Citations sur Des bleus à l'âme (75)
Ce n'est pas parce que la vie n'est pas élégante qu'il faut se conduire comme elle.
Et cette âme, si nous n’y prenons pas garde, nous la retrouverons un jour devant nous, essoufflée, demandant grâce et pleine de bleus… Et ces bleus, sans doute, nous ne les aurons pas volés
La vitesse, la mer, minuit, tout ce qui est éclatant, tout ce qui est noir, tout ce qui vous perd et donc vous permet de vous trouver .
Ces moments de bonheur, d'adhésion à la vie, si on se les rappelle bien, finissent par faire une sorte de couverture, de patchwork réconfortant, qu'on pose sur le corps nu, efflanqué, tremblotant de notre solitude.
Un de ces journaux qui se disent à gauche afin de mal payer leurs collaborateurs et dont l'audace s'arrête là.
Il est évident aussi que je n'en ai pas pour autant la moindre estime pour moi-même, n'ayant jamais cultivé vis-à-vis de moi que le goût infernal et incessant de plaire. Jamais celui d'être respectée.
Le respect m'est complètement indifférent, et cela tombe bien, d'ailleurs, car entre mes Ferrari conduites pieds nus, les verres d'alcool et ma vie débridée, il serait bien extravagant que quelqu'un me considérât comme respectable - à moins que, parfois, une phrase, dans un de mes livres, ne l'ait atteint et qu'il s'en souvienne et me le fasse savoir.
Mais là, il me semble toujours que cette phrase, ce projectile affectif a été tiré par moi au hasard, comme par un fusil au canon coudé, et que j'en suis aussi peu responsable que de l'air du temps. p.126
Il y a eu énormément de guillemets dans ma vie, si j’y réfléchis, quelques points d’exclamation (la passion), quelques points d’interrogation (la dépression nerveuse) quelques points de suspension (l’insouciance) et enfin là, m’étant envolée vers ce point final qui devait être posé solennellement à la fin de mon manuscrit (que mon éditeur attend avec une impatience flatteuse), me voilà atterrie dans des points de côté, entortillée, langée (à mon âge !) dans des bandes Velpeau dont je me serais facilement passée. Et encore, est-ce bien sûr ?
Il m’est souvent arrivé, d’ailleurs, de préférer des gens médiocres à des gens dits supérieurs, uniquement à cause de cette fatalité qui les faisait se cogner comme des lucioles ou des papillons nocturnes aux quatre coins de ce grand abat-jour que peut être la vie.
Tous les poètes étaient noctambules, alcooliques et détraqués. Vraiment, devrons nous acheter des actions Shell et des machines à laver pour être bien considérés et pour être sûrs de mourir vieux? Et confortables dans le sein flétri de notre vieillesse? Ah non! Vive la vie des boîtes de nuit, et vive la joyeuse ou triste solitude de ceux qui s’y entassent! […] Et vive, enfin, ce que tout le monde fait au ralenti et que nous, les nocturnes faisons au grand galop,…
Ma vie est d’ores et déjà une dissertation accélérée et bâclée, celle de la mauvaise élève, celle qui n’a rien su faire de ses citations, sinon, par moments, son propre bonheur, son propre orgueil et ses réjouissances.