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Deux mariages et des emmerdements.
Griffin s'apprête à vivre deux années bien compliquées, Entre Joy son épouse qui ressent le besoin de s'éloigner, les cendres de son père qu'il doit disperser au Cap Cod mais qu‘il recule de faire indéfiniment et une mère envahissante, désagréable et cynique, cela fait beaucoup pour notre anti héros qui supporte tout ça sans se révolter. Alors que le premier mariage devient un déluge de catastrophes, le deuxième celui de sa fille Laura sonne celui des explications. D'autant que Maman Griffin à rejoint son ex-mari dans le coffre de la voiture en vue d'une dispersion commune.
On retrouve tout ce qui fait le talent de Richard Russo. Entre humour vache et tendresse, une réflexion sur l'amour, sur le temps qui passe, sur les choix de vies. La lecture est toujours plaisante même si pour ma part mon attachement aux personnages c'est moins imposé qu'a l'accoutumée. Les incessants retours en arrière, pourtant essentiels m'ont empêché d'adhérer pleinement à son récit. Néanmoins, ça reste tout de même bien agréable, avec notamment une scène d'anthologie lors du deuxième mariage à ne pas rater. Drôle et cruel.
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C'est une histoire sur l'atavisme. Soit on traine son enfance comme un boulet dans sa vie d'adulte, soit, sans l'oublier, on vit sa vie d'adulte. C'est compliqué pour Griffin qui arrive toute doucement à la soixantaine. Il a toujours tout fait pour vivre le contraire de ses parents, pour être le contraire de ses parents. Et il s'aperçoit à ce stade de sa vie qu'il s'est trompé. Les souvenirs fusent, pas toujours chronologiquement, alors il faut suivre Griffin, s'accrocher dans ses souvenirs d'enfant, d'adulte. Il se rend au mariage de sa fille avec les cendres de son père dans le coffre de sa voiture. Il va les traîner longtemps les cendres… D'ailleurs les cendres de sa mère vont rejoindre le coffre . Et malgré toutes les demandes de ses parents pour qu'il les disperse à Cap Cod, l'endroit magique de leur vie, ils vont passer quelques temps dans leur nouvelle résidence, à nouveau réunis. Aura-t-il la force de disperser les cendres de ses parents, maintenant qu'il entend et écoute sa mère lui parler, lui donner des conseils ? Pas facile tout ça. de l'humour grinçant pour une histoire qui pourrait être pathétique. Je connais bien l'atavisme, la transmission familiale qu'on traîne comme des boulets.
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On ne choisit pas sa famille, dit l'adage. Jack, quant à lui, aurait aimé être le fils des Browning, même si « comme avait lâché sa mère, ils (n') enseignent (qu')au collège ». « Il lui avait suffi d'une semaine pour tomber amoureux, aussi improbable que cela paraisse, de toute la famille Browning et les jours passés en leur compagnie étaient merveilleux, y compris ceux où il pleuvait ». Mais il n'était que le fils des Griffin qui, eux enseignaient à l'université. Absents, égoïstes, négligents (surtout avec les affaires des autres), volages, méprisants et insatisfaits de leur vie, voici des personnages peu sympathiques. Oui, mais quand ce sont vos parents, que vous êtes leur enfant unique, il faut faire comme Jack, faire avec. Et puis, soyons justes, il y a toujours, dans toutes les familles, quelques bons moments. Pour Jack et ses parents, cela a toujours été leurs vacances d'été au Cap Cod, vous savez cet endroit magnifique que la bourgeoisie de Boston, imitant les Kennedy, envahit dès les beaux jours.
Richard Russo donne la parole à Jack Griffin, devenu prof d'université lui-aussi après avoir tâté de l'écriture ou plutôt de la réécriture de scénarii pour l'usine à rêves d'Hollywood. Autour de deux mariages, celui d'une amie de sa fille puis, un an plus tard, celui de sa propre fille, Jack va revenir à Cap Cod, repenser à son enfance, alors qu'il vient de perdre son père et qu'il ne va pas tarder à perdre sa mère, tout en constatant que son mariage bat de l'aile. Pour le lecteur, c'est un régal : le cadre, le milieu universitaire, les rapports familiaux et les dégâts qu'ils peuvent causer sur une vie de couple.
Comme d'habitude, les personnages secondaires de Richard Russo valent beaucoup mieux que ce qualificatif. On les croisera à l'un ou l'autre des mariages et, pour peu qu'on prenne le temps de poser son verre et de passer de table en table, on sera étonné de leur consistance. On aimera leur histoire personnelle et, si on en avait le temps, on les accompagnerait sur la plage pour les écouter encore un moment, car ils ont des choses intéressantes à dire.
Il ya, en particulier, Sunny, le fils d'immigrés coréens, ami d'enfance de sa fille, amoureux transi et silencieux, bon élève, bon camarade, qui passe à côté parce que trop bien élevé. Il épousera une Coréenne qu'il n'aime pas, pour faire plaisir à ses parents. Ou Marguerite, invitée avec son gros beauf d'ex-mari, qui voudrait vivre encore un peu avant de se faner définitivement. Elle est souriante, pétillante, mais au détour d'une phrase, on apprend qu'elle aussi a un passif avec ses parents.
Le père et la mère, égoïstes et absents mais envahissants même si l'un des deux est en maison de retraite quelque part dans l'Indiana et le second enfermé dans l'urne funéraire que son fils trimballe depuis presque un an dans le coffre de sa voiture dans le but de disperser ses cendres quelque part dans cet endroit qu'il aimait tant. Jack les fuit mais il ne réussit pas à les chasser de son esprit.
Il fuit aussi ses beaux-parents, chaque invitation est un supplice mais comment faire ? Ils aiment leur fille et voudraient la voir plus souvent, ce qui tombe bien mal parce que leur fille les aime aussi et voudrait leur rendre visite beaucoup plus souvent. Ca vous parle peut-être ?
Un mariage qui part en quenouille, peut-être à cause des parents, un collègue et ami proche qui voudrait être encore plus proche de sa femme, laquelle le sent et s'en défend à (grand) peine. Bref, comme parfois à Cap Cod quand la brume marine se lève et efface le paysage, Jack perd pied avant de découvrir, une fois qu'elle se sera dissipée, ce qu'il n'imaginait pas. Richard Russo est un magicien de l'ordinaire, il réussit à passionner son lecteur pour la vie de ses personnages sans drames, sans rebondissements imprévus, juste parce qu'il dépeint merveilleusement bien des choses et des sentiments ordinaires.
Il y a des scènes que nous avons tous, plus ou moins, vécues : l'achat (compliqué) du sapin de Noël, les vacances d'été dont une partie passe à rêver à l'acquisition d'une résidence secondaire, le retour en voiture de week-end en voiture avec le silence où chacun des conjoints laisse vagabonder ses pensées sans déranger l'autre ou sans oser lui parler. C'est subtil, délicat, souvent humoristique et terriblement prégnant parce que ce que raconte Griffin, ce qu'il pense, ce qu'il imagine ou redoute, oui, nous l'avons tous, un jour ou l'autre, vécu ou pensé.
J'ai même eu la chance, un jour, de franchir moi-aussi le Sagamore bridge pour découvrir Cap Cod, me promener au sommet de ses dunes, descendre sur ses plages et partir en mer admirer les baleines, et je n'ai qu'un regret : ne pas avoir lu plus tôt les Sortilèges du Cap Cod.
« Mon Dieu, non, ça n'avait rien à voir avec toi. C'est aux sortilèges du Cap Cod qu'on doit d'être restés ensemble si longtemps, That Old Cap Magic. Tu te souviens qu'on le chantait chaque fois qu'on traversait le Sagamore ? Puis elle se tourna vers Bartleby. "Un mois de rêve, tous les étés. Soleil, sable, mer, gin. Suivis de onze mois de calvaire." S'adressant de nouveau à Griffin, elle ajouta : "Mais ça vaut pour la plupart des mariages, tu verras."
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Richard Russo fait partie des auteurs que j'ai découverts récemment et qui m'enchantent.
Pas d'histoire extraordinaire ici : un homme, enseignant universitaire, a des difficultés dans son couple. Les deux époux ont tous les deux la cinquantaine et leur fille les a invités au mariage de sa meilleure amie au fameux cap Cod du titre. C'est l'occasion pour Jack de dérouler sa vie entière pour se demander quand son mariage a commencé à partir à vau l'eau. Il revient sur son enfance et surtout sur le couple étrange que formait ses parents. le père octogénaire est décédé il y a six mois et Jack avait promis de disperser ses cendres au Cap Cod, là où celui-ci aurait vécu les plus beaux instants de sa vie. Sa mère (octogénaire également) le harcèle au téléphone….


Il s'agit d'un livre introspectif, à la fois lucide sur les dégâts du temps et fascinant d'ironie (le comique de répétition atteint des sommets dans l'autodérision et j'ai plusieurs fois éclaté de rire…pour être pas loin des larmes deux pages après)

Dans une deuxième partie, on retrouve nos (anti) héros, un an après, au mariage de leur fille Laura : après un an de séparation, est là l'occasion de se réconcilier ?

Si on devait plagier le titre d'un film célèbre ce serait deux mariages et deux enterrements …
une réussite pour ma part ce roman (peut-être parce que j'ai quasiment le même âge que les deux personnages principaux ….et que je me suis énormément identifiée à eux)
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Dans les AIR 2011, cela fait parti des livres à lire, tout comme Necropolis, naissance d'un pont et Rosa Candida. Je m'y suis donc pliée avec plaisir. J'avais déjà lu un recueil de nouvelles de cet auteur.

Son roman présente certaines caractéristiques de ses nouvelles. Il y est question de l'enfance, des relations parents / enfants, des affres d'un homme autour de la quarantaine, de professeur de littérature. On y retrouve la même écriture. Ce n'est pas désagréable mais cela sent la recette bien maitrisée… Il n'y a pas de vraies surprises pourtant l'idée est bonne.

Un homme marié depuis plus de trente ans se rend au mariage d'une amie de sa fille au Cap Cod. Il transporte dans le coffre de sa voiture les cendres de son père. Pendant ce voyage et ce mariage il va faire le bilan de sa vie conjugale et se remémorer son enfance ainsi que le mariage / divorce de ses parents où le Cap Cod joue un rôle déterminant.

Est il heureux, malheureux, il ne le sait pas lui-même ?

Il semble mettre tous les problèmes sur le fait que la famille de sa femme ait été envahissante ou pour le moins ait influencé sa vie maritale. Mais sa propre famille l'envahit d'une autre façon, plus insidieuse…

Son enfance remplit des pages. Il est la recherche d'une autre vie possible s'il avait fait d'autres choix… Il retrouve sa femme pour finalement une dispute qui va mener à leur séparation. On les retrouve un an plus tard, c'est le mariage de leur fille. La mère de Jack (sa seule famille) est morte, ses cendres comme celles de son père sont dans le coffre de la voiture. Les retrouvailles de la famille de son ex femme sont à la fois explosives, hilarantes mais aussi douces amères.

C'est un livre sur les choix, sur les possibles, sur l'impact parental, sur les préjugés, sur le cynisme.

Il y a un petit coté à la fois egocentrique et exhibitionniste. Un peu à la Emmanuel Carrère mais avec plus d'humour de d'auto dérision que Carrère.
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Deux mariages et... deux enterrements, ou plutôt, deux urnes. La recherche de l'endroit idéal pour disperser les cendres de ses défunts et terribles parents est un véritable casse tête pour Jack, la soixantaine. Son couple se brise lors du mariage d'une amie de sa fille, alors qu'il cherche en vain le lieu où reposeront les cendres de son père. le mariage de sa propre fille, Laura, un an plus tard, le rapproche de son ex épouse, alors qu'il cherche où répandre les cendres de ses deux parents, celles de sa mère s'étant ajoutées à celles de son père, toujours dans le coffre de sa voiture. Tandis que sa mère décédée continue de l'abreuver de remarques cyniques et désagréables, Jack fait le bilan de son existence, et revient sur son enfance au sein d'un couple égocentrique et mal aimant. Un roman drôle et cruel sur la vie et les rêves brisés au moment des doutes et des remises en question. Plus faible cependant que la plupart des romans de Richard Russo, voire parfois ennuyeux, avec des personnages moins consistants et moins attachants. J'avoue avoir passé qlq pages... Mais la scène de la veille du mariage de Laura vaut le détour...
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Deux mariages, une rupture, des souvenirs en masse, il ne se passe pas grand-chose dans Les sortilèges du Cap Cod, mais le regard à la fois acéré et empathique de l'auteur vous embarque dans l'histoire de ses personnages : le couple Jack Griffin et sa femme Joy, leur fille Laura et ses amis Kelsey et Sunny Kim, le fiancé de Laura, le coscénariste de Jack, Tommy, et surtout les parents de Jack et de Joy.

Les parents du premier sont des universitaires aigris de nature, qui ont tenté de compenser les années académiques qu'ils jugeaient pourries dans des vacances annuelles au Cap Cod, dans des locations plus ou moins chic selon l'état annuel de leurs finances. Jack a gardé en mémoire la valeur symbolique attachée à cet endroit et aussi les émotions liées à la rencontre un été d'une vraie famille bien plus aimante que la sienne. Quant à Joy, elle vient d'une famille nombreuse où tout le monde porte un prénom en J (je me rends compte en écrivant qu'elle a épousé un homme en J) et où la carrière universitaire importe bien moins que la convivialité, l'attachement, la fidélité indéfectible. Jack et Joy veulent construire leur vie de couple de façon personnelle, ils bâtissent leur parcours en tentant de rester fidèles à « la convention de Truro » qu'ils ont établie lors de leur voyage de noces. Mais quand vient le temps du mariage de leur fille unique, il faut se rendre à l'évidence : les modèles de leurs parents ont influencé, consciemment ou non, leur propre mode de vie de couple. A l'instar de sa mère, snob universitaire invétérée, Jack ne peut s'empêcher de mépriser sa belle-famille tout en acceptant, la mort dans l'âme, son aide financière et Joy souffre de la raideur affective de son mari.

Le mariage de Kelsey, un an avant celui de Laura, fait éclater les ressentiments dans le couple. Et remonter les souvenirs d'enfance, de jeunesse des uns et des autres à la surface. C'est par le regard de Jack Griffin que nous suivons ce remue-ménage psychologique. Un an plus tard, alors qu'il transporte toujours les cendres de ses parents, à disperser quelque part au Cap Cod, le mariage de Laura va dénouer tous les noeuds dans un dîner de répétition apocalyptique : qu'est-ce que j'ai ri, qu'est-ce que c'était bien fichu !

C'est un roman sur le couple, la famille, l'héritage plus ou moins encombrant des parents pour leurs enfants. Les sortilèges du Cap Cod sont à prendre à double sens : magie de l'enfance, magie du souvenir qui jette aussi un voile falsifié sur les personnages devenus adultes. Richard Russo nous emmène au coeur de ces sortilèges dans une construction impeccable, avec empathie et ironie mêlées. de quoi me donner envie de continuer à le lire !
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Richard Russo était professeur de littérature avant de se tourner vers l'écriture. Il a obtenu le prix Pulitzer pour son roman le déclin de l'empire Withing. Les sortilèges du cap Cod constitue son sixième roman.

Jack Griffin se rend au cap Cod pour y disperser les cendres de son père. C'est également l'occasion de revenir sur les traces de son enfance, puisque le cap était au centre de tous les espoirs de ses parents qui rêvaient de s'y installer mais ont été obligés de passer leur vie dans le Midwest. Ces derniers étaient particulièrement exigeants et cyniques, une éducation qui a marqué durablement Jack jusqu'à la soixantaine et dont il va devoir mesurer les répercussions.

Malgré un titre prometteur, ce livre est une déception. le style est fluide et accessible mais je ne suis pas vraiment entrée dans cette histoire. Les personnages sont peu décrits en-dehors de Jack et de ses parents, réduits à de pâles silhouettes sans consistance. Et quand ils le sont, c'est toujours avec une sorte de distance qui empêche de s'impliquer dans la vie du personnage : ainsi, Jack est toujours désigné par son patronyme, Griffin, comme si le lecteur n'entrait pas dans son intimité bien qu'il adopte son point de vue tout au long du récit. La majeure partie de l'histoire se déroule au cap Cod, que l'on peut percevoir à la télé comme le lieu de prédilection de nombre d'Américains, mais les descriptions sont peu nombreuses, ce sont de simples évocations qui ne permettent pas vraiment de se projeter dans cette partie des USA. J'aurais aimé entendre le bruit des vagues et sentir l'air du large davantage. L'intrigue est très réduite (et attention, cerise sur le gâteau, la quatrième de couverture spoile la fin ; les rares événements marquants de l'histoire sont résumés jusque dans les dernières lignes).La chronologie est difficile à suivre (l'enfance puis dans la deuxième partie, un retour sur l'année écoulée entre les deux chapitres, avec des va-et-vient incessants, souvent marqués par le seul emploi du plus-que-parfait). le seul moment qui m'a intéressée est le récit de la répétition du mariage de Laura, la fille de Jack, une réunion de famille qui vire au cauchemar pour le plus grand plaisir du lecteur. C'est le seul passage qui se distingue un tant soit peu du reste de l'intrigue, assez monotone. En résumé, une lecture pas désagréable mais pas transcendante non plus.
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Toute l'histoire de la vie de Jack, professeur d'université tourne autour du Cap Cod, objet du fantasme de ses parents décédés, dont les cendres séjournent dans son coffre de voiture, attendant qu'il trouve enfin l'endroit idéal pour les répendre...C'est lors d'un mariage au Cape Cod que son mariage vole en éclat. Un an plus tard, Joy et Jack se retrouvent pour le mariage de leur fille. Rien ne se passe comme prévu, alternant catastrophes, quiproquos et règlement de comptes.
Encore un joli coup de Richard Russo, dans lequel j'ai retrouvé avec délice son humour ravageur, ses situations cocasses et cette émotion douce-amère que j'affectionne. Plaisir absolu.
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Richard Russo, né en 1949, est un écrivain et scénariste américain. Il a grandi dans l'Etat de New York, obtenu un doctorat de philosophie en 1979 et un Master of Fine Arts en 1980 à l'Université d'Arizona, puis été professeur de littérature avant de se consacrer à l'écriture. Il vit et écrit dans le Maine avec sa femme et ses deux enfants. Les Sortilèges du Cap Cod date de 2009.
Jack Griffin, professeur dans une université peu réputée du Connecticut après avoir été scénariste de sitcoms à Hollywood, ne peut que constater que son mariage depuis plus de trente ans avec Joy part à vau-l'eau. Invités au mariage d'une amie de leur fille Laura au Cap Cod, ce week-end entérine leur séparation. Jack retourne à Los Angeles tenter de reprendre son job de scénariste et Joy regagne le Connecticut. Un an plus tard, tous deux s'étant remis en couple chacun de son côté, ils se retrouvent pour un nouveau week-end de mariage, celui de leur fille Laura. Et si ces retrouvailles ponctuelles étaient l'occasion de renouer avec leur ancienne relation… ?
Je n'avais jamais lu cet écrivain car d'instinct je ne le « sentais » pas, l'occasion de confirmer ou infirmer cette prémonition m'en étant donnée, je me suis lancé en choisissant cet ouvrage parce que c'était le plus mince de ceux disponibles à la médiathèque.
Il s'agit d'un roman psychologique, sur l'usure des couples, la mémoire et le legs atavique de nos parents. Sur l'usure des couples, ici Joy et Jack, l'écrivain porte un regard acéré mais somme toute réaliste, enrobé d'un humour grinçant qui fait rire jaune. le personnage central étant Jack, c'est lui qui porte le fardeau le plus lourd car à la souffrance de voir son couple se déliter, s'y ajoute un méga problème psychologique issu de ses rapports avec ses parents. Rapports difficiles ce n'est rien de le dire.
Quand débute le roman, son père est décédé, incinéré, et l'urne contenant ses cendres attend sagement dans le coffre de sa voiture que Jack trouve l'endroit idéal pour les disperser. Son idée, profiter du week-end au Cap Cod pour les éparpiller dans la mer. Sauf, que ce geste ultime sera sans arrêt retardé pour mille raisons. Jack avait une relation difficile avec son père vivant, aujourd'hui il est dans le fond de sa bagnole attendant son heure ; quant à sa mère, qui ne souffrait plus son époux, ils vivaient séparés, elle encombre l'esprit de son fils, lui téléphonant à tout moment, vindicative et autoritaire, lui pourrissant la vie. Familles, je vous hais, comme disait l'autre. J'ai choisi un ton rigolard pour résumer cet angle du roman, Richard Russo la joue plus finement évidemment mais l'humour discret n'est jamais vraiment loin, non plus.
Reste la mémoire. C'est l'aspect du bouquin le plus complexe, Jack confronte ses souvenirs à ceux de sa mère, or tout ne colle pas, mais sa mère est âgée et Jack comme nous-mêmes savons que nous ne retenons du passé que ce que notre esprit veut retenir. de plus sa mère va lui révéler des choses qu'il ne savait pas. Et pour que tout ce micmac tourne gentiment à la prise de tête, l'écrivain mêle passé et présent étroitement ; si vous n'êtes pas très attentif à ce que vous lisez, vous serez obligé de retourner quelques lignes en arrière pour comprendre à quel moment de l'histoire vous êtes. La construction est savante et ne manque pas de talent.
Mais cette construction ne s'arrête pas là, Richer Russo a recours à un autre effet, l'effet miroir. Toutes les situations et rapports humains ont un double. le week-end du mariage au début du livre trouve son double à la fin quand s'en ouvre un autre pour le mariage de Laura, dans l'un Jack et Joy se séparent, dans l'autre peut-être vont-ils se réconcilier ? Lors du premier, Jack transportait l'urne funéraire de son père dans son coffre, dans le second il y entrepose aussi ( !) celui de sa mère maintenant décédée. Enfant, Jack était tombé « amoureux » d'un couple, voisins de vacances, adultes plus aimable que ses parents, aujourd'hui un jeune homme d'origine asiatique est « amoureux » du couple Jack/Joy…. Etc. etc.
Le livre est dense, les flashs de souvenirs interviennent sans crier gare, il y a de l'humour basique (par exemple la séquence du choix du sapin de Noël) et de l'humour noir ou grinçant, de la mélancolie et un sentiment général d'amertume, de tristesse assumée, inexorable car ainsi va la vie…
Conclusion difficile, l'auteur a du talent mais j'ai été partagé entre amusement gentil et ennui parfois. Reviendrai-je vers Richard Russo, honnêtement je ne le pense pas, mais ce n'est pas une raison pour que j'en dégoûte les autres.
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