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Citations sur Au temps du roi Edouard (13)

Au cours d'une inoubliable soirée à Chevron, elle avait annoncé qu'elle avait loué un appartement à Londres.
- Vous m'avez empêchée d'aller à Cambridge, mais vous ne pouvez pas m'empêcher de faire cela. Je suis majeure.
Cette phrase avait percé l'âme de Lucie comme un poignard. Elle n'avait jamais entendu parler de la majorité d'une jeune fille, mais seulement de celle des jeunes gens, à propos de fêtes, de feux d'artifice, de bals populaires, de plateaux d'argent offerts avec une double colonne de noms gravés. Dans ce cas-là c'était légitime; sur les lèvres d'une jeune fille, c'était inconvenant.
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Vraiment, la salle était trop encombrée. Il y avait trop de chaises, trop de coussins, trop de petites tables, trop de feuillages dans les vases à long col, trop de stores et de rideaux à festons. Tout cela sentait le moisi, la rouille, la poussière. Le satin était fixé aux chaises par des boutons agressifs. Chaque chose était toujours recouverte d'une autre. La hotte de la cheminée portait un fardeau d'ornements, la tablette était recouverte d'un morceau de soie aux lourdes franges, le piano était recouvert d'un carré de velours de Damas sur lequel branlaient d'autres photographies et de fragiles ornements. Au milieu du salon, il y avait un tête-à-tête où deux personnes pouvaient s'asseoir l'une en face de l'autre tout en étant correctement séparées par un accoudoir en forme de S.
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Ils appartenaient tous à cette aristocratie terrienne qui ne s'occupait pas des engouements de Londres, suivaient droit leur chemin et maintenaient leur dignité avec la lourdeur tapageuse d'un coche familial; Ils connaissaient leurs arbres généalogiques sur le bout du doigt, s'intéressaient plus aux vieilles familles ruinées qu'aux grosses fortunes récentes, étaient profondément et sincèrement choqués que des juifs fussent admis dans la société. Leur solidarité était une chose surprenante. Ils avaient une façon de parler d'eux-mêmes qui réduisait le reste du monde à l'état d'humbles quémandeurs sur le seul d'une porte. Trop bien élevés pour se montrer arrogants, trop médiocres pour railler, ils étaient tellement convaincus de leur supériorité qu'elle se traduisait par un coup d'œil, un mouvement d'épaules, une poignée de main, et par l'assurance avec laquelle ils accueillaient certaines valeurs ou en rejetaient d'autres. Lourds, majestueux et pleins d'ennui, ils formaient un bloc solide au cœur de la société anglaise.
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Ce qui était inquiétant chez Sébastien, c’est qu’il n’avait jamais d’idées définitives sur aucun sujet. En un mot, il n’avait pas d’opinions, mais des humeurs, dont l’intensité dévastatrice n’égalait que la brièveté.
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Viola regarda ce visage enfantin et troublé. Elle aurait voulu dire à Margaret : « Très bien, si vous voulez la vérité, la voilà. La société dans laquelle vous vivez est faite de gens à la fois dissolus et prudents. Ils veulent s’amuser sans renoncer à leur situation. Ils ont un certain vernis, mais au fond, ils ne comprennent que ceci : qu’ils ont besoin d’argent, qu’ils doivent se montrer dans certains endroits, avec certaines gens. Bien qu’ils tendent à n’être que des fantoches, il y a encore chez eux un coin d’humanité et ils s’accordent quelques histoires d’amour artificielles ou, parfois, trop vraies. Quoi qu’il arrive, il faut d’abord penser à ce que dira le monde, et cette hypocrisie fait des êtres vils et médiocres. De plus ils sont envieux, malveillants et vénaux, froids et arrogants. Quant à nous, leurs enfants, ils nous laissent dans une ignorance complète de la vie, nous inculquant seulement les idées auxquelles nous devons nous soumettre, et ils nous traitent avec une sauvage cruauté si nous manquons de nous y conformer. »
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- Vous, mûr ? Le bouton vient à peine de s'éclore ! Laissez germer les fruits. Vous n'êtes jamais entré en contact avec la vie, Sébastien... Suivez-moi, et vous apprendrez que la vie est une pierre où les dents doivent mordre.
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Ils se promenaient dans le jardin, montant et descendant l’allée qui longeait la maison. À travers les fenêtres filtraient une lumière jaune et le son d’une musique. Là-haut, le ciel était sombre et étoilé, et les arbres du jardin formaient une masse noire contre la ligne claire et tardive de l’horizon.
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– Rien n’arrive, dit Sébastien avec violence ; les jours se suivent et se ressemblent tous.
– Les événements vont par série, répondit lady Roehampton ; rien n’arrive, comme vous le dites. Et puis, tout à coup, sans qu’on sache pourquoi, les événements se précipitent. C’est comme si la vie avait longtemps accumulé de l’énergie en vue d’un grand effort.
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De plus, on la disait intelligente, et c’est là un sérieux désavantage pour une jeune fille ;
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Tout amour est une faiblesse, si nous en venons là, puisqu'il détruit en partie notre indépendance.
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