Pourquoi la vie humaine est-elle une perpétuelle séparation ?
Le temps se meurt, le temps renaît. Mais la vie des hommes est un voyage sans retour.
Dans la Cité interdite, toutes les femmes, belles, laides, intelligentes, idiotes, raffinées et vulgaires, sont des poussières parfumées. Sans distinction, le tourbillon de l'histoire les emporte.
Le monde était illusion, le désir source de souffrance.
Dans cette existence, je ne suis qu'une simple mortelle. Comme tous les empereurs qui reposent dans leurs sépultures, je finirai moi aussi dans la Terre Jaune. Vivante, je suis le Maître du Monde. Morte, je ne possède plus que l'espace étroit d'un cercueil !
Pourquoi les femmes s'aiment-elles à la folie, pourquoi les femmes se haïssent-elles avec fureur, pourquoi les ennemies jurées éprouvent-elles de l'horreur et de la fascination ? Pourquoi la rage devient-elle hantise, ivresse, raison de vivre ?
Parce que l'autre est le reflet de son propre démon.
Les livres devenaient des ailes qui me permettaient de voler hors du Palais.
Les pierres précieuses achetaient un sourire mais pas la fidélité.
On me demande souvent comment une femme pourrait acquérir sa liberté. Je réponds que la liberté de le femme commence quand elle comprend le mot "indépendance" : refuser la douceur de la soie, le délice des mets, l'enchaînement de l'amour, l'asservissement de la fécondité, renoncer aux agréments, aux envies, aux illusions !
Au palais du Souffle Céleste, je suivais une formation destinée aux nouvelles dames de Cour. Grande révérence, petite révérence, salutation de reconnaissance, salutation de condescendance, salutation d'égale à égale, marche rapide, marche lente, dans la Cité interdite il n'y avait pas de spontanéité. Le naturel étant considéré comme propre au peuple et aux Barbares, l'élégance des mouvements résidait dans l'apothéose de la contrainte. Regarder, manger, boire, s'asseoir, dormir, se lever, parler, écouter, les actes les plus élémentaires de la vie étaient méticuleusement réglementés par des codes esthétiques et superstitieux.