Il y a des vérités qu'on peut énoncer sur l'homme : elles concernent sa condition. L'homme est libre, il est mortel (en négligeant le saut intérieur), il est intelligent (au sens : il a la faculté d'entendement) il est historique, etc. Parce qu'elles peuvent être établies conjointement de l'extérieur et de l'intérieur. Finalement ce sont des vérités réflexives. Elles procèdent d'une conscience observant la condition d'homme. Mais il y a indétermination touchant toutes les autres.
En un mot: il s'agit d'être moral dans l'ignorance.
C'est pourquoi la morale intellectualiste a raison et tort: bien sûr le savoir aide la morale (il est souhaitable que le savoir ne soit plus pour personne du siècle ignorance) mais il ne fait que reculer le mystère: comme le savoir absolu est impossible, il faut concevoir la morale comme s'accomplissant par principe dans l'ignorance.
Les motivations: 1° La réflexion est d'abord impure non en ses résultats mais en son intention, qui participe de l'impureté de l'irréfléchi, puisqu'elle prend naissance dans l'irréflexion. 2° La réflexion impure est motivation pour la réflexion pure. Elle est originellement mauvaise foi parce qu'elle ne veut pas voir son échec. Mais seule la mauvaise foi peut être à l'origine de la bonne foi. La réflexion pure est bonne foi et comme telle appel à la bonne foi de l'autre.
Le besoin est toujours beaucoup plus que le besoin. Dans la lutte des classes, le prolétariat lutte pour beaucoup plus que le besoin : la justice. La bourgeoisie pour beaucoup plus que la satisfaction de ses besoins : pour le commandement, pour ie luxe, pour la culture, pour sa représentation hiérarchique de l'homme. II n'y a pas besoin, dans la société actuelle, d'être un gros capitaliste pour satisfaire largement ses besoins.
L'acte historique par quoi l'être se néantise en Pour-soi est chute et souvenir du Paradis Perdu. Mythe de la faute dans toutes les religions et le folklore. Il ne faut ici voir ni une nécessité dialectique comme chez Hegel, où la première
relation individuelle est nécessairement celle du maître et de l'esclave, ni un caprice totalement incompréhensible.
Le 6 mars 2024, le philosophe et académicien Jean-Luc Marion était l'invité de la "Fabrique des idées", la série de masterclass que vous propose Philosophie magazine. Spécialiste de Husserl, le phénoménologue a tracé une petite généalogie de ce courant de pensée philosophique, n'hésitant pas à tacler Jean-Paul Sartre, qui n'est "pas un grand phénoménologue", selon lui.
Pour assister à toutes nos "Fabriques des idées" revoir ces masterclass librement, abonnez-vous à partir de 2€/mois, sans engagement
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