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3,77

sur 990 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le Mur est un recueil de cinq nouvelles.

La première (sans doute la meilleure) donne son titre au recueil. « le Mur » est un impeccable et saisissant texte d'une trentaine de pages, qui rend compte des réactions humaines face à une situation extrême de l'existence.

L'intrigue a pour cadre la Guerre d'Espagne de 1936, entre les républicains et les nationalistes. Trois républicains ont été faits prisonniers par les troupes franquistes. Après un interrogatoire bâclé, on les enferme dans la cave d'un hôpital. Un commandant vient leur communiquer la sentence : ils seront fusillés le lendemain à l'aube. Un médecin belge est introduit auprès des prisonniers pour noter leurs réactions face à l'idée de la mort...

A partir de là, tout en imprégnant son texte d'une ambiance nauséeuse, Sartre parvient à extraire le minerai pur de l'angoisse. Les condamnés ne peuvent fuir leur situation, ils perçoivent leur mort de manière quasi matérielle. Ils sont confinés et englués dans une attitude figée, qui ne relève plus de l'existence mais de l'essence, car la mort, toute proche, va les justifier...

Sartre exploite génialement cette extraordinaire métaphore du mur. le symbole accède alors à une grande puissance philosophique... Au sens propre, il s'agit du pan de mur contre lequel on place le condamné pour l'ajuster et l'abattre. le mur empêche de fuir les canons des fusils braqués... Mais au sens figuré, le mur est infini, impénétrable ; il est ce qui empêche de fuir notre existence, la situation présente, à laquelle nous devons faire face.

La mort n'est qu'un cas parmi tant d'autres. Il est impossible de fuir son existence, sa liberté, et sa responsabilité, car un mur opaque, invisible, omniprésent, arrête toute tentative d'évasion. L'impasse de l'existence ne nous permettra jamais la fuite. L'on ne pourra jamais se fuir soi-même.

Un grand texte.

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Le Mur, recueil de cinq nouvelles publié en 1939 par Jean-Paul Sartre et également le titre de la première nouvelle du recueil.

Cinq nouvelles de 25 à 90 pages que Jean-Paul Sartre définit comme « cinq petites déroutes tragiques ou comiques... Toutes ces fuites sont arrêtées par un mur » : le Mur (1938), La Chambre (1936), Érostrate (1936), Intimité (1936), L'Enfance d'un chef (1938). Au coeur de ces nouvelles enfermement, folie, obsession, haine, troubles de la personnalité...Des nouvelles qui provoquent malaise, dégoût et questionnement chez beaucoup de lecteurs... Un recueil qui ne laissera personne indifférent.

La première nouvelle, le Mur (1938) est le récit à la première personne d'un prisonnier républicain espagnol condamné à être fusillé par les armées franquistes avec deux autres combattants. Une nuit d'attente, torture psychologique s'il en est, et qui s'achève pour le narrateur avec dérision par sa survie surprise grâce à une trahison non voulue.
La deuxième nouvelle La Chambre (1936) est un récit à la troisième personne et au passé qui explore les thèmes de la folie et de l'enfermement. le héros de l'histoire, enfermé dans sa folie comme dans sa chambre, n'a de lien avec l'extérieur qu'avec sa femme qu'il s'évertue à appeler Agathe alors qu'elle se prénomme Eve (folie, dépression, mémoire défaillante?) le Sentiment d'oppression est au rendez-vous dans ce "huis clos" où la folie comme seule réponse à l'enfermement m'a rappelé le titre éponyme du même auteur.
Érostrate, la troisième nouvelle (1936) est un récit à la première personne associant le présent et le passé pour exploiter les thèmes de la haine de l'humanité et de la violence. le héros ou plutôt l'anti-héros de cette nouvelle est un homme angoissé, obsessionnel, psychopathe n'ayant pas d'empathie et ayant clairement des problèmes de sexualité. Obnubilé par son arme, les femmes et la haine de ses pairs, bien avant les fusillades de masse aux Etats-Unis, il n'aspire qu'à tirer sur ses congénères après s'être mis dans un état proche de la transe. Une nouvelle qui m'a beaucoup troublée par l'analyse de la folie meurtrière de sang-froid.
Je n'ai pas aimé la nouvelle suivante, la plus longue, que pour ma part, j'ai trouvée très brouillonne. Beaucoup de personnages au départ attachants puis de plus en plus agaçants par leurs non-décisions, beaucoup de sentiments exprimés puis réprimés...
En revanche, j'ai beaucoup apprécié la dernière nouvelle: L'enfance d'un chef. le jeune Lucien nous fait part de ses états d'âme sur la vie et sa vacuité. J'ai vraiment pu ressentir ce que le jeune enfant puis l'adolescent exprimait. Et même si la suite de ce que je qualifierai de "nouvelle d'apprentissage" est un peu dérangeante, j'ai trouvé l'ensemble très bien écrit et bien construit.
Un livre que je suis heureuse d'avoir découvert aujourd'hui parce qu'il est au programme de l'agreg de lettres et je suis curieuse de voir comment les futurs profs vont pouvoir s'y référer...
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Dans ce recueil de nouvelles de Jean-Paul Sartre, Erostrate est celle qui m'a frappé le plus. Un homme inférieur, mais fou d'orgueil, donc plein de ressentiment, se demande comment il peut devenir célèbre. Etant incapable d'égaler les autres dans ce qu'ils ont de meilleur, il choisit de les surpasser dans ce qu'ils ont de pire. C'est l'illustration par l'action de l'homme du ressentiment de Nietzsche et Scheler. L'allusion à l'Antiquité est claire: Erostrate, inférieur, impuissant, jaloux, décide d'incendier une des sept merveilles du monde, le temple d'Artémis à Ephèse: c'est l'unique moyen qu'il puisse trouver de se rendre célèbre. Erostrate sera torturé, condamné à mort et on interdira de jamais prononcer son nom. Evidemment, s'il avait été un poil plus malin, Erostrate aurait joué les pompiers pyromanes et aurait proposé de reconstruire en plus beau le temple d'Artémis...
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Le Mur c'est cinq excellentes nouvelles de Jean-Paul-Sartre. La première est sur un prisonnier de la guerre d'Espagne qui sera fusillé à l'aube. C'est aussi celle que j'ai préférée. J'ai aimé suivre tous les états d'âme du narrateur.

La seconde est l'histoire d'une femme qui décide de reste aux côté de son amoureux qui perd peu à peu la boule. C'est bien de suivre toute la douleur de cette femme impuissante face à cette situation et qui reste solidaire malgré tout.

La troisième raconte l'histoire d'un homme qui met peu à peu une folie meurtrière s'installer dans ses pensées et qui décide de passer à l'acte.

La quatrième est sur une femme qui n'est pas heureuse avec son mari et qui tombe amoureuse d'une autre homme mais qui ne se décide pas à partir avec lui.

Dans la dernière, on suit un homme à partir de son enfance où il est jeune et innocent jusqu'à ce qu'il soit un jeune adulte et fasciste. C'est toute la transformation qui fait de lui l'homme qu'il sera à la fin.

J'ai aimé ces histoires parce que l'auteur développe entièrement la psychologie des personnages. C'est ma première expérience avec un auteur existentialiste et j'ai bien aimé.
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« le Mur » est un recueil de cinq nouvelles de longueur variable, paru en 1939
Si vous avez apprécié l'engouement et la joie de vivre de « La Nausée », vous ne serez pas dépaysé avec ce « Mur » au nom tellement symbolique et évocateur : le mur c'est la fin sur laquelle se fracassent tous les espoirs, c'est le bout de l'impasse, c'est le non-retour.
Autant dire qu'on ne lit pas « le Mur » comme on lit « La Gloire de mon père » « Vous qui entrez ici, laissez toute espérance » comme disait Dante. le Mur est un livre sombre et désespéré, qui comme « La Nausée », illustre la théorie de l'auteur sur l'absurdité de l'existence. L'auteur définit ces cinq nouvelles comme « cinq petites déroutes tragiques ou comiques... Toutes ces fuites sont arrêtées par un mur », (quand il dit « comiques », il faut le prendre au sens sartrien, c'est à dire « un peu moins tragiques ».
Ces cinq nouvelles n'ont pas été écrites à la même époque, et la construction du recueil en fait foi : la première et la dernière ont des résonnances très contemporaines (en 1939), alors que les trois autres n'ont pas une assise temporelle bien définie :
« le Mur » est l'histoire d'un condamné à mort dans les geôles de Franco. Il attend qu'on le fusille d'une seconde à l'autre Un coup du destin (une ironie du sort, une absurdité) le fait échapper au « mur » des fusillés… C'est sans doute la meilleure nouvelle du recueil, la plus prenante, la plus saisissante.
« La chambre » raconte l'histoire de deux couples bourgeois. M. et Mme Darbédat n'ont plus grand-chose à se dire, mais ils s'inquiètent du couple formé par leur fille Eve et son mari Pierre. Pierre est fou, et Eve envisage de le tuer avant qu'il ne devienne idiot.
« Erostrate » relate la genèse d'un crime gratuit (Comme Erostrate qui mit le feu au temple d'Ephèse) destiné à mettre fin à une existence insipide et monotone, et motivé par une « haine viscérale des hommes ».
« Intimité » ou les états d'âme d'une jeune femme frustrée mariée à un impuissant
« L'enfance d'un chef » ou comment Lucien, un personnage lambda, plutôt falot et même artificiel peut devenir un antisémite convaincu. Un roman d'apprentissage à l'envers. C'est la nouvelle la plus longue du recueil. Elle a une résonnance toute spéciale en 1939.
Ces cinq nouvelles sont les seules qu'écrira Sartre dans toute sa carrière. Paradoxalement, dans le genre romanesque, c'est ce qu'il a fait de mieux : « La Nausée » tout comme « Les Chemins de la liberté » sont d'une nature difficile à lire tant les considérations philosophiques alourdissent le récit. Ici le style fluide, familier (et souvent trivial) fait que le lecteur ne décroche pas. Pour autant, il ne sympathise pas avec les personnages, dont aucun n'est véritablement positif, sauf peut-être dans le premier récit.
A sa sortie, ce recueil fit scandale par sa description presque obscène des scènes d'intimité, et par la verdeur, pour ne pas dire la vulgarité des dialogues. le fait aussi de prendre comme « héros » des marginaux (condamnés, à morts, malades mentaux, obsédés de toutes sortes…).
Aujourd'hui c'est un classique.
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Nouvelle très angoissante sur des prisonniers condamnés à mort pendant la guerre d'Espagne, l'auteur décrit les sentiments de chacun par rapport à leur fin proche et inéluctable. L'ouvrage est de très bonne facture; l'on ressent presque physiquement les symptômes vécus par les prisonniers (toutes proportions gardées).
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Bonnes nouvelles...
C'est lá oú l'on voit que lorsque l'on a recours à des monuments de la litterature comme Sartre, la qualité des nouvelles est au rendez-vous ce qui n'est pas le cas des nouvelles d'autres auteurs moins connus...
Une valeur sure donc meme si la dernière nouvelle peut prêter á caution en termes de moralité pour ce qui est d'un homme attiré par les jeunes garçons...
A découvrir donc si on n'a jamais lu des nouvelles de Sartre ce qui était mon cas... 😊
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"Another Brick In The Wall"

J'ai beaucoup aimé les nouvelles. C'est simple, j'ai bouclé le livre en deux jours seulement.
Le fait que chaque nouvelles traites d'un sujet en particulier et complètement différents des autres, m'a beaucoup plus.
Les sujets traités sont sérieux et dur mais tellement bien écrit que j'ai tout dévoré !
J'ai été étonné de certains sujet traité pour l'époque.

Je m'y replongerais bien dedans !

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Relecture des deux nouvelles de Sartre, le mur et la chambre...

Excellentes nouvelles toutes les deux... très bien écrites... Lues il y a pourtant longtemps... mais grâce à l'écriture fluide de l'auteur... j'avais l'impression de me souvenir de tout... au fur et à mesure de la lecture...

Sartre se relit facilement tellement il écrit bien... Un plaisir d'avoir revisité ces deux nouvelles...

La première m'a plu pour sa chute et l'ironie du sort...
Quant à la seconde, comment par amour un être pourrait basculer dans la folie... c'est très bien narré et bien vu...
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Ce livre,... fort...questionnant... je l'ai redécouvert à la lueur du théâtre avec une amie qui en a proposé une belle mise en scène (pour "le mur", plongée dans les geôles de la guerre d'Espagne) , des images fortes qui se superposent désormais à la force des mots....
Lien : http://lecture-spectacle.blo..
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