William Rejault nous fait partager sa dvdthèque et sa bibliothèque
Les familles peuvent devenir maltraitantes par culpabilité. Elles veulent qu'on perfuse, qu'on gave, qu'on masse…alors que les vieux ne rêvent que de mourir. Elles veulent qu'on agisse pour se donner le sentiment de ne pas abandonner leur parent.
Les familles ont le fantasme, en plaçant leur parent dans un institut, qu'il va être encadré, surveillé, choyé. Qu'il va y avoir quelqu'un dans sa chambre en permanence. C'est d'ailleurs un peu comme ça qu'on le leur vend, à l'accueil.
L'autre jour, c'était parce que je suis un garçon pour un poste d'infirmière. Rendez vous compte, un homme pour un job de femme. Non mais vous imaginez le cas de conscience de l'employeur."...
..." - Alors, vous venez pour le poste d'infirmière ?
-D'infirmier, oui.
- C'est bizarre quand même, pour un homme, non ?
-Non, Pourquoi ?
-Expliquez moi votre choix.
-Quel choix ? de venir postuler chez vous ?
-Non, ce choix de vouloir être infirmier, pour un homme, c'est bizarre, tout de même...
je les ai vues utiliser une serviette quand il n'y avait plus de papier toilette pour essuyer un vieux ,je les ai vues faire boire l'eau du verre a dents pour ne pas aller chercher une bouteille ....quand elles accompagnent les résidents aux toilettes ,c'est toujours aux pas de course ,s'il restent trop longtemps ,elles les pressent : bon ça y est , on peut y aller ? ,les repas ,c'est au lance pierre ,les toilettes idem ,tout ce qu'elle fait ,elle le fait vite parce qu’après elle a encore tout le linge a repasser ,elle n'essuie pas les femmes sous les seins ,ce qui occasionne des mycoses ,elle n'essuie pas les fesses non plus ;humidité ,compression , frottement ?escarres ,,,,,,les escarres pour moi c'est le symptôme de négligence ,des vieux dont on s'occupe bien n'ont pas ce genre de problèmes....
-Marion,je …Je sais que tu vas me prendre pour un fou mais je sens que nous allons faire un bout de chemin ensemble.
-Vraiment ?
-Oui .Je l’ai lu dans tes yeux en me penchant vers toi
-Tu dois être pilote de chasse alors parce qu’à la lueur des bougies, chapeau
Pour la première fois, le grand rire de Laurent résonne alors dans ma vie. Il se recule légèrement et m’observe avec attention :
-Si tu as de l’humour, en plus, c’est extraordinaire
-Ca dépend des moments. Hier, par exemple, j’ai crevé un pneu sous la pluie et je me suis rendue compte que je n’avais pas de cric. J’avais du mal à trouver cela drôle.
"On ne sous-estime jamais quelqu'un qui vous annonce qu'il veut mourir."
Tous les soignants pestent contre les familles et moi le premier. Trop présentes, pas assez, elles " ne font jamais rien de bien".
« Mon éditeur me dit : je préfère que tu m’écrives un mauvais roman que de bonnes nouvelles »
"La demande d'un cachet peut cacher autre chose."
Toutes les personnes qui entrent en maison de retraite ont du mal à s'adapter. Elles se retrouvent du jour au lendemain dans un endroit anonyme, dans lequel elles n'ont aucun souvenir, presque aucun effet personnel. Tous sont partis en laissant derrière eux leurs habits, leurs meubles, leur maison, leurs photos...leur vie. Ils arrivent avec le sentiment qu'il viennent chez nous pour attendre la mort. Ils s'y préparent. Nous somme l'antichambre avant le grand saut, ils s'arc-boutent sur leur fonctionnement d'adultes, leurs heures de lever, de repas,leurs façons de faire.
Quelques mois après leur arrivée, on les retrouve changés. L'institution les met au pas. Il faut se confronter aux horaires, réapprendre à vivre en collectivité. Ils ont baissé les bras : nous gagnons à chaque coup.