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Critique de Zazette97


Publié en 1961, "Les merveilleux nuages" est le 5ème roman de l'écrivaine française Françoise Sagan, auteure de "Bonjour Tristesse", "Un certain sourire" , "Un peu de soleil dans l'eau froide" ou encore de "Toxique".

Josée et Alan sont mariés depuis 2 ans mais leur couple bat de l'aile. Josée, qui pensait avoir épousé un Américain bien tranquille, étouffe du fait de la jalousie constante d'Alan qui l'assène de questions à longueur de temps.
Excédée par son chantage affectif, Josée finit par provoquer ce qu'Alan redoute le plus.
Malgré l'adultère de sa femme, Alan n'imagine pas sa vie sans elle et Josée n'a pas la force de le quitter.
Quand Alan se remet à la peinture, la jeune femme voit dans cette nouvelle occupation une promesse de liberté. Mais peut-elle avoir confiance en son mari ?

Comme souvent chez Sagan, le titre de ce roman est emprunté à un homme de lettres qui fait l'objet de son admiration.
"Les merveilleux nuages" sont ainsi tirés du poème "L'étranger" de Baudelaire :


" Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? Ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est restée jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !"


"Les merveilleux nuages" évoquent un amour dévorant, inépuisable, dans lequel s'enlisent mari et femme.
Alan est prisonnier de son amour maladif, absolu pour Josée à qui il ne laisse pas le moindre répit.
Josée souffre de la situation mais ne se décide pas pour autant à le quitter, refusant d'être un prétexte tout trouvé à la décrépitude de son mari. Elle voudrait tant qu'il puisse exister sans elle.

Il ne semble guère exister d'amour heureux chez Sagan. Les romans que j'ai pu lire jusqu'à présent font état de couples dont l'amour ne tient qu'à un fil tant il se veut bien souvent dicté par des motifs futiles.
Les personnages de Sagan ont a priori tout pour être heureux : oisiveté, soleil, beauté, insouciance et assez de temps pour ne penser qu'à eux-mêmes.
Et pourtant les couples se font rapidement posséder par l'ennui, se déchirent et ne prennent fin que lorsque l'un des deux partenaires est définitivement à bout.
Les ruptures ne sont jamais faciles, même lorsqu'elles sont l'évidence même.
Pas de préambule, le couple présenté au départ de chaque roman est pour ainsi dire condamné dès la première ligne, emprisonné dans ce huis-clos que l'auteure affectionne tant.
Le reste du roman visera à déterminer qui se lassera le premier et de quelle façon il quittera l'autre (et pour qui).
Le soleil, les fréquentations et distractions de la vie parisienne ne sont qu'illusions destinées à mettre en relief cette longue agonie qu'est le couple chez Sagan.

J'ai été happée (effrayée aussi !) par ce récit lancinant, à l'ambiance toujours tendue, qui laisse une large place aux dialogues acerbes échangés entre Alan et Josée.
Chacune des phrases d'Alan semble être un piège destiné à confondre Josée. de son côté, Josée pêche par désespoir, s'échappant dans les bras d'autres hommes, se raccrochant en vain à cet amour qui l'exténue de plus en plus, en attendant l'impulsion qui la fera définitivement partir.

J'ai beaucoup aimé le timbre et le rythme vif choisi par Sophie Chauveau pour coller au phrasé fugitif de Françoise Sagan !
5 sur 5 pour ce roman (mais suis-je vraiment objective concernant Sagan ? :))

En faisant quelques recherches, j'ai appris que le personnage de Josée était déjà présent dans le roman " Dans un mois, dans un an".
N'ayant pas encore découvert ce titre, je n'ai toutefois pas eu l'impression de lire ici une suite.
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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