AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'université de Rebibbia (37)

Les différences de classe règnent ici comme dehors, insurmontables :la prison est le spectre, ou l'ombre , de la société qui la produit, c'est bien connu.
Commenter  J’apprécie          40
En fait je reste là ébahie, l'esprit libre de jouir de ces moments incomparables qui n'adviennent que peu de fois dans la vie : être seule bien qu'en compagnie de personnes qui vous vont très précisément comme un bon manteau chaud quand commence la mauvaise saison...
Commenter  J’apprécie          40
Entre ces murs, sans en avoir conscience, on est en train d’essayer quelque chose de vraiment nouveau : la fusion de l’expérience et de l’utopie grâce a la rencontre entre quelques vieux qui ont su comprendre leur propre vie et quelques jeunes qui aspirent à apprendre, la formation d’un cercle biologique qui rassemble passé est présent sans fracture, sans mort. Dans l’esprit se glisse un espoir, espoir incertain, peut-être mensonger mais vif : en ce lieu se réalise même si c’est par des voies détournée le seul potentiel révolutionnaire qui échappe encore aux nivellement et à la banalisation presque totale qui triomphe au-dehors
Commenter  J’apprécie          30
Chez tous les êtres vivants il y a de la cohérence et donc de la beauté (qu'est-ce que la beauté, sinon de la cohérence ?)
Commenter  J’apprécie          30
Ma façon d’être ne convient pas ici. Ce sont peut-être les vêtements de luxe, quoique sales ; n’importe quelle femme comprend ce qu’est la coupe d’un pantalon ou d’une chemise, une coupe de cheveux… Ou est-ce simplement ma façon de bouger ? Et puis il y a les chaussures : il n’y a rien à faire, on voit que ce sont des chaussures à quatre-vingt mille lires. Tout cela, je ne peux pas le faire disparaître ; mais ma façon de bouger, de me mouvoir, si. Comment ? Là-dessus, il est inutile de théoriser, la prochaine fois il me faudra comprendre à la façon dont on me regarde et agir en conséquence. Ma seule erreur a été de m’abandonner à la beauté du ciel et des nuages.
Commenter  J’apprécie          30
La petite Chinoise me connaît déjà. Comme toutes celles qui sont là, elle est parvenue au langage profond et simple des émotions, de telle sorte que langues, dialectes, différences de classes et d'éducation ont été balayées comme d'inutiles camouflages des vraies forces (et exigences) des profondeurs: cela fait de Rebibbia une grande université cosmopolite où chacun, s'il le veut, peut apprendre le langage premier.
p.147
Commenter  J’apprécie          30
5. « Parce que, en dépit de ce qu'on veut penser au-dehors pour étouffer le remords de la conscience démocratique, toutes ces filles toxicomanes sont les plus profondes, sensibles et réfractaires à l'éternelle violence qui a repris le dessus dans notre société. Chercheraient-elles leur propre anéantissement pour ne pas être contraintes à mettre en acte elles aussi cette violence ?
Je les vois enfin, ces démons modernes. À part Ornella, qui sûrement s'en sortira, les cellules sont pleines de ces douces créatures abandonnées dans les coins à lutter avec les fantômes de l'abstinence. Plus que des démons, elles rappellent les premiers chrétiens, résignés à mourir plutôt que de sortir de leur rêve d'amour et de béatitude. » (pp. 195-196)
Commenter  J’apprécie          20
3. « J'ai débarqué dans le royaume du "tout est possible" (violences, abandons, contradictions), fondé sur la conscience profonde de chacune d'être "désormais perdue" à jamais pour les lois qui régissent la vie du dehors. De fait, quand on met le pied sur le rivage du "tout est perdu", n'est-ce pas justement alors que surgit la liberté absolue ? Que pourrait-on vous faire de plus que vous garder enfermée – chose qu'on fait déjà – ou vous regarder avec mépris – chose qu'on fait déjà aussi ? Une fois franchi le mur de ce qu'à l'intérieur de nous-mêmes nous concevons comme licite, le sol sauvage des passions interdites s'ouvre tout grand devant nous, immense prairie que nul ne peut plus surveiller.
[…]
Ici les échelles de valeurs de chacun se manifestent avec une clarté absolue, et il n'y a pas moyen de cacher aux autres, et encore moins à nous-mêmes, notre nature. Cela m'éclaire enfin sur la vraie raison de la terreur que nous avons tous de la prison : nous savons ataviquement que là-dedans il ne nous sera plus possible de faire tenir debout la "construction idéale" que nous-mêmes, aidés par la culture, l'argent, les bonnes manières, nous nous sommes soigneusement édifiée dehors. Ici revient en vigueur, souveraine, la sélection naturelle. » (pp. 132-133)
Commenter  J’apprécie          20
Ici les échelles de valeur de chacun se manifestent avec une clarté absolue, et il n'y a pas moyen de cacher aux autres, et encore moins à nous-mêmes, notre nature. Cela m'éclaire enfin sur la vraie raison de la terreur que nous avons tous de la prison : nous savons ataviquement que là-dedans il ne nous sera plus possible de faire tenir debout la "construction idéale" que nous-mêmes, aidés par la culture, l'argent, les bonnes manières, nous nous sommes soigneusement édifiée dehors. Ici revient en vigueur, souveraine, la sélection naturelle.
Commenter  J’apprécie          20
Encore une fois je repousse les sirènes carcérales qui m'insinuent les douceurs de l'apitoiement sur soi, et je décide de ne pas oublier que même si je suis ici pour payer ma transgression, les autres - "individuellement", veux-je dire - n'ont aucun droit de m'humilier.
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (291) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Grandes oeuvres littéraires italiennes

    Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

    Si c'est un homme
    Le mépris
    Le désert des Tartares
    Six personnages en quête d'auteur
    La peau
    Le prince
    Gomorra
    La divine comédie
    Décaméron
    Le Nom de la rose

    10 questions
    827 lecteurs ont répondu
    Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

    {* *}