La salamandre/
Jean Christophe Rufin
Ce bref récit est la relation romancée d'un fait divers qui s'est passé à Récife dans le Nordeste du Brésil.
Catherine veut fuir l'esclavage de notre société occidentale et l'occasion lui est offerte de se rendre au Brésil, un pays virevoltant, coloré, sensuel et violent.
Elle va faire la connaissance du beau Gil, trente ans de moins qu'elle, qui va embraser son coeur et sa vie. Elle réalise « qu'il y avait quelque chose de vertigineux dans cette évolution. »
Et aveuglément, obstinément elle fonce, elle s'engouffre dans cet amour et s'y enfonce jusqu'à la destruction, la déchéance et la déraison.
Ce qui semblait un paradis va ressembler à un enfer. L'amour va brûler Catherine, l'aliéner, la réduire à l'esclavage, mais il apparaît en définitive qu'une forme d'accomplissement et de libération vient au terme de ce drame.
À la fin, elle réalise « qu'il lui reste l'amour, l'amour pur, celui que l'on offre et qui n'attend rien. »
Elle voit « dans sa vie la trace de deux esclavages. le premier, elle l'avait passé dans des bureaux tristes. le second c'était sa passion violente pour Gil. Dans les deux cas, sa liberté, son avenir, sa tranquillité avaient été anéantis… La liberté, pensait-elle, c'est le choix de ce qui va nous asservir. »
On va assister tout au long du récit au heurt de deux mondes, l'un nanti l'autre pauvre. Et l'on découvre avec effroi que l'humiliation de donner rejoint celle de recevoir.
L'épisode du carnaval, ce « grand match annuel que la fête dispute à la misère » est un passage » qui donne le sentiment que Catherine sombre dans une sorte de folie.
Ce qu'il est intéressant de noter, c'est que le lecteur est irrité par cette déchéance progressive quand on sait d'où vient Catherine, bourgeoise que la solitude a envahie suite à une séparation douloureuse et qui recherchait le dépaysement sous le soleil des tropiques. On sent dès le départ le piège s'ouvrir et on devine que ce personnage de Gil qu'elle aime à la folie n'est qu'ignominie. L'attitude aveugle de Catherine dérange : on a envie de lui crier : « Fuis, fuis le plus loin que tu peux… »
En conclusion, un roman qui se lit vite et assez bien écrit. On n'atteint toutefois pas le niveau de «
Rouge Brésil », mais on ne s'ennuie à aucun moment dans ce thriller.