Un recueil poétique qui m'a été envoyé par la traductrice
Gabrielle Danoux (Tandarica sur Babelio) que je remercie chaleureusement de cet envoi.
C'est un recueil bilingue roumain-français agrémenté de beaux dessins énigmatiques et impassibles.
Plusieurs textes le présentent, une préface en forme de commentaire érudit du Professeur
Cristina Sava, une postface analysant l'ensemble de l'oeuvre de Schinteie par
Marian Odangiu, et un texte court mais fort intéressant de la traductrice
Gabrielle Danoux (j'y ai apprécié son commentaire sur le mot dor, traduit ici, à défaut de mieux, en nostalgie, alors qu'il serait « intraduisible », car cette notion passionnante est évoquée aussi pour d'autres langues, saudade en portugais, sehnsucht en allemand, et
Kundera consacre à ce thème du sens de la nostalgie tout le début de son roman
l'Ignorance).
J'ai des sentiments partagés sur les
poèmes de ce recueil.
Les thèmes qui traversent les
poèmes sont des « classiques »: l'amour absent ou déchiré, la fuite du temps, la nostalgie de l'enfance, la mort, le rapport à la nature, mais traités de façon très lyrique Les
poèmes donnent une large part à un questionnement qui n'est pas angoissé, mais d'une douceur mélancolique dans laquelle l'automne, cette saison romantique par excellence, est souvent présente. Mais certains sont plus désabusés, plus ironiques, quand par exemple l'auteur parle de la déchéance physique qui accompagne la vieillesse.
Leur forme sans ponctuation, et je le crois, la traduction, (une fois de plus mon admiration pour le travail de la traductrice) m'ont entraîné dans ce que j'imagine comme une belle promenade dans un monde de rêverie poétique,
Ce qui m'a gêné, quand même, après plusieurs relectures de ces
poèmes, c'est une certaine forme de surabondance des images métaphoriques, leur répétition, et leur signification trop évidente: ainsi en est-il, par exemple, des papillons, des mouettes, des sabliers, de la lune….
Il est vrai que je venais de terminer un recueil de
Jaccottet qui cherche à approcher le mystère de la mort en évitant le piège de la métaphore, et que, grand lecteur de Rimbaud, des surréalistes et d'autres poètes du 20ème siècle, je suis adepte
de la poésie « disant sans vraiment dire » selon la formule d'
Andrée Chedid.
Et puis, je ne suis pas très sensible à ce lyrisme excessif, que je trouve par moments emphatique et affecté.
Je sais bien que d'autres apprécient au contraire le lyrisme de ces images et leur répétition..
Et donc que mon avis ne reflète que mon goût pour une certaine forme de poésie. Ce qui fait la limite d'une analyse critique.