Pour totalitaire qu'il était, et peut-être pour cela, le Système était parfaitement accepté parce qu'il était inspiré par Yölah, conçu par Abi, mis en oeuvre par la Juste Fraternité et surveillé par l'inflexible appareil, et enfin revendiqué par le peuple des croyants pour lequel il était une lumière sur le chemin de la Réalisation finale.
Les temps avaient changé, selon la Promesse primordiale, un autre monde était né, dans une terre purifiée, consacrée à la vérité, sous le regard de Dieu et d'Abi, il fallait tout renommer, tout réécrire, de sorte que la vie nouvelle ne soit d'aucune manière entachée par l'Histoire passée désormais caduque, effacée comme n'ayant jamais existé.
Le plus grand savoir du monde plie devant le grain de poussière qui enraye la pensée.
Quel meilleur moyen que l'espoir et le merveilleux pour enchaîner les peuples à leurs croyances, car qui croit à peur et qui a peur croit aveuglément.
On ne disait pas par là qu'ils étaient têtus comme des pierres, on se voulait respectueux, on donnait seulement à entendre que les pierres étaient plu raisonnables qu'eux.
«Notre foi est l'âme du monde et Abi son coeur battant»,
«La soumission est foi et la foi vérité»,
«L'Appareil et le peuple font UN, comme Yölah et Abi font Un»,
«A Yölah nous appartenons, à Abi nous obéissons»,
etc,
étaient de ces quatre-vingt-dix-neuf sentences-clés qu'on apprenait dès le plus jeune âge et que l'on égrainait tout le restant de sa vie.
Les plus dangereux sont ceux qui ne rêvent pas, ils ont l'âme glacée.
Pour des gens qui ne sont jamais sortis de leur peur, l’ailleurs est un abîme.
la religion peut se bâtir sur le contraire de la vérité et devenir de ce fait la gardienne acharnée du mensonge originel.
Quel meilleur moyen que l'espoir et le merveilleux pour enchaîner les peuples à leurs croyances, car qui croit a peur et qui a peur croit aveuglément.