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Dans une chambre d'hôtel de Phoenix juste après un combat sanglant, un type est assis sur son lit, blessé. Il vient d'être sauvagement attaqué, mais comme c'est un gars rapide et efficace, tout le monde est mort sauf lui.
Il s'appelle le chauffeur, son nom et/est sa fonction, les deux se confondent, comme un enfant qui fait corps avec son jeu. Il incarne totalement le talent qu'il exploite pour survivre, conduire des voitures pour le cinéma le jour et faire des piges pour le crime organisé la nuit.
Le chauffeur regarde son bras blessé en écoutant les bruits de l'hôtel. Il pense, ou quelqu'un pense à sa place, à ce qu'il est, et pourquoi il est là. L'histoire a mal tournée.
Il a participé à un coup, même s'il ne le sentait pas, il l'a fait par amitié, d'abord pour sa voisine Rina et son enfant Benicio, puis pour le mec de celle-ci, Standard, qui sort de prison.
Drive est un petit objet de 175 pages en format poche qui peu se lire en quelques heures. Sallis décrit un personnage hors du temps, une âme errante, indifférente à tout ce qui ne touche pas à la conduite. Sa seule indentité, son nom, sa vocation, sa dignité, il la tient dans le respect absolu des contrats qu'il éxécute. L'athmosphère du livre est celle d'un pays qui bascule dans l'indifférence et la cruauté. Seules survivent, ici ou là, et pour peu de temps, des traces d'émotions, des sentiments qui conduisent ceux qui s'y abandonnent à une irrémédiable chute.
Le chauffeur et ses acolytes sont doublés sur le lieu même du hold-up. Son instinct de survie l'oblige à faire le ménage, avant de chercher à faire appliquer sa loi, la seule loi qui tient cette vieille humanité encore debout, celle de la parole donnée, le serment précieux des enfants. Car le Chauffeur est encore un enfant, peu disposé au compromis, capable d'amitié mais pas encore d'amour, préférant Benicio à tout autre adulte et donnant à l'exercice de sa violence une fome de cruauté plus proche de l'instinct scolaire que de la perversité.
L'histoire se raconte en quelques lignes et les personnages n'atteignent pas la masse suffisante pour la faire tenir. Alors
James Sallis, en écrivain très malin qu'il est, a recourt à un procédé littéraire : il désynchronise l'histoire, procède par flashbacks pour densifier le récit. On navigue dans un brouillard intemporel autout du chauffeur, là encore, comme s'il s'agissait de décrire un enfant autiste pour qui le temps n'a pas de sens. Mais pour interessant que cela soit, ce n'est pas suffisant, cela reste inachevé. On aurait voulu vivre plus longtemps avec lui, avec Rina, on aurait voulu le voir continuer à prêcher par l'exemple que la dernière chose qui peut sauver l'humanité, on aurait voulu mieux le comprendre. Car le Chauffeur disparait dès qu'on a refermé le livre.
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