AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,39

sur 96 notes
5
6 avis
4
6 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Des témoignages bouleversants, les rappels historiques nécessaires pour mieux appréhender le drame de la population civile musulmane en Bosnie orentale.
Commenter  J’apprécie          200
Pendant le conflit bosniaque, les médias occidentaux évoquaient surtout Sarajevo. Mais en 1992, la ville de Goražde était aussi à feu et à sang : les Serbes tentaient d'en chasser les Musulmans (incendiant leurs maisons et les massacrant), alors qu'ils cohabitaient paisiblement jusqu'alors.

En 1995, le journaliste-auteur de BD Joe Sacco s'est rendu dans cette ville encore enclavée, où les combats avaient cessé mais dont les habitants ne pouvaient sortir. Hébergé chez des Musulmans, proche d'eux, partageant leur quotidien, Sacco a constaté l'ampleur des dégâts humains et matériels, recueilli des témoignages.

Beaucoup de texte dans cet album, dont le graphisme est dense et lourd. le sujet est de surcroît particulièrement ardu, a fortiori si l'on n'en connaît pas grand chose/rien. Malgré tout, l'auteur parvient à présenter clairement la situation et les faits, avec quelques chiffres, quelques rappels politico-historiques, et beaucoup de témoignages. Des paroles douloureuses et bouleversantes : la plupart ont perdu des proches, tués sous leurs yeux... le terme de "voisins" (parfois même "d'amis") revient souvent dans les propos des victimes, encore sous le choc d'avoir été trahis par des proches, pour des motifs ethniques et/ou religieux avivés par les pouvoirs en place...

Un document dur et instructif sur une population traumatisée, brisée, qui parvient néanmoins à retrouver la vie et l'espoir dans une ville détruite, rêvant de l'Occident - ou a minima de liberté - à travers la présence de ce journaliste américain.
Commenter  J’apprécie          160
Joe Sacco a, depuis longtemps, fait des victimes des violences des guerres les sujets vivants de ses oeuvres documentaires. le côté documentaire est évident : Joe Sacco va à l'encontre des personnes qui ont connu ou connaissent encore la guerre, et montre le portrait terriblement humain de ces évènements qui brisent les vies et causent des traumatismes durables. Il s'agit cependant d'oeuvres à part entière, en cela que Joe Sacco met en scène un récit savamment construit que son trait sert à la perfection. C'est l'atout premier de cet auteur d'origine maltaise et américaine. Abolissant le cadre traditionnel de la case, Sacco a un dessin quasi photographique, extrêmement minutieux et précis qui se veut fidèle à la réalité et plonger ainsi le lecteur dans l'environnement de guerre. La Bosnie ravagée apparaît ici avec ses plaies béantes, ses maisons brûlées, son fleuve aussi, la Drina, qui charrie les morts. Les personnages sont aussi rendus avec une grande précision - sur certaines scènes, des dizaines de personnages personnalisés sont dessinés - mais c'est là, parfois, que Sacco s'autorise quelques mimiques cartoonesques, notamment pour rendre les émotions : la joie simple qu'autorisent les périodes de répit et de paix, les terreurs des hommes, des femmes et des enfants qui viennent de supporter les tirs des soldats ennemis.
Gorazde, c'est l'histoire d'une ville de Bosnie où vivaient autrefois des Bosniaques, donc musulmans, des Serbes (orthodoxes) et des Croates (catholiques). Joe Sacco y arrive en 1995 alors que le conflit yougoslave touche à peine à sa fin. Gorazde est une enclave bosniaque au milieu d'un territoire contrôlé par les Serbes. Ces derniers procèdent à un nettoyage ethnique en règle en Bosnie orientale, massacrant sans vergogne les populations musulmanes de Srebrenica et de Foca. La bande-dessinée retrace ainsi l'histoire d'une rupture fondamentale entre ces peuples qui parlent la même langue mais ne pratiquent pas la même religion. La rupture est sanglante : on égorge, on écorche, on étripe, on viole.
Sacco arrive en sa qualité de journaliste américain. Elément extérieur, il est la personnalisation de l'espoir et d'une Amérique idéalisée en tant que pourvoyeuse de culture populaire et possible sauveur de la Bosnie. A travers le regard d'Edin, un professeur qui lui sert d'interprète mais aussi de guide tant géographique qu'historique, Sacco retrace le passé terrifiant de ces gens livrés à eux-mêmes et offre le portrait d'une ville qui tente de vivre comme avant et de retrouver, surtout, le goût de la vie.
La lecture gagne en intensité dans la deuxième moitié du livre, quand Sacco s'intéresse davantage à l'histoire complexe de cette guerre. Il ressort de ce livre un sentiment de révolte - notamment contre l'ONU et l'OTAN, volontairement impuissants face aux Serbes - et de tristesse face à ce gâchis humain. Ici, point d'angélisme et point de manichéisme mais la complexité extraordinaire d'une situation que les explications de Sacco tentent de démêler. du moins est-il bon de se rappeler que ce grand massacre eut lieu il y a vingt ans à peine sur le sol européen : ce livre le fait avec brio.
Commenter  J’apprécie          70
Je l'ai lu en deux tomes séparés. Deux albums en noir et blanc très denses (sur le contenu et sur l'apparence des planches). Je trouve dommage, côté édition, que tous les signes diacritiques (comme le ž) n'aient pas été mis, ils modifient la prononciation des lettres. le texte s'étend aussi trop près de la reliure, comme celle-ci a été renforcée par une couture par la médiathèque, le début de nombreux mots est illisible, dommage! Comme dans Gaza 1956, mais en réalisant ses entretiens juste après les événements et non avec des dizaines d'années d'écart, Joe Sacco mène un travail de journaliste et d'enquêteur et restitue le point de vue des survivants. Au fil des pages, il réussit à dresser le contexte de ce massacre dans un passé plus long de la zone balkanique. Un album à découvrir pour revenir sur l'histoire contemporaine d'une guerre qui s'est déroulée à nos portes dans une grande impuissance de la communauté internationale incapable d'intervenir efficacement pour protéger les civils.
Lien : http://vdujardin.com/blog/sa..
Commenter  J’apprécie          20
Avec ce reportage en bande dessinée, Sacco nous emmène au coeur de la guerre de Bosnie.
Il a passé beaucoup de temps à Gorazde, enclave bosniaque perdue au milieu du territoire serbe en plein nettoyage ethnique et, théoriquement, protégée par les forces internationales. Il nous livre le témoignage des habitants de Gorazde, de réfugiés, d'échoués Serbes et Bosniaques dans cet îlot isolé du monde, tout en s'appuyant sur une bibliographie très complète sur le sujet.
Un document absolument nécessaire pour comprendre cette guerre incompréhensible ou, du moins, pour y voir un peu plus clair.
Commenter  J’apprécie          10
Dix ans après sa première publication en France, Goražde sort dans une édition anniversaire, enrichie d'un bonus de plus de 70 pages qui retrace la genèse de cette BD reportage.

Goražde est une des trois enclaves musulmanes de Bosnie déclarées « zones de sécurité » par l'ONU pendant la guerre de Yougoslavie. Alors que les deux autres villes (Srebrenica et Žepa) sont tombées sous les attaques de l'ennemi, cette parcelle de terrain entourée de territoires majoritairement serbes est la seule à avoir survécu. En 1995, vers la fin du conflit, le journaliste dessinateur américain Joe Sacco se rend plusieurs fois en Ex-Yougoslavie et témoigne de la situation sur place à travers trois ouvrages : Soba, The Fixer et Goražde.

Connu du grand public pour ses reportages illustrés sur le conflit israélo-palestinien (Palestine et Gaza 1956), il donne ici la parole aux survivants de cette ville quasiment coupée du monde, reliée à Sarajevo par la « Route Bleue » de l'ONU, sorte de cordon ombilical fort fragile, permettant d'acheminer par intermittence vivres et produits de première nécessité. Optant pour une méthode journalistique identique à ses oeuvres précédentes, il s'immisce au sein de la population, partage son quotidien, tout en enquêtant sur des événements du passé.

Tout en décrivant la situation de la population à la fin du conflit, il revient sur les origines et le déroulement du drame qu'a connu cette région des Balkans en recueillant les témoignages des habitants. Mêlés aux événements du présent, ces flashbacks bouleversants font ressortir toute l'horreur de cet affrontement entre voisins. Si l'approche de Joe Sacco permet de partager la peine, la misère et le désarroi des rescapés de ce nettoyage ethnique, sans jamais sombrer dans le pathos, l'auteur parvient également à intégrer et à expliquer les faits historiques de manière claire et didactique. En ne proposant que le point de vue d'un des deux camps, le travail de Joe Sacco peut certes paraître un peu partisan. Les Serbes (« Tchetnik c'est enculé ! ») n'ont donc pas le beau rôle, mais cela n'enlève rien à la force de ces témoignages éclairants qui invitent à la réflexion et mettent également le doigt sur les insuffisances de l'ONU et de la politique internationale.

La mise en images des témoins bosniaques est très efficace et le dessin noir et blanc confère une certaine pudeur aux nombreuses scènes violentes, qui sont néanmoins montrées avec un réalisme parfois insoutenable. Présentées sur fond noir afin d'accentuer leur noirceur, ces images du passé captent la cruauté et l'ignominie du drame qui s'est perpétré loin du regard de la communauté internationale.

Un ouvrage didactique incontournable et un travail journalistique méticuleux qui mérite d'être salué !
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (197) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5225 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}