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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Joe Sacco, américain d'origine maltaise, est journaliste et auteur de bandes-dessinées. [voir lien Babelio sur l'auteur ]
De 1991 à 1995, la guerre civile sévit en Ex-Yougoslavie. Les Serbes, les Croates, les Bosniaques, les Slovènes, tous sont en guerre, mais ce sont les Serbes qui ont déclenché cette guerre en voulant faire sécession. Gorazde est une des trois enclaves musulmanes de Bosnie déclarées « zones de sécurité » par l'ONU pendant la guerre de Yougoslavie. Alors que les deux autres villes (Srebrenica et Zepa) sont tombées sous les attaques de l'ennemi, cette parcelle de terrain entourée de territoires majoritairement serbes est la seule à avoir survécu. Joe Sacco s'y rend en 1995, à la fin du conflit, et recueille les témoignages de Bosniaques, de Croates et de Serbes, tous voisins, amis et se côtoyant quotidiennement et pacifiquement avant cette guerre fratricide, sauvage et anarchique. Une bien triste et forte histoire se tisse alors sous nos yeux grâce au dessin chaleureux de Joe Sacco et à son don d'interviewer. Il devient le confident de ces humains déracinés, déboussolés, pour beaucoup en deuil, et pourtant plein d'espoir et de vie. Un magnifique et bouleversant roman graphique sous forme de journal de bord. A lire aussi de Joe Sacco - Soba (toujours sur le conflit serbo-croate) - Palestine - Gaza - Reportages - et dans un tout autre registre - le Rock et moi.
Lien : http://www.babelio.com/auteu..
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La guerre de Bosnie-Herzégovine (1992-1995) vient de prendre fin (accord de Dayton-Paris, 1995) lorsque Joe Sacco décide de s'y rendre pour ses reportages (1995-1996). Comme il le dit lui-même : "C'est ma rage contre cette guerre, plus proche du carnage que du combat entre armées, qui m'a incité à me rendre en Bosnie." Malgré la présence des casques bleus et celle de l'armée française, les populations qui peinent à se remettre des désastres causés par la guerre, vivent encore dans des conditions précaires et craignent pour leur avenir plus qu'incertain. L'enclave est alors toujours occupée par les serbes et l'accès à la ville est un véritable parcours du combattant pour le journaliste américain. Bloqué à Sarajevo, Joe Sacco est découragé mais il parvient à ses fins et découvre une ville sinistrée dans laquelle il fait contre toute attente, de belles rencontres. La venue d'un étranger à Gorazde par la Route bleue (route aménagée par l'ONU) ne manque pas d'intriguer les habitants qui y voient une occasion inespérée de communiquer avec "l'extérieur". C'est à Gorazde que Joe Sacco passera quelques-uns des meilleurs moments de sa vie en compagnie d'Edin, de Riki et des Vilaines...

De ces misères subies par les victimes de la guerre, nous en partageons les peurs et les angoisses avec effroi mais aussi avec pudeur. Comme dans toute guerre, on constate que les erreurs se reproduisent : des communautés qui vivaient jusqu'alors en harmonie se déchirent et s'entretuent du jour au lendemain pour des raisons qui leur échappent. Les témoins sont unanimes : avant la guerre, serbes, croates et bosniaques entretenaient des relations de bon voisinage (des relations normales pour le dire autrement). Mais la guerre et les conflits politiques ont changé à jamais leur vision des choses. Au moment où Joe Sacco enquête (3 missions entre 1995 et 1996), Gorazde est une enclave sous le contrôle des serbes. Malgré la présence des casques bleus et celle de l'armée française, les ravitaillements notamment ceux des organisations humanitaires, se font au compte-goutte. La fermeté du leader serbe Radovan Karadzic et celle du commandant militaire Radko Mladic face à l'ONU obligent l'OTAN à intervenir (cf. La guerre blanche ou encore L'offensive de 1994 rapportée par Edin). Sur le terrain, les gens meurent de faim. Les serbes de Gorazde ont pour beaucoup fui la ville. Les bosniaques et croates sont pourchassés, exécutés, c'est le nettoyage ethnique. Leurs maisons sont visées par les tirs d'obus, elles sont brûlées, pillées. Seul l'argent permet encore à certains d'échapper à leur triste destin. La faim, le froid et la misère qui règnent sur Gorazde, anéantissent tout espoir d'un avenir meilleur. Comparée à Sarajevo, Gorazde, ville de Province et enclave bosniaque, est oubliée... Gorazde permet à Joe Sacco de faire la lumière sur l'absurdité de ce conflit sanglant...
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Cette bande dessinée journalistique est passionnante et le travail de Joe Sacco est admirable. Il combine savamment témoignage, impressions personnelles et informations factuelles, ce qui permet de raconter parallèlement la guerre de Bosnie et les conditions de vie des habitants.
L'histoire de l'ex-Yougoslavie, son éclatement et la guerre qui a suivi est diaboliquement complexe et je m'y perds totalement. Qui a fait quoi, qui contrôle quel territoire, qui veut tuer qui, quel est tel ou tel parti… C'est un vrai imbroglio pour moi. Ce n'est pas une période très étudiée au lycée et les guerres ne sont pas un sujet vers lequel je me dirige souvent, donc mes lacunes sont immenses. Joe Sacco parvient néanmoins l'exploit de rendre cela digeste et presque compréhensible.

On découvre de près la vie pendant cette guerre ethnique. Les privations, l'isolement, la sensation d'abandon – îlot menacé, ignoré de Sarajevo, du gouvernement, de l'ONU, des médias. Les visions d'horreur (les morts, les tortures, les viols et autres atrocités). Les voisins, hier amis, aujourd'hui ennemis… La guerre semble loin de nous, de nos vies, de notre quotidien, de nos possibles, mais finalement elle ne l'est pas tant que ça.
Sacco rend tout cela encore plus dur en commençant par prendre le temps de nous présenter ceux qu'il a rencontrés et qui sont devenus ses amis. On apprend à connaître Edin, Riki et les Vilaines et les souffrances ne sont dès lors plus anonymes. Cela oriente également le parti pris de l'auteur qui nous offre un point de vue bosniaque et musulman uniquement (et non serbe).
Il traite les épreuves qu'ils ont vécues avec pudeur et humanité. Il montre évidemment des scènes horribles, mais n'en rajoute pas et utilise souvent la suggestion.

Le trait est très réaliste. Dans une annexe, l'auteur met en miroir des photos prises sur place et ses dessins. On voit alors la précision du dessin des bâtiments, des véhicules et des vêtements. de même, les visages sont très travaillés et expressifs. J'avoue avoir eu du mal justement avec les visages de Joe Sacco, et surtout avec les dents. Elles attrapaient parfois mon oeil à la place de tel ou tel autre détail plus intéressant. Mais j'ai fini par m'y faire et plus ou moins passer outre.
La seule chose que Sacco représente de manière presque caricaturale, c'est lui-même. Yeux dissimulés par des lunettes aux verres opaques, lèvres épaisses, posture souvent voûtée, il détonne parmi les locaux. Dans une interview en annexe, il explique qu'il se dessine « sans [se] prendre la tête », mais je trouve que cela souligne sa différence avec les gens de Goražde. Comme il le dit souvent, lui est libre de partir quand il veut retrouver la sécurité, la nourriture abondante, les loisirs du quotidien dont sont privés les autres.

Les annexes permettent de découvrir comment la BD s'est construite. Joe Sacco raconte son intérêt pour ce conflit, son premier voyage, les démarches nécessaires, ses différents allers-retours et ses relations avec les locaux. Des croquis et des photographies expliquent sa manière de travailler tandis qu'une interview approfondit encore un peu sa démarche et certains choix relatifs à la narration ou au dessin.

Goražde est une bande dessinée dense – tant par la quantité de texte que par le foisonnement en noir et blanc de ses illustrations – et se lit doucement. C'est aussi un témoignage essentiel sur cette guerre et sur le quotidien des habitants de cette petite enclave. Un ouvrage à la fois instructif et humain.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Enfin fini ce Gorazde ! C'est sans doute la première fois que j'ai gardé une BD pendant six mois sans la lire. Je ne sais pas vraiment la raison de cette attente, peut-être la taille du livre, ou le sujet qui m'effrayait un peu. La peur d'être déprimé aussi. Mais j'ai franchi le cap, et une fois commencé, je n'ai pas réussi à m'arrêter.

En terme de documentaire, ce récit est proprement époustouflant. J'ai très peu de connaissance sur la guerre en Bosnie, sauf ce que m'a expliqué une amie (en partie serbe) l'année dernière, et j'ai eu envie depuis d'en apprendre un peu plus sur cette guerre qui s'est déroulée si près de chez nous voila moins de vingt ans. La BD Gorazde me semblait un bon moyen de toucher d'un peu plus près la réalité du conflit.

Et quelle claque ! J'ai rarement vu un reportage en BD aussi bien mené, excusez du peu. C'est proprement hallucinant ! Sacco parviens à nous mêler pendant plus de 200 planches la vie des gens qu'il a rencontré à Gorazde, sa propre expérience des voyages qu'il y a mené et l'histoire générale de la guerre de Bosine. le tout mené avec un tel brio qu'on ne se rend pas compte qu'on a le droit à un reportage, des témoignages et un carnet de voyage. le tout mené par un graphisme excellent, bien que très particulier, qui rend à merveille les paysages, les têtes et surtout les ambiances.

Parce que cette BD nous plonge dans une ambiance ... Cruelle, noire et sombre. La guerre de Bosnie fut atroce, d'un côté comme de l'autre, mais pas que par les armes. Les drames psychologiques, les famines et les blessés, les privations, la pression sur l'enclave ... Tout est magnifiquement rendu, on s'y croirait tant que j'ai eu un soulagement énorme en voyant la paix annoncée, alors qu'elle est effective depuis quinze ans. C'est vous dire si j'étais dans le récit.

Gorazde est vraiment une BD sublime, j'ai été conquis lors de ma lecture par ses personnages humains, sa façon de mettre en scène et de raconter, le trait de Joe Sacco et le découpage en petits chapitre, tout est parfait. L'édition est en sus complété par des interviews et de superbes explications de l'auteur qui mettent en lumière certains choix du livre, que je trouve pertinent. Non, vraiment, je ne vois pas de défaut. La BD-reportage à son top niveau, c'est pour moi une réussite totale. Je donne la note maximale sans même réfléchir.
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De 1945 à 1980, la Yougoslavie dirigée par Josip Broz (Tito) réunissait plusieurs républiques multiethniques. Y cohabitaient notamment des Serbes (la plupart Orthodoxes), des Croates (la plupart catholiques) et des Musulmans (descendants de Slaves convertis à l'Islam).

Après l'éclatement du pays, quelques dirigeants ont instrumentalisé les nationalismes pour asseoir leur pouvoir et étendre le territoire du pays qu'ils dirigeaient. En 1992 commence la guerre de Bosnie. Slobodan Milošević et la Serbie qu'il dirigeait convoitaient notamment plusieurs zones en territoire Bosniaque. Certaines d'entre elles furent le siège de combats ou restèrent assiégées par les rebelles Serbes ou Croates pendant plusieurs mois : Sarajevo, Tuzla, Zepa, Srebrenica, ainsi que la ville de Goražde (prononcez Goradjé) située le long de la Drina à l'est de la Bosnie.

En 1992, Goražde était peuplée à 70 % de Musulmans et à 25 % de Serbes qui y vivaient en bonne entente. Les plupart des Serbes de la ville, qui avaient été convaincus qu'ils ne pourraient plus y vivre la quittèrent soudainement. Certains revinrent tenter de la conquérir pas les armes.

C'est dans cette ville assiégée pendant trois ans par les forces Serbes que l'auteur, Joe Sacco, s'est rendu pendant quelques mois à partir de la fin de l'année 1995.

Son livre montre, par le texte et par l'image, la manière dont il a vécu là-bas et surtout ce que des habitants des lieux lui ont raconté. Il y resitue parfaitement les évènements dans le temps et dans l'espace, en expliquant le contexte géopolitique du conflit. Il n'épargne pas au lecteur les horreurs de la guerre mais parvient à mettre en évidence l'espoir qui permet à des habitants de survivre à cette guerre. le conflit s'achève en 1995 sous la pression de l'OTAN, après de grandes tergiversations de la communauté internationale qui semble ne s'être décidée à agir qu'après les massacres de civils à Srebrenica.

Une excellente bande dessinée, même si le graphisme chargé peut effrayer a priori.
Lien : http://www.canelkiwi.com/arc..
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J'ai lu ce livre après mon voyage en Bosnie
Il est bouleversant et explique très bien la situation, en mêlant faits historiques et anecdotiques.
Les images sont superbes, avec des traits un peuvulgarisé , on s'arrache au personnage. C'était une première découverte de l'univers de Joe Saco pour moi et j'adore
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