Citations sur Histoire du siège de Lisbonne (38)
le correcteur dit,Oui, ce signe s' appelle un deleatur,nous l' employons quand nous devons supprimer et effacer;le terme s' explique de lui-même et s' applique autant à des letres isolées qu' à des mots entiers ,il me fait penser à un serpent qui au moment de se mordre la queue se serait ravisé
Ce sont là des cas qui, bien que rares, se produisent dans les épisodes de guerre, principalement dans les travaux de siège, car on y fait feu de tout bois, les flèches vont, viennent et n'était l'usure résultant de leur constante utilisation, une bataille comme celle-ci pourrait ne jamais prendre fin, même sans prendre en considération les usines d'armement fabriqué à la chaîne dans le quartier de Braço de Prata, et on aboutirait finalement à la situation extrême où il ne resterait plus qu'un seul survivant face à un arsenal intact, des masses d'armes et plus personne à tuer.
Certaines relations harmonieuses se créent et durent grâce à un système complexe de menues contre-vérités, de renoncements, une espèces de ballet complices d’attitudes et de postures qui peut se résumer dans un proverbe jamais cité, ou plutôt une sentence, cette désignation lui convenant beaucoup mieux, Toi et moi nous savons, mais tais-toi et je me tairai.
Résignons-nous donc à ne pas savoir ce que Mogueime pense réellement, remettons-nous-en à l'apparente clarté des actes, qui sont la traduction des pensées, même si pendant le passage de la pensée à l'acte certains éléments inévitablement se perdent ou s'ajoutent, ce qui veut dire finalement que nous avons aussi peu de lumières sur ce que nous faisons que sur ce que nous pensons.
Il y a eu une certaine précipitation dans la venue du Sauveur. Aujourd'hui, par contre, elle eût été bienvenue.
Ce que la vie ne leur avait pas enseigné ou ce qu'ils n'avaient pas voulu en apprendre, la littérature s'était chargée de le leur faire connaître.
... des fragments de rêve seulement, des images insensées où la lumière ne pénètre pas , indéchiffrables même pour les narrateurs que les personnes mal informées croient investis de tous les droits et en possession de toutes les clés, si tel était le cas, ce serait la fin d'une des bonnes choses qui subsistent encore en ce monde, la vie privée, le mystère des personnages.
Assis maintenant à son bureau, les épreuves de la plaquette de poèmes devant lui, il suit sa pensée, encore qu'il serait peut-être plus exact de dire qu'il la précède car, sachant combien la pensée est rapide, si nous nous contentons de la suivre très vite nous en perdons la trace et nous sommes encore en train d'inventer la passarole que déjà celle-ci vogue parmi les étoiles.
Dans un moment pareil, le stoïque souriait, si tant est que cette espèce classique ne se soit pas entièrement éteinte pour laisser le champ libre aux évolutions du cynique moderne, qui à son tour n'a qu'une ressemblance minime avec son ancêtre philosophe et péripatéticien. Quoiqu'il en soit, un pâle sourire éclot sur le visage de Raimundo Silva, une tristesse virile tempère son air de victime résignée, comme on dit si volontiers dans les romans à personnages.
Raimundo Silva accepte donc Mogueime pour personnage, mais considère qu'il doit d'abord élucider certains points pour que ne subsiste aucun malentendu susceptible de l'empêcher plus tard, quand les liens de l'affection inévitable qui attachent l'auteur à ses univers sont devenus indestructibles, de l'empêcher, disions-nous, d'assurer pleinement les causes et les effets qui resserrent ce nœud avec la double force de la nécessité et de la fatalité.