Je suis pourtant homme fidèle, jamais une escapade coquine, jamais l'usage d'une garçonnière ni d'un hôtel borgne. Mais voilà. J'ai un faible. Une passion folle. Un béguin tendancieux qui me tire vers le bas, le vice et la tentation. Ça va mal tourner tout ça. Je le sens. J'ai les yeux de Chimène pour
Grazia La Padula. Ça dure. Ça s'installe. M'obnubile. Depuis ma lecture du remarquable album «
le jardin d'hiver » écrit par
Renaud Dillies (un chef-d'oeuvre à mes yeux), je la cherche en toute bulle, derrière chaque phylactère, persuadé qu'il n'y a qu'elle à savoir dessiner comme j'aime, en faisant de la laideur une beauté, en normalisant les difformités, en laissant transpirer le trait de crayon, en jouant sur les atmosphères.
Ici, dans « Les échos invisibles, tome 1 », la laideur n'est pas la norme, mais les univers troubles se font face. le scénario de
Tony Sandoval est, comme à son habitude, mélancolique et torturé, romantique et dramatique, mais en moins gothique, ce qui n'est pas pour me déplaire. On suppose une plongée dans les abîmes, des fantômes du passé, un tome 2 inquiétant, à l'image de sa couverture qui offre une approche plus noire.
Différents climats et périodes de vie du héros Baltus se chevauchent, s'intercalent, s'entrechoquent, pour autant, tout est fluide, naturel, facile à lire, maîtrisé. Tourmenté et mystérieux, on s'attache facilement au personnage principal. Une seule envie : se jeter sur la suite de l'histoire.