EE
Schmitt est un conteur remarquable. Même lorsqu'il traite de philosophie, c'est dans une aventure qu'il entraîne son lecteur, avec un brin de malice.
La secte des égoïstes est un récit à tiroirs. le narrateur, chercheur qui passe son temps à la bibliothèque nationale, n'est que le passeur qui donne accès à la véritable intrigue : l'histoire de Gaspard Languenhaert, auteur de la philosophie égoïste. A contre courant des penseurs de son temps - les philosophes des Lumières, au XVIIIe, qui s'ouvrent sur le monde – l'excentrique Gaspard Languenhaert ne reconnait de réalité qu'en lui-même et en sa propre perception du monde.
Fable originale, décalée, l'oeuvre verse souvent dans le cynisme et la satire. C'est d'ailleurs un genre fort répandu au XVIIIe siècle. EE
Schmitt l'imite à merveille. L'écriture, elle-même, est plutôt désuète. L'auteur a su trouver des noms qui font illusion. Mais ne cherchez pas, le « Dictionnaire patriotique » d'un certain Fustel des Houillères sort tout droit de l'imagination de l'auteur. de même, l'auteur des Amours de Gaspard, Amédée
Champollion, n'existe pas.
On attend une morale philosophique en guise de conclusion. EE
Schmitt choisit une fin qui la fournit sans conteste.
Premier roman de l'auteur publié en 1994,
La secte des égoïstes a été traduit en arabe, allemand, bulgare, espagnol castillan, italien, néerlandais, roumain et russe. Il a obtenu le prix du premier roman de l'université d'Artois.