Je viens d'en faire la lecture et la relecture immédiatement après, c'est dire si j'ai aimé ! Ce sixième tome est puissant et ne laisse pas indifférent.
Là où les tomes 1, 2, 3 étaient les tomes de la jeunesse et les 4, 5 ceux de l'adolescence, ce tome 6 est celui du début de la maturité. le héros en prend plein la figure, mais il s'affirme néanmoins en se construisant autour de ce qui le définit vraiment : son caractère d'artiste et de créateur.
J'ai eu l'impression dans les tomes 1 à 5 que
Riad Sattouf était relativement spectateur des événements, avec peu de mise en scène de paroles effectivement prononcées par son personnage. Dans le tome 6, au fur et à mesure que l'histoire avance et que le héros s'affirme, j'ai eu l'impression que le héros se mettait de plus en plus en scène en train de parler et d'exprimer des opinions tranchées, en présence de sa mère notamment.
Toute la partie avec la psychothérapeute est passionnante, ça donne presque envie d'entamer soi-même une thérapie.
Très intéressant également la longue partie sur les déboires de
Riad Sattouf dans ses débuts de créateur : ses études, ses petits boulots, ses galères d'argent, ses galères pour trouver des sujets d'écriture, des maisons d'éditions prêts à le publier, les rencontres qu'il fait, etc... C'est quelque chose qu'il n'avait jamais vraiment mis en scène (contrairement à ses déboires d'adolescents des tomes 4 et 5 qu'on retrouvait déjà largement dans certaines de ses créations: Esther, les Beaux Gosses...). On en apprend beaucoup sur le métier de dessinateur. A rapprocher d'ailleurs de "Le Jeune Acteur" que j'avais beaucoup aimé pour les mêmes raisons à propos du métier d'acteur.
Par rapport aux tomes 1 à 5 qui ne faisaient pas vraiment d'élipses, le tome 6 fait parfois de grosses élipses temporelles (plusieurs années plusieurs fois vers la fin), mais de manière bien maîtrisée. On n'a jamais le sentiment que ça va trop vite ou trop lentement.
En finissant le livre, on prend pleinement conscience du projet d'écriture global de
Riad Sattouf quand il a entamé l'Arabe du Futur, comment les choses ont mûri dans sa tête, pourquoi il s'est lancé là-dedans, et qu'il savait exactement où il voulait nous emmener à la fin du dernier tome.
Le livre termine "bien" dans le sens où on le finit de lire avec un vrai sentiment que l'histoire est achevée, tout ce qui était en suspens a trouvé sa réponse.
Tout l'arc avec le père kidnappeur et le petit frère élevé loin de sa mère est d'une tristesse à pleurer (quelle ordure le père!). le livre offre enfin un dénouement, même si celui-ci est doux-amer.
Bref, une conclusion magistrale pour cette série !