L'empoisonneuse
Ingrédients -un petit village
-une empoisonneuse
-un non-lieu
-des rumeurs
-des villageois intéressés
-Dieu et un prêtre
Mélangez le tout, vous obtiendrez des relents d'arsenic à la Besnard, des épices sensuelles fleurant l'encens, le lys et le goupillon, des effluves divines et sataniques.
Dans ce shaker, il y a de belles phrases qui font mouche, un rythme qui entraîne le lecteur en un seul souffle du début jusqu'à la fin, quelques trémolos qui ornent la morale et un don certain pour accrocher le lecteur avide de savoir.
En somme, la dégustation n'est ni agréable, ni désagréable, elle laisse simplement un goût un peu... fade.
Le retour
Un camaïeu de sentiments et de réflexions conduit le héros de cette courte nouvelle à se découvrir et à se construire.
De machine exécutante, il devient un homme qui pense.
D'association maritale, il trouve enfin un sens à ce que peut être un couple.
De géniteur indifférent, il comprend ce qu'est être père.
Court mais fougueux, ce récit frappe par ce que tout être peut porter en lui d'inconnu, de laideur, d'anéantissement et que seule l'ouverture à une pensée critique peut faire éclore même sans... Sainte Rita !
Concerto à la mémoire d'un ange
Un ruisseau entraîne dans son cours les scories qui se trouvent sur son passage.
Je souhaite qu'une prise de conscience puisse se révéler à la lecture de ces pages simples où les clichés se disputent la vedette.
Quant à moi, je n'aime pas cette morale dégoulinante de bons sentiments que l'on devine avant de les avoir lus.
Le début de cette nouvelle me plaisait dans certaines descriptions de l'élan créateur mais après... les descriptions et les échanges des différents protagonistes me sont apparus grotesques.
La visite de l'usine d'objets de piété est un superbe moment d'humour...
J'ai presqu'envie de m'excuser de ne pas avoir aimer ce sentimentalisme de bon aloi.
Sainte Rita ! Je suis une cause désespérée !
Non, j'écouterai
Alban Berg.
Un amour à l'Élysée
Comme pour les autres nouvelles, Éric-Emmanuel Schmitt captive le lecteur.
Ne dit-il pas en page 210 du Livre de Poche : « La brièveté rend la lecture captive ».
J'ai donc spontanément utilisé le même terme que lui.
Je le concède, la forme l'emporte.
Les idées sont belles. Ce ballottement des êtres entre tous ces instants, ces influences et ces choix qui le construiront est un questionnement continuel.
Chacune peut se retrouver dans certaines pensées de Mme Morel, chacun peut ressentir la course effrénée de Mr Morel.
Je n'aime pas la fin où il me semble entendre « la » voix qui me dit le comment et le pourquoi.
Je préfère me contenter du fait, y réfléchir et ensuite échanger.
Journal d'écriture
Seuls les inconditionnels se rassasieront des pensées de l'auteur, de ses explications, de ses élans, de ses émois et trouveront des réponses qui ne seront pas les leurs.
« Forcer le lecteur à réfléchir ».
Certes mais trop d'explications l'empêcheront de le faire par lui-même. Ce journal, en ce sens, me semble superflu.
Les dernières phrases (page 216 – Livre de Poche) sont « éblouissantes ».
« Je souscris à son idée (
Voltaire) mais, au fond de moi, j'ai toujours envie d'ajouter ; pourvu que le lecteur ait du talent... »
A mon tour de souhaiter un talent critique, corrosif, brûlant, dépassant les « simples » histoires qu'on lit, affamés de bons sentiments dans un siècle qui en a peu.
Aller plus loin que la simplicité trop simple, ne pas s'en contenter.