Transporté par le vide au-dessus de l’eau, l’écho de son cri de souffrance va glacer le sang de l’adjudant-chef Mercadier jusqu’à a moelle. Tu m’en dira des nouvelles quand on se reverra, sale con.
La nuque de Marc se hérissa. Une terreur irraisonnée lui soudait les vertèbres. Toutes les histoires qu'il avait écrites foisonnaient de scènes de ce genre. Derrière le type (ou la femme, il fallait bien varier les versions de temps en temps), paralysé par la peur, il y avait toujours une vraie menace, quelque chose de foncièrement mauvais.
Il tira sur le rideau de douche d'un coup sec. Par réflexe, l'homme éberlué posa ses deux mains sur son sexe.
Le pied de biche s'enfonça dans sa joue, fracassa sa mâchoire et arracha toute la chair au passage. Il hurla et tomba en arrière dans le bac à douche moucheté d'écarlate.
Au deuxième coup, le fer pénétra profondément sans son crâne. Ses yeux se révulsèrent et il se tut pour de bon.
Au troisième coup, l'occipital éclata comme un fruit trop mûr.
Au quatrième, le fer s'écrasa sur la céramique après avoir réduit la matière cervicale à une bouillie indistincte.
Et puis tout disparut dans le rouge.
Allô, ? Mr Torres ?
C'est Mr Rivard le proviseur du lycée de votre fils.
Pardonnez moi de vous déranger, mais Mme Morange, la mère d'une élève, vient de m'appeler.
C'est à cause de la neige ? J'imagine.
Tout-à-fait, Mr Torres. Un camion qui montait s'était déjà renversé en travers de la chaussée. La route ne sera dégagée que demain matin au plus tôt.
Marc leva les yeux au ciel. Non mais alors là, c'était le pompon. Il s'approcha de la fenêtre que les gros flocons serrés avaient déjà garnie d'un épais édredon.