Récemment, on attirait notre attention dans les médias sur les élections indiennes moins pour disséquer les enjeux actuels de la politique intérieure de ce pays que pour souligner le nombre impressionnant d'électeurs qui se chiffre en centaines de millions.
Reliquats journalistiques des vues colonialistes des Européens habitués à ne concevoir les autres parties du globe que comme des masses anonymes et non comme des nations à part entière ayant leur propre civilisation, leur propre regard sur le monde ou premiers jalons pédagogiques simplififiés et forcément simplistes pour habituer la population française à accepter que désormais la gestion des affaires mondiales ne peut plus faire l'impasse sur l'avis des pays émergents ?
Toujours est-il que la crise financière a obligé bon gré mal gré les dirigeants occidentaux à convoquer non plus un G8 mais un G20 qui inclue des pays tels que la Chine, l'Inde, le Brésil.
Il est encore trop tôt pour savoir si les élites occidentales échapperont à leurs vieux démons impérialistes qui les rendent si âpres à accaparer les ressources mondiales pour leur seul bénéfice. Quitte à soutenir pour ce faire les pires dictatures au nom de la real politic ou à provoquer des conflits armés pour servir leur intérêt comme ce fut le cas pendant les guerres du golfe qui avaient des reflets d'argent.
Mais d'ores et déjà, les bouleversements financiers ont vu se développer des discours ambivalents voire douteux sur le fait que si les pays émergents copiaient nos modes de vie, les ressources de la planète n'y suffiraient pas.
Allons-nous vers une opposition larvée entre les uns et les autres pour s'assurer la main mise sur les terres arables, les gisements de gaz et de pétrole ou bien encore les réserves d'eau potable comme bien des indices le laissent supposer ou au contraire vers une collaboration mondiale pour permettre à tous de vivre dignement ?
Dans ce contexte il me semble intéressant de relire
le parfum d'Adam de
Jean-Christophe Rufin pour savoir si les postures écologiques ne serviront pas d'alibi pour dénoncer le développement des uns afin de maintenir celui des autres. Comme il l'indique dans sa post-face, on est effectivement en droit de se demander si l'on ne va pas assister à un renouveau délétère du malthusianisme qui se déclinerait sous la forme d'une guerre contre les Pauvres.
Néanmoins, il faudrait que
Jean-Christophe Rufin reprenne sa plume pour commenter comment aujourd'hui les enjeux environnementaux sont foulés aux pieds avec l'établissement de véritables droits de polluer et comment des firmes nucléaires font leurs choux gras de la peur du réchauffement de la planète sans que la question du traitement de leurs déchets soit réglée de façon fiable.
Les concepts d'utilité sociale et de développement durable, de solidarité et de coopération entre les peuples doivent être dans l'esprit de chacun pour faire la nique aux aspirations des capitalistes de tous horizons qui ne voient pas plus loin que leur porte-feuille et qui n'hésiteront pas une seconde à sacrifier les populations si nous ne nous donnons pas les moyens de construire une alternative politique crédible pour que chacun puisse accéder aux mêmes droits quel que soit son continent.
Lien :
http://muet-comme-un-carpe-d..