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Une phrase qui résume tant de choses … hier … aujourd'hui … et j'en ai bien peur demain :
Les « tragédies contiennent souvent les graines du chagrin et de la colère qui façonnent les événements du présent ».
Un roman graphique pour sortir de l'oubli deux événements ayant eu lieu à Gaza en 1956, les violences perpétuées à Khan Younis (1) et les tueries de Rafah (2).
Une vraie leçon pour essayer d'écrire l'histoire à partir du peu de chose qui reste, essentiellement les mémoires souvent défaillantes, brouillonnes et contradictoires des rares témoins présents à l'époque tout en soulignant leurs caractères fragiles.
Un constat douloureux sur la difficulté de réécriture du passé quand l'actualité est brûlante et demande toute l'attention pour dénoncer les horreurs de chaque jour.
Le livre a été écrit en 2010, le plus effrayant est qu'il aurait pu être écrit hier, les mêmes attentats, les mêmes tueries, les mêmes massacres …
Une phrase qui résume tant de choses … hier … aujourd'hui … et j'en ai bien peur demain :
Les « tragédies contiennent souvent les graines du chagrin et de la colère qui façonnent les événements du présent » …
Quand va t on pouvoir enfin sortir de cette spirale infernale …
Que feront les enfants de Gaza survivants demain ?

(1)
En octobre 1956, lorsque l'Égypte est attaquée par la France, le Royaume-Uni et Israël, Tsahal mène une offensive terrestre dans la bande de Gaza. Un rapport de l'ONU mentionne que le 3 novembre, 75 civils palestiniens ont été amenés sur des lieux publics et abattus par l'armée israélienne.

(2)
Me Wikipedia en français ne répond pas à la question … la version de Me Wikipedia en anglais :
Le massacre de Rafah a eu lieu le 12 novembre 1956, pendant l'occupation par Israël de la péninsule du Sinaï et du protectorat de Gaza à la suite de la crise de Suez. La ville de Rafah, située à la frontière entre l'Égypte et Gaza, avait été l'un des deux points d'invasion lors de la première incursion des Forces de défense israéliennes dans la bande de Gaza le 1er novembre. Comme lors du massacre de Khan Yunis, les circonstances entourant les événements qui ont conduit à La mort d'environ 111 habitants de Rafah et du camp de réfugiés voisin est très controversée, Israël ne niant ni ne reconnaissant aucun acte répréhensible, tout en admettant qu'un certain nombre de réfugiés ont été tués lors d'une opération de sélection. Les réfugiés, affirme-t-on également, ont continué à résister à l'armée d'occupation.
La version palestinienne soutient que toute résistance avait cessé lorsque les tueries ont eu lieu. Selon les témoignages de survivants, les soldats de Tsahal ont rassemblé des hommes de plus de quinze ans dans toute la bande de Gaza dans le but d'extirper les membres des fedayin palestiniens et de la brigade palestinienne de l'armée égyptienne. Israël a proclamé que la population civile serait tenue collectivement responsable de toute attaque contre les soldats israéliens pendant l'occupation, qui a duré du 1er novembre 1956 au 7 mars 1957. Des dizaines d'exécutions sommaires ont eu lieu contre des Palestiniens faits prisonniers et des centaines de civils ont été tués alors que les forces israéliennes ratissaient des zones comme Khan Yunis, et d'autres sont morts dans plusieurs incidents distincts. Les calculs du nombre total de Palestiniens tués par Tsahal au cours de cette période de quatre mois de domination israélienne varient entre 930 et 1 200 personnes, sur une population de 330 000 habitants.
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Dans le contexte actuel d'un nouveau conflit armé opposant Israël et le Hamas, Gaza 1956 en marge de l'Histoire est une lecture incontournable. Une bande dessinée, oui, mais surtout un reportage journalistique en quête des événements entourant les massacres en novembre 1956 de centaines de Palestiniens par l'armée israélienne à Khan Younis et à Rafah dans le sud de la bande de Gaza. Une oeuvre puissante réalisée à partir de témoignages oraux de descendants ou de victimes recueillis à l'occasion de trois voyages entre novembre 2002 et mai 2003 et de recherches documentaires personnelles dans les archives des Nations unies à New York et les archives israéliennes avec la collaboration de deux chercheurs israéliens.

Se plaçant au coeur du récit, Joe Sacco, chef de file de la BD d'enquête, se met en scène pour porter un regard à la fois engagé et nuancé sur les tueries sanglantes qui ont été perpétrées en 1956. Avec comme résultat plus de 400 pages de planches évocatrices, narratives et efficaces : une oeuvre captivante, poignante, dérangeante, dans laquelle on sent l'auteur aux prises avec la mémoire humaine défaillante ou déformante et le souci de traduire la « vérité historique ».

Avec une qualité graphique quasi cinématographique en noir et blanc, les milliers d'arrêts sur image nous transforment en observateurs impuissants d'une page de l'histoire palestinienne peu connue. Certains dessins illustrent en pleines ou doubles pages l'extrême violence et ses conséquences sur les populations et sont parfois insoutenables.

En avant-propos, Joe Sacco explique les origines de ce livre qui remontent au printemps 2021quand le journaliste Chris Hedges et lui se préparaient à aller en reportage dans la bande de Gaza pour le compte du magazine Harper's : Hedges pour écrire l'article et Sacco pour l'illustrer. Ils avaient décidé de s'intéresser au quotidien des Palestiniens dans une ville – en l'occurrence Khan Younis – au cours des premiers mois de la seconde Intifada (2000-2005), sur fond d'occupation israélienne. Sacco s'était rappelé une référence, une brève citation d'un document de l'ONU, évoquant un massacre considérable de civils à Khan Younis en 1956, et Hedges avait accepté d'évoquer cet épisode historique tombé dans l'oubli dans leur article, « à condition qu'il ait une certaine validité et une résonance actuelle ». Pour une raison inconnue, les paragraphes relatifs à ces événements ont été coupés par les éditeurs du magazine.

Exaspéré par cette décision sur « le plus important massacre de Palestinien sur le sol palestinien, Joe Sacco considérait que ce drame « méritait bien peu d'être renvoyé dans les ténèbres où il gisait, comme d'innombrables tragédies historiques, à peine reléguées au rang de notes de bas de pages consacrées aux grandes lignes de l'Histoire. » de telles tragédies contenant souvent « les graines du chagrin et de la colère qui façonnent les événements du présent.»

Pour reconstituer l'apparence des villes et des camps de réfugiés, Sacco s'est appuyé sur des photos et a travaillé d'après des descriptions physiques que lui ont faites des Palestiniens.

Pendant qu'il enquêtait « sur ce qui s'est produit en 1956, des Palestiniens étaient tués au cours d'attaques israéliennes, des attentas suicides faisaient des victimes parmi les Israéliens et ailleurs au Proche-Orient, les États-Unis se préparaient à mener une guerre en Irak.

Pendant que je lisais Gaza 1956 en marge de l'Histoire, l'intelligence artificielle utilisée par l'armée israélienne ciblait des sites de bombardements dans la bande de Gaza, tuant des milliers de civils, dont des centaines d'enfants. L'horreur d'un génocide de plus en plus évident !

La plupart des gens que Sacco a interviewés ont accepté qu'il mentionne leur nom entier. « D'autres ont préféré rester anonymes. D'autres encore ont donné des noms tronqués, et dans ce cas [il a] reproduit la partie qu'ils préféraient utiliser. Pour les portraits [il a] travaillé d'après photographies pour presque toutes les personnes […] interviewées. Lorsque des gens ne souhaitaient pas être identifiés, [il a] dessiné des croquis rapides pour évoquer l'apparence des individus sans les rendre identifiables. » Il ajoute : « Lorsqu'un nom est indiqué, mais qu'il n'est pas accompagné d'un portrait, c'est probablement que mon appareil photo a eu un raté. »

En appendice, l'auteur a reproduit, entre autres, des extraits de documents cités dans le livre et a sélectionné des articles de journaux concernant la période « dont la plupart pratiquent la désinformation ». S'ajoutent des extraits des transcriptions d'entrevues qu'il a réalisées avec des porte-parole et des commandants des Forces de défense israéliennes « pour leur demander de commenter les démolitions de maisons à Rafah » racontées dans le live. le tout complété par une brève bibliographie sur « la succession des événements – politiques, diplomatiques et militaires – menant et consécutifs à la crise du canal de Suez en 1956 » et sur le point de vue israélien.

Gaza 1956 en marge de l'Histoire est « Un album indispensable, sublime » (Clara Dupont-Monod, Marianne, 16/01/2010) et « Un remarquable livre d'histoires et d'Histoire, avec un grand H » (Patrick Chesnet, Faim Développement Magazine, 01/01/2010).

La très haute qualité et la rigueur journalistique de cet indispensable travail de mémoire ont été soulignées par un certain nombre de prix et de récompenses :

Prix Regards sur le monde - Festival international d'Angoulême (2011)
Prix France Info de la bande dessinée d'actualité et de reportage (2011)
Prix du magazine Lire de la meilleure bande dessinée de l'année (2010)
Sélection pour le Grand prix BD des lecteurs de Libération - Virgin Megastore (2010)
Sélection pour le Prix de la critique ACBD (2010)
Sélection pour le Prix Ouest-France/Quai des bulles (2010)

Au Québec, vous pouvez commander et récupérer votre exemplaire auprès de votre librairie indépendante sur le site leslibraires.ca.


Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité graphique et littéraire : *****

Intérêt/Émotion ressentie : *****

Appréciation générale : *****

Lien : http://avisdelecturepolarsro..
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Le résumé: En octobre 1956, lorsque l'Égypte est attaquée par la France, le Royaume-Uni et Israël, Tsahal mène une offensive terrestre dans la bande de Gaza. Un rapport de l' ONU mentionne que le 3 novembre, 275 Palestiniens sont tués dans la ville de Khan Younis. Gaza 1956 est une somme de plus de 400 pages qui mêle la reconstitution de deux massacres perpétrés par l'armée israélienne en 1956 et des scènes de la vie dans la bande de Gaza, en 1982 et 1983, pendant l'enquête menée sur place par l'auteur.

Mon avis : Une référence dans le genre du témoignage journalistique, mêlant « images » d'archives redessinnées par l'auteur et images quelques années plus tard, lors de la réalisation de cette oeuvre. Un travail de mémoire, long mais important pour garder en mémoire les événements du passé. Pour ceux qui s'intéressent à cette région, à la Palestine, cet ouvrage est fait pour eux ! Une merveille du genre!
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Gaza 1956 de Joe Sacco est un essai journalistique sous forme de BD. C'est son deuxième sur la cause palestinienne et le style y est définitivement plus travaillé.

Ici, Sacco se donne pour objectif d'enquêter sur les évènements de novembre 1956, dans la bande de Gaza. C'est un moment où les forces israéliennes ont violemment occupé le territoire, ont interdit l'accès aux ONG, et ont entrepris des exécutions massives d'hommes palestiniens en âge de combattre. Presque rien n'a été écrit sur le sujet et même les rapports de l'ONU sont, au mieux, incomplets. Sacco parcourt donc la Palestine pour trouver des témoins et survivants des attaques israéliennes. Il est confronté à deux difficultés.

1- 1956, c'était il y a longtemps. Les témoins sont soit très vieux, et leur mémoire peut leur jouer des tours, soit ils étaient très jeunes et leur souvenirs sont plutôt flous. Certains palestiniens ont honte d'avoir été absent et d'inventer un rôle dans mes événements. D'autres, dont la vie a été une suite d'événements funèbres, confondent novembre 56 avec d'autres datent marquantes, d'autres attaques israéliennes des 65 dernières années.

Le format BD permet à Sacco de mettre en parallèle ces différentes versions d'un même événement. Celle met en lumière les faits qui reviennent dans chaque témoignage, ainsi que ceux qui ne sont corroborés que par un seul témoin.

2- La vie à Gaza aujourd'hui n'est pas nécessairement meilleure qu'en 1956. (Et Sacco a travaillé sur ce livre en plein pendant le lancement de la guerre en Irak. Disons que ce n'est pas le moment où le monde occidental est le plus empathique envers le monde arabe, et plusieurs des programmes d'aide aux palestiniens étaient financés par Saddam Hussein.) Résultat : Beaucoup des témoins, guides, traducteurs de Sacco sont réticents à l'aider dans son reportage. À quoi cela sert-il de ressasser les vieux combats du passé alors que le combat n'est ni terminé, ni gagné? Les palestiniens préfèrent parler du présent ou du futur.

Et ils préféreraient que le journaliste partage cet avis. Comme ça, il serait au moins utile.
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Bande de Gaza, entre novembre 2002 et mai 2003.
Joe Sacco, journaliste américain enquête sur de évènements meurtriers survenus en novembre 1956 à Khan Younis et à Rafah.
Il écrit : « Tandis que nous tentons fébrilement de déterrer 1956, des pelletées d'événements du quotidien ensevelissent le passé et empêchent nos sujets de se concentrer sur les strates qui nous intéressent. »

Tout l'intérêt de ce roman graphique réside dans cet écart de cinquante ans entre les faits que l'auteur cherche à mettre à jour et le foisonnement de situations d'une violence rare dans cette partie du Moyen-Orient où les plaies ne peuvent se refermer tant les coups sont éternellement répétés qu'ils soient de l'armée israélienne ou de militants palestiniens.

J'ai pu, par cette mise en scène bénéficier d'une vue générale sur l'historique de la bande de Gaza, où la Palestine a entassé ses réfugiés dans des conditions plus que précaires tant ils étaient nombreux.

Ses interviews se heurtent donc à l'incompréhension des palestiniens endurant quasi quotidiennement de féroces offensives israéliennes tuant des civils autant que des soldats incluant la destruction massive de leur habitat.
Les personnes susceptibles de lui donner des informations ont environ de 60 à 80 ans et n'avaient donc qu'entre 10 à 30 ans en 1956, leur mémoire fragilisée a mélangé les lieux et les années et l'enquêteur à beaucoup de mal à distinguer le réel de la légende.

Les dessins en noir et blanc sont très réalistes, les grandes planches traduisent le marasme et la désolation des villes dévastées de la bande de Gaza et les fines hachures espacées ou serrées mais toujours nerveuses expriment parfaitement, la frayeur, la colère et la détresse sur les visages des enfants comme des vieillards, des mères comme des veuves.

Joe Sacco est parvenu à inclure dans les quatre cents pages de son ouvrage la grande histoire de cette « frange » maudite engoncée dans des rivalités perpétuelles tout en focalisant le lecteur sur un massacre jamais vraiment clarifié, reconnu.
J'ai beaucoup apprécié cette approche qui donne abondamment la parole aux gazaouis et ou plane sans arrêt les décisions impitoyables des nations.

Israël/Palestine, un conflit inextricable !?
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Joe Sacco ne prend pas ses lecteurs pour n'importe qui… Pas pour des idiots, parce qu'il vaut mieux avoir un minimum de connaissances sur le conflit Israélo-Palestinien avant de se lancer, ou être prêt à faire quelques recherches pour s'y retrouver au cours de la lecture. Et pas pour des petites natures non plus, parce qu'il ne leur épargne rien des horreurs de la guerre. Si on est prêt à faire chauffer ses méninges et si on est prêt à être secoué dans tous les sens, alors on peut éventuellement s'engager dans cette lecture.
Et ce sera pour découvrir une oeuvre graphique comme je n'en ai jamais vue. J'ai mis une semaine à lire cette histoire (et je ne lisais rien d'autre à côté), mais c'est bien ce qu'il faut pour avaler ces 400 pages sans concession. le début est difficile à suivre parce que Joe Sacco nous balader dans l'histoire du conflit entre Israël et Palestine, sans aucun respect pour la chronologie. Si les choses deviennent un peu plus clair par la suite, on continue à faire des va-et-vient entre le présent de l'enquête de Joe Sacco (en 2002-2003) et le passé des événements auxquels il s'intéresse, 1956 comme le dit le titre.
Et dans ce va-et-vient historique constant, il faut jongler avec les différents niveaux de lecture que ce livre propose : il y a les faits bien sûr, ceux du conflit, mais il y a aussi l'enquête que mènent Joe Sacco et son fixer (le mot n'est jamais utilisé, mais il fait référence à une autre bd de Joe Sacco, qui se passe à Sarajevo, un autre théâtre de guerre s'il en est), Abed. L'enquête qui est une réflexion sur le métier de journaliste, ses liens et ses différences avec celui d'historien, une réflexion sur la mémoire et la notion de vérité, une réflexion aussi sur ce que retient l'histoire et ce qu'elle oublie (ou relègue dans les notes de bas de page comme l'indique le titre original, « Footnotes in Gaza »).
Tout cela fait beaucoup et peut faire peur, mais Joe Sacco nous emmène avec lui et ne nous lâche pas, faisant de cette lecture un moment éprouvant mais intense. Je ne suis pas une adepte de l'emphase mais j'ai du mal à ne pas user de superlatifs ici, car je ne crois pas avoir déjà lu une oeuvre graphique qui m'ait autant remuée. J'ai pris mon temps pour la lire, parce qu'il m'était difficile de lire plus de 50 pages à la fois, parce que c'est dense et parce que c'est difficile. Mais je crois que je n'ai jamais vu le conflit Israélo-Palestinien de cette façon. C'est bien sûr uniquement le ressenti palestinien que l'on a ici, mais c'est très instructif, et un peu dépriment car, après avoir lu cela, on se demande comment ce conflit pourrait bien être résolu dans un avenir proche.
Lorsqu'il s'agit d'exposer les faits sur ce qu'il s'est passé à Khan Younis puis surtout à Rafah, Joe Sacco ne fait que donner la parole aux témoins qu'il a interrogés. Il fait un travail de puzzle minutieux, créant des paragraphes et un récit entier en mettant bout à bout les phrases des uns puis des autres. On a souvent une petite vignette de la personne sur la gauche de la page, avec la bulle qui retranscrit sa phrase puis un dessin sur la droite, qui reprend de façon visuelle ce qui est dit, avec parfois la même personne quelques 45 ans plus tôt. C'est une méthode rigoureuse, qui se veut sans jugement. Mais en s'effaçant devant son sujet, Joe Sacco nous le livre aussi sans fard, et rend les exactions décrites encore plus révoltantes. Il est facile de faire des parallèles avec des guerres plus connues, des exactions plus documentées : le tri des personnes, l'intimidation, l'humiliation… Je ne sais s'il s'agit d'un crime de guerre ou d'un crime contre l'humanité, mais c'est bien de cela qu'il s'agit, et j'ai du mal à imaginer ce que pourrait être une guerre propre, une guerre sans ces crimes (et la guerre qui accapare actuellement les médias en est encore un exemple).
Je m'arrête là pour cette note de lecture, je pourrais en dire tant et tant encore, et je ai l'impression de n'en avoir gratté que la surface. C'est un reportage graphique à lire et à relire pour en mesurer la portée et en explorer les dimensions. Une oeuvre magistrale, d'un auteur que je découvre ici et dont j'ai bien l'intention d'explorer l'oeuvre. A lire, à relire, encore et encore.
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Voilà un pavé graphique complexe et pointu que je ne conseillerais qu'aux personnes avides d'en connaître plus sur les massacres du 3 novembre à Khan Younis et du 12 novembre à Rafah par les Israéliens, en 1956, en marge ou au prétexte de la crise de Suez avec les Egyptiens.

La première partie réservée à Khan Younis m'a paru la plus compliquée à cet égard, la partie sur Rafah m'a paru longue mais plus accessible, le cadre général de la crise de Suez étant déjà posé.

Au-delà des résultats de l'enquête de Joe Sacco sur ces événements du passé, il y a toute l'enquête elle-même, menée par l'auteur accompagné d'un guide-interprète, que l'on suit en parallèle, dans une bande de Gaza en proie à la deuxième intifada (dont on observe les effets au quotidien avec l'auteur) et qui a des chats bien plus récents à fouetter d'une part, et les anciens qui s'embrouillent dans leurs souvenirs tellement les évènements tragiques causés par Israël se sont accumulés tout au long de leur vie.

Un album intéressant, sans nul doute, qui nous éclaire (?) toujours davantage sur l'histoire de cette zone, témoigne des injustices passées et présentes vécues par les Palestiniens tout en laissant les Israéliens exprimer leur point de vue (annexes en fin d'ouvrage).
Cependant, pour une approche plus accessible sur ce sujet, je vous conseillerais plutôt "Palestine" du même auteur.

Le dessin, lui, est toujours aussi efficace (cadrage, mise en scène etc).
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Un album très intéressant qui traite d'événements qui ont eu lieu en 1956 dans la bande de Gaza au moment de l'intervention des forces anglaises, françaises et israéliennes contre l'Égypte, suite à la nationalisation du canal de Suez par Nasser. Joe Sacco se rend dans ce territoire peu avant l'intervention de Bush, junior, contre l'Irakien en 2003.
Il essaie de traiter tous les témoignages oraux recueillis des Palestiniens comme le ferait un véritable historien, en train de croiser les souvenirs et les rapports, les témoignages entre eux. Il use d'un trait très réaliste de couleur bistre pour nous montrer à la fois le passé et le présent. A la fin, il ajoute de nombreux documents issus de la presse de l'époque, de rapports ou d'interviews qu'il a mené avec d'anciens ou actuels responsables militaires israéliens.
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Magnifique de sensibilité et de pudeur. Si Joe Sacco cherche la vérité, il ne prétend jamais la détenir et ce roman-témoignage-fleuve ne peut que vous engloutir et vous emporter.
Une lecture à ne pas manquer.
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Tout conflit armé quelqu'il soit est à proscrire. Il faudrait toujours trouver des solutions pacifistes pour le bien commun des peuples. Au-delà de ce constat bienveillant et presque utopiste, je dois bien admettre que les médias nous ont toujours donné que le seul point de vue des israéliens dont le peuple avait subi les pires exactions pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il y a toujours eu une espèce de sympathie liée à la compassion ce qui nous faisait fermer les yeux. Pour autant, ce conflit est l'un des plus compliqué et des plus insolubles qui puissent exister puisque la même terre est revendiquée par deux peuples que tout oppose. L'Occident avait clairement choisi son camp et ce, depuis le début.

C'est vrai que depuis la seconde Intifada, je m'étais posé de légitimes questions en voyant les destructions de maisons mené par un gouvernement belliqueux et irresponsable. Et s'ils avaient tort ? Bref, le doute s'est installé. On appelait toujours dans les médias les palestiniens de vulgaires terroristes qui se faisaient sauter par désespoir de cause dans les rues de Tel-Aviv. En lisant cette oeuvre, nous avons un autre point de vue qui m'a d'ailleurs convaincu personnellement. On n'a pas assez parler des exactions israéliennes comme celle de novembre 1956. Il est vrai que l'auteur fait un parallèle intéressant entre le passé et le présent sur la situation qui n'a finalement guère évolué dans la bande de Gaza.

Comme beaucoup d'entre nous, j'ignorais ce qui s'était passé. Ces exécutions sommaires de centaines de civils est consternante. Il n'y a aucune justification pour ces meurtres commis de sang froid devant des familles apeurées. C'est vrai qu'Israel, sous prétexte de défendre sa souveraineté nationale, applique la loi du talion. C'est franchement indigne d'une démocratie responsable. En tout cas, je ne partage pas ces valeurs. J'espère qu'un beau jour, il y aura un gouvernant assez visionnaire pour démanteler les colonies et laisser vivre tranquillement un peuple totalement opprimé. J'espère que viendra également le temps de la vérité et du pardon et qu'on pourra tourner la page de ce conflit qui n'a que trop duré.

On a reproché à l'auteur son manque de partialité. Cela me fait bien rire quand je vois que les médias ont clairement été d'un côté pendant des années et qu'ils se contentent désormais d'une simple neutralité. C'était extrêmement courageux de la part de Joe Sacco. Par ailleurs, il a mené un travail d'enquête journalistique basé sur une multitude de témoignages qu'il a trié sans compter les archives historiques sur lesquels il s'appuie. C'est l'une des oeuvres les plus marquantes et les plus instructives dans la démarche que j'ai pu lire. Ce n'est pas une réécriture de l'Histoire mais il rétablit de simples vérités au-delà de tout manichéisme.
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