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3,98

sur 151 notes
Éblouissant
« Il ne faut pas laisser la vie détruire le rêve."

Ce roman autobiographique c'est d'abord une voix et un style très singulier qui créent d'emblée une grande complicité avec le lecteur.

L'héroïne du roman, s'appelle Goliardia, une fillette d'une dizaine d'années qui vit dans la petite ville sicilienne de Catane, dans les années 30, dans une famille d'artistes et de militants socialistes anarchistes antifascistes. Fière, déterminée, fantasque, malicieuse et pressée de vivre, elle voue une passion à Jean Gabin qu'elle va voir dans Quai des Brumes ou Pépé le Moko.
Ballottée dans cette famille nombreuse excentrique, où oncles, tantes, demi-frères et soeurs, et parents vont et viennent, et dans les soubresauts de l'histoire en marche, la gamine s'est trouvé un guide : Jean Gabin, figure identificatoire, modèle, compagnon intime. le cinéma et les films de son héros nourrissent son imaginaire fertile et forgent peu à peu sa personnalité.

"Revoir les films de Jean Gabin : je savais comment faire. En fermant les yeux, je repassais une à une toutes les scènes sur l'écran de la mémoire, très puissante chez moi comme du reste chez tous ceux qui gagnent leur pain et leur liberté au jour le jour. Pour être bandit, voleur ou tout simplement rebelle, il faut avoir par-dessus tout de la mémoire, autrement on est foutu."

A la sortie du cinéma, tandis qu'elle caracole, livrée à elle-même dans les ruelles de la Civita, le quartier pauvre de Catane - "où tout pouvait arriver et où tout le monde trouvait le moyen de traficoter, voler, créer, rivaliser, et aussi de gagner honnêtement son pain si l'on était né honnête... grande Civita aux ruelles taillées dans la lave, toute pleine de personnages vivants, vifs et nerveux [...]" - elle s'imagine tel son héros arpentant les ruelles de la Casbah. Elle marche comme lui, une cigarette imaginaire au bec, et aime les femmes comme lui. Goliardia se situe résolument du côté des hommes, car elle a compris que c'était le seul moyen de vivre intensément sa vie. Il en résulte une maturité et un appétit de vivre démesurés qui saisissent le lecteur, conquis par tant d'audace et de liberté.

« Essaie de vivre libre, toi, et tu verras le temps qu'il te reste pour dormir. »

Assurément un livre qu'on oublie pas.
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Encore une pépite, mais je n'en attendais pas moins de Goliarda Sapienza.
On traverse un ptit bout de sa jeunesse, on se délecte de son tempérament de feu et de son art de la joie et de la vie.
Et on rencontre ses parents sous un angle bien différent que dans l'art de la joie.
À dévorer !
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L'auteure nous raconte son enfance dans son quartier de Palerme dans les années 30. Elle est fascinée par le cinéma, et surtout voir à l'écran l'acteur Jean Gabin. Pour cela, il lui faut de l'argent. Elle fait l'école buissonnière pour se procurer les quelques lires indispensables.
Difficile d'apprécier ce livre de cette auteure célèbre, car le style est indigeste, certainement de son époque, avec ces fulgurances et trop ampoulé. Or notre héroïne est une toute jeune fille, elle n'a pas le langage accordé avec son âge. L'exaltation est à tous les coins de page. Par moments, quelques émotions sincères, voire une sagesse d'une femme bien expérimentée. Au milieu du livre, elle évoque sa rencontre avec une américaine, appelée Jean, bien plus authentique que le reste. Il faut peut-être aborder ce livre comme un document d'un lieu et d'une époque. Certains passages sont très amusants. le père était avocat pour tous, les riches comme les pauvres. Et employait dans sa propre maison certains d'entre eux à leur sortie de prison. La cuisinière est une meurtrière tout à fait saisissante. Elle nourrit la famille et serre dans ses bras la petite qui a faim.
Je reste dubitative sur l'intérêt de ce récit bancal d'une fillette aux préocupations d'adulte très fortement politisé. En réalité, j'ai trouvé ce livre très ennuyeux. Je l'ai terminé par curiosité, pour savoir à quoi il pourrait mener.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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La narratrice (l'auteure) est extrêmement humaine, attachante. Elle se dévoile sans fard, avec légèreté et humour. le style est coloré, simple et imagé: une belle écriture, colorée de petites perles d'images ou idées glissées ça et là.
Elle présente sa famille anti-fascite aux codes de l'honneur définis par un profond et vrai sens familial. Tout le récit tourne autour d'une dette qu'elle doit honorer et le désir d'aller voir Gabin dans Quai des brumes...
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Le côté fantasque du livre rend son entrée un peu hésitante, mais une fois que l'on s'immerge dans cette famille où l'on s'étrille à coup de joute verbale en pleine montée du fascisme, c'est à la fois drôle et étonnant.
Cette enfant, qui après avoir vu Pépé le Moko se prend à penser comme son héros (ou du moins tel qu'elle imagine qu'il pourrait penser) et à la fois drôle et grave.
Un coup de maître de son autrice qui est allée plonger dans ses souvenirs d'enfance à la fin de sa vie et qui en a fait une histoire personnelle à l'orée de la grande histoire.
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Autre temps, autre lieu : nous voilà plongés dans la Sicile fasciste et pauvre des années 30. Contexte peu réjouissant que la petite Goliarda Sapienza va éclairer de sa narration complice.
« Si quelque chose ne te convainc pas, rebelle-toi toujours. »
Un vent de liberté souffle sur ses pérégrinations dans les rues de la Civita, quartier populaire de Catane, et les conversations de cette famille de socialistes engagés nous soulèvent dans un tourbillon de réflexions philosophiques.
Élevée à l'école de la rue, des livres et de la famille, loin des établissements pour écoliers fascistes, Goliarda est déterminée, sensible, pressée de vivre et toujours prête à une joute verbale. Dans sa quête pour trouver les quelques piécettes qui lui permettront d'aller visionner au cinéma "Quai des Brumes" dans lequel figure son modèle, Jean Gabin, elle nous fait découvrir son monde « où tout pouvait arriver et où tout le monde trouvait le moyen de traficoter, voler, créer, rivaliser, et aussi de gagner honnêtement son pain si l'on était né honnête ».
Légèreté et joie de vivre, malgré les vicissitudes de la vie. Toujours.
Petite perle de la littérature qui donne le sourire et que j'ai dévorée en deux jours.
Lien : https://tsllangues.wordpress..
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Jean Gabin est mort le 16 novembre 1976. du Front populaire de 1936 jusqu'aux années soixante, il a été l'incarnation de ce qui fut alors en France un peuple, porteur d'une morale et d'une esthétique de la résistance au pouvoir, de la loyauté, de l'endurance et d'une permanente aspiration à la liberté. Gabin a donné corps à ce peuple : une force ramassée qui bouge peu mais bien, une " tenue " qui est exactement ce que les Grecs appelaient " ethos ", une façon de scander les mots avec cette noblesse populaire qui vient se condenser dans sa langue, l'argot : Ayant tourné dès le début sous la direction des plus grands réalisateurs (Carné, Renoir, Duvivier, Grémillon ; Becker), Gabin est le personnage emblématique d'une période glorieuse du cinéma français qui n'aurait pas non plus existé sans d'autres incarnations du génie populaire comme Arletty, Simon, Jouvet, Carette, Ventura.
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Goliarda vit à Catane en Sicile et plus précisément dans le quartier de la Civita où se croisent petits trafiquants, prostituées et gens honnêtes. Un tourbillon de vie, de bruits, de passion qui accompagne la jeune Goliarda qui ne va pas à l'école. Ses parents ne veulent pas qu'elle soit embrigadée par les fascistes. Pour occuper ses journées, l'enfant va au cinéma et en voyant « Pépé le Moko », elle tombe sous le charme de Jean Gabin. Mieux, elle veut être Jean Gabin.

« Moi, Jean Gabin » est un bijou de vitalité et d'insoumission. Goliarda Sapienza écrivit son texte dans les dernières années de sa vie et on sent une infinie tendresse pour cette enfance hors du commun et pour le quartier de la Civita. Nous sommes dans les années 30, la Sicile est gangrénée par la mafia et les fascistes. Les parents de Goliarda sont communistes, anarchistes et ils élèvent leurs enfants avec des idées politiques très fermes. Les frères de Goliarda se font parfois arrêtés. Ce sont d'ailleurs eux qui élèvent la petite fille et notamment le formidable Ivanoe capable de lui expliquer Voltaire comme la puberté. Goliarda est une enfant curieuse, vive, rêveuse et idéaliste (elle est consciente très jeune de l'injustice sociale). Ce texte rend d'ailleurs hommage aux rêves que l'on nourrit pendant l'enfance. « Se tenir toujours accroché au rêve, et défier jusqu'à la mort pour ne jamais le perdre. » Son rêve de devenir Jean Gabin est le fil conducteur de ce texte où nous la suivons pas à pas, où elle virevolte dans les ruelles « taillées dans la lave » à la rencontre d'amis, de membre de sa famille, d'habitants du quartier.

« Moi, Jean Gabin » c'est aussi une langue magnifique qui rend si bien la pulsation de la vie, le bouillonnement de la Civita et la beauté singulière de la Sicile : « Elle est comme ça, mon île, après ces courts orages qui hurlent à perdre haleine comme un adieu à la belle saison ( comprenons-nous bien, chez nous la belle saison est l'hiver où au moins on respire et on sent moins la puanteur), le grand soleil gravit la dernière marche du ciel et s'installe à nouveau sur son trône, d'où, immobile et dardant ses feux, il s'amuse à écraser tout le monde et toute chose sur la grande carcasse millénaire et rugueuse, surgie du chaos en un endroit perdu de la mer, éloignée de toute chose humaine. «

« Moi, Jean Gabin » est un livre joyeux, tendre, incarné racontant l'enfance atypique et libertaire de Goliarda Sapienza dans une langue somptueuse et particulièrement évocatrice.
Lien : https://plaisirsacultiver.co..
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Le récit d'une enfance sicilienne au milieu d'une fratrie pas tout à fait comme les autres et la naissance d'un esprit libertaire et créatif.
Un livre gai, subversif, incarné, intelligent... Un bijou, un coup de coeur.

Chère Goliarda Sapienza, je m'excuse de ne pas vous avoir lu avant, d'être passée à côté de votre magnifique écriture, de votre liberté et de votre énergie. Je ne vous quitterai plus dorénavant.
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La jeunesse de Goliarda Sapienza ; un livre ou la magie le dispute au fantastique, une écriture où la poésie et le rêve s'invitent à chaque page.
Une famille presque aisée au sein du quartier des reclus du fascime triomphant des années trente.

Bref un monument de cent et quelques pages dévorées comme on dévore dans le livre les patisseries populaires siciliennes dont l'odeur en vient à couvrir l'encre d'imprimerie.
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