L'Histoire est toujours autre qu'elle-même. Même le vrai qu'on dit d'elle est faux par incomplétude parce que, dès qu'on le dit, il est autre.
L'Histoire c'est l'Autre. Quoi qu'on en fasse, quoi qu'on y fasse, l'entreprise devient autre, c'est par son altérité qu'elle agit et ses résultats sont autres que ceux qu'on avait espérés. Elle a l'unité de l'Autre qui contient en soi l'altérité infinie et elle est toujours autre que ce qu'on la dit être, quoi qu'on en dise. Cela est logique puisque l'Histoire c'est l'histoire des hommes en tant qu'ils sont tous pour chacun, chacun pour tous des autres.
La liberté constitue l'Histoire en créant la durée concrète et absolue de non-répétition. Mais elle tue l'Histoire en pouvant toujours la nier à tout instant par un décret. Sur quoi elle est reprise par l'Histoire comme assimilée et mise en rapport avec le passé dans son caprice même par elle-même et surtout par d'autres libertés.
S'il y a Histoire, il y a réalité du temps, Sinon, le temps n'étant qu'illusion, restent les essences. Le temps, mythe platonicien pour exprimer le rapport entre les essences. Mais si le temps n'est qu'apparence, au moins a-t-elle la réalité de l'apparence donc l'être, il se pose pour soi et il existe absolument.
On ne capitalise pas, précisément parce qu'il n'y a pas un être pour capitaliser (reconnu par le bon sens sous la forme : l'expérience des autres ne profite jamais). C'est le piétinement.
Dans la mesure où la totalité se détermine elle-même, il y a évolution et progrès. Donc progrès piétinant. Toujours des opprimés : donc prolétaire à patron comme esclave à maître. Et peut être plus malheureux. Pas d'intimité domestique avec le maître.
Dans un système mécanique on peut concevoir que le mouvement communique à une partie. Je communique à la totalité sans subir d'autres altérations que celles qui sont prévisibles. Ainsi pour obtenir un effet déterminé sur le tout on agira sur la partie ,d'une manière rigoureusement fixée.
La politique est la négation de l'Histoire parce qu'elle suppute sur la division. Elle est donc recommencement.
En un mot toute théorie de l'Histoire est historique. Il n'en serait pas ainsi si l'Esprit était une totalité totalisée parce qu'alors il serait ce qu'il penserait être (comme dans la conscience de chacun). C'est le mythe hégélien. Ainsi suffitil que Hegel fasse le hégélianisme pour que nous soyons posthégéliens; il suffit que Marx crée la dialectique matérialiste pour que cette dialectique soit jouée par des consciences qui du coup sont par-delà cette dialectique.
L'homme moyen est abstrait et soumis à des lois abstraites. Il est toujours subordonné mais il l'est médiocrement et à des médiocres. Il veut être toujours entre les extrêmes; il veut qu'il y ait toujours au-dessus de lui des supérieurs qui risquent et au-dessous des coupables qu'il puisse juger. Pour être moyen il a besoin des extrêmes. Mais il pense que les extrêmes sont des moyens pour qu'il soit moyen. Ainsi finalement tout tombe dans l'inessentiel.