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Citations sur L'Enfance d'un chef (4)

Lucien, pour la seconde fois, se sentit plein de respect pour lui-même. Mais, cette fois-ci, il n'avait plus besoin des yeux de Guigard : c'était à ses propres yeux qu'il paraissait respectable — à ses yeux qui perçaient enfin son enveloppe de chair, de goûts et de dégoûts, d'habitudes et d'humeurs. « Là où je me cherchais, pensa-t-il, je ne pouvais pas me trouver. » Il avait fait, de bonne foi, le recensement minutieux de tout ce qu'il était, « Mais si je ne devais être que ce que je suis, je ne vaudrais pas plus que ce petit youtre. » En fouillant ainsi dans cette intimité de muqueuse, que pouvait-on découvrir, sinon la tristesse de la chair, l'ignoble mensonge de l'égalité, le désordre?
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Le vrai Lucien - il le savait à présent -, il fallait le chercher dans les yeux des autres, dans l’obéissance craintive de Pierrette et de Guigard, dans l'attente pleine d'espoir de tous ces êtres qui grandissaient et mûrissaient pour lui, de ces jeunes apprentis qui deviendraient ses ouvriers, des Férolliens grands et petits, dont il serait un jour le maire. Lucien avait presque peur, il se sentait presque trop grand pour lui.
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[ … ] Lucien resta seul dans sa chambre. Il se coucha sur son lit et se mit à bàiller. Il lui semblait être un nuage capricieux et fugace, toujours le même et tou­ jours autre, toujours en train de se diluer dans les airs par les bords. «Je me demande pourqu?i j'existe ? » Il était là, il digérait, il bâillait, il entendait la, pluie qui tapait contre les vitres, il y avait cette brume blanche qui s'effilochait dans sa tête : et puis après ? Son existenc(:! était un scandale et les responsabilités qu'il assumerait plus tard suffiraient à peine à lajustifier. « Après tout, je n'ai pas demandé à naître » , se dit-il. Et il eut un mouvement de pitié pour lui-même. Il se rappela ses inquiétudes d'enfant, sa longue somnolence, et elles lui apparurent sous unjour neuf : au fond, il n'avait cessé d'être embarrassé de sa vie, de ce cadeau volumineux et inutile, et il l'avait portée dans ses bras sans savoir qu'en faire ni où la déposer. «J'ai passé mon temps à regretter d'être né. » Mais il était trop déprimé pour pousser plus loin ses pensées : il se leva, alluma une cigarette et descendit à la cuisine[ … ]

pp. 89-90
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Pardon Monsieur, lui dit-il à la fin d'une classe, est ce qu'on peut soutenir que nous n'existons pas ? Le Babouin dit que non.
Cogito, dit-il, ergo çoum. Vous existez puisque que vous doutez de votre existence.
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