L’an 532, Justinien Ier règne sur tout l’Empire Romain. Constantinople était le joyau de l’Empire. Et l’hippodrome, le joyau de Constantinople. Les courses de chevaux étaient l’attraction favorite des Romains d’Orient. Deux camps de supporters avaient fini par se constituer : les Bleus et les Verts. Chaque citoyen de l’empire dévouait sa vie et sa fortune à la couleur dont il héritait ou qu’il adoptait. Avec le temps, la puissance et l’influence de ces deux factions irréconciliables se mesuraient à chaque compétition de chars. Pour les empereurs, l’hippodrome était une arme de stabilité du pouvoir. Tant que le peuple se divisait aux courses, le règne impérial n’était pas menacé. Diviser pour mieux régner, ce procédé fonctionna à merveille pendant deux siècles, jusqu’à cette sanglante semaine de janvier 532…
[Maxence] Je t’avais juré, Théodora, que te je suivrais jusqu’au bout du monde. Oui… Mais pas jusqu’en enfer.
Pourquoi oublie-t-on toujours de dire que les petits enfants sont plus près de la mort que les vieillards ? Ils en sortent, encore tout empreints de ce continent noir qui ne laisse s’échapper aucun souvenir. Parfois y ils retournent prématurément…
[Théodora] Il ne me resterait d’autre solution que la retraite, je dédaignerais encore à fuir ! Nous tous condamnés à la mort, mais ceux qui ont porté la couronne ne doivent jamais supporter la perte de leur dignité et de leur empire ! Je prie le ciel qu’on ne me voie jamais sans mon diadème et sans ma pourpre, que la lumière cesse pour moi, le jour où l’on cessera de m’appeler du nom de reine !
[Théodora] Pour moi, le trône est le plus glorieux de tous les linceuls !
Une forteresse se dresse aux confins de l’empire perse des Sassanides. On la baptise Oblivion, la « Prison de l’Oubli ». Une loi défendait alors d’évoquer ceux qui y étaient enfermés… Le châtiment de l’oubli pouvait frapper n’importe quel sujet du vaste empire. Ce secret s’étendait au sein de la prison : les gardes eux-mêmes devaient ignorer le nom de leurs détenus.
- Le ciel a parlé hier, ici même, à Galata !... Le miracle des pendus ! Le peuple doit s’unir et renverser Justinien et sa catin d’impératrice, dont l’existence même blesse le Très-Haut !
- Tais-toi, vieux fou ! Tu ne crois pas qu’il y a déjà assez de morts depuis cette nuit ?
- Non !! Pas assez au regard de Dieu !
Raconte ce que tu as vu, l'aveugle !