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EAN : 9782378803827
272 pages
L' Iconoclaste (05/10/2023)
3.76/5   1155 notes
Résumé :
Un roman réconfortant, qui défend une médecine fondée sur la bienveillance et l'écoute.

Le docteur Jean est généraliste dans une ville du Sud-Ouest. En ces temps de déserts médicaux, sa salle d'attente est toujours pleine et il soigne tout le monde. Ce médecin de famille n'a pourtant rien de classique.

Sous le masque de ce personnage romanesque, se révèlent le quotidien du docteur Baptiste Beaulieu et son regard engagé, plein d'empathie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (175) Voir plus Ajouter une critique
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sur 1155 notes
« Où vont les larmes quand elles sèchent » ?

Je ne le savais pas Baptiste, avant de lire ton livre… Elles vont là où elles peuvent… Elles vont là où on leur permet d'aller…

Avant de lire les histoires et les pensées de Jean, les gens qu'il rencontre, ceux qui le bouleversent, ceux qui le mettent en colère, des visages et de leurs histoires qu'il gardera longtemps en mémoire, je te suivais sur les réseaux. Depuis combien de temps toutes ces anecdotes et tous ces coups de gueule ? J'ai perdu le fil du temps… « Où vont les larmes quand elles sèchent » est un condensé de tout cela… mais pas seulement.

Jean vit avec un fantôme, tu as réveillé le mien… Tu sais celui qui dort là-bas, bien au fond, là où c'est si bien capitonné qu'il n'a aucune envie d'en sortir. Un peu comme cet enfant qui vit le long de la colonne vertébrale de sa mère lors d'un déni de grossesse. Il est là sans l'être vraiment, discret, presque invisible.

Mon fantôme à moi est en colère. Un peu comme Jean. Tout le temps. de temps en temps, la colère explose, mais je n'avais jamais percuté que c'était le petit fantôme qui la provoquait. Maintenant, j'ai compris. le fantôme n'est plus petit, il a grossi, il a envahi tous les espaces laissés disponibles à l'intérieur de moi. Et il a faim. Faim de mots, faim de vengeance, faim de cris.

Moi je sais « Où vont les larmes quand elles sèchent »… Elles vont sur le fantôme et elles le brûlent comme de l'acide pour qu'il s'énerve encore un peu plus. Pour qu'il sorte. Pour que ça sorte. Avant je ne savais pas, maintenant je sais. Sauf que si je pleure, il va se mettre en colère. Alors j'essaie de ne pas pleurer… Je garde tout ça dans la marmite et j'attends qu'elle soit pleine à exploser. Ce jour-là, vaut mieux ne pas être dans les parages. Les 125 gr de beurre deviennent des kilos, y a plus une voiture qui circule à l'horizon.

« Quand un adulte est en colère, c'est qu'il a peur. »

Mais peur de quoi ? Alors, en fonction des situations vécues dans la semaine, j'ai essayé d'analyser de quoi j'avais peur. Et tu sais quoi ? J'ai réussi à chaque fois. Parce que quand on trimballe mon genre d'enfance (« Ce qui empêche d'avancer, c'est de croire que le passé, c'est du passé. ») où l'on doit être le plus invisible et le plus transparent possible, la peur fait partie intégrante de soi.

« (…) parfois, on ne sait plus comment se défendre contre la vie, et on ne devrait pas s'en vouloir : on fait ce qu'on peut avec nos digues personnelles, et parfois on est débordé – on est seulement humain. »

Depuis que je te suis Baptiste, j'ai appris beaucoup de choses sur le métier de soignant. « Où vont les larmes quand elles sèchent », raconte l'hôpital, là où on meurt, les urgences, les con-frères, la maladie et la solitude. Puis, un départ en cabinet privé de ville et des patients qui t'ont marqué. Ils sont beaux tes patients Baptiste, ils ont de la chance de t'avoir. C'est si élémentaire de demander la permission d'examiner le corps d'un autre… et pourtant, j'ai fait un petit tour d'horizon personnel, et les résultats ne sont pas brillants… Les « violences médicales » (ne m'en veux pas si je les appelle comme ça) se situent aussi souvent dans les mots. J'ai entendu un grand nombre de conneries dans ma vie, surtout après avoir été soignée dans un autre pays !! Si j'avais eu du beurre…

Les violences gynécologiques sont bien plus sournoises parce qu'au fond, on sait pourquoi on vient… Il y a comme une monarchie de droit divin dans ce genre de cabinet : tu te tais et tu fais ce qu'on te dit. Et si par bonheur tu pars accoucher, tu peux tomber sur ces con-frères qui dégainent élégamment leurs outils de boucher pour couper tes chairs sans te demander ton avis en te balançant « il est rentré, va bien falloir qu'il sorte ! » C'est vrai ce que tu dis Baptiste « Une patiente qui dit oui à un examen, si elle dit non après, on doit l'entendre. Ne pas l'entendre, forcer, relativiser une douleur, un refus, c'est inacceptable. Ce n'est pas déontologique. C'est manquer de respect aux droits humains élémentaires. »

Alors, j'ai pris un plaisir fou à être le témoin privilégié de ta relation si singulière avec tes patients : Monsieur Soares, Madame Moreno, Madame Chahid, Josette, Madame Gonzales. Chacun raconte son histoire, mais à travers eux, tu en profites pour glisser des thématiques fondamentales telles que la maladie et les souffrances du corps, le bonheur, les violences faites aux femmes, la peur, la mort… en mélangeant, humour et gravité. « Où vont les larmes quand elles sèchent » est un dialogue entre ton lecteur et toi, un partage d'histoires à travers lesquelles on (ré)apprend des choses essentielles. On se glisse également derrière le bureau du médecin qui, loin d'être un surhomme, est juste un homme, avec ses faiblesses, ses mauvais jours, et des envies de hurler que le monde est injuste. « Ça manque vraiment aux gens, d'avoir quelqu'un qui s'intéresse à eux. Juste de temps en temps. »

Faut que je te parle de la citation de Nietzsche et de la tienne qui est tellement plus juste ! (pardon Nietzsche)« Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort. Oui, peut-être. Tant mieux. Pour certains, ça doit marcher. Mais pour les personnes que ça a rendu plus fragiles ? Plus sensibles ? Plus chancelantes ? Parfois, ce qui a été fait ne peut être défait, c'est comme ça. Ce qui ne nous tue pas nous brise en mille morceaux. Alors oui c'est joli la mosaïque, mais c'est long à assembler. » En mille morceaux. Quand on a compris ça, on devient sans doute un meilleur médecin. Hors maladies sérieuses et diagnostiquées, les douleurs récurrentes ont presque toujours une raison d'être. Mais quand on ne sait pas écouter, on finit par rendre sa blouse en balançant « faudra apprendre à vivre avec ma p'tite dame ». Tu sens le vécu ? Avant, quand j'étais plus jeune, je ne disais rien. Aujourd'hui, je boycotte, mais je dis pourquoi. Je vois alors de grands yeux étonnés qui ne comprennent pas d'où vient cette « hystérie toute féminine »… Maintenant, je vais leur dire d'aller lire Beaulieu, « Où vont les larmes quand elles sèchent » et tous les autres, et de prendre des notes.

Je ne peux pas terminer sans parler de ton rapport aux frangines. C'est beau, un homme qui se bat pour la cause des femmes, pas seulement pour l'idée, mais aussi parce qu'il voit/sent où est le noeud dans le coeur des frangines. Est-ce facile d'être une femme en 2023 ? Non. Est-ce que ça s'arrange ? Ça dépend sur qui tu tombes. Y a toujours des cons pour se plaindre du cancer du sein de sa femme… C'est vrai qu'on ne parle pas assez de la branlette espagnole. C'est quand même un sujet phare dans l'histoire de l'humanité. C'est amusant (je dois bien le reconnaître) de voir un homme rentrer dans le lard d'autres hommes pour leur incapacité à prendre des décisions, leurs habitudes à se reposer sur les femmes/mères, leurs comportements supérieurs et leurs problèmes d'érections. J'aime quand tu montres du doigt les prédateurs, les violeurs, les cogneurs… Tous ceux qui provoquent dans nos vies ces instants de vigilance permanente. « Comment peut-on, nous les hommes, rendre les femmes aussi vigilantes ? Aussi suspicieuses ? Et surtout quel poids mental énorme pour vous de devoir être ainsi en permanence aux aguets ! » On se sent moins seules, nous, tes frangines. Tu as l'intelligence du coeur, la plus noble et la plus prévenante.

« Où vont les larmes quand elles sèchent » aborde également la mort puisque ton métier c'est de maintenir la vie. Qui est le mieux placé pour parler des corps qui souffrent, de tous ceux qui se battent au quotidien pour une main posée sur l'épaule, un mouchoir tendu, un sourire rendu ? « Si la santé, c'est le silence des organes, la maladie chronique est un brouhaha permanent, une vraie maternelle pendant la récréation. » L'empathie n'est pas un mot vain et personnellement cela me rassure un peu sur l'humanité. « Je crois que je soigne pour abaisser la température du gros thermomètre méchanceté. » Certaines de tes réflexions font sacrément cogiter et je veux que tu saches à quel point j'ai été sensible à cette prise de parole, et cet échange permanent de questionnements avec ton lecteur. Tu lui poses beaucoup de questions, et il prend le temps de chercher les réponses. J'ai pris ce temps. Peut-être que contrairement à d'autres, je pense que la littérature peut nous élever, voir nous sauver… en mettant le doigt sur un élément qui permet d'y voir plus clair. Quand soudain tout s'illumine, que le lecteur comprend quelque chose de fondamental sur sa propre existence, c'est un cadeau immense.

J'aurais encore énormément de choses à dire tellement « Où vont les larmes quand elles sèchent » est dense. Avant d'aimer l'auteur, j'aimais l'homme. Maintenant j'aime en plus tes cris à l'écrit, ta poésie, ta vision de « l'après », ta perception du bonheur, tes doutes, ta faillibilité, tes yeux qui regardent vraiment, ton corps qui écoute totalement, ta confiance en nous en partageant ce qui t'a touché et les visages gravés. Loin d'être triste, « Où vont les larmes quand elles sèchent » est un roman sensible, profond et lumineux sur les humains en général et la vie en particulier. Je finis sur cette phrase, bouée lancée à la mer : « Sans doute qu'on ne devrait jamais remettre à plus tard, parce qu'il est toujours plus tard qu'on ne le pense dans la vie. » Merci.

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Interne à l'hôpital, au SAMU, Jean reçoit l'appel d'une maman en détresse. Son fils, âgé de 6 ans, convulse. Mais, parce qu'elle s'est trompée d'adresse, 42 au lieu de 24, le SAMU arrive au bout de 12 minutes au lieu de 6. Une erreur fatale puisque l'enfant décédera quelques jours plus tard. Pour Jean, c'est un drame dont il ne se remet pas. Quelques jours de vacances, un retour à l'hôpital qu'il quittera très vite. Aujourd'hui, Jean, à 36 ans, est médecin de famille dans un petit cabinet. Il gomme ainsi l'asymétrie entre soigné et soignant et le cabinet est un lieu plus propice à l'échange. Pour autant, depuis le drame, le jeune homme est incapable de pleurer. Aussi a-t-il décidé de prendre la plume pour raconter les rencontres, les anecdotes, les pathologies... en espérant, peut-être secrètement, comprendre pourquoi ses larmes ne veulent plus couler...

À travers le personnage de Jean, et au moyen d'un long monologue, Baptiste Beaulieu nous raconte son quotidien de médecin de campagne. Empreint d'une extrême empathie, de dévouement, de sincérité, parfois d'humour ou de colère, il se penche sur ce quotidien surchargé, sur ses patients sur leurs petits bobos et leurs maux, sur leurs silences parfois. Des anecdotes plus ou moins tristes, plus ou moins graves ou drôles, des rencontres touchantes et émouvantes pour la plupart. S'il soigne, Jean, avant tout, écoute. Ce qui se dit et se qui se tait. Ce qui se murmure. Avec clairvoyance, il fait état du monde médical en dénonçant notamment le manque de moyen et de temps, les personnes âgées délaissées, les démunis, la violence conjugale, le manque de respect... Autant de sujets plus ou moins graves que l'auteur réussit à rendre passionnants, poignants et universels d'autant qu'il ne manque ni d'humour, ni de tendresse, ni de compassion. Tout sonne juste et vrai. Aussi, c'est avec beaucoup d'émotions que l'on quitte Alvaro, Josette et tant d'autres et le coeur serré que l'on laisse Baptiste Beaulieu sécher ses larmes...

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Il est toujours intéressant de se pencher sur le cas d'une star des réseaux sociaux, qui réussit l'exploit de maintenir son activité de médecin, tenir une chronique sur France Inter et remplir son compte Instagram aussi régulièrement (et depuis peu en ayant endossé le rôle de père). Qu'est-ce qui plaît tant chez Beaulieu ?

Ce dernier roman au titre incroyablement niais (à se demander comment on a pu le laisser passer) consiste en une succession d'anecdotes et de portraits de patients, qui sonnent aussi faux que celles dont l'auteur nourrit Instagram à la petite cuillère, narrées avec un panel d'expressions toutes faites (« ne paie pas de mine », « j'en ai gros sur la patate »), des dialogues au kilomètre, des phrases qui tirent à la ligne (ça fait sans doute plus sérieux), des détails cracra (pourquoi pas, c'est un fétichisme comme un autre et l'auteur s'y vautre complaisamment)… Mais surtout, on a l'impression qu'il ne sait jamais quel ton adopter selon ce qu'il raconte : un passage triste sera déclamé avec des tentatives d'humour catastrophiques, et on n'en manque pas entre les Urgences et le cabinet médical. Littérairement, c'est simple, cela n'a aucune personnalité, c'est une tambouille de lieux communs sans style, mais qui tente des métaphores pas toujours très heureuse (l'inénarrable comparaison avec les souvenirs de tendresse amoureuse qu'on pourrait transformer en mégots – des déchets puants remplis de nicotine et de produits toxiques donc – à garder sur soi pour quand on se sent seul ! ).

Et sinon, quel est le fil rouge de ce « roman » ? C'est que Jean, le narrateur, n'arrive plus à pleurer en dépit de toutes les histoires pathétiques (au sens premier de « pathos ») auxquelles il est confronté. Il y revient sans arrêt, c'est sa marotte « c'est si triste, mes larmes se sont taries blablabla, où se sont-elles enfuies blablabla ». Ce dont on ne se rend pas compte au premier abord, outre son niveau d'écriture et de narration qui ne vole pas plus haut que le fond du panier de centaines d'ouvrages auto-publiés (et non relus sérieusement), et qui étreint dans un deuxième temps, c'est le mépris (essentiellement des hommes hétéros, ces ordures) et la flagornerie dégoulinante (envers les femmes, ces héroïnes toujours si bonnes et irréprochables) qui suintent à toutes les pages de ce pseudo-roman. le tout pose quand même une question cruciale : les patients qui défilent chez BB apprécient-ils l'idée de se retrouver dépeints de façon aussi caricaturale (sur son compte Instagram ou dans ses bouquins), et de subir toute son arrogance après lui avoir confié leur corps, leur intégrité et s'être ouvert avec un sentiment de sécurité ? Ça en devient très gênant au fil des pages. L'Iconoclaste qui a nous habitué à prendre plus de risques sur ses publications n'en a pris aucun avec celle-ci, qui de toute évidence n'est là que pour alimenter la trésorerie de la maison.
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J'ai fait la connaissance de Jean, il est médecin généraliste. Avant d'avoir son cabinet, il était interne urgentiste à l'hôpital. Un jour, un appel d'une mère en panique, son petit garçon de six ans fait une crise d'épilepsie. Dans la panique, elle inverse les deux chiffres de son numéro d'adresse, le SAMU se trompe et doit chercher le bon endroit, faisant perdre du temps précieux. À leur arrivée, le petit garçon est décédé. Cela fait vaciller Jean. Un autre événement à l'hôpital va poursuivre sa résolution, Edith a eu un AVC et attend une place, une mort survient libérant une place, et Jean de se dire qu'il se réjouit de la mort de cette personne pour pouvoir prendre en charge Edith. Et puis à l'hôpital, pas le temps d'appeler les gens par leurs noms, c'est bien souvent "L'AVC de la 2", Jean ne supporte plus de réduire des personnes à leurs pathologies, il ne supporte plus cette déshumanisation, et décide donc de s'installer à son compte et d'ouvrir son cabinet médical. Et il voudrait pleurer la mort de cet enfant, mais n'y arrive pas. 



Jean a une patientèle qui prend de plus en plus d'ampleur. C'est un médecin qui prend son temps avec les malades, qui sait déchiffrer les non-dits, il prend soin de ses patients. Il a tellement de "succès" que les personnes sont de plus en plus nombreuses, il y a une file d'attente de plus en plus grande. Mais Jean ne désarme pas. Il a un coeur énorme ce médecin, il s'attache à ses patients, à Mr Soares, diabétique, qui perle des gouttes de sang, Mme Chahid qui lui fait des cadeaux, Josette avec son cancer, tous des gens qui apportent beaucoup à Jean. Il se raconte, parle de ses colères quand il voit des femmes maltraitées, quand leurs compagnons sont trop violents. Il est très empathique et veut aider tout le monde, il s'oublie, et ses larmes ne coulent toujours pas. Il garde tout en lui, et ça fait beaucoup.



Le récit de Jean prend la place d'un monologue où il confie au lecteur ses etats d'âme, ses combats. Et au travers de Jean, on sait que c'est le Docteur Beaulieu qui parle, qui nous parle de ses anecdotes, parfois drôles, parfois tragiques. Il raconte ses visites à vélo chez les malades, sa vie quotidienne, ses émois, et toujours cette difficulté à pleurer, qui pourrait être pour lui un soulagement. Il aborde de nombreux sujets qui touchent chacun de nous, la maladie bien sûr, la dépression, la perte d'un être cher, la fin de vie, la maltraitance, nous avons tous été confrontés un jour à l'un ou l'autre. Et l'auteur en parle avec beaucoup de justesse et de sensibilité, on sent sa colère et son impuissance face à des personnes qu'il ne peut pas aider. Ce doit être tellement dur pour un médecin de ne pas pouvoir venir en aide, il faut beaucoup de résilience et d'humilité pour accepter cela. 



Baptiste Beaulieu est un médecin qu'on aimerait tous avoir. À l'écoute, qui prend le temps de parler avec ses patients, qui sait lire entre les lignes, qui comprend les messages du corps. Il me donnerait envie de déménager à Toulouse pour faire partie de ses patients. J'ai retrouvé dans ce livre, la personnalité de Baptiste Beaulieu sur les réseaux, où je suis ses publications, ses coups de gueule, ses joies. J'avais même l'impression de l'entendre parler, comme lors de ses interventions chaque semaine sur France Inter. C'est écrit comme si il était en train de s'exprimer, avec des expressions, des gros mots, un parler vrai et franc. Pas de langue de bois, il dit ce qu'il pense et c'est aussi ce qui fait que je suis fan. 



La lecture se fait très facilement avec beaucoup de fluidité. C'est une sorte de succession d'anecdotes, de patients, de visites, avec tout de même une évolution de la pensée du personnage et donc de l'auteur. C'est rempli de belles phrases, de belles réflexions, je crois que je n'ai jamais mis autant de post-it dans un livre. Je vous note certaines que j'ai relevées ci-dessous. J'aimerais tout mettre, mais ce serait trop long. C'est pour ça aussi qu'il faut que vous lisiez ce livre, car au-delà du récit des vies des patients, il y a une profonde réflexion sur notre société actuelle, sur la politique menée dans notre pays qui fait que la médecine est en crise. Et pourtant, préserver nos hôpitaux publics, soigner les personnes malades, devraient être primordial pour les hommes politiques... 



J'ai beaucoup beaucoup aimé ce livre. Sous couvert d'un récit intimiste entre un médecin et ses malades, il met au jour l'angoisse de la vie humaine ressentie par chacun de nous. Ce récit devient collectif, et nous touche tous personnellement. On connaît tous les mêmes personnes que le roman, cela peut être nous, ou notre famille. C'est ce qui rend ce roman encore plus touchant et beau. J'ai perdu ma maman l'année dernière, suite à un cancer, j'ai connu les services de soins intensifs, les services de fin de vie. Je suis personnellement touchée par des maladies qui font que je me rends souvent chez divers médecins et hôpitaux, je me suis donc retrouvée beaucoup de fois dans les paroles de Jean. Et je pense que ce sera pareil pour chacun des lecteurs. L'auteur fait certains constats qui font peur, mais il est aussi porteur d'espoir sur notre humanité, rien n'est perdu, il faut juste continuer de croire en l'homme. Dans les dernières phrases du livre, l'auteur nous dit "Pardon d'avoir dit tout cela". Oh mais bien sûr que je vous pardonne, Baptiste. Et en même temps je ne vois pas pourquoi vous demandez pardon, tout ce que vous avez dit est tellement nécessaire et utile. Vous avez raison de parler de tout cela, avec vos mots, avec votre sensibilité, avec votre humanité. Et je continuerai à vous écouter, à vous lire, parce que ce que vous dites fait du bien, c'est émouvant, c'est drôle, ça ne laisse pas indifférent. Vos mots font plus de bien que tous les médicaments existants, alors un énorme merci pour tout ça. Comme vous dites, "on va pouvoir pleurer maintenant."



J'ai aimé ce livre, je l'ai fermé avec regret, j'ai ralenti exprès le rythme de ma lecture pour rester le plus longtemps possible avec l'auteur. Mais je sais que je peux le retrouver sur les réseaux sociaux et ça fait plaisir. Il faudrait que tous les médecins soient comme lui. Je ne peux que vous conseiller la lecture de ce roman, je suis sûre qu'il vous plaira. Attendez vous à rire et à être émus, et pourquoi pas à verser quelques larmes. de mon côté, j'ai déjà hâte de lire un nouveau roman de l'auteur afin de le retrouver. Je suis très contente d'avoir ce livre dans ma bibliothèque, cela me permettra de relire certains passages et de retrouver les mots qui soignent les maux. 
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Roman, c'est ce que dit la couverture. Peut-être pour la simple et bonne raison que l'auteur voulait prendre de la distance entre sa vie et son quotidien de médecin généraliste ?
Le personnage n'est pas Baptiste, c'est Jean. Il ressemble pourtant comme deux gouttes d'eau à Baptiste, jeune médecin généraliste homosexuel découvrant le relationnel « je t'aime-moi non plus » avec des patients d'horizons et de vécus différents et surnageant dans les méandres bourbeux du système médical français qui ploie sous la charge de travail.
Le « roman » s'ouvre sur le constat que depuis la fin de son internat et du décès d'un petit garçon pour lequel il n'a rien pu faire, Jean ne peut plus pleurer malgré sa fréquentation permanente du puits insondable des affres et douleurs de l'Humanité réunie tous les jours dans son cabinet. Ce constat sera le point de départ d'une succession d'anecdotes de consultations médicales et d'histoires de patients qui vont permettre à Jean de cerner les origines de son mal et son impossibilité à guérir.
Je ne connaissais ni l'auteur ni le médecin qui prend le micro sur France Inter et poste sur Instagram. J'y ai découvert quelqu'un de fort sympathique, empathe et maniant avec tact l'humour. On sourit, on est touché par des histoires qui font écho aux nôtres, on partage ses colères contre l'inaptitude et l'absence de déontologie de certains, on s'offusque des jugements tout faits dénoncés.
On est bien obligé d'avouer que la société est telle qu'il la décrit vue du pas de la porte de son cabinet : arrogante et mesquine, sauvage et violente, machiste et dominatrice. Bref, comme dans tout cabinet médical, les humeurs à purger ne sentent pas très bons. C'est toutefois un moyen de se poser face à ce constat, d'y réfléchir deux secondes, de se mettre dans les pompes d'un jeune homo massacré pour avoir tenu la main de son copain, d'une femme au corps meurtri et aux lèvres scellées, d'un jeune médecin débordé en questionnement perpétuel sur sa pratique et seul, absolument seul pour y trouver ses réponses. C'est il est vrai peut-être un peu répétitif et cela écorne là aussi encore la charte déontologique des soignants... mais il est bien écrit « roman » sous-entendu « toutes ressemblances avec la vie d'une personne ayant existé est purement fortuite », non ??! Je suis sûre que ce « roman » a au moins le grand mérite de donner à voir l'état moribond du milieu de la santé aujourd'hui. Patients et médecins sont sur la corde raide à jouer les funambules devant des pantins politiques qui applaudissent aux numéros d'équilibristes des uns qui essaient de ne pas crever de leurs cancers non diagnostiqués et des autres qui jonglent entre stéthoscopes, anti-dépresseurs et burn-out. Et tout cela avec un trait d'humanité (c'est quand même un peu rare de nos jours et ça mérite d'être salué) et sans noyer le lecteur dans un discours accusateur plein de fiel. Moi je dis, ça valait les vingt euros non remboursés par la Sécu !
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critiques presse (4)
Liberation
13 novembre 2023
Baptiste Beaulieu, confronté à la souffrance physique et psychique, s’inspire de sa profession pour ce sixième roman : ces visages qui défilent dans son cabinet, il s’en souvient par devoir.
Lire la critique sur le site : Liberation
MadmoizellePresse
07 novembre 2023
Avec sa plume vive, drôle et poétique, le romancier tisse des histoires de femmes et d’hommes rencontrés à son cabinet, comme autant de condensés d’humanité. Et se livre aussi derrière la blouse blanche.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Actualitte
07 novembre 2023
Sans tomber dans une critique sociale dithyrambique, Baptiste Beaulieu nous invite à regarder la vérité en face, tout simplement. Et, peut-être aussi, à trouver de la beauté dans ce qu’on appelle l’humanité.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LePoint
31 octobre 2023
D'anecdotes hilarantes en coups de gueule vociférants (…), d'éclats poétiques en punchlines volcaniques, Baptiste Beaulieu suture délicatement la plaie d'une humanité terrifiée par la mort, percluse de douleurs, dévorée par sa soif d'amour.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (208) Voir plus Ajouter une citation
Pleurer devant des gens, c'est comme se mettre nu, ça demande du lâcher-prise (je n'en ai pas quand je suis seul, alors avec quelqu'un?). Ça et autre chose : de la confiance.
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Si la santé, c'est le silence des organes, la maladie chronique est un brouhaha permanent, une vraie maternelle pendant la récréation. Quelle fatigue! Je suis sûr que les malades chroniques comprennent ce que je veux dire. Rien de tel qu'un malade pour en comprendre un autre.
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On ne devrait pas mourir sans en avoir l'âge.
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Ça a été, et ça ne peut pas ne pas avoir été. J'essaie d'y croire, et de me le répéter. Ça me fait un joli bouclier. Bref. Trop de lyrisme cul-cul, le miel, ça colle aux doigts et ça anesthésie, on en donne aux bébés avant de les vacciner, ce n'est pas pour rien si les adultes en ont aussi besoin parfois... On se demande si Dieu existe ou s'il a piscine, mais être à cette veillée, c'était un peu comme si, même en ne sachant rien, on devinait quelque chose, vous voyez ?
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- Comment ça va, le moral, en ce moment ?
- C'est-à-dire, docteur ?
- Je sais pas, est-ce que vous vous sentez plutôt heureux ?
- Ouh là ! Je prête surtout attention à ne pas confondre le bonheur et le plaisir, docteur.
(…) Le plaisir, c'est ce qui me distrait de mon chagrin habituel, docteur. Un peu comme la météo et le climat. C'est pas la même chose. Parfois j'éprouve du plaisir, et c'est comme s'il faisait beau temps. Ça ne veut pas dire que le climat est meilleur. Mais quand il fait beau souvent, on finit par se dire : tiens, cette année, le climat a été clément. Voilà.
- Et il est comment le climat, cette année ?
- Comme la Bretagne, docteur. À chier.
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Videos de Baptiste Beaulieu (42) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Baptiste Beaulieu
A l'occasion de la Rentrée littéraire Automne 2023 organisée par Occitanie Livre & Lecture, Baptiste Beaulieu est venue présenter son nouvel ouvrage "Où vont les larmes quand elles sèchent ?" (Editions L'iconoclaste, 2023). Enregistré à la médiathèque José Cabanis de Toulouse le 21 septembre 2023.
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