Le particulier peut concevoir l'universel, mais l'universel ne peut concevoir le particulier. L'Etat ne peut donc reconnaître que l'universalité dela fonction.
En un mot l'individualité n'est certainement pas la négation de la particularité animale vers l'universel mais le dépassement de l'universel vers l'invention personnelle.
J'ai « mon » langage. Si je le retourne vers moi, je constate justement que le discours n'est plus possible sans une modification radicale du type « artistique » : il faut individualiser le langage pour qu'il puisse rendre l'individuel. Ou alors je l'emploie comme universel-universalisant mais c'est pour tomber dans le cercle cité plus haut. Il se peut que je veuille par fuite ne me faire que langage.
L'homme par sa négativité qui brise toutes les formes où il s'enferme, porte toujours plus loin les limites de ce qui est de l'homme. Il est perpétuelle conquête pour l'espèce de terrains d'existence nouveaux. Il est donc toujours en dehors de l'espèce vers un nouveau progrès (pris ici en toute littéralité) et l'espèce tombe en dehors de lui et derrière lui comme ce qu 'il a été.
L'Homme par contre est individuel (et donc dialectique) en lui-même et par lui-même comme il l'est aussi pour soi. Il l'est pour soi parce qu'il se connaît non pas seulement comme " ce particulier-ci " mais encore comme un .. représentant " du genre humain (et il peut agir en tant que tel). Il l'est aussi par soi car c'est lui-même qui se nie dans sa particularité animale donnée pour se concevoir et se manifester (par la parole et par l'action) dans son universalité humaine.
Achéménides dit que les hommes sont méchants. Mais il est homme, donc méchant par essence ; il ne peut donc juger sa méchanceté, en parler, discourir sur elle et la juger moralement câf il se placerait alors du point de vue du Bien, ou, si l'on veut, il dépasserait en la conservant, soit qu'elle devînt méchanceiê consentie, soit méchanceté niée. Donc il n'est pas méchant, alors l'homme n'est pas méchant.
L'homme est bon », « l'homme est méchant », etc. Bien sûr qu'il est méchant si l'on entend par là que c'est par lui seul que la méchanceté vient au monde. Mais il est aussi au-delà de la méchanceté, puisqu'il la nomme et la définit comme mauvaise. C'est plus compliqué encore car la méchanceté me ressaisit : tant que je disais : l'homme est méchant, je contemplais les autres et je leur conférais une qualité objective mais dti coup j'étais moi-même hors de la méchanceté., Ainsi ma définition était· fausse.
Il serait donc tout à fait erroné de voir dans la lutte des classes le combat de deux chiens acharnés à se disputer le même os. C'est plutôt un jeu de cache-cache où l'on se bat toujours contre un adversaire invisible et supposé, qui n'est jamais où on le cherche.
L'homme-machine voyant le futur avec ses préjugés de machine (universalité : l'homme est remplaçable à la machine et les produits de la machine sont équivalents : universels) revendique une libération de lui-même c'est-à-dire de lui comme il est sans se rendre compte que cette libération impliquerait sa transformation (autrement dit qu'on ne peut pas le libérer comme hommemachine) mais de ce fait il crée un futur du même type, qui est la libération méditée et projetée du remplaçable, donc il incline l'Histoire à sa ressemblance.
Il y a des machines parce que l'homme se fait machine. Ainsi le travail a un caractère ambigu (tout à fait en dehors de l'oppression de l'homme par l'homme) : d'une part en effet comme dit Hegel lui-même, à propos de l'esclave : il renvoie à l'homme l'image de sa liberté. Mais d'autre part cette image est un piège car l'homme qui s'y mire y voit le reflet (illusoire mais fascinant) de sa passivité.