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EAN : 9782378803827
L' Iconoclaste (05/10/2023)
3.91/5   260 notes
Résumé :
Un roman réconfortant, qui défend une médecine fondée sur la bienveillance et l'écoute.

Le docteur Jean est généraliste dans une ville du Sud-Ouest. En ces temps de déserts médicaux, sa salle d'attente est toujours pleine et il soigne tout le monde. Ce médecin de famille n'a pourtant rien de classique.

Sous le masque de ce personnage romanesque, se révèlent le quotidien du docteur Baptiste Beaulieu et son regard engagé, plein d'empathie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (64) Voir plus Ajouter une critique
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sur 260 notes
« Où vont les larmes quand elles sèchent » ?

Je ne le savais pas Baptiste, avant de lire ton livre… Elles vont là où elles peuvent… Elles vont là où on leur permet d'aller…

Avant de lire les histoires et les pensées de Jean, les gens qu'il rencontre, ceux qui le bouleversent, ceux qui le mettent en colère, des visages et de leurs histoires qu'il gardera longtemps en mémoire, je te suivais sur les réseaux. Depuis combien de temps toutes ces anecdotes et tous ces coups de gueule ? J'ai perdu le fil du temps… « Où vont les larmes quand elles sèchent » est un condensé de tout cela… mais pas seulement.

Jean vit avec un fantôme, tu as réveillé le mien… Tu sais celui qui dort là-bas, bien au fond, là où c'est si bien capitonné qu'il n'a aucune envie d'en sortir. Un peu comme cet enfant qui vit le long de la colonne vertébrale de sa mère lors d'un déni de grossesse. Il est là sans l'être vraiment, discret, presque invisible.

Mon fantôme à moi est en colère. Un peu comme Jean. Tout le temps. de temps en temps, la colère explose, mais je n'avais jamais percuté que c'était le petit fantôme qui la provoquait. Maintenant, j'ai compris. le fantôme n'est plus petit, il a grossi, il a envahi tous les espaces laissés disponibles à l'intérieur de moi. Et il a faim. Faim de mots, faim de vengeance, faim de cris.

Moi je sais « Où vont les larmes quand elles sèchent »… Elles vont sur le fantôme et elles le brûlent comme de l'acide pour qu'il s'énerve encore un peu plus. Pour qu'il sorte. Pour que ça sorte. Avant je ne savais pas, maintenant je sais. Sauf que si je pleure, il va se mettre en colère. Alors j'essaie de ne pas pleurer… Je garde tout ça dans la marmite et j'attends qu'elle soit pleine à exploser. Ce jour-là, vaut mieux ne pas être dans les parages. Les 125 gr de beurre deviennent des kilos, y a plus une voiture qui circule à l'horizon.

« Quand un adulte est en colère, c'est qu'il a peur. »

Mais peur de quoi ? Alors, en fonction des situations vécues dans la semaine, j'ai essayé d'analyser de quoi j'avais peur. Et tu sais quoi ? J'ai réussi à chaque fois. Parce que quand on trimballe mon genre d'enfance (« Ce qui empêche d'avancer, c'est de croire que le passé, c'est du passé. ») où l'on doit être le plus invisible et le plus transparent possible, la peur fait partie intégrante de soi.

« (…) parfois, on ne sait plus comment se défendre contre la vie, et on ne devrait pas s'en vouloir : on fait ce qu'on peut avec nos digues personnelles, et parfois on est débordé – on est seulement humain. »

Depuis que je te suis Baptiste, j'ai appris beaucoup de choses sur le métier de soignant. « Où vont les larmes quand elles sèchent », raconte l'hôpital, là où on meurt, les urgences, les con-frères, la maladie et la solitude. Puis, un départ en cabinet privé de ville et des patients qui t'ont marqué. Ils sont beaux tes patients Baptiste, ils ont de la chance de t'avoir. C'est si élémentaire de demander la permission d'examiner le corps d'un autre… et pourtant, j'ai fait un petit tour d'horizon personnel, et les résultats ne sont pas brillants… Les « violences médicales » (ne m'en veux pas si je les appelle comme ça) se situent aussi souvent dans les mots. J'ai entendu un grand nombre de conneries dans ma vie, surtout après avoir été soignée dans un autre pays !! Si j'avais eu du beurre…

Les violences gynécologiques sont bien plus sournoises parce qu'au fond, on sait pourquoi on vient… Il y a comme une monarchie de droit divin dans ce genre de cabinet : tu te tais et tu fais ce qu'on te dit. Et si par bonheur tu pars accoucher, tu peux tomber sur ces con-frères qui dégainent élégamment leurs outils de boucher pour couper tes chairs sans te demander ton avis en te balançant « il est rentré, va bien falloir qu'il sorte ! » C'est vrai ce que tu dis Baptiste « Une patiente qui dit oui à un examen, si elle dit non après, on doit l'entendre. Ne pas l'entendre, forcer, relativiser une douleur, un refus, c'est inacceptable. Ce n'est pas déontologique. C'est manquer de respect aux droits humains élémentaires. »

Alors, j'ai pris un plaisir fou à être le témoin privilégié de ta relation si singulière avec tes patients : Monsieur Soares, Madame Moreno, Madame Chahid, Josette, Madame Gonzales. Chacun raconte son histoire, mais à travers eux, tu en profites pour glisser des thématiques fondamentales telles que la maladie et les souffrances du corps, le bonheur, les violences faites aux femmes, la peur, la mort… en mélangeant, humour et gravité. « Où vont les larmes quand elles sèchent » est un dialogue entre ton lecteur et toi, un partage d'histoires à travers lesquelles on (ré)apprend des choses essentielles. On se glisse également derrière le bureau du médecin qui, loin d'être un surhomme, est juste un homme, avec ses faiblesses, ses mauvais jours, et des envies de hurler que le monde est injuste. « Ça manque vraiment aux gens, d'avoir quelqu'un qui s'intéresse à eux. Juste de temps en temps. »

Faut que je te parle de la citation de Nietzsche et de la tienne qui est tellement plus juste ! (pardon Nietzsche)« Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort. Oui, peut-être. Tant mieux. Pour certains, ça doit marcher. Mais pour les personnes que ça a rendu plus fragiles ? Plus sensibles ? Plus chancelantes ? Parfois, ce qui a été fait ne peut être défait, c'est comme ça. Ce qui ne nous tue pas nous brise en mille morceaux. Alors oui c'est joli la mosaïque, mais c'est long à assembler. » En mille morceaux. Quand on a compris ça, on devient sans doute un meilleur médecin. Hors maladies sérieuses et diagnostiquées, les douleurs récurrentes ont presque toujours une raison d'être. Mais quand on ne sait pas écouter, on finit par rendre sa blouse en balançant « faudra apprendre à vivre avec ma p'tite dame ». Tu sens le vécu ? Avant, quand j'étais plus jeune, je ne disais rien. Aujourd'hui, je boycotte, mais je dis pourquoi. Je vois alors de grands yeux étonnés qui ne comprennent pas d'où vient cette « hystérie toute féminine »… Maintenant, je vais leur dire d'aller lire Beaulieu, « Où vont les larmes quand elles sèchent » et tous les autres, et de prendre des notes.

Je ne peux pas terminer sans parler de ton rapport aux frangines. C'est beau, un homme qui se bat pour la cause des femmes, pas seulement pour l'idée, mais aussi parce qu'il voit/sent où est le noeud dans le coeur des frangines. Est-ce facile d'être une femme en 2023 ? Non. Est-ce que ça s'arrange ? Ça dépend sur qui tu tombes. Y a toujours des cons pour se plaindre du cancer du sein de sa femme… C'est vrai qu'on ne parle pas assez de la branlette espagnole. C'est quand même un sujet phare dans l'histoire de l'humanité. C'est amusant (je dois bien le reconnaître) de voir un homme rentrer dans le lard d'autres hommes pour leur incapacité à prendre des décisions, leurs habitudes à se reposer sur les femmes/mères, leurs comportements supérieurs et leurs problèmes d'érections. J'aime quand tu montres du doigt les prédateurs, les violeurs, les cogneurs… Tous ceux qui provoquent dans nos vies ces instants de vigilance permanente. « Comment peut-on, nous les hommes, rendre les femmes aussi vigilantes ? Aussi suspicieuses ? Et surtout quel poids mental énorme pour vous de devoir être ainsi en permanence aux aguets ! » On se sent moins seules, nous, tes frangines. Tu as l'intelligence du coeur, la plus noble et la plus prévenante.

« Où vont les larmes quand elles sèchent » aborde également la mort puisque ton métier c'est de maintenir la vie. Qui est le mieux placé pour parler des corps qui souffrent, de tous ceux qui se battent au quotidien pour une main posée sur l'épaule, un mouchoir tendu, un sourire rendu ? « Si la santé, c'est le silence des organes, la maladie chronique est un brouhaha permanent, une vraie maternelle pendant la récréation. » L'empathie n'est pas un mot vain et personnellement cela me rassure un peu sur l'humanité. « Je crois que je soigne pour abaisser la température du gros thermomètre méchanceté. » Certaines de tes réflexions font sacrément cogiter et je veux que tu saches à quel point j'ai été sensible à cette prise de parole, et cet échange permanent de questionnements avec ton lecteur. Tu lui poses beaucoup de questions, et il prend le temps de chercher les réponses. J'ai pris ce temps. Peut-être que contrairement à d'autres, je pense que la littérature peut nous élever, voir nous sauver… en mettant le doigt sur un élément qui permet d'y voir plus clair. Quand soudain tout s'illumine, que le lecteur comprend quelque chose de fondamental sur sa propre existence, c'est un cadeau immense.

J'aurais encore énormément de choses à dire tellement « Où vont les larmes quand elles sèchent » est dense. Avant d'aimer l'auteur, j'aimais l'homme. Maintenant j'aime en plus tes cris à l'écrit, ta poésie, ta vision de « l'après », ta perception du bonheur, tes doutes, ta faillibilité, tes yeux qui regardent vraiment, ton corps qui écoute totalement, ta confiance en nous en partageant ce qui t'a touché et les visages gravés. Loin d'être triste, « Où vont les larmes quand elles sèchent » est un roman sensible, profond et lumineux sur les humains en général et la vie en particulier. Je finis sur cette phrase, bouée lancée à la mer : « Sans doute qu'on ne devrait jamais remettre à plus tard, parce qu'il est toujours plus tard qu'on ne le pense dans la vie. » Merci.

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Il est toujours intéressant de se pencher sur le cas d'une star des réseaux sociaux, qui réussit l'exploit de maintenir son activité de médecin, tenir une chronique sur France Inter et remplir son compte Instagram aussi régulièrement (et depuis peu en ayant endossé le rôle de père). Qu'est-ce qui plaît tant chez Beaulieu ?

Ce dernier roman au titre incroyablement niais (à se demander comment on a pu le laisser passer) consiste en une succession d'anecdotes et de portraits de patients, qui sonnent aussi faux que celles dont l'auteur nourrit Instagram à la petite cuillère, narrées avec un panel d'expressions toutes faites (« ne paie pas de mine », « j'en ai gros sur la patate »), des dialogues au kilomètre, des phrases qui tirent à la ligne (ça fait sans doute plus sérieux), des détails cracra (pourquoi pas, c'est un fétichisme comme un autre et l'auteur s'y vautre complaisamment)… Mais surtout, on a l'impression qu'il ne sait jamais quel ton adopter selon ce qu'il raconte : un passage triste sera déclamé avec des tentatives d'humour catastrophiques, et on n'en manque pas entre les Urgences et le cabinet médical. Littérairement, c'est simple, cela n'a aucune personnalité, c'est une tambouille de lieux communs sans style, mais qui tente des métaphores pas toujours très heureuse (l'inénarrable comparaison avec les souvenirs de tendresse amoureuse qu'on pourrait transformer en mégots – des déchets puants remplis de nicotine et de produits toxiques donc – à garder sur soi pour quand on se sent seul ! ).

Et sinon, quel est le fil rouge de ce « roman » ? C'est que Jean, le narrateur, n'arrive plus à pleurer en dépit de toutes les histoires pathétiques (au sens premier de « pathos ») auxquelles il est confronté. Il y revient sans arrêt, c'est sa marotte « c'est si triste, mes larmes se sont taries blablabla, où se sont-elles enfuies blablabla ». Ce dont on ne se rend pas compte au premier abord, outre son niveau d'écriture et de narration qui ne vole pas plus haut que le fond du panier de centaines d'ouvrages auto-publiés (et non relus sérieusement), et qui étreint dans un deuxième temps, c'est le mépris (essentiellement des hommes hétéros, ces ordures) et la flagornerie dégoulinante (envers les femmes, ces héroïnes toujours si bonnes et irréprochables) qui suintent à toutes les pages de ce pseudo-roman. le tout pose quand même une question cruciale : les patients qui défilent chez BB apprécient-ils l'idée de se retrouver dépeints de façon aussi caricaturale (sur son compte Instagram ou dans ses bouquins), et de subir toute son arrogance après lui avoir confié leur corps, leur intégrité et s'être ouvert avec un sentiment de sécurité ? Ça en devient très gênant au fil des pages. L'Iconoclaste qui a nous habitué à prendre plus de risques sur ses publications n'en a pris aucun avec celle-ci, qui de toute évidence n'est là que pour alimenter la trésorerie de la maison.
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Ni vraiment roman, ni tout à fait essai, ce texte atypique se présente plutôt comme le journal d'un "médecin de campagne", une "non-fiction" où se succèdent de courts chapitres, récits fragmentés de consultations ou de visites à domicile, entre anecdotes, commentaires introspectifs et réflexions sur le sens de la vie, que nous rapporte Jean, le médecin généraliste narrateur.

Alors, moi, je ne suis pas sur Instagram où une partie de ces textes paraît-il, seraient déjà publiés par Baptiste Beaulieu. Ce qui manifestement suscite un peu d'agacement chez ceux qui remettent en cause la sincérité de l'auteur. Evidemment, si c'est le cas, on peut s'interroger sur le respect du secret médical et sur l'éthique d'un médecin qui construit son ouvrage sur le compte rendu des pathologies de ses patients alors qu'il est en exercice. C'est un peu problématique.

Mais si l'on considère cette publication comme un travail de réflexion sur la vie, la mort, l'empathie, la solitude, la souffrance humaine qui ne semble jamais à court d'idée, la pratique médicale dans le contexte actuel, la dimension sociale de la médecine qui reste parfois le seul lien avec le monde extérieur, on peut admettre que ce texte nous soit délivré sous cette forme.
Bien sûr, le fil rouge qui est l'incapacité de Jean à pleurer devant tant de souffrance, justifiant ce titre étrange m'a paru, comme à d'autres, un peu artificiel, employé pour créer une cohérence narrative que les fragments seuls n'auraient peut-être pas permis...

Pourtant, lorsque j'ai commencé à le lire, ce récit m'a immédiatement accrochée. J'ai trouvé que son auteur utilisait assez intelligemment l'humour, les mots crus, l'émotion, le questionnement, pour évoquer une réalité, son quotidien et celui de milliers de patients en attente de réponses médicales.
On est plongé sans détour, de façon un peu crue ou impudique dans ce quotidien, du point de vue du praticien qui voit défiler chaque jour dans son cabinet des dizaines de maux et de pathologies.
On rit parfois, on est ému assez souvent, on est pris d'angoisses aussi lorsque le récit évoque des épreuves qu'on a traversées ou que des proches ont connues. C'est souvent poignant et de temps en temps drôle, car on sait bien que l'humour est un excellent remède qui nous permet de mettre la douleur à distance. C'est une protection que les soignants doivent aussi utiliser pour se protéger de toute cette souffrance qui constitue leur quotidien. Ils n'ont pas le choix s'ils veulent « tenir » mais n'en gardent-ils pas moins leur humanité ?
J'ai lu ce livre par intermittence, ayant intercalé une lecture plus légère, me ménageant des pauses avant de replonger dans cet univers qui n'a rien de bien sexy, surtout quand il réveille de mauvais souvenirs et confronte le lecteur à la réalité de la finitude du corps mais aussi et de plus en plus souvent, de l'esprit.
J'ai malgré tout apprécié cette plume originale, vive et caustique, parfois triviale qui n'est pas lisse en effet !

Il me reste quelques chapitres à finir avant de revenir finaliser ma chronique mais d'ores et déjà je sais que ce livre aura servi à faire vivre sous nos yeux incrédules une médecine bienveillante, empathique, et humaine, celle de médecins qui savent écouter, se montrer humbles, qui connaissent leurs limites, ne se prennent pas pour Dieu et osent sourire, qui savent que rassurer est parfois plus efficace qu'une boite d'anxiolytiques, une médecine qui ne s'assied pas sur son serment d'Hippocrate, une médecine qui se souvient qu'elle est un Art. Un art que pratique Dr Jean alias Dr Baptiste? Alors, heureux soient ses patients!
Un livre à offrir sans tarder à nos 3 derniers ministres de la santé!

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Je ne connaissais pas baptiste Beaulieu. Je suis tombée par hasard sur ce livre dont le titre m'a attirée créant chez moi un questionnement et de la curiosité.
Jean, jeune médecin, ne parvient plus à pleurer suite au décès d'un petit garçon. Cette mort traumatisante pour un médecin en début de carrière dont les études longues et approfondies ne préparent en rien à cette réalité, le hante depuis jours après jours.
On dévine aisément que derrière le personnage de Jean se cache Baptiste Beaulieu.
Dans ce livre, on y découvre une profondeur, une réflexion sur le métier de soignant et des difficultés qui en découlent : désert médical, manque de personnels. Il y a beaucoup de colère concernant le genre masculin et l'absence de moyens. Parfois on découvre que les médecins sont démunis face à certaines situations. le ton employé est parfois virulent, violent voire grossier ce qui m'a un peu gênée.
Cependant de son rôle de médecin en émane beaucoup de bienveillance, d'empathie , d'investissement et d'amour de son métier qui n'est pas forcément celui de soigner des corps mais aussi des âmes, d'être au quotidien une oreille attentive aux maux de notre société.
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Jean, 36 ans, est médecin généraliste. Depuis ce jour où interne, ils sont arrivés trop tard avec le SAMU pour sauver un enfant qui faisait une crise d'épilepsie, il s'en veut beaucoup et n'arrive plus à pleurer. Il partage beaucoup avec ses patients, leur consacre tout le temps nécessaire, allant jusqu'à les accompagner jusqu'à leur dernier souffle. Jean raconte avec beaucoup d'humour les anecdotes vécues au cabinet mais aussi puisque sa vie de médecin ne s'arrête pas à la porte du cabinet, en dehors de son lieu de travail. Mais arrivera t-il à pleurer de nouveau et à se libérer de ses remords ?

J'ai lu plusieurs livres de Baptiste Beaulieu que je suis aussi sur Instagram et que j'ai eu le plaisir de rencontrer à une Fête du Livre. Quand ce dernier roman est sorti, auréolé de critiques aussi élogieuses, j'ai eu envie de le découvrir. J'ai pris beaucoup de plaisir à le lire et j'ai ri très souvent car Baptiste Beaulieu sait manier l'écriture avec brio, faire rire ses lecteurs avec des comparaisons inédites et en même temps, j'ai été très touchée et émue. Il y a vraiment énormément de sensibilité dans ces pages, on devine qu'à travers Jean, c'est Baptiste Beaulieu, le médecin écrivain, qui raconte ses expériences. Il a une empathie remarquable, une très grande sensibilité, une haine contre les violences faites aux femmes, il prend le temps qu'il faut, il ne juge pas. On rêverait tous d'un médecin comme ça...
J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre, j'ai relevé plein de citations et passages bien trouvés et j'aurais pu le terminer beaucoup plus rapidement si j'avais eu le temps nécessaire.
Je pense que ce livre devrait être lu par le monde médical qui en tirerait des leçons certaines dans la prise en compte de l'écoute du patient.
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critiques presse (4)
Liberation
13 novembre 2023
Baptiste Beaulieu, confronté à la souffrance physique et psychique, s’inspire de sa profession pour ce sixième roman : ces visages qui défilent dans son cabinet, il s’en souvient par devoir.
Lire la critique sur le site : Liberation
MadmoizellePresse
07 novembre 2023
Avec sa plume vive, drôle et poétique, le romancier tisse des histoires de femmes et d’hommes rencontrés à son cabinet, comme autant de condensés d’humanité. Et se livre aussi derrière la blouse blanche.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Actualitte
07 novembre 2023
Sans tomber dans une critique sociale dithyrambique, Baptiste Beaulieu nous invite à regarder la vérité en face, tout simplement. Et, peut-être aussi, à trouver de la beauté dans ce qu’on appelle l’humanité.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LePoint
31 octobre 2023
D'anecdotes hilarantes en coups de gueule vociférants (…), d'éclats poétiques en punchlines volcaniques, Baptiste Beaulieu suture délicatement la plaie d'une humanité terrifiée par la mort, percluse de douleurs, dévorée par sa soif d'amour.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (78) Voir plus Ajouter une citation
Bref, je chasse notre bonne copine Miss Dépression chez mon M. Soares quand il me donne matière à mouliner dix ans sur l’épineuse question du bonheur :

– Comment ça va, le moral, en ce moment ?

– C’est-à-dire, docteur ?

– Je sais pas, est-ce que vous vous sentez plutôt heureux ?

– Ouh là ! Je prête surtout attention à ne pas confondre le bonheur et le plaisir, docteur.

BIM. Dans ma face. Je lui demande ce qu’il entend par là, même si j’ai déjà compris…

– Le plaisir, c’est ce qui me distrait de mon chagrin habituel, docteur. Un peu comme la météo et le climat. C’est pas la même chose. Parfois j’éprouve du plaisir, et c’est comme s’il faisait beau temps. Ça ne veut pas dire que le climat est meilleur. Mais quand il fait beau souvent, on finit par se dire : tiens, cette année, le climat a été clément. Voilà.

– Et il est comment, le climat, cette année ?

– Comme la Bretagne, docteur. À chier.
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Dans le fond de la salle d’attente, les toilettes du cabinet. Elles sont propres le matin, toujours très sales le soir. Tout ce qui a pu être volé en salle d’attente a été volé. Le papier hygiénique aussi, mais je peux le comprendre – c’était du triple épaisseur, molletonné, super absorbant. Qui pourrait résister ? Si un patient ne l’avait pas dérobé, je l’aurais fait. Récemment, on m’a même subtilisé la lunette de la cuvette. Un jour viendra – je prends les paris – où on me fauchera les clefs des waters, et je serai obligé de scotcher un papier sur la porte : « Clef volée. Pas de verrou. Frappez avant d’entrer pour vérifier si c’est libre ».

Parfois, le vendredi soir, quand j’ai terminé ma semaine, je m’assois sur un petit banc en fer forgé dans le patio. Le banc, lui, est toujours là. Trop lourd pour intéresser quelqu’un. Il y a aussi une poubelle qui déborde de mégots et je fume près d’elle, en pensant au nombre de patients qui sont passés par là. Aux corps, aussi. Les vieux, les jeunes, les tordus, les bien droits, les sportifs, ceux qui sont tout empêchés par les douleurs et les chagrins. Tous les corps. La nuit tombe, la fumée de ma clope monte au ciel. Il y a des marguerites dans un bac et à côté, dans un autre bac, des tulipes. Elles ont de l’eau, du vent, du soleil, elles poussent bien et n’ont pas l’air de beaucoup souffrir du malheur ambiant.



Pardon. Je m’aperçois que je ne me suis même pas présenté. Je m’appelle Jean, j’ai trente-six ans, je suis médecin de famille et je ne sais plus comment pleurer.
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Six minutes, c’est tout. Le temps qu’il faut au malheur pour poser ses valises chez vous. Peut-être qu’on aurait pu le sauver, peut-être pas. Ne pas savoir, c’est insupportable : on refait le film dans sa tête. Ça tourne, encore, encore et, chaque fois, tôt ou tard arrive cette version optimiste de l’histoire où l’enfant ne meurt pas, où il a la vie qu’il méritait.

Mais c’est faux, il est mort. On le sait bien. On le sait trop. On ne sait même plus que ça.



Tous les soignants sont confrontés un jour ou l’autre à la question du mal. Moi, ce fut ce jour-là. La question n’est pas : « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien1 ? » Non, la vraie question, c’est bien : « Pourquoi y a-t-il le mal plutôt que rien ? » Pourquoi faut-il que la vie soit si souvent douloureuse pour tant d’entre nous ici-bas ?

Une vraie saleté, cette question. Même les béni-oui-oui l’évitent, ou alors ils pincent les lèvres, tergiversent, hésitent, lambinent et louvoient, du bla-bla-bla dans le vent, avec leur histoire comme quoi Dieu nous aime et nous a laissés libres, patati, patata.
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L'arrivée au cabinet médical m’aide rapidement à gommer l’asymétrie entre soignants et soignés : déjà, M. Soares s’appelle M. Soares, pas « le diabétique de la 2 », et la première fois que je le rencontre il arrive sur ses deux jambes, pas allongé sur un brancard ou tout nu sous une blouse pendant qu’on défilerait avec quatre ou cinq confrères, des sachants, debout devant son lit, causant de son cas comme s’il n’était pas présent dans la pièce. Et puis l’hôpital, c’est une autre affaire : on y meurt, alors tout paraît grave (certes). En médecine générale, on reçoit les patients au début du mal. On les prend avant la peur, si je peux m’exprimer ainsi, avant le temps du chagrin et de tout le reste.
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On s'accuse tellement, dans la vie. Et on se déteste sans raison, on se vilipende, on se toise, on se juge, pour tout, pour rien, un diagnostic tardif, un bourrelet qui dépasse, un bouton disgracieux, des cernes un peu trop caves, deux-trois kilos en trop, c'est toujours notre corps qui accuse le coup.
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Vidéo de Baptiste Beaulieu
Baptiste Beaulieu vous présente son ouvrage "Où vont les larmes quand elles sèchent" aux éditions de l'Iconoclaste. Entretien avec Sylvain Arrestier.
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Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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