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EAN : 9782956941330
80 pages
Edition Le Clos Jouve (15/03/2020)
4.71/5   7 notes
Résumé :
« Tant qu’on ne s’est pas occupé / de vieilles dames dépendantes on ne réalise pas à quel point / les jeunes femmes indépendantes/sont formidables: / elles se lavent toutes seules / choisissent elles-mêmes leurs vêtements le matin / se parfument seules / vont toutes seules / aux toilettes »

Toutes ces compétences soi-disant évidentes nous ont coûté des efforts considérables dans notre petite enfance. Prendre conscience de ce qui n’est pas évident, c’e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est pas facile.
De parler de sa profession de soignant.
Infirmier, aide-soignant, dans le fond du décor avec encore derrière, la femme qui fait le ménage dans la 103.
Et puis, tout autour, les malades, les patients, les vieux. Ces gens qui décarochent, qui se souviennent plus comme il faut, qui n'arrivent plus à bouffer seul.
C'est pas facile de parler de ça et, pourtant, Sammy Sapin se propose de le faire en à peine 80 pages chez les jeunes éditions le Clos Jouve.
Si vous connaissiez le Sammy Sapin loufoque et ultra-inventif de Faites comme si vous étiez morts, voici un nouvel aspect d'un auteur décidément surprenant.

Infirmier, une vie
Dans J'essaie de tuer personne, Sammy Sapin dévoile les dessous de son métier d'infirmier sous forme de poèmes, de rimes, de non-rimes, de mots et de phrases saisis à la volée.
En 72 morceaux, comme autant d'haïkus rallongés, l'auteur vous offre des bouts de son expérience professionnelle, des morceaux de sa pensée et des pleines poignées de ses émotions.
Ce résultat brut et expérimental laisse pourtant la place à l'authenticité, la sincérité.
Cette catastrophe quand on doit sonder quelqu'un et qu'on a l'impression d'avoir 8 méats en face de soi, cette dichotomie sadisme-empathie que l'on ne pense pas conciliable dans ce métier glorifié, ces rencontres étranges qui durent quelques phrases et qui marquent pourtant au fer blanc.
Dans cette suite de poèmes à la marge, on capture des patients en tant qu'humains et des humains en tant que patients, des gens qui vivent et qui meurent, qui rient et qui pleurent.
Entre les lignes, de l'amour, de la culpabilité, de la douleur, de la colère.
Sammy Sapin n'épargne rien et offre un panoramique de son travail en noir et en couleurs.

Projecteur sur l'oublié
Mais ce qui touche certainement le plus dans ce style insaisissable, c'est sa capacité à tenir les gens du fond, ceux qui, habituellement, n'occupent pas le premier rôle des séries télés ou des journaux.
Les patients, vieux, déments, sales mais si poignants dans leur vulnérabilité.
Les aide-soignants et les femmes/hommes de ménage relayés en arrière-plan et qui valent certainement bien plus qu'un note de bas de page.
Sammy Sapin, sans langue de bois, passe tout le monde devant, sur la scène, le temps d'un poème, le temps d'un je t'aime (littéraire).
Y'a des drames dans ces cases, des petites choses qui vous étreignent le coeur mais Sammy ne s'attarde pas, il continue et décrit encore et toujours le bon et le mauvais, le supportable et l'insupportable.
C'est doux et saisissant, mais parfois aussi rageant et colérique.
En tout cas, c'est toujours humain de bout en bout.

Un ouvrage pour les soignants et pour les patients, qui ne rogne pas sur le style pour faire plaisir au tout-venant, c'est ce que promettent ces quatre-vingt pages touchantes, ciselées et sincères. Un grand Sammy Sapin en somme.
Lien : https://justaword.fr/jessaie..
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C'est simple, c'est absurde, c'est grotesque, dramatique et comique. Petit livre parfait qui donne profondément le sens de la vie. Une page par situation sans un mot de trop, pas de pathos mais bien plus que ça. Un peu à l'inverse de notre époque d'excès de paroles de bienveillance et de respect. "Dire c'est exagérer" et c'est bien ce qui sort de la plupart des récits actuels. Ici l'auteur en dit le moins possible pour dire la réalité. Il fait son boulot quoi.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Quand on me demande mon métier, je dis : infirmier.
Si on me demande ensuite comment c’est, je dis :
c’est bien. J’essaie de tuer personne.
Les gens me demandent :
ah bon, il y a des risques ?
Je réponds oui.
Oui, il y a toujours des risques.
Le mauvais produit, au mauvais moment
À la mauvaise personne.
Il y a toujours des risques
On est toujours responsables.
C’est pour ça qu’on est si bien payés.
Commenter  J’apprécie          80
Quand je commence à faire des nuits je suis
encore bien naïf
je crois
que la nuit
c’est comme le jour
qu’il faut
se mettre en quatre pour les patients
être aux petits soins
courir de l’un à l’autre.

Ce que je vais apprendre :
c’est que la nuit
n’est pas le jour
il ne faut pas
se mettre en quatre
il faut faire ce qu’on a à faire
puis dire bonne nuit
doucement
et se fondre
dans l’obscurité
et ne faire plus qu’un
avec elle
et bien comprendre que
si le jour est un magma visqueux de perfusions de sang et de
solutions thérapeutiques
la nuit elle
la nuit est le silence
quelques veilleuses
des silhouettes indistinctes qui passent dans votre chambre
pour vérifier
que vous respirez toujours.
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Tout a commencé par un examen.

Devant un jury.

Pendant l’examen
on m’a posé cette question :

Pourquoi voulez-vous être infirmier ?

J’ai réfléchi un moment
puis j’ai dit que c’était le côté pragmatique
terre-à-terre du métier
qui m’intéressait.

Mais au fond de moi je pensais :
je suis comme tout le monde.
Tout ce que je fais
je le fais pour la gloire.
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Quand je commence à faire des nuits je suis encore bien naïf
je crois
que la nuit
c’est comme le jour
qu’il faut
se mettre en quatre pour les patients
être aux petits soins
courir de l’un a l’autre
Ce que je vais apprendre :
c’est que la nuit
n’est pas le jour
il ne faut pas
se mettre en quatre
il faut faire ce qu’on a à faire
puis dire bonne nuit
doucement
et se fondre
dans l’obscurité
et ne faire qu’un
avec elle
et bien comprendre que
si le jour est un magma visqueux de perfusions de sang et de
solutions thérapeutiques
la nuit elle
la nuit est silence
quelques veilleuses
des silhouettes indistinctes qui passent dans votre chambre
pour vérifier
que vous respirez toujours.
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