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Gabrielle Danoux (Traducteur)Cristina Sava (Préfacier, etc.)Marian Odangiu (Autre)
EAN : 9786069880913
300 pages
cosmopolitanart (15/05/2023)
4.21/5   40 notes
Résumé :
Recueil bilingue (roumain/français), sans quatrième de couverture.
Traduction revue et corrigée par Manolita Dragomir Filimonescu.
Couverture et illustrations de Valeriu Sepi.
Rédacteur, Adrian Blaj.
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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Le Désert de Quartz - Poèmes au gré du vent - Recueil de poèmes - George Schinteie - Traduit du roumain par Gabrielle Danoux (Tandarica sur Babelio) - lu en septembre/octobre 2023.

"Quel âge a le temps chaque matin quand je secoue à peine la rosée sur mon coeur en songeant aux pluies retardées ou bien qui ont oublié de venir" (Lié au temps)

De la poésie en prose, c'est ce que nous offre George Schinteie dans son recueil intitulé le Désert de Quartz.
Le quartz, pierre précieuse qui peut avoir diverses couleurs, rose, gris, blanc... une pierre dure et cristalline, elle est paraît-il "un nettoyeur profond de l'âme, elle "purifie le corps de l'intérieur et les corps subtils pour relier le corps physique à l'esprit" ai-je lu sur Internet.

Je me demandais pourquoi ce titre de recueil de poèmes et la réponse est là, les poèmes de George Schinteie sont des mots façonnés dans cette pierre, taillés selon ses sentiments du moment, roses, gris, blancs, jaunes... au gré des vents aussi, de la douce brise à la froide bise, ils évoquent la nostalgie, la mélancolie, le temps qui passe inexorablement.

Ce n'est pas évident de chroniquer de la poésie, c'est même un exercice difficile, pour moi certainement, donc je vais me contenter de vous livrer quelques extraits, ceux qui ont éveillé en moi des émotions.

QUELQUE PART AU LOIN
le vent court dans mon âme
tel un enfant après des papillons
il fait voler en éclats tout ce qu'il rencontre sur sa route
les âges de la jeunesse la buée de la félicité
les nuages des sourires et l'ombre des réussites
les joies s'étant discrètement glissées dans
un trop plein de tristesses...

DISSIMULE DANS UNE ÉTOILE
pendant mon enfance
je me cachais en catimini dans une étoile
surtout les nuits d'été
après les pluies rapides qui me surprenaient dans les champs
j'avais l'arc-en-ciel dans l'âme
je le gardais précieusement à l'endroit du coeur...

TEMPS MALADE
...la lune se glisse discrètement parmi ce qui advient quotidiennement
et fait semblant de ne pas remarquer la couleur neige de mes tempes
laissant glisser la lumière hésitante
par-dessus les coups de vent de l'âge
tel un cheval récalcitrant je vis de plus en plus
des souvenirs d'actes inaccomplis
et je me demande pourquoi s'est mis à me faire mal
de plus en plus intensément le temps que le vent
me le fait glisser toujours entre mes doigts
qui fixent comme dans un insectarium les mots de ce poème
sur le clavier inondé de sang

DÉSIR
...si par une nuit tu compteras les étoiles
et que tu constateras qu'il en manque une
ne t'attriste pas
c'est dans mon coeur qu'elle s'est réfugiée
pour éclairer l'amour

Dans les poèmes de George- Schinteie, aucune ponctuation, les mots se suivent inlassablement, comme pour ne pas reprendre son souffle, comme si en plaçant ça et là un point ou une virgule, il allait perdre le fil de sa pensée.

J'ai aimé ramasser au fur et à mesure des jours qui passent, les petits morceaux de quartz que George Schinteie a semé sur les touches de son clavier pour le plus grand plaisir de mes yeux et de mon esprit.

Je remercie Gabrielle Danoux de m'avoir permis de découvrir ce poète roumain inconnu chez nous (pour moi, en Belgique), et la féliciter pour son travail tant j'imagine que ça doit être compliqué de traduire exactement ce que le poète a voulu transmettre. Bravo également à Cristina Sava pour la superbe préface de ce recueil et la postface de Marian Odangiu.

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Avec générosité, BABELIO permet de mettre en avant et même de faire connaître tout simplement, des livres en français (ou pas) parus dans d'autres pays. C'est une aubaine pour moi et je ne saurais jamais assez remercier le site pour cela.

Tout frais sorti de chez l'imprimeur, ce recueil bilingue (roumain/ français) de poèmes qui me tient beaucoup à coeur. Sa traduction a été relativement rapide, mais aussi source de plaisir littéraire pour moi, comme je l'explique dans une note finale intitulée : « Credo poétique : balançoire du rêve, la parole frappe aux portes de l'éternité » ou la découverte du désir de traduire George Schinteie.

J'ai connu le poète, il y a environ trois ans, et un projet de traduction, avec parution en Roumanie a germé lentement mais sûrement. Une belle équipe a contribué à la réalisation d'un livre-objet unique, dont je suis très fière.

Quelques mots sur la poésie de George Schinteie : c'est sans ponctuation (attention, on parvient facilement à reprendre son souffle), mais avec beaucoup de sensibilité et de talent. Les thèmes sont classiques pourrait-on dire (l'amour, la nature, l'écoulement du temps, le cycle des saisons), mais leur traitement me semble très original, avec toujours cette ode à la force de la parole écrite.

Comme le fait remarquer Marian Odangiu dans sa postface : « Dans une certaine mesure, les livres de George Schinteie sont de véritables (auto)biographies lyriques qui suivent les méandres d'une existence tumultueuse, vécue toujours et encore dans les sphères de l'esthétique, de la musique et de la poésie. C'est un parcours répété sans cesse de son devenir en tant que poète, de sa redécouverte des splendeurs des mots […] »

Et Cristina SAVA de conclure sa riche préface en ces termes :

« George Schinteie, poète de « marque » neo-moderniste, manifeste dans un ars poetica, sa prédilection pour une phénoménologie de mot à part (« coulent des calendriers entiers sur l'eau de la neige/fondue par le soleil/comme des barques imaginaires flottant seules/au gré du vent […] une sorte de saison où toujours je te cherche/piétinant sans pitié les crocus/toi cachée étant/comme un trèfle à quatre feuilles/tu renvoies vers moi l'écho du silence […] quelqu'un enfonce dans chaque désir/un papillon/me faisant retourner à ma place dans le sablier/tandis que les fils de sable passent invisibles […] en tâtonnant je continue à compter/les traces des pas tremblés […]/alors que des souvenirs découpés dans/les calendriers me montrent/de quel côté arrive l'apocalypse », de quel côté arrive l'apocalypse). Avec des nuances techniques romantiques, dans un décor bucolique, dans un « autrement » du « sablier », la pensée interrogative est le subterfuge de la rhétorique d'un découpage de puzzle livresque, architectural. Un travail d'un commun accord entre le créateur et la création, sous le signe d'Éros, dans un vécu subjectif, cette fois-ci rapporté dans un discours qui détermine des sentiments, des états d'âmes, définis par le poète ou bien et se définissant eux-mêmes, travail qui met en exergue le particulier élevé au rang d'universel. Substantialité et rationalité, une perception d'un genre supérieur, voilà ce que signifie le Désert de quartz (poèmes au gré du vent), non pas apocalyptique (quand même), mais lié au temps ! ».

Je voudrais vous inviter à découvrir ce beau recueil, mais hélas, peu d'exemplaires circuleront en France, grâce à la générosité du poète qui m'a gratifiée pour ma contribution, en m'envoyant des livres (à ma demande) ! Un troc salutaire, pour moi et pour quelques « happy few ». Je n'ai pas encore fait mes choix, donc s'il y a des intéressés, manifestez-vous, s'il vous plaît !


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Ces vers s'offrent à mon coeur désert comme le Paris du mois d'août. Les cristaux de quartz… Je pense au quartz violet, l'améthyste, à une joaillerie de paroles, et à un lieu abstrait. Ni eau, ni végétal, ni animal… ce serait une planète sans vie. Mais, dès le premier poème, une arche de Noé est mise en scène, comme une surprise, un espoir ! Je pressens qu'il s'agit plutôt d'un dépouillement, d'une apocalypse intérieure, nécessaires pour la refonte. Ce « prélude » est essentiel au poète pour parvenir à écrire ainsi. Et c'est finalement une terre « gémissant de verdure » où Dieu n'est qu'une colombe, et un océan de promesses qui s'ouvrent à nous.
Plus taillés ou plus bruts, ces textes sont une abstraction lyrique, tant l'émotion individuelle de l'auteur, ses plaies, ses étoiles égarées, y priment. Ce livre est tel un miroir de l'humilité, le reflet d'un sage aux tempes neigeuse : être docile et sans orgueil, doué de l'errance, sachant se nourrir de sa solitude. Néanmoins c'est un poète gratifié de l'hyperesthésie, baigné de rêves, c'est par là qu'il pèche ! Son papillon de désir se lève tous les matins, et l'horizon, bleu d'amour, le presse de prononcer des mots pas encore prononcés jusqu'à tomber en syncope, jusqu'à se rendre compte d'une « illusion à deux ». Et l'amour s'égrène comme un puzzle. Jusqu'à ce que son amoureuse qui l'a « oublié en vie », sans indice ni jalon, se loge discrètement en lui à nouveau et tout lui semble de nouveau d'une rare beauté… Car l'amour planera toujours dans les airs, se tapira dans les grains de la rosée à chaque aube. Comme la valse des pluies qui tournera, sautera, bondira, encore et encore, si nécessaire à l'arc-en-ciel de la poésie. Comme l'amour du poète pour l'automne, qu'il ne se lasse jamais d'évoquer.
Le poète, c'est un quartz irisé ! Parce que c'est une créature accidentelle, fendillée par essence ! Pour lui, la bien-aimée est tout, il y a du panthéisme dans cette vision ! George Schinteie chérit, comme moi, les grues cendrées, les pappus du pissenlit et encore tant d'autres choses minuscules, il a cette même naïveté qui nous sauve dans toutes questions existentielles et apporte le sentiment d'avoir mordu le temps !
Dans ce recueil, le temps est parfois perçu comme une raideur articulaire, quelque chose qui tord les mains et les pieds, une douleur d'actes inaccomplis dans une sisypherie du corps fatigué. En dépit de cela, le poème est toujours prêt à cueillir, fécondé par la Nature, il suffit d'y consentir, comme on consent à l'absurde des trois biches qui s'avancent dans la ville, ou à celui des coquelicots qui débordent sur une voie ferrée, ou encore à celui de faire commerce de ses bonhommes de neige en plein hiver glacial. Consentons au vers, et un invisible maestro nous offrira une dizaine d'années ! Faisons comme si…
Le Poète passe, à pas feutrés, tel un époux splendide sur une rive dépeuplée, toujours en quête d'une fiancée qu'il a hallucinée. Je reste longtemps dans le sillage de ses paroles, étonnée.
C'est une poésie parfaite, harmonieuse et même « cohérente ». Il y a un remède à tout chez le poète-penseur qui envisage un bien-être complet par la poésie. Mais la beauté du « Désert de Quartz » est toujours décente et gracieuse, ne connaissant pas de gouffre, pas d'angoisse, pas de risque. J'aime quand la poésie se révèle plus dangereuse. J'attends de sa rencontre une espèce de frisson, le plaisir de frôler l'interdit, l'immoral. N'écrire que ce qu'on ne peut pas dire ! C'est pour cela que, pour ma part, je préfère largement des pages plus espiègles et plus audacieuses de George Schinteie à celles où la mélancolie s'insinue par la parabole résignée du sable et du sablier.
Il me reste à féliciter la traductrice Gabrielle Danoux qui a oeuvré avec abnégation et délicatesse pour la sortie de ce livre en français, poussée par son extraordinaire admiration du poète George Schinteie. Car il faut tant d'endurance pour pénétrer dans la pensée de l'autre et ensuite la transmettre fidèlement. C'est parfois plus difficile que de rédiger sa propre idée, composer son propre vers. Grâce à Gabrielle, cette lecture a semé un florilège de citations dans le ciel de Babelio, comme une comète.
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Je remercie Gabrielle Danoux pour m'avoir adressé une nouvelle fois des textes qu'elle a traduit du roumain, précisément ces très beaux poèmes de George Scninteie, porteurs d'une poésie sensible, proche de la nature, des sentiments, de tout ce qui peut imprégner l'humain et que vraiment seule la poésie est capable d'exprimer.

Des mots reviennent souvent au fil des strophes qui emmènent le lecteur dans un univers onirique et nostalgique dans lequel il peut volontiers s'abandonner, laisser aller ses propres rêves en contemplant le ciel, la lune, les étoiles, la nature sans cesse évoquée.

C'est certainement le temps, revenant sans cesse au fil des poèmes, qui m'a le plus séduit, avec l'expression de toute cette nostalgie qui si souvent nous envahit lorsque l'on sent passer l'inexorable qu'il porte et emporte, lorsque même si on ne peut le maîtriser, il nous arrive parfois de l'arrêter fugacement pour des instants exceptionnels, tels que contemplation, nature, amour.

Le poète exprime magnifiquement cette nostalgie tout en restant lucide devant les beautés qu'il dépeint, oiseaux, papillons, plantes. Il restitue toute une ambiance que chacun peut donc ressentir selon ses propres perceptions et émotions.

Quelques jolis dessins de corps féminins ont été insérés parmi les poèmes, ils sont beaux, lascifs, arrêtés, immobiles comme le temps qui les fige.

Merci Gabrielle pour cette belle découverte.
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Après la parution en 1976 de son premier recueil de poèmes, George Schinteie a longtemps mis sa propre création entre parenthèses pour se consacrer au journalisme et à la promotion littéraire, organisant des événements culturels, des résidences créatives, des cercles littéraires, et soutenant la publication de revues et d'anthologies de poésie. A la révolution roumaine de 1989, il s'active à la création de la première chaîne indépendante de télévision, puis à la première radio privée du pays. Ce n'est qu'à l'approche de la soixantaine qu'il reprend le fil de son inspiration, avec une salve de huit recueils à partir de 2008, le dernier en date étant le Désert de Quartz.


Si son premier recueil célébrait l'amour, les suivants résonnent du vécu et de l'angoisse de l'âge. le Sablier du Silence, puis le Sablier des mots - ronde sur l'amour et le temps, enfin un recueil par an 66, 67, 68, en référence à son âge, et encore L'ombre de l'horloge, inscrivent jusque dans leurs titres l'obsession du temps qui passe. le Désert de Quartz prolonge les interrogations du poète désormais largement septuagénaire, ses inquiétudes métaphysiques lui inspirant une rêverie poétique tissée de mélancolie, aux couleurs symboliques de l'automne et de l'hiver. Ses vers coulent sans ponctuation comme le sable et le temps à travers les doigts, égrenant les métaphores de la nature pour suggérer l'écoulement de la vie, et tentant de conjurer sa détresse sentimentale par le souvenir de la femme aimée. Ainsi papillons, étoiles et arcs-en-ciel luisent-ils mélancoliquement, reflets d'états d'âme et de sentiments forts, perdus dans un crépuscule où la chaleur du sang s'éteint dans le vent et la pluie.


« le vent court dans mon âme / tel un enfant après des papillons / il fait voler en éclats tout ce qu'il rencontre sur sa route / les âges de la jeunesse la buée de la félicité / les nuages des sourires et l'ombre des réussites »
« la pluie s'est nichée dans mes paroles / prononcée par cette matinée nuageuse / dont s'est discrètement enfuie la lumière / j'ai la nostalgie de l'ombre de ton départ »
« la soirée mord timidement dans le temps / rendant la journée plus courte / et tire le rideau d'obscurité / par-dessus des joies interrompues »
« l'hiver a boutonné tous ses boutons / comme une cape de vie par-dessus / les âmes fourbues par l'absence de vie »


Préfacé par la poète, écrivain et critique littéraire Cristina Sava, postfacée par l'éditeur Marian Odangiu et par la traductrice Gabrielle Danoux dont il convient de saluer, une nouvelle fois, aussi bien le délicat travail que l'engagement au service de la promotion en France des lettres roumaines, ce recueil est illustré par l'artiste contemporain Valeriu Sepi, dans une édition soignée qui fait de cet ouvrage un Beau Livre dans tous les sens du terme.


Un grand merci à Gabrielle, alias Tandarica, pour cette découverte d'un nouveau pan de la création artistique contemporaine, si dynamique en Roumanie.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Citations et extraits (104) Voir plus Ajouter une citation
D i s s i m u l é d a n s u n e é t o i l e

pendant mon enfance
je me cachais en catimini dans une étoile
surtout les nuits d’été
après les pluies rapides qui me surprenaient dans les champs
j’avais l’arc-en-ciel dans l’âme
je le gardais précieusement à l’endroit du cœur
pour ressentir les battements des couleurs
comme un éventail du temps
dispersé en secondes
dont je faisais souvent des petites barques en papier
les laissant s’en aller sur l’océan imaginaire
le ciel s’ouvrait de plus en plus pour que je puisse
y compter les ombres des pas
que je faisais avec une rapidité
digne de la vitesse de la lumière
et pour me sentir heureux
je courrais comme dans un rêve
sans me soucier de quoi que ce soit
vers mon étoile qui sûrement m’attendait
chaque soir quand j’étais nostalgique
à présent je n’ai de cesse de la chercher et je ne la retrouve plus
peut-être m’a-t-elle abandonné
peut-être ai-je changé
ou bien elle s’est cachée comme moi en catimini dans
une autre enfance
dans laquelle sans cesse et confiant je me suis glissé
en m’évertuant à vivre l’éternité
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NOSTALGIE

l’océan est loin et
je ne sais pas nager non plus
je voudrais la mer étroite
l’engouffrer dans mon âme
et je n’y arrive pas
je me métamorphose en papillon
qui vole mais le vent
âpre qui vient de se lever
l’aile gauche me la blesse
et le temps s’ensanglante
dans un sablier les ombres
étranglent la lumière
filtrée par l’arc-en-ciel
et il les disperse ensuite
comme une poignée d’illusions
pas encore prononcées
affamées les mouettes viennent
de nulle part
et s’empiffrent du sang
de la journée que par erreur
j’ai oubliée hier devant le portail
de la vie sans songer
un seul instant que demain se retrouve dans
chaque oubli de pensée
quand la mer tue sans
pitié tout souvenir
dont TU
fleuris

*

DOR
oceanul e departe și nici
nu știu să-not
aș vrea ca marea strîmtă
s-o-ndes în suflet
și nu pot
mă prefac în fluture
zburînd dar vîntul
aspru ivit de curînd
aripa stîngă-mi răni
și timpul începu să sîngereze
într-o clepsidră umbrele
ștrangulează lumina
filtrată de curcubeu
și le-mprăștie apoi
ca pe-un pumn de iluzii
nerostite încă
vin pescăruși flămînzi
de nicăieri
și se-nfruptă din sîngele
zilei pe care din greșeală
am uitat-o ieri la poarta
vieții fără să mă gîndesc
o clipă că mîine e-n
fiecare uitare de gînd
cînd marea ucide fără
milă orice amintire
din care răsari
TU

(p. 186 et p. 42 du recueil.
Traduction : Gabrielle Danoux)
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LE CONTOUR DE L’AMOUR

viens plus près de moi pour que je sente la couleur
de l’étoile sur laquelle tu as pris place comme dans un fauteuil temporel
et tu ne sais plus qui t’a dérobé
un regard aussi grand qu’une saison
sans jamais reconnaître que
tu maîtrisais à peine tes larmes
entre les pluies incontrôlées
où tu avais égaré mon nom
viens plus près ce soir
ventilé par mes paroles
en ignorant la symphonie des nuages
laisse-toi bercer dans un vol de papillons
au début du chemin
la timidité de la mariée disparaît dans le miroir
et toi absente tu veux être toujours
ton ombre suppléant à toute épreuve
jusqu’à ce que mon appel soit entendu
y compris depuis l’abysse de l’imagination
tu esquisseras avec précision le contour
de l’amour jamais vu

***

une cloche de vapeurs
isole ton coeur
et raisonne dans les traces
des pas qui passent dans le
désert

un cheval en amble
fait voler en éclats tous les rêves

à l’instar d’un océan de promesses
ces pensées lentes
dans la larme de la soirée
engourdissent les aspirations

*

CONTURUL DRAGOSTEI

vino mai aproape să-ți simt culoarea
stelei pe care te așezi ca-ntr-un fotoliu de timp
și nu mai știi cine ți-a furat
o privire cît un anotimp
nerecunoscînd niciodată că
abia-ți stăpîneai lacrimile
printre ploile necontrolate
în care-mi rătăciseși numele
vino mai aproape în seara
vînturată de cuvintele mele
ignorînd simfonia norilor
lasă-te legănată într-un zbor de fluturi
la început de drum
sfiala miresei dispare-n oglindă
iar tu absentă vrei să fii mereu
umbra ta suplinind orice încercare
pînă cînd chemarea mea va fi auzită
și din abisul imaginației
vei schița cu precizie conturul
dragostei nevăzute

* * *
un clopot de aburi
izolează inima ta
și răsună în urmele
pașilor trecători prin
deșert

un cal în buiestru
spulberă visele toate

ca un ocean de promisiuni
aceste gînduri încete
în lacrima serii
strepezesc năzuințele

(pp. 225-226 et pp. 81-82 du recueil.
Traduction : Gabrielle Danoux)
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"J’habite", et c’est ma nouvelle "patrie", pour paraphraser Cioran, la langue de la traduction : cette langue à la croisée des chemins, qui s’abreuve à deux sources linguistiques et s’enrichit constamment des créations de certains (les auteurs traduits), qu’elle façonne, avec un haut degré de fidélité, pour ma part, à destination d’un plus grand nombre encore (les nouveaux lecteurs). Traduire de la poésie est, pour moi, une bien plus grande source de plaisir, car même chez les poètes contemporains la rime et les contraintes formelles se glissent parfois, subrepticement ou volontairement, en rendant la transposition un peu plus compliquée, en ce qu’il faut demander à la syntaxe française des efforts de souplesse qu’elle n’est pas toujours prête à consentir […]
Pour définir ce que j’ai éprouvé lors de la découverte des vers de George Schinteie, je ferai mienne cette citation : « […] le poème n’est pas une réponse à une interrogation de l’homme ou du monde, mais ne fait qu’aggraver le questionnement » (Linda Lê, "Par ailleurs (exils)", p. 75) car comme l’écrit George Schinteie dans un poème en un vers : « Poésie : telle une épée la parole en métaphores met à mort ».

(p. 283)

Extrait de la postface de Gabrielle Danoux :
« Credo poétique : balançoire du
rêve, la parole frappe aux portes
de l’éternité »
ou la découverte du désir de traduire George Schinteie
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Quelque part au loin

le vent court dans mon âme
tel un enfant après des papillons
il fait voler en éclats tout ce qu’il rencontre sur sa route
les âges de la jeunesse la buée de la félicité
les nuages des sourires et l’ombre des réussites
les joies s’étant discrètement glissées dans
un trop plein de tristesses
les saisons de l’amour et les nuits des échecs
la lumière de la lune des nuits d’attente
qui toujours tombait de travers

je portais une chemise temporelle
et je fourrais dans sa poche sur la poitrine
une poignée d’illusions
dont je me nourrissais modérément
quand soudain la tempête me surprend
et s’assiste frissonnant au spectacle du vent qui court
à travers moi sans que j’aie mal

quelque part au loin
dans une autre vie
peut-être
que le son du silence
cherche encore son
écho
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Video de George Schinteie (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de George Schinteie
Poème de George SCHINTEIE traduit du roumain par Gabrielle DANOUX https://www.facebook.com/gabrielle.sava/ www.thierrymoral.fr Images libres de droit : Pixabay
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