisée, ils passent la barrière de verre...
Baïkal, toujours rebelle depuis son enfance veut découvrir ce qu'on leur cache.
Car en dehors des parois de verre, il y a des gens qui vivent : ce sont les non-zones, des êtres misérables, plus ou moins organisés dont certains survivent uniquement grâce à la mafia locale.
Mais très vite, la zone extérieure étant protégée par de nombreuses caméras de surveillance, les deux jeunes gens sont arrêtés, séparés et ramenés à Globalia.
C'est alors qu'un dénommé Ron Altman propose à Baïkal de lui rendre sa liberté s'il accepte de retourner à l'extérieur, lui faisant croire qu'il a une mission spéciale à lui confier. En fait, à son insu, il va le faire passer pour un terroriste...
Baïkal devient alors l'ennemi public numéro 1. le voilà obligé de rester sur place, loin de Kate, au milieu de ces êtres qu'il ne connaît pas mais qui vivent en toute liberté hors de Globalia...

Un livre fort qui au delà des personnages et de l'histoire, nous rappelle quel est le prix à payer pour vivre dans un monde sécurisé.
L'écriture de Jean-Christophe Rufin est très agréable et d'une grande richesse...
Beaucoup de pistes de réflexion sont mises en avant dans ce roman et vous y penserez longtemps...

Lire mon avis complet sur mon blog...

Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Voici une relecture.
Et c'est étrange, d'avoir cette impression de découvrir un autre livre.
Je l'ai lu il y a une 10aine d'années, et ce qui m'avait alors marqué était l'aspect Globalisation et donc uniformisation. Mais je n'avais pas du tout intégré la partie "nouvel ennemi" et la relégation dans en dehors de la civilisation d'une partie de la population.
Et c'est justement ce qui m'a sauté aux yeux cette fois ci.
Et j'avais également oublié la référence à Walden. Ce fut d'autant plus "amusant" de la redécouvrir alors que je suis justement en train d'en écouter l'audiobook.
Bref, ce fut un bon moment de relecture facile.
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Une dystopie rigoureusement construite géographiquement, politiquement contre l'ennemi commun (à créer), socialement.
Un style précis avec ses personnages des différentes contrées.
Des qualités sérieuses. le souci du détail.
L'importance de certains thèmes: l'effacement volontaire de l'histoire propre aux dictatures qui ne disent pas leur nom, cachées sur le mieux vivre (ensemble?).
Mais il manque...quelque chose: le souffle, ce qui fait qu'un roman dans au fond de vos yeux quand vous le quittez...
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Seul livre ,je crois, de "science fiction" qui met en scène un acteur principal... La démocratie. L'histoire est construite autour d'un personnage principal et d'un groupe limité au profil de heros potentiel sans pour autant le devenir... Leur force est dans leur curiosité pour la liberté qui les pousseront a changer de vie sans changer le monde de Globalia. On peut aisément imaginer une mise en images de ce livre...
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