Avec sa nouvelle amie ,elle imaginerait le monde dans lequel elle aimerait vivre .Un monde sans parents ,peuplé d'enfants qui feraient tout ce qu'ils voudraient .
Absolument tout .
De retour à la maison ,elle jetterait sur le papier les bases de ce nouveau monde .
Croire que l'on est un écrivain ne signifie pas qu'on en est un.
S'il suffisait d'une phrase pour changer votre vie, laquelle écririez-vous ?
Partout des piles de livres. Il y en avait des centaines, qui zigzaguaient entre les objets d'art. Les couvertures lui rappelaient ses pires cauchemars. Des vampires suçaient le sang des femmes, des aliens débarquaient sur la Terre et massacraient les gens à coups de laser.
William connaissait suffisamment Cheng, sa création, pour savoir que sa folie était sans limites. S'il partait avec lui, il n'avait aucune chance d'en réchapper.
Ce fut à ce moment qu'il l'aperçut, au fond d'un garage où s'entassaient des piles et des piles de livres.
La machine à écrire.
Sous l'impulsion d'une machine à écrire, un objet inanimé par définition, sa vie avait amorcé un virage à cent quatre-vingt degrés.Son esprit cartésien devait se rendre à l'évidence : soit il avait perdu la raison, soit cette machine avait le pouvoir d'insuffler la vie aux mots.
Haussant les épaules, il s'accroupit devant la machine. Il eut l'impression qu'elle lui souriait. Les trois rangées de touches se tordaient en une bouche sensuelle.
Ce fut à ce moment qu’il l’aperçut, au fond d’un garage où s’entassaient des piles et des piles de livres.
La machine à écrire.
Un rayon de soleil léchait ses touches et la mettait en valeur
Sous l'emprise du succube, il avait cessé de voir des gens du jour au lendemain. Plus d'amis, ni d'ennemis. Ni même de famille, depuis la disparition de ses parents dans le crash du Concorde à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle.